··., i:
"1:
~~
LETTR~S
. Chaque esdave; quoique dans le hagne, a toujours
une ou de11x cha1nes sur le corps. Tous les jours de
l'année, excepté les quatre fütes solennelles, on les
mene de grand matin travailler
a
!'arsenal' ou aux
autres ouvrages publics. Ils vont au travail par troupes
de trente ou quarante, encha1nés deux
a
deux. Leur
nourriture est de deux mauvais pains noirs pour la
journée de chaque homme. Le soir, au soleil cou–
.cha11t, on les ramene. Ceux dont les gardiens turcs
ont été contens pendant le travail, sont séparés les
.uns des autres. Ceux qu'ils veulent punir sont laissés
enchalnés ensemble , apres quoi le cri se fait pour
la
-Xentrée dans les bagnes. Ils n'y sont pas plutot ra–
massés et comptés , qu'on les y enferme
a
double
serrure jusqu'au lendemain matin. Quand ils tombent
malades, il n'est pas permis de les transporter ailleurs;
il'
faut qu'ils demeurent dans le bagne , et toujours
avec la cha1ne , qu'on ne leur ote que quand ils sont
mort.s, encore les gardiens turcs ne s'y fient-ils pas.
Les
c~davres,
avant que
d~etre
portés au:x cimetieres
publics ' sont arretés
a
la grande porte ' ou ils les
percentplusieurs fois d'outreen outre avec de longues
broches de fer' pour etre plus assurés qu'ils sont
vé–
ritablement morts.
Les services que nous rendons
a
ces pauvres gens,
·~onsistent
a
les entretenir dans la crainte de Dieu et
da.nsla foi ,
a
lPur procurer des SOUlagemens de la
charité des fideles '
a
les assister dans leurs maladies'
et enfin
a
leur aider
a
bien mourir.
Si
tout cela de–
mande beaucoup de sujétion et de peine , je puis
assurer que Dieu y attache en récompense de grandes
consolations.
Outre les visites qu'on leur rend pendant le cours
de la semaine, deux Jésuites vont toute l'année, fetes
.et Dimanehes, aux deux bagues. Ils s'y rendent la
veiJle, et s'y enferment avec les esclaves. Le pere de
chaque bagne a un petit réduit
a
part'
ou
il
se
re~ire