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LETTRES
pour etre solidement converti ' vouloit etre pauvre
et humilié.
«
Dieu, m'ajouta-t-il, qui nous connoit,
)>
t qui veut nous sauver, nous fait marcher par-la
»
depuis pres de trois cents ans. Nos ric.Resses et
,, notre grandeur passée nous on't perdus.
J'ai
hien
»
peur que les fumées qui nous en sont restées
Ji.
»
la tete, n'achevent notre entiere ruine.>>
Les Arméniens ne sont pas d'eux-memes plus
grands docteurs, ni en meilieur chemin que les Grecs;
mais ils sont infiniment plus dociles, et ont plus
d'envie d'e tre éclairés. On ne peutles rassasier d'ins–
tructions et de pratiques de piété. 11 ne faudroit pas
se contenter de leur parler de Dieu pendant trois
quarts-d'heure, ou une heure seulement, comme on
fait en France, ils- n'en seroient pas édifiés. Apres
deux ou trois heures d'une attention continuelle, its
sont prets
a
écouter encore autant de temps , et ils
se plaignent toujours qu'on finititrop tót.
Ils ont parmi eux trente ou quarante familles des
plus distinguées , dont la ferveur est digne des pre–
miers ternps de l'Eglise. Les peres et les meres , les
enfans, les '1omestiques meme, tout n'y respire que
charité et que zele du service de Dieu. Les chefs
de quelques - unes
e ces familles ci-devant tres-
riches , et qui on
que tout perdu pour la
foi ,
sont comme sean
s quand on les plaint, etqu'on
veut leur procurer u soulagement.
Y
p ensez-Pous,
disent-ils
a
leurs amis,
la paro/e de Jésus-Christ
notre maitre n'est
-
elle pas ezpresse?
<<
Que qui
)>
perdra tout pour luí_, jusqtt'
a
Sa
PÍe
_,
TCtTOUPera
»
tout dans luí.
»
Il n'y a rien de si édifiant que
de voir ces bons vieillards entourés de leurs enfans ,
mariés et non mariés, s'approcher tous les huit jours
de la sainte communion, et apres eux les meres au
milieu de leurs filies. Tout cela se fait avec tant de
modestie et de dévotion, qu'il n'est pas possible de
n'en avoir pas l'ame pénétrée. Si n,ous n'avions des