ÉDIFIANTES ET CURIEUSES•
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.leur confrérie du saint sacrement, qui est fort nom–
breuse , et ou
il
se fait beaucoup de bonnes reuvres•
.J..es Latins de Péra ont aussi chez nous leur associa–
tion des pénitens de sainte Aune, établie
a
Galata,
et qui s'est toujours conservée depuis le départ des
·Génois. .Ils ont lelilr chapelle
a
part, oú ils font leurs
exercices de dévotion.
I~e
samedi-saint au soir , leur
.coutume est de faire en pleine rue une
e
procession
générale , ou
l'
on porte solennellement la relique
de la sainte-épine , et ou tout Galata et tou.t Péra
se trouve.
.
Le lendemain , jour de Paques , de grand ·matin,
ils reviennent faire une autre prncession le long des
principales rues de Galata , avec la croix haute et
chantant des hymnes. De tout temps ils ont eu cette
})ermission. Les Turcs qui
sP.
rencontrent sur leur
chemin sont les premiers
a
s'arreter' et
a
donner des
marques de leur respect.
Comme les Allemands n'ont point d'église
a
Cons–
.tantinople, c'est encore daus la nótre qu'ils font
toutes leurs grandes cérémonies , mais toujo
urs avec
la permission expresse des amhassadeurs du H.oi. Le
·comte Caprara, un de leurs ambassadeurs ,
y est in–
humé, et
j'y
ai vu faire pendant plusieurs jours les
obseques des deux derniers empereurs. 11 faut qu'a
chaque cérémonie il
y
soit venu plus de cent mille
pcrsonnes. Les Grecs appeloient ces représentations
funebres
K
atltartliirion,
et les Arméniens
K
aYaran,
ce qui, en leur langue, velit dire purgatoire. Ils étoient
extraordinairement frappés du deuil , des messes ,
des prieres continuelles ' des grosses aumones' des
oraisons funebres, et de tout ce qui se pratiquoit
selon nos usages pour le repos de l'ame, ou pouv
honorer la mémoire des pri'nces défunts. On en sait·
plusieurs que ces actes puhlics de la foi du purga–
toire ont fait renoncer
a
leurs etTeurs.
Quoique les Grecs soient en grand nombre·
l