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LETTRES
dans le plus grand détail , de tout ce qui a rapport
a
l'avancement de la religion' pour laquelle vous
avez un zele qui doit bien animer le notre. Dans cette
confiance, MoNSEIGNEUR, et pressé d'ailleurs par ma
reconnoissance particuliere,
j'
ai cru ne pouvoir me dis–
penser de faire a votre Grandeur, avant que de partir,
un récit fidele et circonstancié des différens lieux ou
nous résidons, et des emplois que nous y ·exers;ons.
Les prineipales demeures des missionnaires sont
Constantinople en Thrace, Smyrne en lonie, Thes–
salonique
en
Macédoine; Scio, Naxie , Santorin.
.dans l'Archipel.
LA MISSION DE CON'STANTINOPLE.
Constantinuple est un monde ou le nombre des
chrétiens est prodigieux : on ne parle pas moins que
de deux cent mille G.recs, et de quatre-vingt mille
Arméniens d'habitans fixes
>
sans y comprendre ceux
qui vont et viennent, et que la demeure de la cour
ou le mouvement du grand commerce y fait inées–
samment circuler. Rien ne donne une plus véritahle
idée de
la
multitude de Constantinople que les temps
de mortalité. J'ai été témoin que la peste y a enlevé
jusqu'a deux et trois cent•miUe personnes. On fai–
soit cette supputationpar le nombre des corps morts
que l'on passoit aux pGfrtes pour les aller ent¡rrer
hors de la ville. Au bout de_quelques semaines on
revoyoit partout la mÉ!me foule, et il ne paroissoit
pas que le peuple eth diminué·.
De toutes les familles
qui
y
hahitoient du ·temps
·eles Génois , il
y
en a encore plusieurs qui se sont
maintenues
a
Galata et
a
Péra. Ces familles font entre
elles trois
a
quatre cents personnes. La plupart sont
interpretes des amhassadeurs; quelques - uns sont
médecins , ce qui leur donne une grande considé–
ration et de graneles entrées aupres des seigneurs
ttucs' et meme jusque dans le sérail.
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