LETTRES
calme, c'est un pronostic certain d'un prochain trem·
blement de terre. J'ai néanmoins plu_?ieurs fois
éprouvé, au contraire, que la terre trembloit lors–
que la roer étoit fort agitée; d'autres fois, que la roer
étoit tres-unie pendant les jours entiers, et que la
terre ne trerobloit pas.
On a cru que la destruction générale de Smyrne,
arrivée l'an
1688,
venoit de ce que les maisons
étoient trop chargées de pierres, et que l
eurlourde
masse ne pretoit pas assez aux secousses réitéré.es ,
qui trouvant de l'ohstacle, les renversoient entiere–
ment. On a remédié a cet inconvénient en rebatis–
sant la ville. Toutes les maisons ne sont de pierres
que depuis les fondemens jusqu'a la hauteur de quinze
ou vingt pieds.
I~e
reste est de pieces de bois entre·
lacées, dont les intervalles sont remplis de te1 ..re cuite
avec un enduit de chaux.
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est en effet survenu de–
puis des tremblemens qui ébrailoient tolit, et qu'on
trouvoit roeme plus forts que celui qui avoit ahattu
la ville. Les maisons étoient fort agitées, mais pres.
que aucune ne tomhoit. La ville de Smyrne est au
pied d'une montagne qui
a
en face tóute la longueur
· du port. L'entrée de ce port est gardée par
une
petite
forteresse éloignée de trois ou quatre lieues.
J'ai
ou¡:_.
dire a
de~
gens dignes de foi' que quand la ville fut
renversée, on vit d'abord la forteresse tomher, et le
tremblement venir de la par-dessou.s la roer' qu'il
faisoit bouillonner et mugir avec un bruit horrible
a
mesure qu'il avan9oit.
Le
diú~me
juillet, jour auquel
arriva ce désastre, dont le souvenir fait encore fré–
roir, on a établi
a
Smyrne un anniversaire, avec
jeune, et ?.4position du saint sacrement.
11
y
a un
grand concours de monde
a
cette fete , et beaucoup
de communians. Le pere Frans;ois Lestringant, alors
supérieur de cette mission, qu'on retira demi-mort
de dessous les ruines de notre maison, prie toujours,
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