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LETTRES
cette ile devint la conquetedes Vénitiens, qui l'"ahan....
donne11ent ensuite ' et la laisserent
a
la merci de
l'armée· turque , qui
y .
commit en
y
re)l,trant le$
plus horribles désordres. Sous prétexte que les Véni–
tiens sont latins , quelques mauvais Grecs accuserent
faussement les Latins de Scio de les
y
axoir appelés.
Il
n'en fallut pas davantage aux Turcs pour les ani–
mer. Tout leur ressentiment se tourna contre ces
d~rniers.
Leurs églises furent abattues, ou changées
en mosquées , ou attribuées
uux
Grecs ; les maisons
(les particuliers saccagées ,. et avec elks leurs plus
heaux, biens partagés entre les Grecs et les Turcs.
Jamais an n'avoit vu une pareille désolation.
Les Jésuites avoient
a
Scio, depuis pres
de
cent
~ns,
une église et un collége, qui rendoient au pu–
bFic les plus grands services. Comme a l'approche
· de l'armée navale des Turcs, ils n'avoient jamais
voulu se retirer ,
qu~lques
instances qu'on leur en
fit de Constantinople et d'ailleurs , et. quelque pres–
sant exemple que leur en donnassent les autres re–
)igieux qui ahandonnoient cette He , notre maison
, et notre église furent conservées pendant quelque
:temps. Le seraskier , ou général de l'armée , Missir
Oglow , lona fort les peres de leur attachement et
de leur constance , et il leur donna uue. garde de
soldats pour leur síueté , jusqu'a ce que le premier
tumulte
Hit.
apaisé ; mais les Grecs schismatiques ,
détenninés
a
óter toute ressource au rit latin , qu'ils
vouloientdétruire, firent tant par les grosses sommes
qu'ils allerent offrir, qu'au bout de quelques jours
on vint brusquement mettre notre maison au pil–
lage. En un instant le toit de notre église fut en–
foncé , les peres tirés de leurs chambres avec vio–
lence, et quelques-uns
d'
euxblessés de coups d'épées.
Quand l'église et la maison eurent été dépouillées
de tout, elles furent données en présent
a
un Tnrc
du pays , qui en
fit
un
cara~anserail
,
ou maison de .