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LETTRES
gion, etqu'on ne puisse plus se flatter d.e les ébranler';
leurs persécuteurs n'en sont pas moins attentifs
a
les
inquiéter ' et
a
imaginer toutes sortes de moyens
pour les contraindre
a
abandonner leur foi. Leur
vue principale est de les ruiner peu
a
peu par les
dépenses qu'ils leur suscitent
a
toute occasion. Ja....
_mais il ne vient de nouveau pacha et de nouveau_
cadi
a
Scio, qu'ils ne les fassent
m~ttre
a
contribu....
tion, tantot sous un prétexte, et tantot sous tm autre.
Le plus ordinaire est celui de la religion. Les catho-–
liques y sont si accoutumés, que des que ces nou•
veaux officiers du Grand - Seigneur arrivent, ils se
préparent
a
la prison et aux avanies.
11
y
a cinq ans
que cela fut poussé beaucoup plus loin. Quatre chefs
des premieres familles , et avec eux le pere Stanislas
d'
Andria, furent chargés de fers et jetés dans une
galere qui les mena
a
Rhodes. Ils ne revinrent
de
la qu'apres quatre mois de souffrances , et moyen-–
nant une exaction de trois cents écus par tete. J'étois
.ii
Scio quand ces bons catholiques arrivhent, tout
pales et tout décharnés. Leur premier soin en
dé~
bmquant fut, non d'aller revoir leurs familles, mais
de
se rendre
a
la chapelle , remerciant Dieu
a
deux
gen·oux, et le visage contre terre, de
les
avoir jugés
digri1es de souffrir quelqne chose pour la gloire de
son
~
·aint nom.
Les
L~tins
de Scio ont fait
a
divers temps de fortes
tentat ives
a
la Porte, pour étre jugés et punis, s'ils
étoientt trouvés coupahles, ou déclarés innocens, si
o:n ne·
trouvoit rien
a
leur reprocher. Ali Pacha, le
phi1s terrible des derniers visirs '
a
qui ils
ne
crai....
gnirent pas de s'adresser comme
a
ses pré<l.écesseurs,
}es renvoya avec des paroles douces , qu1ils n'atten–
doient pas d:'un homme aussi rude qüe lui. Deux
,ans apres, Numan Knprogli, aujourd'hui pacha
dé
la Canée, av·oit commencé
a
les serviT; mais le temps
~e
son visir.iat fot si court, qu'il né put
concluir.e