·LETTRES
communion; mais ils
n'y
ont rien gagné' et ils ont
~té
obligés de ne les plus inquiéter la-dessus.
Dans les campagnes , les peuples sont tres-dociles
et tres-portés au bien. Jamais je ne leur ai parlé de
Dieu, que je ne les aie vus m'écouter avec joie, et
que je n'en aie confessé plusieurs. Si les choses de–
venoient plus tranquilles, et qu'on eút la autant de
liberté que dans les autres iles
a
faire des missions
réglées par les villages, il est
tain qu'on y ·feroit
d'excellens chrétiens. La grande opposition ne vient
pas des Turcs, qui aiment et estiment naturellement
les Latins, et surtout les Fran9ais. Elle vient toute
eles supérieurs des Grecs, dans qui on ne peut dire ce
qui domine d.avantage, ou l'ignora:11ce , ou la pré–
vention. Pour les Turcs , ils sont tout ce qu'on veut
qu'ils soient : il n'y a seulement qu'a les bien paye·r.
Si les Latins avoient la conscience assez mauvaise
pour vouloir les tourner contre les Grecs , comme
les Grecs les tournent contre eux, il est constant
qu'avec la moitié moins de dépense, ils les engage–
roient
a
tout ce qu'ils voudroient. Les Turcs s'en
expliquent eux-memes de la sorte. Ils aiment les
Latins d'inclination , comme étant, disent - ils , les
Beyzadez
~
c'est-a-dire les nobles, au lieu
qu'~ls
ne
qualifient les Grecs que de
Taif,
qui veut dire la
populace. Ils ont en particulier beaucoup de consi–
clération pour les Jésuites. Pendant le long séjour
qire j'ai fait a Scio, j'en
ai
vu d'assez publique& et
d'assez fréquentes preuves de la part de quelques
pachas et des agas les plus distingués de l"ile. Celui
qui est aujourd'hui possesseur de notre maison et
de notre église , nous offr.e de
nou~
les remettre
pour le prix qu'il en a payé; ce qui ne va qu'a huit
bourses ou quatre mille écus. Si nous avions pu lui
trouver cette somme , il
y
a long-temps que nous
y
serions rentrés, et que le vice - consul
y
anroit pu
placer
sa chapelle.
Les
beys des
quatre galeres du
département