LETTRES
>)
voyez ; car nous sommes tous de la
m.~me
religion
»
qu'eux , et nous n'en changerons jamais.
»
Le
seraskier , attendri et frappé de ce spectacle , leur
fit
distribuer
a
toutes des mouchoirs hrodés d'or ,
leur disant d'un ton de compassion :
«
Ne m'impu–
>>
tez pas la mort de vos maris ; ce n'est pas moi
.,>
qui les ai fait mourir;
>>
ce sont ceux-1a, dit-il,
en leur montrant les primats grecs.
Les cltoses furent pendant plus d'un an dans ce
triste état. M. de Castagneres , alors ambas:;adeur
du Roi
a
la Porte, touché ·de l'oppression de tant
de fideles catholiques, et des dangers continuels des
missionnaires qui les assistoient avec tant de risques ,.
ordonna au sieur
~
Rians, consul de Smyrne,
d'envoyer incessamment
a
Scio un· vice-consul, et
de lui joindre le pere Martín , Jésuite fran9ais , en
qualité de son chapelain. Sa vue étoit d'ouvrir un
asile
a
la religion
a
la faveur d'une chapelle fran–
~aise
, et de
mén~ger
en meme temps aux autres
J
é–
suites du pays , la liberté de leur ministere , par
l'aide et par l'appui qu'ils recevroient d'un de leurs
freres, sur lf'quel les Grecs et les Turcs n'auroient
nulle autorité. Vous etl.tes la bonté,
MoNSEIGNEUR ,
de
seco~der
ce projet , sur
la
requete que vous en
fit M. l'amhassadeur, et il vous plut de l'affermir par
les lettres-patentes du Roi, que vous en fites expé–
dier aux Jésuites en
1696
et en
1699.
On peut dire
qu'apres Dieu c'est la ce qui a sá.uvé la religion ca–
tholique a Scio. Un si grand monde, et sur-tout le
petit peuple , n'auroit pu teni1: long-temps contre
lant de violentes attaques. Quelques-uns
m~me
a
demi- séduits, commen9oienta chancelcr.Lcsautres
quiuoient dé
ja
le pays , et peu-a-peu tout seroit re–
t.ombé dans la malheureuse condition de plusieurs
autres lles du voisinage , oú le rit latin, qui
y
do–
minoit autrefois, est aujourd'hui
~oli.
Graces
a
la
protection du Roi et
a
votre piété ,
MONSEIGNEUR ,..