ÉDIFIANTES ET CURIEUSES.
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louage. En meme temps on pt1blia par toute la ville
une, défense de professer la
~eligion
du pape , sous
peine de mort' ou d'esclavage '
a
ceux qu'on trou–
.veroit en faire le moindre exercice. Pour cela, il fut
ordonné qu'on iroit faire ses prieres aux églises
grecques. On dressa meme , et on envoya solennel–
lemen t au Grand-Seigneur un acte public, par Je–
que! on assuroit
a
sa Hautesse qu'il n'y avoit plus de
Francs
a
Scio , et qu'on les avoit tous faits Grecs.
Néanmoins les Jésuites ne purent se résoudre
a
quit–
ter l''ile , comme on les en sollicitoitde toutes parts,
€t
a
laisser sans secours quatre ou cinq mille catho–
liques, qui n'avoient qu'eux pour les soutenii: dans
des conjonctures si facheuses. e pouvant plus pa–
roitre avec leurs hahits de religieux , ils en prirent
d'autres' et se mirent
a
parcourir les maisons la–
tines , disant
la
messe , administrant les sacremens,
encoura,geant les fideles
a
tout souffrir plutot que
'de permettre qu'on donnat atteinte
a
leur foi.
u
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seul trait fera voir combien les catholiques étoient
fermes et prets
a
tout soutfrir. Les schismatiques ,
pour répandre la terreur' et décrier
a
jamais le rit
latin' avoient demandé et obtenu '
a
force d'argent '
la mort de quatre des plus qualifiéscatholiques, dont
deux étoient de la maison des Justiniani. Ces quatre.
nobles ' estimés les plus gens de bien du pays ' et
a
qui on n'avoit rien
a
reprocher
q1~e
leur religion '
allerent
a
la mort avec joie , rejetant avec une fer–
meté toute chrétienne , les grands établissemens
qu'on leur offroit , s'ils vouloient changer de i·eli–
gion. Le lendemain de leur mort , les dames leurs
épouses , malgré la délicatesse et la timidité de leur
sexe, allerent trouver le seraskier, menant
a
la main
leurs petits enfans.
«
Seigneur , lui di.rent-elles
)>
d'un ton assuré , vous avez fait mourir hier nos
)) maris , parce qu'ils étoient catholiques , faitcs-en
>)
autant de nons et de ces petits innocens c1ue vous