LETTRES
soit la matiere de tous nos sel'mons, et des insttuc–
tio:r:is particulieres que nous faisions dans chaque
~na1so11.
Dieu donna tant de force
a
nos paroles, qu'il se
fit bient6t un grand changement dans les mamrs.
L'usage des sacremens, les réconciliations sind:res?
les promptes restitutions, et l'éloignemeut des con–
cubines , furent des marques non équivoques de con.
version. Un des principaux de l'1le nous
fit
alors un
compliment qui nous surprit. «Mes peres, nous dit-il
»
en nous saluant, vous étes les deux memes que
je
»
vis en songe il
y
a trois semaines; j'entendis alors
)) une voix qui me disoit intérieurement : voila ceu¡
)) que j'ai envoyés pour te convertir., ne manque
)) pas de mettre ta conscience entre leurs mains; si
))
tu perds cette occasiou , tu es perdu
toi-m~me.
»
Soit que ce songe fút l'effet d'une imagination frap–
pée, soit que cte fút véritahlemeut un avertissement
du Ciel, il
fit
une confession générale de toute a
vie , et nous bénhnes mille fois le Dieu des miséri–
cordes , qui se sert de tout pour condnire les
ame~
au salut.
Cette mission étant ainsi terminée, nous part1rnes
pour Arna, village des Alhanais, ou nous n'arri–
vames que
fort
tard , et extremement fatigués : car
nous eumes
a
grimper une montagne haute de trois
lieues, portant notre chnpelle et la caisse de nos re–
medes ; et deux autres lieues
a
faire en de.scendanl
de la montagne, par des sentiers fort roides et tout
couverts de broussaillcs et de rochers. Nous nous
trouvames enfin dans le village au milieu d'un peuple
fort pauvre, d\me grossiereté
extr~me,
et qui .n'a
pourtant rien de harbare.
Le lendemain , qui étoit un dimanche, nous nons
rendimes aux deux principales églises , ou un grand
peuple étoit assemblé. Nous leur déclarames d'abord
que le seul désir de
Ic~ur
salut nous avoit attirés dans