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LÉT1'RES
<l1mes au village qu'on nomme
Sílaka.
Ce viílage est
bd.tisur deux petites collines qui
se
font face
l'un&
u l'autre , et qui sont séparées par un torrent.
Le
pere
Luchon
pr~choit
d'un coté devant la
pre–
miere église' et tnoi' de l'autre coté' je montois
~
comme
a
Serpho, sur le to1t d'un,e maison, d'ou
ja
parlois
a
un grand nombre d'auditeurs. Leur silence,
leurs soupirs , les hénédictions dont ils nous com–
]Jloient, me remplissoieut de consolation.
Nous ne fümes pas long-temps sans recueillir
les
premiers fruits de pénitence. Ils vinrent en si
grande
f
ult pour se confosser, qu'a peine pouvions-nous
nous échapper pour aller prendre quelques mom.ens
de repos.
«
Hélas
!
es peces , ncms disoient ces
>>
bonncs gens, ave
e
une certaine naiveté qui nous
))
charmoit ' comhien y a-t-il qne nous disions
a
»
Dieu: Seigneur, envoyez-nous quelqu'un qui nous
)) apprenne
a
vous honorer et
a
vous servir! c'est
,, · vous , tnes phes , qlle Dieu nous a envoyés, et
~
nous reconnoissons maintenant qu'il s'est
laissé
))
fléchir
a
hos prieres. " Ils fondoient en !armes en
prouo119ant ces paroles.
D'autres not1s disoient en leur style figuré «Vous
))
au
tres , mes
pe
res,
~us
e
tes des vases fermés,
d'
ou
~)
rien <le ce qu'on y met ne s'exhale au-dehors:
o~
'1>
peut s;:ius peine vous ouvrir sa conscience, parce
»
qu'on est
síh
que vous jetez tout dans un ab1me
>>
profo11d d'ou rien ne remonte jamais. Vous
ne
>>
nous demandez que notre convérsion, et
les
autres
:» nous demandentnotre argent.» Ilsavoientquelque
raison; les confesseurs du pays
ne
sont pas assez
dis–
crets, et leurs exactions vont
a
des
e~ces
qu'on
a
peine
a
croire : ils exigent quelquefois quarante oll
ciuquante écus pour absoudre de certains
péch~s.
Nvus ne passames que huit jours dans ce village,
apres quoi nous retournúmes au bourg, pour passer
de
la a
Andrns.
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nous eút été impossible d'y
abor-