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744

DUO

égalité fyrnmétrique;

&

ce qui efi encere plus eífen–

tiel, il a choifi pour le

duo

le mornent le plus intéref–

fant

&

le plus vif du dialogue,

&

il

y a ménagé les

gradatidns de maniere que la chaleur va toujours en

croiifant. Cette forme dechant , la plus naturelle de

toutes, efi auffi la plus animée,

&

celle d'oi1l'on peut

t irer les effers les plus furprenans.

e

M.

MAR–

MO.NTEL.)

§

Duo,

(lWufzq.)

on peut envifager le

duo

fous

deux afpeéls : favoir, fimplement comme un chane

a

deux parties ' tel par exemple' que le premier

verfet

dujlabat

de

Pe_rgo!~fe, ~uo

le plus parfait

&

le plus touchant qm fott fort1 de la plume d'aucun

muficien; ou cornme partie de la mufique imittative

ou théatrale, tels que font les

duo

des fcenes d'o–

péra. Dans l'un

&

dans l'autre

e

as, le

duo

efi de. ton–

tes les forres de mufique celle qui demande le plus

de gout ' de choix'

&

la plus difficile a traiter fans

forrir de l'unité de mélodie. On me permettra de

faire ici quelques obfervations fur le

duo

dra mari–

que) dont les difficultés particulieres fe joignent a

celles qui font communes a tous les

duo.

(S)

On a remarqué a l'

article

du

Diélionnaire raif. des

S ciences,

&c. que les

duo

font hors de nature- dans

la mufique imitative,

&

fur-tout dans les opera fé–

rieux,

&

l'on a rapporté un des moyens de fauver

l'abfurdité, en voici un autre que me fournit

M.

Rouífeau, c'efi

H

de placer les

duo

dans des firuations

)>

vives

&

touchantes, o1t l'agitation des interlocu–

)' teurs les jette dans une forte de délire capable de

" faire oublier aux fpeél:ateurs

&

a eux-memes ces

)!

bienféances théatrales qui renforcent l'illufion dans

" les fcenes froides,

&

la détruifent dans la chaleur

'>des paffions "·

e

F. D. C.)

Aíoutons

a

ce qu'il efi dit dans le

Diél. raif. des

Sciences,

&'C.

que, quand on traite le

drto

en dialogue

ce dialogue ne doit pas etre phrafé

&

divifé en

grandes périodes comme celui du récitatif, mais

formé d'interrogations, de réponfes, d'exclamations

vives

&

courtes qui donnent occaíion

a

la mélodie

de paífer alternativement

&

rapidement d'une partie

a

l'autre' fans ceífer de former W1e fuite que l'oreille

puiife faiíir. Une autre attention efi de ne pas pren–

dre indifféremment pour fujets toutes

les

paffions

violentes, mais feulement celles qui font fufceptibles

de la mélodie douce

&

un peu contrafiée con vena–

hle au

duo,

pour en rendre le chant accentué

&

l'haf–

monie agréable. La fureur, l'emportement marchent

trop vite; on ne difiingue rien, on n'enrend qu'un

aboiement confus,

&

le

duo

ne fait point d'effet.

D'ailleurs ce retour perpétuel d'injures, d'infultes

conviendroit mieux a des bouviers qu'a des héros'

&

cela reífemble tout-a-fait aux fanfaronades de

gens qui veulent fe faire plus de peur que de mal.

Bien moins encore faut-il employer ces propos

doucereux d'

appas,

de

chatnes,

de

flammes;

jargon

plat

&

froid que la paffion ne connut jamais ,

&

dont la bonne mufique n'a pas plus de befoin que la

bonne poéfie. L'infiant d'une féparation, celui oh

l'un des deux amans va

a

la morr ou dans les liras

d'un autre; le retour fincere d'un infidele ; le tou...

chant combar d'une mere

&

d'un fils voulant mourir

l'un pour l'autre; tous ces momens d'affiiaion ou

l'on ne laiífe pas de verfer des !armes délicieufes:

voila les vrais fujets qu'il faut traiter en

duo

avec

cette fimplicité de paroles qui convient au langage

cu creur. Tous ceux qui ont fréquenté les th latres

lyriqnes favent combien ce

[eul

mor

addio

peut ex–

citer d'attendriíl'ement

&

d'émotion dans tout un

fpeél:acle. Mais íi-tot qu'un trait d'efprit ou un tour

phrafé fe laiífe appercevoir'

a

l'infiant le charme efi

détruit,

&

il

faut s'ennuyer o u rire.

(S)

M.

Rouífeau me permetrra de remarquer que,

íi

{ians

les

duo

d'emportement

on

ne diilingtte rien, on

DUO

n'entend qu'un aboiement confus, c'efi la faute du

compofiteur ou de l'aél:eur,

&

peLtt-"tre de tous les

deux. Graun

e

qui efi fans contredit un des premiers

rnuficiens qui ait jamais exifié, quoiqu'il ne foit pas

autant connu

qu'ill~

mérite), Graun, dis-je a com–

pofé deux

duo

d'emportement

oit

tout eíl: difiinél:

&

qui expriment autant qu'il efi poffible les

parole~

qui font détefiables. L'un de ces

duo

fe trouve dans

l'opéra d'

lphigénie

en

Aulide,

repréfenté pour la pre–

mi.ere fois

~Berlín

en

1749

;_le fujet efila querelle d'

A–

chtlle

&

d Agamemnon

qm

fe trouve dans la fixieme

fcene du quatrieme aae de Racine; ce

duo

commence

par ces mots ,

fe~ui

pur giovane "audace.

L'autre de

ces

duo

efi dans

1

'opéra de

P

haéton,

repréfenté a Ber–

lin pourla premiere foi en

1750;

le fujet efi la que–

relle de Phaéron

&

d'Epaphus fur leur naiffance,

&

il commence par ces mots,

Tralajeia

un

vano amore.

e

F. D. C.)

Les

duo

qui font le plus d'effet font ceux des voix:

égales, paree que l'harmonie en efi plus rapprochée;

&

entre Ies_voixégales, celles qui fdnt le plus d'effet

font les deífus , paree que leur diapafon plus aigu fe

rend plus difiinél:,

&

que le fon en eít plus touchant.

Auffi les

duo

de certe efpece font-ils les feuls em–

ployés par les Italiens dans leurs tragédies,

&

je ne

doute pas que l'ufage des cafirati dans les roles d'hom–

mes ne foit dCt en partie

a

cette obfervation. Mais

quoiqu'il doive y avoir égalité entre les voix,

&

unité dans la mélodie' ce n'efi pas

a

dire que les

deux parties doivent etre exaél:emenc femblables

clans leur tour de chant: car outre la diverfité des

11yles qui leur convient, il efi tres-rare que

ta

fitua–

tion d&s deux aél:eurs foit fi parfaitement la meme,

qu'ils doivent exprimer leurs fenrimens de la meme

maniere: ainfi le muúcien doit varier leur accent

&

donner

a

chacun des deux le caraaere qui peint le

mieux l'état de fon ame, fur-tout dans le récir

alter~

natif.

(S)

M.

Rouífeau remarque avec raifon que les deux:

parties d'un

duo

ne doivent pas etre exaél:ement

fem~

blables; mai,s par quel moyen le cornpofiteur par–

viendra-t-il a trouver deux chants qui' qnoique dif–

férens, ne bleífent en ríen l'unité de mélodie ,

&

qui

pourront fe tranfpofer dans les modes relatifs au

dominant , fans fortir du diapafon des voix? car

il

n'efi pas poffible ici de donner a une des voix

la

mé–

lodie de l'autre, fans ble.ífer l'expreffion.

J

e

répon~s:

En érudiant avec foin le contre-point

do~>tble,

l'imi–

tation

&

la fugue, ces parties fi eífentielles de la com4

pofition ,

&

négligées a

u

point, que de cinq compo·

fiteurs , quatre ne favent pas ce

qu~

c'efi; je le ré–

pete

&

le répéterai tant que l'occafion s'en préfen...

tera, il efi honteux

a

un

artifie d'ignorer les reífour..

ces de fon art , fur-tout quand la pareífe feule efi

la

caufe

de

fon ignorance.

(F. D. C.)

A l'égard des

duo

bouffons, qu'on emploie dan.s

les intermedes

&

autres opéra comiques , ils ne

font pas commun

1

ment a voix égales; mais entre

baífe

&

deífus. S'ils n'ont pas le pathétique des

du.q

tragiques, en revanche ils font fufceptibles d'une va–

riét

1

plus piquante, d'accens plus différens

&

de ca–

raél:eres plus marqués. Toute Ia·gentilleífe de la co–

quetterie; toute la charge des roles a manteaux; tout

le comrafie des fottifes de notre fexe

&

de la rufe

de l'autre, enfin tQutes les idées acceífoires dont le

{ujet eít fufceptible: ces chofes peuvent coñcourir

tour es a jetter de l'agr

1

ment

&

de l'intéret dans ces

duo

dont les regles font d'ailleurs

les

memes que des

précédens, en ce qui regarde le dialogue

&

l'unité

de la mélodie.

(S)

Les

duo

faits pour etre exécutés par deux infiru–

mens fans accompagnement, doiv nt "tre compo–

{és

avec un tel foin, que l'orei le foit fatisfaite de

l'qarmonie de ces deux parties, fans

en

defirer une

troifieme,