DET
propre
a
fe défendre avantageufement
&
fe m 'na-
ger
~
en cas de befoin, une retraite aífurée.
.
C'efi
a
lui
a
fe confulter, d'apres l 'infuuéhon
qu'il a res:ue du général en chef, pour avancer
~ur
l'ennemi, ou fe retirer devant luí , felon que les ctr–
conftances lui paroitront l'exiger; mais il
~aut
qu'il fe
replie toujours contre des forces fupénenres,
~
qu'il profite des fiennes lorfque celles de l'ennem1
lui font inférieures.
Quelquefois il fe retirera dans la nuit
a
l'appro–
che de l'ennemi; & lorfqu'il aura aífez marché pour
lui donner une fauífe perfuaíion de fon deífein, &
lui faire néaliger les précautions qu'on ceffe de pren–
dre
lorfqu'~n
croit l'ennemi éloigné, il reviendra
brufquement le charger
&
le repouírer.
Il s'attachera a former des entreprifes fur l'enne–
mi' a l'inquiéter' a le harceler de toutes manieres'
afin de l'obliger a fe tenir fur la défeníive
&
de fe
procurer a lui du repos . Voyez
e
Dia. raif. des S cien–
ces,
&
Suppl.)
les différens articles dont on a fai.'t
m ention a u commencement de celui-ci, tant fur l'ob–
j·et des
détachemens,
que fur la maniere dont ils
doivent etre compofés
&
conduits.
L'intelligence on le peu de capacité des officiers
auxquels on donne
de~
détachemens
a conduire' dé–
cicle ordinairement du bon ou du mauvais fucces qu'ils
penventavoir. La défaite d'un corps particulier, l'en–
levement d'un convoi, d 'un fourrage, & au tres aeci–
dens femblables pouvant décourager les troupes, leur
faire perdre la confiance qu'elles avoient en leur chef,
mettre l'ennemi en état de former des deífeins aux–
quels il n'auroit peut-etre jamais penfé, faire man–
quer les plus beaux projets
&
quelquefois tout le fue–
ces d'une campagne. Un général ne fauroit etre trop
attentif a ne confier des
détachemens
qu'a des ofEciers
· dont les talens lui foient bien eonnus. En un mot, il
faut pour ces fortes de commiffions, dont la plus
grande partie efr d'une exécution tres-difficile , des
hornmes habiles
&
nourris dans la guerre.
" Une ancienne regle de guerre, dir le ·roi de
~'
Pruífe
e
lnflrua. milit. art. X.),
queje ne fais que
,, répét r ici, eft que celui qui parragera fes forces
"
[era
battu en dérail. Si vous voulez donner ha–
>>
taille, tachez de raífembler toutes vos troupes; on
" n.e f<;auroit jamais les employer plus utilement.
" Cette regle eft fi bien confi:atée , que tous les gé–
>>
néraux qni
y
ont manqué, s'en font prefque tou–
»
jours mal trouvés.
,, Le
dhachement
d'Albermale, qui fut battu a
,>
Denain, fnt caufe que le g;and Eugene perdit toute
" fa campagne. Le général Stahremberg s'.étant fé–
>'
paré des troupes Angloifes, perdit la bataille de
,
Villaviciofa en Efpagne.
»
Dans les dernieres campagnes que les Autri–
>>
chiens ont faites en Hongrie, les
détachemens
leur
" furent tres-funeftes. Le prinee de Hildburghaufen
,. fut battu a Banjaluka,
&
le général Wallis res:ut
->'
un échec fur le bord de la Timok. Les Saxons fu–
" rent battus
a
Keífelsdorf, paree qu'ils ne s'étoient
>>
pas fait joindre par le prince Charles, comme ils
" auroient pu faire. J'aurois mérité d'etre battu a
,,
Sohr,
fi
l'habileté de mes généraux,
&
la valeur
" de mes
troupes ne m'euffent préfervé de ce
>>
malheur
».
Si d'apres ces exemples,
&
tant d'autres '<lont je
pourrois les accompagner, il ne faut pas conclure
qu'on ne doit jamais faire des
détachemens,
il en r é–
fulte du moins que c'efi: une manceuvre fort déli–
cate, qu'on fera bien de ne jamais hafarder que pour
des raifons tres- importantes,
&
de ne faire
qu~a
propos.
Lorfqu'on agit offenfivement dans un paY.s ouve rt,
&
qu'on eíl: maitre de
1
quelque place,
1l
ne fa ut
DET
détacher d' autres troupes que celles qu i font n 'eef–
faires pour aífurer les convois ,
&
les fourraaes.
Toutes les fois qu'on fait la guerre dans un°pays
entouré de montagnes, on ne peut fe difpenfer de faire
des
détachemens
pour faire arriver fftrement les. vi–
vres- Les gorges
&
les défilés, que les convois
font obligés de paífer, exigent qu'on
y
en oie des
troupes qui
y
refient campées jufqu'a ce 'qn'on ait
des fubfiftances pour quelques moi3,
&
qu'on foit
maitre d'une on de pluíieurs places o tt l on puiílefaire
établir des dépots. Tant que ces
détacjzemens
font
néceifaires, on occnpe des camps avantage ux jufqu'a
ce qu'ils foient rentrés.
Les
détachemens
que font certains généraux lorf–
qu'ils vont attaquer l'ennemi pour le prendre en
flanc ou en queue, quand !'affaire s'engage ou qu'elle
efi engagée, font des manceuvres qui ne réniliffent
prefque jamais' qui font meme tr ' s-dangereufes '
puifque ces
détachemens
s'égarent ordinairement
&
arrivent ou trop tot ou trop tard. Le roi de Pruffe
qui fait cette obfervation
y
a joint plufieurs exem–
ples que je vais rapporter.
u
Charles XII fit un
>~
détachement
la veille de la bataille de Pultawa: ce
>'
corps s'écarta du chemin ,
&
fon armée
fu~
bat–
H
tue. Le prince Eugene manqua fon coup, en o u–
»
lant furprendre Crémone; le
détachement
du prin–
»
ce de Va udemont, qui ' toit deftiné a attaquer la
,, porte du Po, arriva trop tard.
~'
Un jour de bataille, ajoute ce célebre auteur,
,, il ne faut jamais faire de
détachement
~
fi
ce n'eft
,. comme fit Turenne pres de Colmar, oit il pré–
" feota fa premiere ligne a l'armée de l'éleaeur
, Frédéric-Guillaume, en attehdant que fa feconde
'' fe portat par des défilés fur les flanes de ce
,. prince qui y fut attaqué
&
repouíié; on comme
»
fit le maréchal de Luxembourg
a
la bataille de
, Fleurus en 169o. I1 plas:a a la faveur desbledsqui
,,
étoient
fo.rtgrands , un corps d'infanterie fur le .
,
flanc du
prince de \Valdeck; par cette inanceuvre
»
il gagna la
bataill~.
>•
Il ne faut détacher des troupes qu'apres labataille
»
gagnée, pour affurer fes convois; o u il faudroit que
, les
détachemens
ne s'éloignaífent qu'a une demi–
>•
lieue de l'armée.
" Lorfqu'on eft obligé de fe tenir fur la défenfi ve,
'' dit le meme auteur
~
on eft fouvent réduit a faire
>>des
déta chemans.
.Ceux que j'avois dans la haute–
" Siléfie,
y
étoient en fflret é. Ils fe tenoient dans
»
le voifinage desplaces fortes, comme je l'ai re–
'' marqué ci-deífus.
»
La guerre défeníive nous mene naturellement
»
aux
détachemens.
Les généraux peu expérimentés
»
veulent conferver tour; ceux qui font fages n 'en–
»
vifagent que le point capital' ils cherchent
a
pa–
" rer les grands coups,
&
fouffrent patiemment un
»
petit mal, pour éviter de grands maux. Qui trop
»
embraífe , mal étreint.
" Le point le plus eífentiel a 'tquel il faut s'atta_.
'' cher, eft l'armée ennemie. Il en faut deviner les
' deffeins,
&
s'y oppofer de toutes fes forces. Nous
»
abandonnamesen
1745,
la aute-Siléíi"e au pillage
, des Hongrois, pour etre en _é tat de réíi!ter d'au–
" tant plus vivemem aux deífeins du prince Charles
»
de Lorraine ,
&
nous ne fimes de
détaclzement
que
" quand nous eftmes hattu fon armée. Alors le géné–
'' ral Naífau chaífa les Hongrois en quim;e jours de
»
toute la haute-Siléíie "·
Soit qu'on agiífe offen(lvement,
{oit
qn'on fe
tienne fur la défeníive, deux raifons oblígent de ne
faire que de gros
détachemens :
ú
votre armé e eft fu–
périeure
a
celle de l'ennemi' os
détachemen.s
ne vous
affoibli1Ient pas; íi elle e!t .inférieure, vous évitez le
danger d'etre défait en détail. La r éputation d'une
armée dépend fouvent d'un
détachement
batru