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DIA

M.

Roux;

auffi rnédecin, a fait en

1771

les rn&–

rnes effais, dans un cours public de chymie , aux

écoles de médecine. Les deux

diamans

qu'il avoit

mis fous la rnoufle, fe font volatilifés dans l'efpace

d'un peu plus d'une heure. M. Macquer, membre de

l'académie royale de Paris, a fait la meme expé–

rience daos fon laboratoire, en préfence de dix-fept

perfonnes. Comme ce fair extraordinaire étoit en–

core contefté, MM. Darcet

&

Rouelle ont voulu

faire ces expériences en public: plus de ceot cin–

quante perfonnes

y

ont affifré ,

&

des perfonnes

du premier rang. ün a pris quatre

diamans,

trois

ont été mis a découvert fous

la

moufle' dans des

coupelles de pft te de porcelaine, dans des fourneaux

de reverbere ; le quatrieme a été enfermé dans un

creufet de Heífe, enveloppé d'un melange de craie

&

de poudre de charbon. Les trois premiers

diamans,

a

découvert, Ont bi ntot rougi; une heure apres ils

ont été d'un blanc refplendiílant,

&

ce n'eft qu'a–

pres avoir pris cet

1

clat , qu'ils ont commencé a

fe

volatilifer. Enfin, une heure

c.:::

quioze minutes apres

qu'ils ont été mis au feu, on a retiré le plus petit du

feu, en partie évaporé; il en reftoit une tres petire

portion, couverte de quelques graios de Cable. On

iepara ce fable , on le mit dans une nouvelle con–

pelle,

&

le refte du

diamant

dans une autre. On

les plac;a dans le fourneau, la porrion du

diamant

fe volarilifa une heure apres,

&

le fable ·réfiíla au

feu,

&

fe re.trouva

da~

la coupelle augmenté de

quelques nouveaux grains qui étoient encore tom–

bés d la moufle. Trois heures apres qu'il avoit

été

mis

au feu, on a retiré le creufet de Heífe ,

&

le

diamant

enfermé dans la pate de craie

&

de char–

bon, étoit entiérement difparu. On a broyé la pare

reftante,

&

elle s'eft entiéremeot difioute dans Pea n

forte , preuve qu'jl n'y reftoit aucune partie dn

diamant.

De toutes ces expériences faites avec foin, il r

1

-

fulte bien des conféquences importantes:

1°.

que

tous les

diamans,

foit blancs , foit noirs, foit colo–

rés, foit enfin les

diamans

de nature, c'eft-a-dire,

glaceux, qu'on ne peut qu'a grand peine tailter

&

polir' font rous eífentiellement de meme nature'

&

que la couleur, comrne la forme de la cryftalli–

fation' ne tiennent

poi.nt

a

l'effence rneme du

dia–

mant.

2°.

Que le

diamant,

fi diftinél: déja des

autr.es

pierres , en differe Útr-tout eífentiellement par cette

propri 'té d'etre fufceptible d'une entiere volatilifa–

tion '

a

un feu fuffifant. 3

o.

Que la dure té

&

la

fixité au feu font de!\ qualirés difiinétes qui dépen–

dent, daos la matiere , de príncipes tres-différens,

comme nombre d'autres exemples le prouvent en

chymie.

4°.

Que le moment ou le

diamant

com–

mence

a

fe volatilifer, eft marqué par l'infiant

Otl

il devient refplendiífant. Faute d'a oir connu ce

degré du fe u

auq~tel

il fe volatilife , les

~apidaires

o.nt

fou'vent couru nfque de perdre leur

dtaman~,

&

1ls

en auront en effet perdu, lorfqu 'ils les ont mis au

feu pour oter quelqu('S taches, OU pour les blanchir.

Ainfi les lapidaires doivent éviter ce dégré de feu ,

capable par {on intenfité

&

fa durée de volatilifer

les

diamans.

On voit par-la meme, combien peu

les particuliers poffeífeurs des

diamans'

ont

a

re–

douter cette volatilité' puifque les incendies' meme

les plus violens'

p<;mr~oienr

a."

peine

e~pofer

}eurs

diamans

~

la volat1hfat10n. 5°. ll efl: demontre par

les précautions prifes dans les expériences, que le

diamant

éft

détruit par une évaporation fucceffive

des parties Qe la íurface,

&

point du tout en éclatant

ou par décrépitatÍ0n

&

par fraél:ures.

6Q.

A mefure

que le

diamant

s.,évapore, ce quien r efie, fi on le

retire dú feu, efl: du vrai

diamant

pur, fans altération

fenfible, ayant la meme dureté.

7°.

Ainfi l'évapora–

tion fe fait

a

la furfa,e ,

&

non de Fintérieur de la

.DI A

7 I I

1

pi

erre. Les parties in égrantes du

diamar.

hors de ce

contaét, au-deífous de

la

furface ne foutfreot done

aucun~ altératio~,

&

il n'y a

au~une

ppar nce de

ramolliffement m de fufioo . Peut-etre trouvera-t-on

q~~lq~e

jour une inatiere capa?le par quelque affi.:

ntte d artuer cette vafleur du

dlamnr.t

volatiliCé , au

moment de l'évaporation, de la recueillir, de la rece–

voir

&

de la retenir. 8°. Enfin il paro 't que cette

évaporation fe fait d'une maniere irrégulíetc , fur la

furfaee, fuivanr le plus ou le moins de cohérence

des parties, tout comme elle s'opere fur un morceau

~e

glace en plaque unie lorfqu on l'expofe

a

l'air

hbre, pendant l'biver

&

'par un tcms tr s

rein

&

tres-froid.

Il paroit rn&me par de nonvelles expériences,

faites depuis peu

a

Paris , par MM. adet

&

Mac–

quer, que le concours de l'air efi. néceífaire pour

opérer la volatilifation,

&

qu'un feu violent fur un

diamant

en diílillation' n'a doooé líen

a

aucune

évaporation. Des

diamans

foign eufemeot enferm

1

s

daos un tuyau de pipe, dans des creufets bien lutés;

n'ont fubi aucun changement. Ainfi la feule aétioi1 du

feu ne peut pas, fans l'air, volatilife r'le

diamam.

M. Darcet a remis au meme feu de reverbere

mi

rubis

&

un faphir qui a oient déja été au feu de

porcelaine. Le rubis n'a rie perdu: le faphir avoit

petdu au feu de porcelaine une grande patrie de fa

couleur' de meme qu'une émeraude expofée a la

meme épreuve: rnais dans le feu de coupe1le' ni

l'une ni l'autre n'ont fouffert d'altération. On peut

voir dans le

Mémoire

de ce favant

,

imprimé en

1770 ,

le détail des effais qu'ils a fai

ts

au fe u de

porcelaine, de la plupart des pierres précieufes,

&

la différence énorme qui fe trouve entre quelques·

unes de celles ql!i paroiífent etre de la meme efpece

&

qui portent le meme nom.

Ne pourroit-on pas déduire

la

volatilité du

día–

man-e

de fa propriét , phofphorique, unie

a

une

matíere tres- dure .

&

fort homogene? Voici com–

ment je raifonne: le

diamant,

frotté dans

l'obf~u­

rité, fur un verre, ou fur une étotfe rude, r nd

beauconp de lumiere. Plus le

diamant

efl: brillant

&

dur,

~ns

la lumiere eft vive. Le rubis, le faphir ,

la topaze

a

la meme épreuve' ne font po1nt des

pierres lucides; Il

y

a done dans le

diartzant

une nia–

tiere de lumiere ou phofphorique, enchainée dans

un corps tres-dur

&

homogene, dont les pores font

tres-ferrés, mai uniformes. Cette matiere 1umi–

neufe s'y tfouve enfermée en telle quantité

&

dans

des pores fi ferrés, qu'elle ne peut ni s'augmente.r

ni s'enflammer, qu'en divifant la furface qui l'enve–

·Ioppe en des parties extr"mement fines

&

déli ' es.

n

n'en eílpas du

diamant

comme des autres corps phof ...

phoriques, tels que font

les

fpaths fuíibles

&

pefans,

&

la pierre de Bologne , dans lefquels la matiere

lumineufe eft renferm

1

e dans des pores fort ouverts;

elle peut done s'y augmenter par le feu, s'y con–

fommer, fe produire fans

y

caufer d'alrération bien

feníible. Le

diamantau

cootraire efr formé de parties,

foit falines, foit pierreufes, foit cryílallines tr s–

pures, tres-fines, fort homogenes, combin 'es avec

la matiere phofphorique, identifiée en qttelque forré

ave e le

diamant,

a

fa formation. Des qu'un feu eft

aífez ioleot pour pénétrer ces pores

&

augrnenrer

ou développer la matiere lnmineufe, ces pores ét nf

tres-ferrés, il doit fe faire utJe divifion générale fur

la furface. Cette d1vifion, encore augment

1

e par l'i–

gnition du phlogifiique' doit etre fi entiere

a

la fur–

face, que les panicules du

diamant,

formant alors

une pefanteur fp

1

cifique égale

a

celle de la fumée

légere du phofphore, doivent fe diffiper a ee elie ,

rneme au traver · des potes de 1a porcelaine' aífez

ouvert par l'aétion du feu pour la laiífer échapper

en vapeu rs. Le rubis, la topaze, le faphir

&·c.

ne