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DES

l'ai dit que le contraite des tableaux, en ·ariant les

p1aiíirs de l'ame, les rendoit plus vifs , plus tou–

chans. C'efi ainú qu'apres avoir traverfé des déft rts

affreux, l'imaginatioo n'en efi que plus feníible

a

la

peimure du palais d'Armide. C'eil: ainfi qu'au fortir

des enfers, oi'.t Milton vient de nous mener

~

nous

refpirons avec volnpté l'air pur du jardín de déli–

ces. Que le poete fe ménage done a ve

e

foin des paf–

{ages du clair

a

l'obfcur' du gra,ieux au terrible;

mais

que cette variété foit harmonieufe,

&

qu'elle

ne prenne jamais ríen fur l'analogie du lieu de la

fcene, avec l'aélion qui doit s'y paífer. Ce n'eíl:

point un riant ombrage qu'Acbille doit chercher

pour pleurer la mort de Patrocle ; mais le rivage

aride

&

folitaire d'une meren úlence, ou dont les

mugiífemens fourds répondent

a

fa douleur.

.

On ne fait pas aítez combien l'imagination aJOute

c¡uelquefois au pathétique de la chofe;

&

c'eil: u.n

avantage inefiimable de l'épopée que de pouvon•

donner un nouveau fond

a

chaque tableau qu'elle

peint.

Mais une regle bien eífentielle,

&

_dont j'ex–

horte les poetes

a

ne jamais s'écarter' c'efi de ré–

ferver les peintures détaillées pour les momens de

calme

&

de re1ache: dans ceux ou l'aélion e.fr vive

&

rapide, on ne peut trop fe hater de peindre

~

grandes touches ce qui efi de fpeélacle

&

de décora–

tion. Je n'en citerai qu'un exemple. Le le ver de l'au–

rore, la flotte d'Enée voguant

a

pleines voiles, le

p.ort de Carthage vuide

&

défert, Didon , qui du

haut de fon palais voit ce fpeélacle ,

&

da?s fa d?u·

leur, s'arrache les cheveux

&

fe meurtnt le fem;

tout cela cft exprimé dans l'Ené1de en

moins

de cinq

vers. •

Regina

~

fpeculis ut primum alhifcere lucem

Yidit,

&

cu¡uatis claj{em procedere vtlis

,

Littoraque

,

t/

vacuos fenjit fine remigc portus;

Terque quá.terque manu peaus percuJ!a decorum

,

FLaventifque abfcifa comas: proh Jupiter! ibit

Hic

,

ait

,

&

nojlris illuferit adyena regnis

!

On fent que Virgile étoit impatient de faire parler

Didon,

&

de luí céder le

thé~tre.

C'eft ainfi que le

poete doit en ufer. toutes les fois que l'aétion le

preífe de faire place

a

fes aéleurs;

&

c'efi-Ia ce qui

fait que le ftyle meme du poete eft plus ou moins

grave~

plus ou moins orné dans l'épopée, felon que

la

firuation

des

€hofes

lui

permet

ou

lui interdit les

détails.

En génét\al ú la

defcription

ell: peu importante,

touchez légérement ; fi elle eíl: eífentielle , décrivez

davantage ; mais choifiífez les traits les plus inté–

reífans. Le défaut du cinquiéme livre d'Enéide, eft

d'etre auffi détaillé que le fecond. L'exemple du

rneme défaut joint

a

la plus gtande beauté, fe fait

fentir dans le ré6t de Theramene. Celui de l'aífem–

blée des conjurés dans Cinna

&

de la rencontre des

aeux armées dans les Horaces, font des modeles du

récit dramatique.

Poye{

NARRATION, ESQUISSE,

Supp. (M. MARMONT

EL.)

*

§

DESlRADE

ou

DESCADA, (

Glogr.

) •.. lifez

DliSEADA: c'eft le

m Efpagnol.

Lettres fur l'En-

cycfopédie.

DESSINER, v. a. (

Mujiq.)

faire le deífein d'nn.e

piece, ou d'un morceau d.e mufique.

Ce compofi–

teur

deffine

bien fes ouyrages; voiLa un chreur fort

mal

deffiné.

{S)

*

§

DESTITUTION.

d'un

~fficier

•••• ,

Titu~

Fta–

minius Conful,

quí

venott de vamcre les MdanOlS

,

fut

néanmoins rappeLLé

&

dépofd, paree que l'on fi.t enten–

dre au fé.nat

qu'iL

avoit

été

éLu contre

les

aufpices.

Flaminius ne fut ni rappellé,

ni

dépofé.

Il

fut tué

étant conful dans la bataille contre Annibal, pres du

lac Trafimene. On ne connoiifoit point alors les Mi-

Tom~

JI.

ET

Íanois : Fiaminius ainquit les lnfubriens.

Lutres fut

l'Encyclopédie.

§

DÉTACHÉ, (

Mufiq.) Voye{

DÉ-TACHÉ

(t

rme

de Mujique.)

DiR.

raif. des

S

i.mces,

&c. Lorfque dans

le,co urant d une pie ce , le

c~mpofiteur

veur que

1

on

detache quelques notes,

1l

le marque d un poinr

alongé , ou plutot d'une petire

ligne verricale.

(F. D. C.)

. DÉTACHEMENT, (

Art Milit.

) On fait des

détachemen.s

daos une armée pour connoirre le pays;

en avant

&

en arriere du camp pour fa fUreté;

fur

l€s flanes de la marche pour les couvrir; pour recon•

no!tre le éamp

&

la marche de l'ennemi; pour aller

au.x: nonvelles; pour attaquer ou furprendre

une

place, un pofie, un convoi , un fourrage, ou quel ...

que corps de troupes campé ou cantonné; pour oc–

cuper un paífage, un défilé; pour fe porter fur les

derrieres de l'ennemi, y faire une diverfion, ou

y

lever des contributions; pour garder une comn.u–

nication, porter un fecours , faciliter la jon ion

d'un corps de troupes qu'on

~ttend;

pour l'efcorte

d'un convoi, d' un fourrage, d'une colonne d'équipa–

ges; pour empe..:her l'ennemi d'étab lir des contribu·

tions ; pour aífurer des quartiers,

&c.

Un

détachem.mt

eíl: compofé tanrot tout d'infante-o

ríe, ou de cavalerie, ou de dragons, ou de troupes

légeres

:~

&

tantót de deux, de trois, ou de ces

quatre efpeces de troupes avec de l'artillerie: fa

defiination,

&

les circonfiances doivent en r 'gler la

compoffiion

&

la force. Mais on ne doit jamais

fans néceffité, on fi <.:e n'eft pour quelque deífein

important, faire de

détachement

confidérable de cava–

lerie fans

y

meler de l'infanterie,

Oll

des dragons

qu'on peut au befoin faire combattre

a

pied. On

a vu tant de fois des

déraclzemen.s

de cavalerie arta–

quer fans fucces des

détaclzemens

compofés de cava–

lerie

&

d'infanterie' meme d'infanterie feulement'

mieux armée

a

la vérité que ne l'eficelle de nos jours;

&

etre battus par ceux- ci' qu'on ne f<¡auroit trop

obferver la maxime que je viens d'érablir. Ayant

déja rapporré ailleurs plufieurs de ces exem les, je

me difp€nferai de les répéter ici (

Poyez.

IQUE,

SuppL.

). En voici pourtant encore un qui vtent trop

a

propos pour ne pas le comprendre daos cet article.

En

I

704,

le maréchal de Schnllembourg fe reti–

rflnt par les plaines de Pologne aveG un corps d'in·

fanterie d'environ

5000

hommes, fe vit tout d'uncoup

attaqué dans fa marche par 8ooo

ch~vaux

de ca vale ..

rie Suédoife,

&

l'intrépide

roi

de Suede Charles

XII

a

la tete. Cet

habil~!

général Saxon ne fe décon–

certe point,

&

fait voir tout ce que peut un efprit

éclairé, fecondé d'un grand cóurage & de la con–

nance de fes troupes.

Il

íe

range en colonne' fe fraife

de tout ce qu'il a d'armes de longueur,

&

fe prépare

a

une vjgoureufe réíifiance.

Il

eíl: bientót joint

f

&:

dans l'infiant atraqué: il foutient le choc de cette cava–

lerie avec tout l'ordre &la valeur poffibles. La cava–

lerie Suédoife eft repouífée; le roi ne fe rebute pas:

il

étend fes efcadrons,

&

environne cette colonne

de toute pan; elle fair fa ce par- tout: le combat

recommence avec la meme fureur; le monarque '

s'abandonne fur les Saxons,

&

les charge

a

diffé–

rentes reprifes.

Il

trouve un courage

&

une obfti–

nation égale

a

la fienne: il fe laífe enfin de tant dQ

charges inutiles

l?'

fan, effet;

~ Schulle~bourg

cone

tinue fa marche Jufqu

a

un nuífeau, qu ll paífe

a

la

faveur de la nuit

&

du feu d'un moulin

Otl

il

avoit

jetté quelqu'infanterie.

Un officier

a

qui l'on a confié la conduite d'un

¿¿..

tachement

pourquelque expéditi?n,que

~e

Pl!iífe erre,

ne f<¡auroit

appo~ter

trop de fom a preyemr les fur·

prifes de l'enneml'

&

a

fe trouver tou;ours en et?t

de le recevoir.

n

faut qu'il fache choifir un terretn

VVvv