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1"02

SER

les apparenees,

il

femble qu'il n'exigeoit point le

firment

des légions ,

&

que e'étoient les tribuns

&

les

foldats qui, de leur propre mouvement , s'empref–

foient de lui donner eette aífurance autentique de

zi:le

&

de foumiffion

a

toutes fes volontés.

Les armées préterent

Jerment

aux empereurs,

comme elles avoient

f~it

aux g' néraux. On juroit

in

1!erba Tiberii C(Zfaris ,

comme ron avoit fait autrefois

juré

in yerba

P.

Súpionis.

Mais il faut remarquer,

1°.

Que fous les empereurs , la prefiation du

Jer–

ment

fe renouvelloit chaqu.e année le jou,! des ca–

Íendes de Janvier.

CeJerment

annuel doir etre n:gardé

comme un vefiige d'antiquité. Dans l'origine , le

commandement des armées appartenoit aux confuls

&.

aux préteurs,

&

par conféquent le général étoit

annuel auffi-bien que le confulat

&

la préture. On ne

fauroit prouver que la coutume de renouveller le

forment,

ftLt plus ancienne que les empereurs : eepen–

dant je croirois volontiers qu'elle s" toit introduite

avec l'abus de continuer les généraux. Il eft ra1"ement

;:trrivé que les romains fe foient écartés d'un u[age

aneien, fans lui rendre en meme tems hommage par

'l)ne formalité. Sous les .empereurs on répetoit encore

leJerment

aux jours anniverfaires de leur naiífance

&

de leur avénement

a

l'empire ; mais

011

le renouvel–

loit avec plus de folemnité de cinq en cinq ans ,

a

compter

dl1

premier jour auquel ils avoient commen–

Eé de regner.

. Auguíl:e n'ayant jamais accepté l'empire que ponr

~inq

ans ou pour dix , 101"S meme que la

di~nité

im–

périale fut devenue perpétuelle , {es {ucceíleurs

a

la

fin de chaque cinquieme

&

de chaque dixieme année

.de leur regne , {olemni{oient une fete, comme s'ils

~uífent

pris de nouveau poífeiúon du généraIat enver–

tu d'une nouvelle éIethon. La premiere fois que l'on

pretoit le

ferment,

&

tontes les fois qu'on le renou–

velloit furtout aux fetes des quinquenn¡:tles

&

des

décennales? les

emper~urs

donnoienr

~ cha~u~

{ol–

dat une peute fO lume d argento LesanClens generaux

n'avoient rien fait de {emblable.

Du tems d'Augufte, de Tibere,

&

meme de Cali–

gula, on ne eonnoiffoit point encore ees libéralités

loujours onéreu{es, {ouvent funeftes a l'état, qui

prirent depuis le nom de

donatiyum

,

&

dans le has

empire celui

d'auguflalicum .

Elles <;lúrent leurorigine

l

a

la timidité de Claude , qui le premier de tous les

Céfars, fuivant l'expreffion de Suétone , acheta la fi–

délité des foldats. Ces gratifications devinrent des

det.fes ;

&

malheur au prince qui ne les eut pas

payées , il auroit été bientot détroné. Les {oldats en

r,

cevant

km

folde ,

a

plus forte raifon lor[qu'on leur

faifoit des largeífcs, juroient de préférer

a

tout le

falut de l'emperenr. On fe {ervoit peut-etre dans ces

oocafions d'une formule particulicre.

2

o.

Il Ya une autre différence

a

obferver entre le

firment

que l'on avoit fait aux généraux,

&

celui que

1?on faifoit aux empereurs. T acite , au premier livre

de fon hiftoire ,raconte que les légions de la haute

Germanie, le jour meme des calendes de Janvier ,

au lieu de preter

j'erment

a Galba , felon le coutume ,

mirent en pieces fes images ; mais que craignant de

paroitre fe révolter contre l'empire , elles jurerent

~béiífance

au Cénat & au peuplt ,

iI

qui deplIis long–

tems , dit l'hiftorien, on ne pretoit plus

fermento

Ipfo calendartll7l Januariarum die dirumpunt imagines

{;alb(Z .

...

ac ne revaentialll imperii. ex uere viderentur ,

ill

S. P.

Q.

R . obLit.:rata j am nomilZa , fú crament/l ad–

lIocabant.

Ce paífage prouv e qu'autrefois en prétant

au général le

j'ermem

de fidélité, l'armée le pretkit

nommément

a

la nation,

&

confirme ce qui fe trouve

dans le d·ixieme li vre de D enis d'Halicarnaífe , que

les {oldats juroient,de ne .ien faire all préjudice du

peuple romain.

\,.

~

I:.e meme texte prou,ve auffi que des l'an 68 de l'ere

SER

chrétlenne , il Y avoit long - tems que les chofes

étoient chaogées

a

cet égard,

&

que 1'on ne pretoit

plus

leJerment

qu'a l'empereur. Mais il n'eft pas aifé

de fuer l'époque de ce changement, il efi antérieur

a Néron

&

meme

¡\

Claude , pui{que des le tems de

Galba il étoit déja fort ancien,.

S. P.

Q.

R. obliteratll

jam nomina.

Suppofé que Ca'ius l'eftt introduit, l'hox–

reur que

1'00

avoit de ce tyran -l'amoit fait abolir

aprés fa mort. Tibere

&

Augufie ne paroiífent pas en

avoir été les auteurs. Ainfi il faut croire que nous

devoFls remonter jufqu'au teros de Jules-Céfar.

Le {énat

&

le peuple ayant accumulé {ur fa

t~te

tous les titres , tOllS les privileges , tous les honneun¡

humains

&

divins, on déclara le g6néralat hérédita ire

pour fes de{cendans,foit par la nature, foit par l'adop–

rion. Il efi vraiífemblable que les armées reconnurent

{olemnellement Jules-Céfar pour général perpétuel ,

&

lui preterentflrment de nonveau. Les tribuns q"'¡

le firent preter , fupprimerent fans doute le nom du

fénat

&

du peuple , bien aífurés de faire leur cour

a

un defpote qui ne gardoit plus de mefures avec la·na-.

tion.

Rien n'empeche de croire que des le tems d'Au–

gufte la formule n'ait été celle-la meme que rapporte

Vegece ,

&

de laquelle on {e fervoit {OHS Valenti–

nien

n.

en exceptant pourtant la différence qu'avoit

ifltroduite le changement de religion. Les {oldats, dit

cet auteur ,jurent an nom de Dieu, du Chrift

&

da:

l'Efprit,

&

par la majefté de l'empereur .•.• d'exé–

euter en braves gens tout ce que l'empereur leur

commandera ; de ne jamais de{erter ,

&

d~

{acriñer

leur vie , s'ille faut, pour la république romaine.

J

u–

rane autem per

Deun~

f.>

per ChriJlum,

&

per Spirieum

fanélum

,

f.>

per ma¡eflaum imperatoris •

•••

omnia

fe

flrenue faéluros QUf2 prf2ceperit imperator; numquam de–

flrturos militiam; nec mortem recufaturos pro romana

republica.

Ces mots

,pro romana republica

,

átoient une

e[pece d'équivalent qu'on avoit fubftitué

a

ceux d\il

finat

&

dilo peuple,

qui y étoient áuparavant.

Il n'eft pas douteux que pendant les vingt mois qui

s'écoulerent depuis la mort du diél:ateur jufqu'a la li–

gue des triumvirs , le nom du fénat

&

du peuple n'ait

été rérabli dans le

ferment

;

mais on dait croire aufft

que fous le triumvirat il fut retranché ponr toujours.

Lor[que le jeune Céfar ayant réuni toute la plliífance

de {es collegues , fe fit contraindre d'accepter l'em–

pire, les officiers exigerent le

j'erment

{elon la formule

nouvelle. Angufte ne fit pas {emblant de s'en apper:'!

cevoir, per[onne n'ofa s'en plaindre;

&

d'ailleurs

dans les uan{porrs d'admiration

&

d'idolatrie qu'avoit

excité dans tGUS les ereurs f{)n abdication préten–

due, les Romains étoient plus di[po{és a le forcer de

recevoir ce 'qu'il refufoit , qu'a ,lui contefter ce qu'il

vouloit bien recevoir. Ajourez

el

cela que peut-t!tre

la formule n'avoit jamais été 6xe,

&

que les tribuns ·

étoient maitres de choiíir les termes. C'eft ainfi, fe–

Ion toute apparenee que s'établit ce nouveauferment,

fans aucune attache de l'autorité publique, fans or–

dre de l'empereur, fans decret de la nation, {ani

qu'elle

renon~at

a fes droits.

Enfin , pOUl' donner all letteur une idée nette des

feTlllenS militaires

mes Romains ,

il

doit favo;r que/OliS

la république il y avoit trois Cortes d'engagemens

pour les trollpes. Le premier

s'appelloitfacramentuJ1l;

c'étoit celui par lequel chaque {Qldat

vretoitj'erment

en particulier entre les mains de fon-genéral,

&

pro–

mettoit de le {uivre par-tout OU fes ordres le condui–

roient , fans jamais l'abandonner , {ous quelque pré–

texte que ce peIt etre,

jufqu~a

€€'

qu'il eut éte

li-

centié.

.

La {econde e{pece d'engagement militaire s'appel–

l~¡¿ratio

;

c'eft-a-dire que dans les troubles im–

prévus, 'ou qu'al'appreche fubit de l'ennemi, eas qui

demandoit un prompt (e,o\lrs,& qui ae laiífoit pas le