CEL
de-~reMgne,
au dans quelques-unes des
tlt:S<
adjatt~
tes.
II
y
aveit des nochers dont !'unique fonction ecoic
de transfera Jes an'ies dans !es iles fortunees La ce–
lebre caverne que les lrlandois appellent encore le pur–
gacoire de S. Patrice , paffoic autrefois pour l'encree
de
l'enfer. Voici ce q\l'en die, Procope ... Je vais
>
dic–
il, rapporter ce que ces infulaires m'onc rac6nte, quoi–
q.uejc: fois bien perfuadt que ce qu'ils aueftent com–
nieune realite, n'ef.1:
qu'une erreur de leur imagina–
tion. Le long de la cote ii
y
a plufieurs villages ha–
b ices par des pecheurs , des laboureurs
&
des mar–
chands, qui, quoique fujets-, ne payent aucun cribut;
~ls precendent en avoir ere
exemp~es'
pare<." qu'ils font
oblig.esde conduire Jes ames tour
a
tour. Ceux
qu~
doiventfaire !'office de la nuic , fe retirenc daos
Leurs
maifons , des qm: Jes tenebres commencent
a
fe repan–
dre. Ils fe couchent tranquillement , en attendant !es
ordres de celui qui a la- furintcndance du trajec.
~ers
le
milieu de la nuic , ils entendtmt quelqu'un qui frap–
pe
a
leur porte,
&
qui les· appelle
a
voix balfe;
ru~
le champ , its fe levent
&
coucent
a
la cote, fans coo–
noim: la caufe fecrette qui les
y
entraine.
~iii
_it's•
nr:?u~
vent des barques vuides ;
&·
cepeadant
Ci
char.gfus,
qu'a pe-ine elles s'elevem
au-d~lfos
de l'eau. En
mo.ins
d'une heure, ils conduifenc Ges. barq).les dans
la
Grau–
de-Bretagne, qu\:iique le trajet foit ordinairemeut de
viogt-quatre heures, pour
u.rivailfcrau qui· force
de ra'-'
mes. Arrive•
a
l'ile, ils fe retirent auffi-tot que los ·annesi
font defcendues du vailfeau, qui devient alors
fi
leger,
qu'il
n-e
fait aucune trace fur l'eau. Us ne voient per–
fonne ni pendant le crajet, ni pendant le debarquemi::ot.,
mais ils entendent ,
a
ce qu'ils di(ent , une voix
qu~
arcicule les noms des 13erfonnes de leurs families.,
&
desemplois dont ces marts faoient reverus pendant leur
v.ie.S'il y avqir des femmes dans la barque, .la. voix
declaroit Jes noms des maris qu'elles avoient eus. Lo
recir de Ji'lutarque ef.1:
cooforme
a
celui de Procope ;
&
ii alfure que les lies defertes de la Grande-Bretagnei
n'ecoienc peuplfrs que de genies
&
de hfros,
&
que
c'ecoic-la que
_le
gtant Briaree gardoiu Saturne plong&
clans un etf'rnel fommeil. Les differences fahl:es ·que .
Jes lrlandois debirnnt encore aujourd'hui fur ces temsi
antiques, font un ref.l:e de ces. anciennes fupedl:itions•.
L es
Celtcs
accordoienc aux genies le pouvoir de vifi–
ter leurs amis pendant leur fommeil ,
&
de jetter l'epou–
vante dans l'ame de leurs ennemis, en leur fu[citanc
d'dfroyables fonges.
L es favans one recherche la caufe pour laquelle Jes.
Cetus
celebroient leurs ceremonies pendant la nuit.
IL
efl vraifemblable que cec ufage s'ecoit incroduit par la•
perruafion que le filence
&
l'obfcurite etoient plus pro–
pres
a
infpi rer line religieufe hom:ur que la clarte du
joLlr. Le cri dt: la victime expirante
re
faifoit mieux
cntendre. Les
imaginations font plus faciks
a
ebran–
lcr ; la nul't communique aux objets les plus cerribles·
une nouvelle horreur,
&
facilite Jes pre(l:iges des ar–
t1fans de l'impof.l:ure ,
&
l'illufion du vulgaire credu–
le.
Td
etoit
le
morif qui dererminoit
Jes druides
a
tenir leurs alfc:mblees pendant la nuit. Chacun
s'y
ren–
doit avec fa torche allumee qu'on depofoic devant un
arbre au 2upres d'une fonraine, au d'une pierre qui
eroient les objers vifibles du culre public. Cec ufagt;,
foperftitieux fubfifta long-tems apres l'introduB:iun du
chri[ti.mifme ;
&
ce fut avec
le
glaive de la Joi que
Charli::magne l'abolit. C'ef.1:
a
ces alfemblees nocturnes.
qu'on doir attribuer tout ce que le vulgaire debite
fur
le
fabbac
&
fur les forciers. Lorfque
le
chriftianifme
fr
foe
eleve fur les debris de la fuperflirion,
Jes
Gau.
lois fiortans dans leur
foi , fe deroboienc pendant la
nuir pour fe rend re aces affemblecs. Les druides con-
1;,rveri;nt pendant long-terns le rcfpeCl: que_devoient _iof–
p1rer a
dL~
peuples groillers des gens qui fe vanto1ent
de penetrer dans l'avenir
&
dans les operations les plus
cachees de
la
nature: on etoit perfuade qu'ils polfedoient
Je
f.:cret d'evoquer les ames
de changer ks homrnes
en beces , d'interrompre l'ordre de la nature, de era-
C E L
269
verfer
fd
airs mantes
fur
des dragons; de fe trouvel'
a
des fetes avec des demons, danfant en ceremon-ie au-
· tour de leur monarque enfume qui apparoilfoit. pout'
rectvoir leurs hommages. Voita bien des titres pour en- .
tretenir la credulite ; ainfi ii n'eft pas furprenant qu'il
en refte quelques vefliges : le merveilleux offre l'em–
preinte du fublime aux
yeux
du vulgaire ignorant.
Les Ce/lcJ'eO genfral hoi'ent d'une came extremiiJF)ent .
ha1:1te ,
&
c'ef.1: en partie pour cet avantage- que plu–
faurs ecrivains leur ont applique la fable des Titans.
lls paroilfoient fi grands aux yeux des etrangers ' que
}es poi:ites
&
meme ks hifloriens Jes
Ont
peints
OOffi·
me une
race de geans. On avoit la meme idee des
Germains.
&
de quelques Scythes. Ils avoient
)'a
peau
blanche , Jes couleurs vives ,
Jes yeux bleus,
Je.
re–
gard farouche
&
rnenapnt , les· c.hevcux epais
&
d'un
blond ardent. Leur temperament m1turellement robu–
bu!le, ecoir oncore fortifie par des exercices penibles ;
familiarifes cles leur plus- tendre enfance avec ks tra–
vauii:
&
les perils de la guerre ,
ils fou{froieot avec
une egak e.onllance la fatrn ,
la!1
foif
_&,
les fatigues :
trap fi.ers pour
ft:
plaiadre, ils
fupponoieo.~
Cans mur–
murer Jes douleurs
le
plus aigues; fuperieurs• aux re–
vers ,
indi.fferens pour la mart au la vie, vi.;l:.o•ieux;
au \iaincus, ils contemploient leurs ennemis avec cette
a·udaee1,dedaigneu(e qui
armon~mt
lour coafiance dafls.
leurs for1:ts ,
&.
qui ef.1:
toujours
le
prffage des fuoces;
La
valeur leur etoit nacurelle;
r;nais
ils ne:
favei~ot
P,U
toujout's. en teglcr l' Llfage-. 1,eur Caracrere impetueUX>
&
bouiHaint ne lour
perme~toit
pas. de refteahir fur les
moyens d'ex.ect1rer. lls. prodiguoienr kul'
courag~
dant
des
circonllamces. qut eJGigeoienr! de
la.
moderation, l.e
fang
qui bo.1:1illonnoit dans. leurs. ve-ines.i leur lit e";ec:u–
rer des chafes plus qu'hum«ines. Ce
fut
aux
fa_1ll1~s
de ce courage imprudent que Rome dut ks v1ltm–
tes qu'elle remporta
fur
ces ,peupks. Les Romains ,.
mains prompts
&
pltlSJ tef!echis, vinr.ent
a
bou.t de
les
foumetue, en oppDfaot une leflteur raifonnee
a
Ct:t!C
ardeur foug.ueufe qui etoit trop impetueu[e- pour erre
clural!ile. Florus
&
T ite-Live dirent que dans un. pre–
mier ch00 les Gaulois etoienc plus. que des: horn.mes;
mais rebu.ces par le mauvats focces d'une premiere at•
taque > ils etoient mains que des. fonunes
1
lorfqu'il
falloic revenir
a
la charge.
L 'education des.
Celte~
eroit toute mititalre
~
les
J·e–
~ons
qu'on !cur donuoit oe cendoient qu'a
en.
faii:e des
foldats.
Des.
leur plus tendre enfance
1
on leu• appie–
ooit
a
dompter un cheval ,
a
manier lt:s
arm.es.
&
a
exercer leur t'ourage Jes uns con.ere !es :rncrcs. Ces exer–
cices qui eroient une preparation au metier de la g_uer–
re, ecoient un fpechcle qu'on donooit au public daos
Jes obfrques.
&
ks allemolees n.ationales" foit civiks,
on religieufes: on fouVionne que les
tour~ois
foot un
n;f.l:e de· ces anciens ufages. On accoutumo1t la Jeuuef-
. fe
a
paffer le& fieuves
a
la nage ,
&
a.
fai re de. ton–
gues rnaFches; c'etoit pour les. precaut10nner cootre
l'embonpoint qu'oo
y
attachoit une efpece d'infamie.
Taus portoient une ceinture d'une largeur dererminee,
&
ceux
a
qui elle ne
fuffifoit pas> etoieut regardes
comme des fybarices alfoupis dans
l'abondance
&
la
pardfe : tout le terns qui n'etoit point cmploye
a
la
guerre , ecoit confacre
a
la chalfe qui en ef.1:
l'image.
Ctt amurement qui fortifioit leur temperament , en–
l'lurcilfoit
leurs corps , perfcCl:ionnoit
leur adreJfe_,
leur donnoit de l'agilice ,
&
concribuoic encore
a
four?1r
a
leurs befoins ; c'ec,oit un moycn de derruire _une
rn–
fi
ice de beces feroces , done lat Geltique eto1r rava–
gee. C'etQit fur-tour contre l'elan
&
le bceuf fa_uvage
qu'ils aimoient
a
fipnaler leur adrelfe: ces an1maux
qui ne re
trouvent "'plus que dans Jes forets !es plus
feptentrionaks, peuploient alors toutcs ks forets de la
G aule.
Comme le courage etoit la premiere vertu des
Cel:
/CJ,
&
qu'il ecoit pll.itOt
l'effavefcenc~ d~un
fang qu1
bouillonne , qu'un fentiment genereux regle par la pr_u–
dence
~
its ne connoilfoient ni
l~s
bornc:s du pouvo1r ._