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'l70

C E L

ni le frein de l'obeilfance. La liberte etoit l'idole

a

laJ

quelle ils ecoient coi\jours precs rl'offrir jufqu'a la der-

11iere goutre de leur fang. Ce fa nacifme de l'indepen- ·

dance ayoic fc5 avantages

&

fes abus : ils n'etoient ni

fourbes ni ipechans; le menfonge

&

la diffimulation

font ks vices de5 ames balfes

&

des peuples flerris

p ar l'efclavage. lls avoient une- grande vivacite , une

~onception

facile' le creur bon

&

l'ame fiere

&

ek–

Yee. On leur a

reproche d'etre inquiets , legers, cu–

rieux

&

credules j ufqu' a l'exces. !Is avoient une hau–

ee idee d'em<-memes,

&

fur-tout de leur valeur. Cene

fo,lle pretoq1ption les rendoit vains

&

fanfarons ;

ils

infultoient leurs voifins plutot par vanite que clans le

delfein de nuin:. Dans Jes combats, la circonfpeCtion

leur paroilfoit une lachete ,

tout fl:ratageme de guer–

,re um: ballt:ffe, Jes retraites un opprobre : infolens dans

la vietoire, au plus leger revers, ils comboien3 dans

l'abattemenr. Etoient-ils olfenfes, ils ne citoient point

kur

nnemi au tribunal des loix ; leur faracren: im–

p atient ne pouvoit fufI,Jendre leur vengeance,

&

juges

dans lcur propre caufe' .c'etoit avec l'epee qu'ils dif–

Cutoient .Jems droits : tOUte refi!l:ance

choq'uoit Jeur

frene.

~and

ces efprits violens s'abandonnoient a eux–

memes ,

ils.exer~oient

Jes fureurs les plus brntales'

&

les alfaffinats etoient autant d'acres d'herolfme.

J

amais peuple ne mnntra une auffi grande horreur

pour la favitude. Lorfqu'une ville a!Iitgee n'avoit plus

d'efpoir d'etre delivree, ils regardoient cornme indigne:

d'eux d'implorer la clemence du vainqueur: alors ils

pn:noicnt le parti d'egorger leurs femmes , leurs en–

f ans

&

de fe

tuer eux-mcmts. Une armee etoit-elle

obligee de retourner fur fes pas , manquoit - clle de

v oitures pour emrorter !es blelfes, on Jes egorgeoit

fu r le champ de bataille ;

&

ces genereufes vietimes,

au lieu de fe plaindre de cette ferocite, fe felicitoienc

d'etre ainfi prffervees de l'opprobre de la fervitude.

B rennus cekbre par fon expedjtion clans la Thrace ,

touche des

ravages que la famine fai foit dans

fon.

a rmee • confeilla

a

fes

foldats de le

tuer lui-meme

avec tous Jes blelfes ' afin di! menager Jes provifions

d ont ils avoient befoin dans

leur retraite. Ce barba–

re confeil fut. poncruellernent execute. Chicorius qui

lui lucceda dans le commandcment, fit t uer vingt mil–

Je malades ;

&

Brennus, fans attendre qu'on Jui ren–

d it ce lerv ice inhurnain' crut qu'il etoit plus glo–

r ieux de le

CUC!!'

lui-meme. Aucun tra-it ne caracrerife

mieux leur ferocite que ce qu'ils firent avant de livrer

b acaille

a

Antigone. L es arufpices qu'ils confultercnt,

ne leur furent pas favorabks,

&

prevoyant lellr defai–

te , ils tuerent leurs femmes

&

leurs enfans,

&

allerent

enfuite chercher, comme des furieux, la rnort qui les

attendoit dans la rnelee. Lorfque Jes Remains fo bj u–

g uerent Jes Gallo·Grecs , ils furent ctonnes du rnepris

que ces peuples avoient pour la vie,

&

de leur hor–

reur pour

la fervitude. Les captifs rrrordoient leurs

chaines , ils fe tendoient la gorge l'un

ii

l'autre,

& fe

rendoient le fatal fervice de s'ecrangkr reciproquement.

L a frugalite leur etoit

na~urelle.

La vie

noma~e

qu'ils menoient dans le terns de leurs premiers etablif-

. femens , ne leur p·ermettoit pas de rechercher Jes deli–

ces de la table. Ils furent long-terns fan·s con.noitre !'a–

g riculture. Ce forent Jes Phoceens, fondateurs de M ar–

.kille , q ui vers !'an

6 00

avant notre ere, leur appri–

rent a cultiver la terrc '

a

tailler la vigne

&

a

plan–

ter des oliviers : .mais cet art fut lent a prendrc: des

accroilfemens parmi dc;s hommes perfuades que

tout

autre in!l:rument que Jes armes, avili!foit leu rs maiil's.

II

leur frmbloit plus fi mple

&

plus commode de fe

nourrir du gibier de leur chalfe , du lait

&

de la chair

de leurs troupeaux. Cc ne fu t q ue vers

l'an

600

de

la fondation de Rome , que l'agricultur_e fo.rtit de fon

enfance dans la Celtique. II fallut fai re violence ace peu–

ple , pour le rffoudre

a

arrofer de

fa

fueur un peni–

ble fillon. La vie paifible du laboureur rebutoit lc:ur

caraCl:i:re impatient. !ls aimoient

a

fatisfaire leurs de–

firs auffi.tqt qu'ils C:toient formes;

&

la terre eft lent!

a

executer

(es

promdfes. L'eau affaifonnee de mief

OU

de lair, fut leur premier 0reuvage. Des qu'ils eurent

des grains , ils Jes employerent

a

faire de la bierre ;

&

q uoique Jes Phoceens leur eulfent enfcio ne l'art de cul–

tiver la vigne, ils furrnt long. terns

fa~s

en c:xtraire la

liqueur qui flane leurs defcendans. On ne buvoit dans–

toute la Celtique que des vins etrangers,

&

ii n'y avoir

que Jes cornmeryans qui euffent la facilite de s'en pro–

rnrer. Ils prenoient leurs repas affis par terre, pres d'u-

ne table trop petite pour y fervir beaucoup de mers.

L'ufage de la couvrir d'une nappe ou d'un tapis, ne

s'introduifit que long-tetns apres

l'ufage des etoffes.

L eur vailfelle

&

leurs vafes n'etoient que de bois ou–

rl'argile. Les

feigneurs buvoient dans des cornes de

beces fauvages

tuees

a

la chalfe ; Jes braves clans

le

crane d'un ennemi tombe fous leurs coups, ils Jes por–

toirnt fulpendus

a

leur ceinrure , comme un monument

de leur viCl:oire;

&

c'etoit fur.rout, dans Jes banqm:ts

facres, que les g uerriers etaloient avec fa!l:e ces cou–

pes rebutantes.

11

y avoit chaque annee des fefl:ins pu-

blics dans. tous Jes cantons de

la Celtiq ue. Le plus

?lagnifique etoit celui ,que Jes

fc:igneurs donnoient le

JOUr

OU

on elifoit k fouverain rnagifl:rat

Ol1

le general.

Les tables etoienr fervies avec plus de profufion que

~e

delicatelfe; des jeunes gens de

l'un

&

de l'aucre

lexe fervoient Jes convives. On voyoit pres des tables

d'immenfes foyers garnis de broches

&

de ch.audiere&

d_'une grande capacite ou cuifoient d.::s animaux en- ·

tiers. L es morceaux Jes plus delicats etoient fervis aux:

plus

.bra~es.

Cet ufage·enfa nglantoit fouvent Jes

fe.te;

.

Celui qui fe piq uoit de bravoure, choq ue de la

prere

rence, difputoit ces morceaux

a

Ia pointe dr l'epee ; ou

iJ fai foit perir fon adverfai re, OU

iJ peri!foit lui meme.

On

at

cufe Jes

Ccltes

d'avoir ete antropophages ,

&

ii .en: diJ?cile de Jes en

jufl~fier,

puirque clans Jes

fa–

mines ' ds egorgeoient fans pitie ks fe mmes ' Jes en–

fans ,

Jes vieillards ,

&

generalement tous cl!-ux qui

n'etoient point en etat de porter Jes armes

1

mais des

fam pamculiers infpires par le dffefpoir, ne doivrnc

point 1mprimer une fletrilfure

a

toute qne nation.

T ant que !es

Celtes

menoient la vie nomade, errans

&

:vagabonds, ils ne s'arreroient que dans Jes lieux

ou ils trouvoienr des fu bfi!l:ances : ainfi ils n'avoient

point de villes, ni d'edifices qui ne font utiks q u'a

ceux qui menent une vie fedentaire ;

&

c'eil la veri–

table caufe pour laquelle ii n'avoient ni temples , ni

) l:arues. Ce ne fut qu'apres avoir reconnu k s avanta–

ge~

de_ l'agric ulrnre , qu'ils fi rent le parrage des terres

qui , JUfqu'alors , n'avoient point eu de polfcffeurs c:x–

cl ufifs. Ils bacirent des granges pour

y

_depofer let.irs

n~o1J!ons.

Ces premiers edifice> t!on.nerent nai!fance aux

v11l~s

, q ue !'on ne fortifia que pour

y

conferver le

butin, L es

Celtes

auroient rouoi de devoir kur

f:

lut

a

des murai lles

:

ils

cherchoi~nt

l'ennemi '

&

It:

ca–

raetere de la lachete eroit de l'anendre. ! Is auroient

cru le

d~shonorer

avcc un cafque ou une cuiraffc;

kur adrelf: etoit leur plus ferme bouclier.

.

Lt premier des arcs qu'ils culcivrrent, fut celm de

Ia_

g~erre;

c'etoit auf1i

le feu l qui atriroit dt: la confi–

deration. Dans Jes pren\iers terns ils alloienr rout nuds ,

ils n'avoienr d'autre parnre que Ieurs armes. Les v_iql–

lards, dans !es froids rigoureux ;

ft:

couv roient de la

peau des bctes done ils avoient devore la .chair. La li–

me:

&

Je martcau forent Jes premiers in!l:rumens con–

nus clans la Cd tique; on s'en fervi t pour faire . des

lances

&

des epees ' avant de Jes employer

a

polir le

foe

&

la beche de!l:ines

a

feconder la terre. L e foi n

des manufaCl:ures fut abandonne

a

des d claves. Tout

ce que nous appellons metier, etoic regarde comme

une occupation avililfa11te, qui degradoit rn€me la po·

fteritc de ceux qui s'y etoient livres. U n

Celte

fe cro–

yoic ne pour la g uerre,

&

ii ne vouloit devoir

fa

(ub–

fi!l:ance qu'a fon epee. Les braves marchoient tof1jours

armes , merne en terns de

pa~.

Le: pillage etoir per–

mis en

tou t terns. La politique avoit introduit cet

abus , pour entretenir

le~

inclinations belliqueufes de