VOL·
a'oublla poinr dans c:eue rencontl"e ,
il
fur penfer
&
ag ir en philofophe ; il expofa fes fenrimeo s aux yeu%
du public: ; il fir
de~
ouvrages de piéré; il recommao–
d.a la vénérarion des dieax, la fobril!cf,
1~
conrinen–
ce ; il ne fe pl3ignir point des bruirs injurieux qu'on
verfoit for luí
¡
pleioes mains . ., J'aime mieux, di–
" foir-il, les fouffrir
&
les pa(ler foua lilence, que de
., troubler par une g_uerre défagréalíle la douceur de
,, mon repos , . Auffi le public, du moins cewi qui
veur connotrre avant que de juger, fe déclara-t-il
en roures les oc:ca6ons PQUr Epicure; it cf\imoit fa
probtté, fon éloigoement des vainei
difputl!~,
lá ner–
teté de fes
m~urs,
&
cc rre grande cempér:irice door
il
(
ifoi t profeffi on ,
&
qui loiri
d'~cre
ennemie de la
'IJoJupti,
~n
efl plut6t l'a aaifonnement. Sa patrie lui
~leva
plufieurs flaruos;
d'~illeurs
fes vraie difciplef
&
fes amis partkuliers vivoient d'une maniere noble
&
pleine d'égards les uns pour les aurrej; ils por–
toient
~
l'exces rqus ' les devoirs de l'amititf,
&
pré·
féroient
confl:~m~t~enr l'honn~re
a
l'~gréable.
Un mal·
tre qui a fu
infpirer rant d'amour · póur les vertus
douces
&
bienfaifantes, ne pQuvoir manquer
d'~tre
un grand homme; mais
~n
ne doit pas reconnoitre
pour fes difciples quelques libertirjs qui ayant abufé
du nom de ce philofophe. onr ruiné la réputation de
fa feéle. Ces gens orit donné
~
leu'rs vices l'infcrlp–
tion de fa fagelle, ils
~nt
cerrompu fa doé}rine par
leurs mauvaifes rpÍJ'urs,
&
le
font jerrf eh foule daos
fon partí, feulement paree qu'ils 'enrendoient
~u'on
y
Jouoit la
t~lluptj,
f'ans a·pprofondir ce que e
~roit
que cerre
1JOluptj.
ll! fe Jont
con~entés
de Ion no'm
en général;
&
l'ont fa ir
l~rvir
de vtJile
~
Jeurs dé:–
baucfles;
&
ils onr cherché l'auroriré d'un grand horil·
me, pour appuyer les défordres de leur vie, au-lieu
dt! profiter des fage' con{eíh de ce philofophe,
&
de corriger leurs vicieufes inclinatioHs dans ton éco–
Je. La répuration d' Epicure feroit en
rres-maUV!!Í~
~tat,
·fi quelquts P-erfonnes
défint~rellées
n'avoient
pris foin d'étudier plus a fond fa mora le.
[1
s'efl done
trouvé des gens qul fe tont informés 'de la vie
~e
ce
philqfophe ,
&
qlli fan$
s'~rrlter -~
la
~royanc!'
dq
vulgaire, ni
~
l'écorce des chofes , onr ·voulu
~né
tref' plus avant,
~
ont rendú des
témoigoager fort
aurhenriquee de la p1·obiré de fa perfonne,
·&
de la
pure~é
de fa dotlrine. lis ont publii!
A
la fa ce de too–
re la rerre, qf:!e fe
voluptj
étoit auffi févere que la
vercu det Sro"iciens,
&
que pour frre'
débauch~
com–
me Epic:i:Jt'e, il ·falloit l!rre auffi fobre que Zénon •
Parmi oeux
~ui
ont fait l'4pologie d'Epic:ure, on peut
compre·r Ericius
Pqtean~s~
le ftlmemc dom Francifca
de Quevedo , S<irazin'
·~
le ·'(ieur Colomiés , M. de
Saint Evremoht; done les
réflexion~
font curieutes
&
de bon goftt, M. le baron Defcoutlire11,
la
~othe,
le
V
ayer, ·l'ábbé Saine Réal,
&
Sorbiere. Un 41iteor
rnoilc!rne qui a donné des
ouvr~ges
d'u!l go(}r tres–
fin, avoit promis un cómiJ!enraíre fur la
r~pur~rion
de~
anciens; celle d'Epicure devQit y t!rre
réta~lie.
Gaflendi s'ell
fur-~out
fignalé dans la défenfe de
ée
philofophe;
e~
qu'il
~
fait la-dellus efl un chef-d'ceu–
vre, le
plu~
beau
&
le plus judicieux recueil qui fe
put{le voir,
&
dont l'ordonnance efl la plus nette
&
la mi
e
u
reglé!e. M. le chevalier Temple, fi illuflre
par' fes ambatlades, s'efl auffi déclaré le ' défenfeur
d' Epicure, uec une adrelle toure particuliere. On
peut di re en géoéral que la AlOrale' d'Epicure el\ plqs
'jenlt!e
&
plus'
raifonna~le
que c:elle des Sroi'ciens,
bien entendu qu'íl. foit queflion au
fy~eme
du
paga~
nifme.
Yoytz
f•rtuk
du
SAGa.
On entend communlfinent p!lr
wolt~ptl
tour amour
du plaifir qui n'efl point dirigé par la raifon:
&
en
ce feils toute
.volupt;
eff illicite; le plaifir peur
ftre
conlideré par rapporr
i
l'homme qoi a
ce
fenriment,
psr rapport
a
la fociété,
&:
par rappott
~
Dieu . S'il
efl oppofé au bien de l'homme qui en a le fenriment,
i
celui de la focieté, ou au
com~aerce
que nous de–
vons avoir avec lJieu , des-Jors il etl crimine! . On
doi1 mertre 'dans le premier rang ces
v•lupth
empoi-:
fonnée's qui font acheter aUlc hommef par des plai–
firs d' un inflant,
d~
longues douleurs. On doit
pe~
fer la
m~me
chofe de ces
1J0/11pti.1
qui font fondées
fur la mauvaif.e foi
&
fur l'mtíJélité, qui érabli(lent
dans la fociété la confulion de race
&
d'enfans,
&
qui fonr fuivies de
foup~ons,
de dé6anceo,
&
fort
fouvent de meurtr'es
&
a·auentats fur les
lois les
plus facrees
&
les plus
inviolabl~s
de la nawre. En–
fin on doir
re~tarder
comme
Un
plaifir crimine!, le
plaifir qoe Oieu dófend, foit par la loi naturelle
qu'il a donn6e
a
rous les hommes, foit pa,r une loi
'
'I
.,,
XPJJ.
VOL
393
f)06ti ~e,
eomme le pla1tir qui affoibli t , fo ípend ou
dérro1t le commerce que nous avons lvec
luí, en
nons renda nr rrop arrachb aur créuo res.
L1
flOI11pt;
des yeux, de l'odorar,
&
fle l' ouie
el! la _plu&. Íf!noc:eRte de toares, quoiqu'elle
pu dl'~
devemr
crtrr;t~nelle, p~rce
q_u'oo n'y dérru ir point
fon
~tre,
qu on ne faJt tort a perfonne, ma is la
oo–
l•ptj
qui confifle dans
l_e~
e.rces de la bonne chere
efl beaucoup plus criminelle: elle .ruine la fanté
d~
l'homme; elle •baiífe l'efprit, le rappellaot de ces
haorcs
&
foblimes conremplations pQur lefquell es
il
.efl 113turellement fait .
a
des fenrimens qui l' arr.tchent
b dfl emen t :1ux délices de la cable, comme aux tour–
ces de ion bonheur.
~ais
le pl ai fir de la bonne che–
r
e n' ellpas
a
beaucoup pres 6 crimine! que celui de
t
'ivre.Oe, qui r;¡on-reul ernenr ruine la raoré
&
aba if–
f
e l'efprit, mais
q~i
.troubl e notre raiíon
&
oous
prive pendant un cert¡¡in rems du g lori eux caraGtere
de créarure raifonnable. L.1
1floluptf
de l'amour ne
pr.oduir poinr de Mfordres
tout-a-fait fi
fenfibles •
mais
cepend~nt
OIJ
ge peut poínt dire qu'elle foit
d'une conféquence moi,ns ·dangereufe: l'amour ell:
une eípece d'ivreae pour l'efprit
&
le creur d'une
perfonne qui fe livre
a
cene paffion; c•e'fl
l'ivrelle
de_
P~171e comm~
l.'aurre e{} l'iv.relle du corps; le pre–
tnuu: tombe dans une extravagance qui
frappe les
yeu~ d.~
toar _le
mo'n.~e,
&
le de.rnier extra vague,
quou;¡_u rJ par9tlle avorr plus de ratfon; d'ailleurs le
pre~·ue.r renqn~~. f~.ulement
a
!'ufage de la raifoo
~
au·l~eu
que cel01-cr
renouce a foo efprit
&
.J
ton
co:ur en mfme tems. Mlis quand vous venez
a
con-.
fiderer
c~s
deux r.affi_ons
dan~ J.'oppo~r.ion
qu'elles
ont au bren de la focrété, vous voyez que la moina
déréglée efl en quelque fórre plu5 criminelle que
l'i–
vretle, paree que celle-ci ne nous cauíe qu'un dé–
fordre paflager, au-lieu que ceiJe-la el\ furvie d'un
déreglemenr du'rable: l'amour efl d'ailleurs plus íou–
vent Un$! fource d'homicide que le :vin: l'ivreffe ell:
fincere
¡
máis l'amour efl etléntiell etnent perfide
&
ihtldele. EntJn i'ivre(le efl u'óe courre fureur qui nous
6re
a
Dieu pour nqus livrer
a
nos paffions; mais
J'amour illicite efl une idolatrie perpétuelle.
L'amour-propre
feotan~
que le piJifir des íens efl
trop grofiier pour latisfdire notre efprit, cherche
a
fpr~tualifer,
les
tJo/upth
corporelles . C'efl pour
i:el~
qu'rl a plu a l'amonr-propre d'aftacher
a
certe
félicit~
ftroffiere
&
charnelle la délic;¡reíle des
fenrimens,
f'ellime d'efprit,
&
quelquefqis ml!me les "devpir$
de la religiun, en la concevant fpirituelle, glorieu•
fe,
&
facrée. Ce prodigieux nombre
de
pen(ée~,
de fehrimens, de fiélions, d'écrire, d'pilloires, de ro–
mans
J
que Ja
'f!O/upt~
des fens a fait inv'e,..ter, en efl
une preuve éclatánte. A confidérer les plaifirs de
l'amour fous leur forme naturell..:, ils ont une bafT–
felle qui rebute notre orgueil. Que
tiílloii:-il faire
pour tes élever
&
pqur
Id
rendre dignes de l'hom–
me
~
11
falloir les
fpirirualif~r,
les donner pour objet
a
·~
délicateífe de l'efprit. en faire une matiere 'de
beautt fenriinens
~
invc:_nter la·dell"us des jeux
d'ima~
gínarion, les tourner
a&'réal:!le~ent
par l'éloquence
&
la poé6e. O'efl pour cela qqe l'amour-propre a
annobli les honteux abaiRemens de la narure
humai~
ne
¡
l'~rgueil
&
la'
'Vo_lup,ti
'fon'r deux paffions, qui
bien qu!eJJes Yienneñt d'une
m~
me fource, qui ell:
l'amour propre, ne laiffent pourraor p!s d'avoir quel–
que chofe d'oppo(é .
~a 1Jolupt~
nous fait defcen–
dr~
• .
au~Jieu ~u
e llQrg'ueil veut notis é[ever; pour.
les concilier, l'amour-propre fait de deu% chafes
l'une
~
ou il
tranfporre la
'IJOiupté
daos l'orgueil, oa
il tranfporre
ll~rgdeil
daos la
1Jol11p1l;
renon~ant
au
Rlaifir. des fens, il 'cherchera un plus grand plaifir
a
acquérir de
l~eflime;
ainfi voil3 la
1Jol11pté
dédom~
magée,
o,u
· prenant la réfolurion de fe
13risfair~
dll
c8ré du pla.ifir des fens, il attachera de l'eflime
~
la
1Jolupté:
~infi
voila l'orgueil co,nfolé
de
fes pertes;
m2is l'atfaifonoement efl
encore
bien plus flatreur;
lorfqu'on regarde ce plaifir comme· un p_laHir que la
religion ordonne. Une femnie déb.auchée qui pou–
voit fe perfuader daos
le pagan.ifin.e
qu'~lle
faifoit
l'iocliria,rioñ d'un dieu,
rrouvo.itdaos l'intempérance
des plaifirs bien plus f
enfibles;&
on dévor qui fe
diverrit ou qui fe vange foos des p,ré,extes facrés,
trouve dans
'13
'llol11pté
un lel plus piquaot
&
plus
agréable que la
•olupt;
ml!me.
La pHlpart des hommes n
ecnnnoiOent qu'one
force de
t~olupté
qui efl
cell~
s feos, il• la
rédui,
fe
~
a
l'inrempérance corporelle.
&
il5 ne s'3pper–
<ioivent pas qu'il
y
a dans l.e co:ur de l'homme
au~
D d d
tant