MOU
1\Jcceffif de place de la part d'vn corps c'ell-i ·dire un
itat d' on corps par lequel il correfpond fucceffivemenr
a
différens lieux' ou par lequel il ell fucceffi vement
préfe ut a différemes parties
d~
l'efpace.
Voytz
LIEU
o
La
llléorie
&
les lois du
mor~v'"'"'t
font le principal fujet
tle la mtchanique.
Voy•z
M ÉcHANIQUE-
Les anciens philofophes onc con lidéré le
..,,,.v .,unt
clan~
un. fcns plus général
&
plus écendu, il' l'oot détioi
le palfage d'un corps d'un état en un aucre,
&
ils ont
de cette Corte reconnu ús efpeces de
mouv•meDt ,
la crta–
aion, la généra1ion , lll corruption , l'augmemacion, la di·
m1nurion
&
le tranfport ou
•orwemmt local.
Mais les philofophes modern<s n'admertent que le
m•u·
'lltmmt l•<al,
&
réduifent la pldparc des aucres efpeces
dont
nou~
veoons de faire memion,
i
celui· la feulement.
Poyez
GtNÉRATION, CoR RUPTION,
&r.
De Corte que
JIOllS
O'aVOllS
a
par(er ici que du traofport
OU
moNfJe·
;umt local,
dont roures les au
~res
efpeces de
mouvtmt•l
lle
font qu'auranr de modificarion ou d'effets.
V•yez:.
¡\¡..
1"ÉilATION,
&c.
On a conce!lé l'esi!lence
&
•n~me
la poffibiliré du
mouvemml,
mais par de purs fophifmes .
11
y
a eu de
toot tems de¡ hommes qui fe fom fait un honneur de
contredire ce qu'il y a de plus évid<m, pour faire pa·
.nde de leur précendue force d'efprit,
&. il
ne fe trou–
•e encere sujourd'hui que trop de
I:;<ILS
de ce caraae–
re.
Voici un échancillon des di fficulrés que ces lOr tes
de gens onr fait centre l'cx illence du
mouvemenl .
S'il
-, a
du
mutt~·•mmt,
il cft dans la caufe qui le produit,
o
u daos le corps mobile , ou dans l'uoe
&
daos l'aurre.
11
n'ell pas daos la caufe qui !'excite , car quand on
j orre une pierre, on ne peur pa< dire que le
monvtment
réridc d•ns la cauCe qui le produir, mais íl eft daos la
pierre q9e l'on a jertée. Cependaoc
na
oe íauroit guere
c!tablir non plus le
mouvtmmt
daos le corps mobi–
le, car le
mouvemmt
el! 1' eff<t de la cauCe qui agi1,
&
le corps mobíle ell fans effet: done
il
n'y a poioc de
moNv<mrnt ,
puifqu'il ne fe trouve ni daos
la
cauCe qui
!'excite, ni dans le corps mobile. La réponfe el! que
dans un cenain tems le
mouvnnmt
rélide daos la cauCe
qui le pr oduit,
&
que daos un atttre tems il fe trouve
daos le cor;>s mobile. Ainfi lorfqn'on met une pierre daus
une fronde '
&
qu'on vi.ent
a
coorner la fronde,
la
main
au tollr de laquelle ell la corde' doit al ors erre regar–
déc C<?mme la cauíe qui produir te
"'ouvem~>~t,
&
el le
cft.
meme en
mouvemme;
de-la
il
paCTe dañs la fronde
qu• tourne ,
&
en fin des que la fronde vient
a
fe
11·
cher, la pierre efl
le
riége do
mouv•mmt.
Le défaur du
íophifme ell done de ne pas faire attcntion aux ditférens
tems daos lefq.uels rout c:eci fe palfe. D iodore C ronus
faífoit un aucre raifonnement que Yoici . Le corps cfi mil
daos la place ou il e!l, ou daos celle oú il n'eft pas .
L 'un
&
l'autre ell impollible, car s'íl écoit mil daus la
phce o
u
;1 ell,
iJ
ne fonirvit "jamais de cene pl"ace Il
n'efi pas mtl non plus daos la place oii il n'e(l pas,
&
par coo!eq uenr il nlefl jamais en
mouvemmt .
L1 dc'fioi–
lion du
mut~v•mmt
fe tire de cetce diflicu lté apparenre;
un corps o'cfl pas mt1 dans la place ou il ell, mais de la
place o
u
il
dl
daos ce!le qui ruit immédiot<meoc . .
Le plus fameux
de
tous les f<1phifmes coture le
mou·
'l!ement,ell
celui que Z énoo avoir appel lé l'Acbil/e ;pour
rnarquer fa force , qu'il croyoit invincible , il fuppofoir
A ch1lle courant apres une corroe ,
&
allaot dix fois plus
•1re qu'elle.
11
donnoit une lieue d'avaoce
a
la torrue,
&
raifunnoic ain
o:
caodis qu'A chille parcourr la lieoe
qu~
la conue a d'avance fur lui, ceJie,ci parcourra un
d1X1eme de lieue ;
pen~aor
q uliJ parcourra le <!i xieme, la
l<
?n.ueparcourra la centiem,e parrie d'une l'eue ; aiofi de
du1em.e en dixieme, la 1orrue dévaocera tOUJours Achil–
le,
qUI
ne l'artemdra jamais . Mais
1°.
quand
il
fero1t
vrai qu'Achille n'arrraph jamais la rortue, il
ne
s'enfui–
vrolt
pa~.
pour cela que le
motl/lJM>tHt
fllt impoffible,
car Ach1lle
&
la torrue fe meuvem réellement, puifqu'
..A_ch•lle approche
~o¡ou,rs
de la tortue qai ell fuppofée le
devaocer toujouts mfinu11ent
peo .
2
°.
On a répondu pi·
re~lement
au foph•fr_ne
de
Z éoon . Gregoi re de Sainr·
Vmceot fut le prem¡er qui en démontra la faulfeté
&
qui affigna le poinr pr<tcis auquel Ach11\e devoir
acr~in
dre la rortue,
&
e~
poinr
!•
trou ve par le !JlOJen des
progreffions géometnqucs mfinies au bout d'une lieue
&
d'on neuviem: de lieue; _car la 'romme de tollte pro–
c retljon
géomét~!que
.en finle ,
&
cela parcequ'érre fi ni'
ou s érendre
1
1
m
ti
m,
fonr deux ::ho!i:s tres-différenres .
Un, tour
fi~i
que!con'lueJ un pié par
e~emple ,
eCl com·
pofe de fir¡1
&
d 111tim .
Le
puf etl 6o• en ranr qu'il ne
eonriem qu'ua cerrain nombre
d'~cres
limpies· mais ¡e
puis le fu pportr divifé en une infinité, ou pltltOt en une
quaot_ité
non
finie de parties, en.conúdérant ce pié com-
MOU
me une étendoc abllraire; ainri li j'ai pris d'abord dan;
mon efprit la moitié de ce pié ,
&
que je prenne enfuite
i.a
moiué de ce qui refte, ou un quart de pié, puis la
moitié de ce quart, ou un hOJitieme de p1é , je procéde–
rai aio(i menratement
~
l'infini, en prenant roujour; de
nouvelles moitiés des croilfances , qui toutes eofernble
ne feronr jamais que ce pié : de mc!me rous ces disieme¡
1
o
de diiiemes
a
l'infioi, •• font qae
9
de li<ue,
&
c'ell
au bout de cet efpace qu'
A
chille doit amaper la tornte
& il
l'attra~e
au b<>ut d'un tems fini, paree que tous ce;
diriemes da dixiemes font parcourus duranr des panies
de tems des croilfanccs, doot la fomme fait un tems
fioi.
M .
Form•y.
, Les aureurs de Phylique aocieos
&
modernes, ont été
fort embarralfé¡
~
définir la narore du
,,.,.vem•11t
(6cal:
les péripatéticiens difent qu'il efi
•llus e11tÍJ in pote11ti•
'fUIIttiiNJ
eft
"'
potmti<J .
Arifiote,
3·
Pbyf. c. ij.
Mais
ce11e norion paroit trop obfcure pour qu'on pnilfe s'en
contenter ajourd'hui,
&
elle ne fauroit fervir
a
expli·
quer les propriétés du
mouvemmt.
Les Epicuriém dé6oilfoient le
mowven~t•t,
¡,
pa[faz~
J'u" corps
011
d'une parei• dt corpr d'•n lieu
"'
•n au•
er•,
&
quelques philofophes de nos jours fu ivent á pe11
pres cecte défioition,
&
sppellent le
mouveme>tt
d'un
corps , "
paffage
"' "
torps
d'
""
tfpaet
a
.,
alltr( •fp•·
u,
fubllituaot ainli le mot
d'efpru•
a
celui de
lieti .
Les Carcéfieas définitfent le
mouv•mtul
,
le paff"/{' ou
1'1/oign•mm t d'u11e portion
,¡,
matiere,. Ju
voi/in<~ge
dts
partÍfJ qui INi ltoient immldiat•ment co>ttigMis da>ts
1,
voifinagt
d•
autru
parti~J.
Cette définirion eft daos le fond conforme
a
celle des
Epiouriens,
&
il n'y a entr'elles d'aurre différence, finen
que ce qul' J'une l'appelle
corps
&
lieu,
l'aurre l'appelle
matiere
&
p_artit
~onti8ue.
Borelli,
&
apres lu1 ci'autres auteurs modcrnes, dé·
tioilfent le
mor<vemmt,
l•
P•ffage fucceffif
d'""
<•rps,
á'un lieu en 1111 atdre, áans Nn certain tuns álurmiN!,
le
~orps lta>~t
Jucu ¡Jivenrmt &onti¡¡u
a
towtes les p•rtiu
de
1'
efpa<e intermldiairf .
On
coovieot done que le
mouv•mmt eft le trtmfpore
d'•n
corps
ti'
un li•u en un autre;
mais les Philofophes
fóm rres-peu d'accord lorfqu'il s'agir d'espliquer en quoi
confifte ce rranfporr ; ce qui fait que leur¡ divitions du
m
u
vemmt
Con! rres·différenres .
Ariflote
&
les Périparéciciens divifent le
mouvemenl
en
naturfl
&
v iolmt
.
L e
nat urel
ell celui doot le príncipe ou
la
force moo–
van.ceefi reofer mée daos le corps md, re! ell celui d'une
pierre qui tombe vers le centre de la terre.
Voy.
Gil
A•
VtTÉ .
Le
mouv•ment violmt
el! celui dont le principe efi ex–
cerne,
&
auquel le corps md réfifle; tel eCl celui d'une
p!erre je11ée en ha
m .
Les moderr;tes divifent générale·
menr le
mouvemmt
en
abfolu
&
rtlatif.
Lé
mouv•ment abfolr•
efl le changemem de lieu abíolu
d'nn corps
md,
dont la vTtelf< doit par
cooféque~t
fe
•11efur"r par
h
quamiré de l'efpace abColu qoe le mo•
bile parcourt.
1/oyn
LtEU .
M ou-cement rdatif ,
c'efl le chaogerneot du lieu relatif
nr¡linaire du corps mil,
&
fa vitelfe s'e!lime par la quan•
tiré d'efpace rtlatif qui e!l parcoorue dan¡ ce
moH'U6·
mtnt.
Pour
fair~
feocir
1~
dif!'érence de ees deu1 íortes de
mo,.vemen~ ,
in¡aginons un co¡ps qui fe meuve daos un
bateau ; fi le baceau ell en rePo< , le
mouHm•nt
de ce
corps Cera, ou p!Or6t fera cenfé
mouvemott
abfolu;
fi
au cootraíre le l>ateau e(l en
m•~tvemmt,
le
moNv•mme
de ce corps dans le baceau ne Cera qu'oo
mouv'"''"t
re–
latif1 paree que ce corps outre
Con mouv•mmt
propre,
participera encere au
moNvement
du batean ; de forre que
{j
le bateau fair par eumple, deut piés de chemin pen–
danr que le corps parcourt dans le bateau l'eípace d'un
pié daos le
m~me
feos, le
rnou-r:•mmt
abfolu du corp¡
fera de trois piés,
&
fon
mouv•ment
relarif d'uo pié .
11
ell tres-difficile de décider (i le
mouv•ment
d'un
corps ell abfolu ou relatif, paree qu' il feroir nécclfaire
d'avoir un corps que l'on CUt certainement
~tre
en re•
pos,
&
qui ferviroit de point
ti
xe pour connoitre
&
ju·
_ger de la quamiré du
mouveme>tt
des aurres corps. M.
N ewron donne pourtant , ou plilr6t intiique quelques
rnoyens généraux pour cela dans le fcholie qui en
a
la
t~re
de fes príncipes marhématiques . Voici l'exemple
qu' il naus doone pour expliquer fe¡ idées fur ce fojer.
Imaginaos, dit ce grand philoíophe, deux globes arta·
chés
~
un fil,
&
qui tourneor dans le vuide autour de
leur centre de gravité commun; comme
il
n'y a poi11t
par
la
fuppofiúon, d'autrcs corps auquels
on
puilf~
le¡
c:om-