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MAN

moins ect cher le prix de la main d'reuvre; que plus ce

prix ett

:l

bon marché ptns

1~

debit de

la

.narchaudiCe

efl avanrageux, en ce qu'clle fait lubtHt,er un plus

~rar¡d

nombre de gens;

&

et¡ ce que le cummorce

de

l'ét~t

pouvant fouruir

it

l'étra n,¡cr ks marchandiCes

i

un prix

plus bas.

a

qualité égale' la nation acquiert la

préfé~ ~

rence Cur cet!es ol! la maiu,d'reuvre

eil

plu~

diCpeudieu–

fe. Orla

rnan«fat!ure

dil'perCée a cct avantage lÜr ée\le

qui olt réunie, J;ln laboureur, nit journalier de campa–

gne, ou autre h.Jtnllle de ceue eCpecc,

a

dans le cours

de

I'<UIIlte

un aflh grand nombre de jours

&

d'heures •

ou il

11~

pcut s'occuper de la culture de

1~

terre, ou de

fon trava11 ordinaire.

$1

cet homrne a chez lui uu mé–

ticr

a

drap'

a

toile' ou

a

petites étoffes'

'¡¡

y etl)ploie

uu tems qui autremenc feruit perdn pour !ni

&

P.our

l'état, Comme ce trayail n!etl pas

Ca

principak occn–

pation, il ne le reY¡arde pas C\)lllme 1

1

objet d

1

un pro6t

an(Ti fort que cellll qui

<n

fajt Con nniquc retfouree.

Ce travail mémc tur ett une eCpece de délatfement des

travaux plus rudes de la C\JitUre de la terre;

& ,

par ce

m oyen ,

ti

efl en état

&

en habitude de íe contenter d'un

momdre profit. Ces petits protits multipliés font des

biens tres-réels. lis nident

i

la

fublilt.nce de ceux qui

fe les procuren!; its routiennent la main-d'Cl,lovre

a

un

bas prix: or, outre l'avamage qni réCulte pour le com–

mcrce général de ce has prix, il en réfulte un atltre tres–

important pour la culture meme des terrcs.

s,

la ma:n–

d'renvre des

mamtfat!~tro

ditperíées étoit

á

un tel pomt

que l'ouvrier

y

trouvat une milité íupérieure

:l

celle de

J~bourer

la terre, il abandonneroit bien vire cette cnl–

tnre.

11

eft vrai que par une révolotion

c~celfaire,

les

denrées fervant

¡¡

la nonrriture

veu~nt

a

augmenter eo

proportion de 'l'augmentation de la

main-d'ce~vre,

il. Ce–

roit bien obllgé enCuite de reprendre íon prermer tnétler,

coinme le plus flir: mais il n'y feroit plus

faa,

&

le

gqat de la culture íe feroit perdu. Pour que tout ailk

b•en, il faut que la

cultur~

de

1~

terre foit l'occupation

a

u plus grand nombre;

&

que cepencant une grande

partie du moins de ccnx qui

~·y

emploient s'occupent

auffi de quelqtte métier,

&

dans le tems fur-tout ou ils

ne peuvent travailler

a

la campagne . Or ces tems per–

dus pour l'agriculture font

tri:s-fré~ucns.

11

n'y a pas

auffi de pays

plu~

aifés que cenx ou ce goat de travail

ell

ét~bli;

&

il n'dl poi

m

d'objeébon qut tienne contre

J'expérience, C'etl fur ce príncipe de l'expérience que

font fondées toutes les réHexions qui compofent cet ar–

ticle . Celui qni l'a rédigé

a

va fous ces yeux les peti–

tes fabriques faire tomber le grandes, fans autre manreu–

vre que ce!le de vendre

a

meilletfr morché.

11

a va auffi

de grands établitremens

pr~ts

a

tomber' par la feule rai–

foo qu'ils étoient grands. Les débitans les voy•m char–

¡¡és de marchandiCes faites,

&

daos la néceffité preiTante

de vendie pour . fnbvenir ou

:i

leurs

en~agemens'

ou a

leur dépenfe courante, fe donnoient le mot pour ne pas

fe pretfer d'achcter;

&

obligcoient l'entrepreneur

a

ra–

banrc

de

fon prix,

&

fouvent

:i

perte.

11

elt vrai qu'il

a

va auffi'

&

il doit le dire

a

l'honneur ¿u minitlere,

le gouvernement venir au

recours

de ces

manrtfallu,.~s,

&

les aider

3

lomenir leur ctédit

&

leur établitfement.

' On objeétera fans doute

a

ces réHexions l'e•emple de

quelques

mtli11t{aE!ItreS

rénnÍeS' qui !101!-Ceuleffiellt

fe

font

fou1 euues , mais

Ollt

fatt honneur

a

la nation chez la–

!JUe!le elles étoiem établies, quoique lcur objet ft1t de

faire des ouvrá¡(es qui auroient pti égolemem étre fails

en maiÍon par ticuliere. On citera, par exemple, la

ma·

•~t(at!urt

de draps fins d' Abbeville; mais ceue objcélion

a

été prévenue ; On conyient 'que quand il

s'a)\ira de

faire des draps de la perteétion de céux de Vanrobais,

il pem devenir utile,

o

u meme nécetfaire, de faire des

c!rablitlcmens pareils

a

celui ou ils fe fab riquent; mais

¡:omme

d~ns

ce cas il n'efl póint de fabriquant qui foit

atrez riche pour faire un pareil établitfement, il ect né–

cetraire que le gouvernement

y

concou're,

&

par des

avances,

&

par les fayeurs dont il a été parlé ci-detrus;

mais, dans ce cas-méme, il efl nécetfaire auffi que les

ouvrages qui s'y ' font foient d'une telle néceftité, ou

d'un dc'btt' fi atfuré'

&

que le ' prii en foit porté

a

tel

poi~t

qu'il puitfe

dé~ommager

¡'entrepreneur de

rou~

les

détavantages qut rrattfenr naturellement de l'c!t,·ndue de

fou établilfement;

&

<jue la main-d'CI'!uvre en foit payée

atfez haut par l'érranger, pour compenfer l'inconvéurent

tirer

d'~i.lleu[s le~

mat_ieres premiere¡ qui

s~y

confom–

ntem. Or

ti

·n.etl pas

IQr

que dans ce cas-méme les

fommes qui ont été dc!penfées

a

former une pareille fa–

ltrique, fi elles eutfent éu! répaodues dans le peuple pour

en formcr des petites, n!y cutfent pas été auffi profita–

·b'~s -

Si on n'avoit jamsis connu le• draps de Vanro–

~a!S,

,on fe feroit accoutúmé

ii

en porter

d~

qualités in-

MAN

féríeures,

&

ces qualités auroient pü étre exéautées dans

des fabriques moins di(pendieufes

&

plus rnultipliées.

Mi\NUMIS<;!Obl,

C.

f.

('Jrtrtfprud. ) 'fuafi dt ma–

numijfio

· c'etl l'atle par lequel un matrre affranchit Con

efclave

~u

íerf,

&

le met, pour ainfi dite, hors de fa

main. Ce terme eft emprumé du droit romain, o

u

l'af–

franchitfemeut ell appellé

ma11trmijJio.

Parmi nous on

dit ordinniremenc

affranchijfun~nt.

11

y

avoit choz les Romains trois formes

ditfór~ntes

de

manHrniffion.

La premiere, qui étoit la plus folemnelle, t!toit

eelle

que l'on appell oit

ptr vindiélam,

d'ou l'on difoit aulli

vindict~re

In libertatem .

Les uns font venir ae mot

'Vi11-

dit!a

de Vindicius, qui, ayant déoouvert la confpiration

que les fils de Brutus formuiem pour le rétablitfement

des Tarq uins, fut atfranchi p<'Ur fa

récomp~nfe.

D'au•

t<es foutiennent que

vindicare

venoit de

vinditfla,

qui

étoit une baguette dont le préteur frappoit l'efclave que

Con maitre Youloit menre en liberté . Le mairre en pré–

fentant fon eCelave au

ma~illrat

le tenoit par .la main,

enCuite

il

le lai

tf.>i

t aller,

&

lui donn:>it en

m~

me tems

un petit fouH ct

C.tr

la jeme, ce qui étoit le fignal éle la

li–

berté; enfuite

le c

onful, ou le préteur frappoit douce·

mcnt I'efclave de fa baguette, en lui difant:

aio te

effi

liberum more q!Nritum.

Cela fait, l'efclavc étoit iofcrit

fur le rllle des atfranchi>, puis il

fe

faifoit raCar ,

&

le

couvroit la

t~te

d'un bonnet •ppelló

pileus,

qui étoit le

fymbole de la liberté: il alloit prendre

<"C

bonnet daos

le temple de

F

éronie, déeOe des atfranchis.

Sous les empereurs chréticns cette premiere forme de

manumiffiun

foutfrit quelques changemens; elle ne fe

tit plus dans les temples des fau< D ieu'x, ni avee le¡

memes cérémonies; le maltre conduif<>it feulement l'e–

fclave dans une é?,lif; chrétienne,

U

on lifoit l'aé!e d'af–

franchiaement; un ecclélia11ique lignoit cet aéle,

&

l'e–

fclave étoit libre: cela s'appelloit

manumiffio in

[4<ro•

fnnt!is ecclefiis,

ce qui devint d'un grand ufage.

La feconde forme de

"Aanumiffion

étoit

per

~pijlalam

&

inttr amicos;

le maitre invitoit Ces amis

i

un repas,

&

y faif<>

it atfe

oir l'efclav,¡ en fa préfence' au moxen

de quoi il

étr.it

réputé libre. J u(tinien ordonna qu'll

y

auroit du-

moins

cinq amis témoins de oette

ma~tumiflion

_

La troifieme fe faifoit

ptr teflammtt<m,

c::omcne quand

le teftateur ordonnoit

a

fes héritiers d'affranchir un tel

efclave qu'il kur délignoit en ces termes,

N ....

for~

vrn m

tus

libtr

•fl•:

ces forres d'atfranchis étoicnt ap–

pellés

orci11i,

on

tharonitte,

paree qu'ils ne jonifloien t

de la liberté que quand

leurs parrons avo1ent patfé la

b:irque

a

Caron,

&

étoient dans l'autre monde ,

in urcq.

Si le tetlateur prioit limplement fon héritier d'affranchir

l'cfclave, l'héritier confervoit fur lui le droit de patro–

mge;

&

quand

1~

teltateur ordonnoit que dan s un cer–

tain tcms l'héritier aílianchiroit un eCclave, celui-ci étoit

nommé

flatu lrber;

il n'étoit ponrtallt libre que quond

le tems étolt venu; l'héritier pouvoit

m~me

le

vendre

en attendant;

&

dans ce cas ,

l'efclsve, pour avoir ía

liberté, étoit oh!igé de rendre

a

l'acqu~reur

ce qu'il a·

voit payé

a

l'héritier.

L es atfranchis étoient d'abord appellés

liberti,

&

leurs

enfa os

libtrtini;

néanmoins dans la fuite on fe fervit de.

ces deux

termes indifféremment pour défigner les af–

franchis.

Quand l'affranchitfement étoil fait en fraude des créan–

ciers, ils le faifoient déclarer nul, atin de pouvoir faifir

les efclaves .

11

en étoit de

m~

me quaud l'affranchi, n'ayant point

d'enfans, donnoit la liherté

:1.

Ces efclaves; le patron

faifoit déclarer le tout nul .

·

'

Ceux qui éwient enaore fous la puitfance paternelle,

ne ponvoient pas non plus atfranchir leurs efclaves .

·

La loi

fufia caninia

avoit

re~lé

le nombre des efcl:l–

ves qu'il étoit permis d'atfranchir; favoir, que celuí qui

n'en avoit que

deu~

pouvoit

les affranchir toas deux;

celui qui en avoit trois, deux

feulement; depuis

trois

jufqu~a

dix',

la moitié; depuis dix

jufqu'~

trente, le

tiers; de trente

a

cent' le quarr; de cent

a

cinq cens'

la

f•

partie;

&

ell: défenJoit d'en atfranchir au-dela en

quelque nombre qu?i!s futfent; mais cene loi fut abolie

par Juflinien, comme contraire

a

la liberté qui dl fa,

vor>bfe.

·

En France, dan< le cnmmencement de la monarchie,

prefque tour le penple étoit ferf. On

commen~~

' fous

Louis le Gros,

&

enfuite [ous L ouis

V11.

s

dlranchir

des vil

le~

&

des communautés entieres d'habitans, en

leur faifant remife du droit de

taille

:1

volomé,

&

du

droit de mortable, au moyen de quoi les enfans fuccé–

doient

~

lcurs peres. On leur remit auffi

le droit de

fuite,

~e

qui leur laitfa la liberté de choifir ailleurs le

uro

domi·