MOR
MOR A
V
A
LA
(
Glog. )
riviere de Mol'lvie, de
}iongrie
&
d' Autr(che ; elle
a
fa fource aux con fins de
)a Boheme,
&
coun entre
1'
A utriehe
&
la Hllngrie, juf–
qu'au l)aoube.
Mo RAVA
LA,
(Gt!og. )
le
Marg~Js
des Latins; les
.A IIemands l'appellem
d<r
Mab~r,
&
les Bohé micos,
Jl1ora'wska-umir,
riviere de la Turquie ewropéeooe,
q ui prend fa (ource aux confius de la Bohcme, parTe
clans la M oravie,
&
Ce
jerre dans le Danube .
(D.
J .)
MORAVES ,,. FRERES UNIS,
M oravu , Mo–
ravisa
ou
Frera smis,
feae paniculiere
&
retle de Huf–
fites, répanpus en bon nomore for les frontieres de Po–
logne, de Boheme
&
de M oravie; d'ou, feIon toote ap–
parence, ils ont pris le nom de
M oraves:
on les ap–
pelle encare
Hernhtutes,
du no m de leur principale ré–
fidence en Luface, eontrée d' Allemagne,
lis fubtiflent de nos jours en plufieurs maifoos ou com–
rnunaurés, qui n'ont d'autre liaifon enrr'elles , que la
conformité de vie
&
d'inflimt.
C.!=S
maifons font pro–
premem des agrégations de féculiers , gens m ariés
&
au –
tres, mais qui rous ne font rctenus que par le líen d'une
fociété douce
&
toujoors libre; agré¡:ation o
u
tous les
fujets eo [ociété de biens
&
de talcos, exerceot diff'érens
am
&
profeffioos au profit général de la commuoauté;
de fa<;on oéanmoins que chacun y trouve aum quelque
intérEt qui lo i en propre . Leurs enfans 'Cont élevés eo
c ommuo aux dépens de la maifon,
&
on les y occupe
'de bonne heure, d'une maniere
~difiaote
&
fru~ueufe;
enforre que les parens n'en font point embarralfés .
L es
Moravn
font profeffion •u chri!lianifme, ils ont
ml'rne beaucoup de conformité avec les premiers chré–
tiens, dont ils nous retracent le défintérelfement
&
les
m reurs . Cependant ils n'admenent guere que les prínci–
pes de la théologie narurelle , un grand refpeét pour la
Di vinit~ ,
une exaél:e junice jointe
a
beaucoup d'huma–
nité pour tous les ho mmes;
&
plus outrés
a
quelques
égards que les protéflans mémes , ils ont élagué daos la
rél ~gion
rout ce 9ui leur
a
paru fentir l'infl itution hu–
m ame. Du rene,
JIS
fo nt plus que perfoone daos le prín–
cipe de la tolérance; le> gens fages
&
modérés de quel–
que communioo qu'ils foient, font bien rec;us parmi eux,
&
ch1cun trouve
~ans
leur fociété tome la facilit é pof–
fi~le
.pour les .prauques euérieu res de fa religioo . Un des
pnnc1paux artJcles de leu r morale, c'etl qu'ils regardent
la mon Cf?mme un bien.
&
qu'ils
t~chent
d'inculquer
cene doanne
il
leurs enfans , aum ne les voit -on point
s'atriner
~
la mort de leurs proches . Le comte de Zinr–
kendorf patriarche ou chef des
frern unís
étant décédé
au mois de l'vl•i
176o ,
fur inhume!
a
Erngut en Luface
:avec
alf~
de pompe , mais fans aucun
app~reil
lngubre;
au contra1re, avec des chants mélodieux
&
une reli• ieufe
allég rdfe.
l.,.e
co1.nte de Z iurkeodocf étoit un
fd~neur
allemand. des pl us
diflin.~ué
&
qui ne trouv\lnt dans le
m onde
ne~. d~
plus grand ni de pl us
di~ ne
de fo n elli–
m~ ,
que
1
mnlfur des
Morav<s,
s'étoit fait membre
&
protetleu r zélé de ccue iociété , avant lui oppri1née
&
pretque étein1e, mais
focié~é
qu'il a fomenue de fa for–
tune
&
de Con crédit,
&
qui eQ conféquence reparolt
aujourd'hui avec un nouvd éclat.
1
Jamais l'égalité ne fur plus enticre que chez les
Mo–
ravo;
li
les bien$
y Cont
co mmuns entre les freres l'e–
'ct ime
&
les égards ne le fonr pas mbins, ie veax ' dire
q ue tel qui retnplit une profeffion plus
d iflin~uée
fui–
v ant
l'opinioo, n'y efi pas réellemeot plus confidéré qu'un
~Uife
qui exerce un métie' vulgaire. Leur vie douae
llt
m
nocente leur anlro des profélires,
&
les fuit ¡¡énérale–
m~nt
e!llmer de rous les gens qui
ju~eot
des chofes fan s
p~éoccupation .
( 1)
On C1ic que pluf!eurs famil les
M ora–
'rJtles
ayam
paffe les mers pour habiter un canton de la
G éorgie arr¡é ricmine fous la prQteélion des Anglois
¡
les
fau va~es
en
guer~e
contre ceu,x-ci , ont parfaitement di–
!lingué ces nouveaux
habi1an~
f•ges
&
pacifi ques. Ces
prétendus barbares, malgré leur extreme fupérioricé o'ont
(1) Les jugemens
faiu
fans préocCUr:'tion font toujours lou:1bles.
poar.
vn qu'ih
~e
foicer reiatif·
qu'i
l'objet. fur lequel ih
(ont
portés ;
ou ao mouf, potn le(¡uel ils fe
ront
fur
un
obj~r
qni
fe préfcme;
&:
oon. :\
la
qu:anrité de
.diA~rcnteJ.
t4i(ont.
fotu
le(qucllc.t on
~ut
env1f.1.ger
toute
fone
d
ob¡eu.
L
e~omple
rendra plqs claire
norte
!d~e.
Le.'
M?r.avet par
,o!x~mple
peuvent
~ue
louahle• p:at
rapftOrt
a
l~ur
YlC' CIYile, C
eft:.a.dtre
e~
t:llnt
qu!ll!
s'addonncnr
:i
Ja cuJ–
!UtC
d~J
be.1ux an.s ,
&:
qu'ib rtogardent leur focieté comme une
fe11le
f.¡n1ille'
compo(ée
d'un
rcl
nqmbre
de
frc:res ;
~
(uivant
cene
r.nfon
pr~ci(ement
lear conduite efl lo11able .
~1.1i.t
(j
qo vonloir
p:~r
cene
mCme t;li(on jutlitier en eu.x g:t:téralement
toute
aurre
raifon, ou rel:uion
qu'ib peuvent avoir ; pa-r
e~emple
fi
on vou.
Joir
juttifier qu'ils tic11,nent une condpite clroite
lSc
rt:~uli~re,
quoi–
qu.e
fJéré~qacs.
refra'éta-ire,.
~ ~hc(Jet
aqX'
précep;.;a
&
~gme1
de-
MOR
11oul• fáire taeun butin fur les
freru ,.,;,,
dont il
r~
fpeélenr le caratlere paifible
&
définrérelfé . Les
Mm•·
va
onr une maifon
a
Utrecht; ils en om aum en An,–
gleterre
&
en Suifi"e .
Nous fomrnes
fi
peu attentifs aux avanra¡¡es des com–
munautés, fi dominés d'ailleurs par l'intéret parriculier,
li
peu
difpof~s
a
nous fecourir les uns les autres
&
i
vivre en bonne imelligencc, que nous regardons comrne
cbimérique tout
e~
qu'on nous dit d'une fociété alfez raí·
fo nnable pour rnettre fes biens
&
fes trav•us en com–
mun . C ependant J'hil}oire ancieone
&
moderne nous four–
oit plufieurs faits G:mblables. Les Lacédémoniem,
ti
.cé–
lébres parmi les Grecs, formereut au feos propre une
républ ique, puifque ce qu'on appelle
propriltl
y étoit pref–
que
entierem~nt
inconnu . On en peut dire autant des Ef·
féniens chez les Juifs, des Gymnofophi!les daos les In–
des; en fin, de grandes peuplades a11 Paraguay réalifenr
de nos jours rout ce qu'il
y
a
de plus étonnant
&
de plus
louable dans la conduite des
l floravu
.
N ous avons
m~·
mt- parmi nous quelque chofe d'approchaot dans l'éta–
blilfemeot des freres cordonoiers
&
tailleurs, qui fe
mi~
rent en eommunauté vers le mítieu du dix-feptieme fie•
ele. Leur innitut conú fle
a
vivre dans la conrinence,
dans le crsvail
&
daos la piété,
1«
tout fans faire sucune
Corte
de vueui.
M ais oous avons fur-tout en Auvergne d'anciennes
famil les de labourcurs, qui yivent de tems immémorial
daos .une parfaire fo.ciété,
&
qu'on peut regarder
a
boll
droit eomme les
M orava
de la Franee-; ou nous an–
nonce eocore une fociété femblable
a
quelques lieues
d'Orléans, laque!le commencc
a
s'établir depuís vingt
'i
trente ans. A l'églrd des
communaut~s
d' Auvergne beau–
coup plus anciennes
&
plus counues, on nomme en
t~re
les Quitard · Pinou comme ceux qui du tems de plus loin
llt
qui prouvent cinq cens ans d'a(fociacion, on nomme
encore les Arn&ud, les Pradel, les Bonnemoy, le Tour•
oel
&
les Anglade
¡
anciens
&
fages roturiers, dont l'ori•
gine fe perd dans
1
obCcorité des cems,
&
qo nt les biens
&
les habiutions font litués daos la baronnie de
Thie~s
en Auvergne, ou ils s'occupent uniquement
i
Cllltiver
leurs propres don¡aines .
Chacuoe de ces famillcs forme dili'érentes br:anches
qui habirent une maifon commuoe,
&
doot lés enfans
Le
marieot enlemble, de fac;on pourtaor 41)Ue chacun des
eonCorts n'établit guere qu'on fi ls dlns la
commuoaut~
pour emrerenir la branche que
ce
fil s doit
repr~fenter
uo
jour apres la mort de fuo pere; branches a
u
rene dont
ils om fixd le nombre par untt loi de famille qu'ils fe
[ont
impofée, en aonféquence de laquelle ils marieot au•
dchors les eofans furnuméraires des deu x [eres De qael·
que valeur que foit la portion du pere d3QS les biens com•
muns, ces enfa ns s'en croient exclus de droit, moyen–
nant une fomme
fix~e
différemmenr dans chaqne com.·
munauté,
&
qui eil chez les P inou de
roo.
liv.
pour
les
~arc;ons,
&
de
200
liv.
pour les
tille~ ;·
Au relle, cet ufage rout
coofaar~
qu'il ell
par
fon
anciennet~
&
par l'euaitude avec Jaquel le il s'obferve,
ne parolt
~uere
digne de ces refpeétables alfoclés- Pour•
quoi priver des enfans de leur patrimoioe,
~
les chalfer
malgré eux du fein de leur fa mi!le? N'ont•ils pas
oa
droit narurel aux biens de
1~
moifon,
4
fur-toút
a
l'ine•
fl im•ble avantage d'y vivre dans une fociété douce
&
paifible,
a
l'abri des m iferes
&
des
[ol licim,d~s
qui
~m
poifonnent les
JOU<<
des aotres hommes ? D all leurs
1
af–
foci~ tion
dont il s'agit étant effendelkment otile, oe con–
vieot-il pas pour l'honneur
&
pour le bien de l'humani·
té , de tui donuec le plus d'étendue qu'il efi po ffió le?
Suppofez done que les terres aétuelles de
la
aommu·
nauté ne fu ffifem pas pour occuper tous
tes
enfans, il
feroit aifé avec le prix de leor légitime,
d~
faire de oou•
ve!les acquifitions;
&
fi
la provJcjence aocr.>!t le norn-,
bre des [ujets , il n'en pas diffi cile
a
des gens unís
&:
laborieux d'accroltre un
dom~ine
&
des
b~timens.
Quoi
l'Eg:life catholique; qui ne fent qu'ntl. pareil jugemenr renJerme phlt
de préoccupp:uion qu'aucan .1urre
l
La
ro1~rartce
8c.
indalence des
Moravet touchant la ditférence de religion ne (auroit
uo~ver
Je
jnA:ifica!ions.
qu'cn
ce qu'ils
fonc hor.s
de
I'EgJi{e catholique ,
3c:
p,ar
conféquem
hors de la
vr~lie
croyance!
mai.s 6 on
conGdere
w.ne(ocieré
qt\i
prQfeífe
la
vr~ie
religion, relle
que la
!'ocieté
des
~tholiques. qui
doit conferver
d01n~
la
purété
la-
religioa qa'e:Jie
a
reyUe
de Dieu ;
elle ne (:luroit vivre dans l'inJolence . ou daos la
rolerartcl!
d'aurre~
religions f:urffes.
&
iJiegitíme.. fans expofer
l
la
violcnce le
(acré Ot'pót de la foi
qu.'dte
cil!at' de Oi¡;:a . De! 13 viene:
que 1
1
Eglife
de
Je(u5-Cbfill:
tolere
feulemenr
la
focieté .
&;
la com–
munication oivile aveo ¡eJ pani(aw d,autre& . feé\er. malt elle ne
(ouffrira
j.tm:U• qu'oo
d'r~ífe
l'a)ltel
de
Bclial an fac!e du (a.atuili–
rc.
(lt')