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Ml'!R

Mals quoiqu'on puitrc abfolumrnt parlanr f'aire figni–

j¡er

a

e ..... .,

mere de Dicu ,

y¡.,,.

&

,,,¡¡,

figniñant

~uelquefois

la mémc chofe ; ce qui a fait que les Latins

1 o m traduit par

Dd

;rmitrix

¡

auffi-bien que par

})tipa–

~ :

cependant les ancteos Grecs qui appelloicm la V ter–

ae

T•Ó~••ot,

ne l'appelloient pas pour cela

I'"OI

~¡¡

81, ,

mere de Dies.

Ce ne fut qu'apri:s que les Ladns eurent

traduit

eoó~••"

par

Dei gmitrix,

que les Grecs tradui–

firent

a

leur tour

Dei

genitrix

par

1'•~•,

·•

¡¡,;

moyen–

naot quoi les Grecs

&

les Latins s'accorderent

a

appel–

ler la

Vie~e

mere dt Diw.

Le premter,

a

ce que préteodent les G recs, qui lui

ait donné cctte qualité ell S . Léon;

&

cela, prétend

S.

Cyrille, paree que prcnant tes mots de

Stig"""

&

DieH

pour fynonymrs, i! jugeoit que flime -Eiifabeth en

appellant la faio te· V ierge

mere de

¡.,

Stig,eMr,

avoit

-.oulu dire

mert de Dieu

.

MERE-FOLLE ,

ou

MERE-FoLrl!:,

(

Hijlor.

""'· )

11om d'uue fociété facctieufe qui s't!tablit rn Bourgogne

fm

la 6n dn 1iv. fiecle ou au commcnccment du xv.

Quoiqu'on ne puirfe ríen dire de certaio rouchant la pre–

m iere inCl itution de cctte fociétt!, on voit qu'elle éroit

~tablie

du tcms du duc Philippc le Bon. Elle fut con

iirmée par Jean d'Amboife,

t!v~que

de Longres, gou–

Yerneur de Bourgogne, en

14H•

f•Jium f atuurHm,

dit

M .

de la Mare, eíl ce que oous appallons

la

rner•–

follt .

Telle efl l'époque la plus reculée qu'on puirfe décou–

""' de cene

í<>ci~té ~

a

moins qu'on ne veuille dire avec

le P . M cnd l rier, qu'elle vient d'Engelbert de Cleves ,

gouveroeur du ducht! de

Bourgo~ne,

qui imroduifit

il

D •jon cwe e(pece de fpeaacle; car je trc¡uve, pourCuit

cet auteur, qu' Adolphe, Comre de Cleves, 6t dans Ces

~tats

une efpece de fociétt!

femblable , compofée de

rreore-fix genrilshommes ou feigoeurs, qu'il nom:na la

coonpagnit da f ofll .

Ceue compagnie s'arfembloit tous

les

l llSa

u

tems des vendanges. Les membres

mangeoi~tlt

tous enlemble, tenoj<nt cour pleniere ,

&

faifoieor des

divcrtitferoeos de la uature de ceux de D ijon,

~lifanr

u n

1

<>i

&

ÍIX

coofeillers pour pcélider

ii

cene féte .

O

o

a

le~

k nres-patentes de l'inClitutioo de la fociété

du f Qu ,

trablie

a

Cleves en

1381.

Ces patentes font fcellées

ce

35"

fceaux en cire verte , qui étoit la couleur des fom .

L 'origínal de ce¡ lettres fe ¡:onfervoit avec foin

d~ns

les

archives du com té de Cleves.

11

y

a

tant de rapporr enrre les articles de cette in·

ftitution

&

ceux de la

fociét~

de la

m.re

-follt

de D •Jon,

laquell~ ~vo!t,

comrne celle du co

mté d

e C leves , des

ilatuti, un fceau

&

des offi ciers, que j'embratre volon–

tiers le Centiment d'-' P. Meoellrier , qui croit que c'ell

de la maifon de Cleves que la compagnie dijoonoife a

tiré fon origine; ajoute?. que les princes de cette maifon

ont eu de grandes al liances avec les ducs de Bourgogne,

daos la cour drf-¡uels ils vivoient le plus fouvem .

La plOpart des villes des Pays-ba<

dépend~ntes

des

eucs de

Bour~ogne,

célél¡roient de fomblal¡les fétes. 11

y

en avoic une

a

Lille (ous le no m de

f éte de

1'

lpi>~tt'''

a

D ouai fou s ¡e no¡n de la

fét• aux

a>ltJ'

a

l3ou–

chain fuus le nqm de

prevót dt

l'ltourdi,

&

a Evreux

fous celui eje la

fitt

dtJ co11ardJ,

ou

cor11ards.

D oucre–

man

a

<jécrit ces

f~tes

daos fon hilloire de V alencien–

ne~;

en -un mot , il

y

avoit :¡lou peu de vjlles qui n'euf–

fem de pareilles pqufoo¡¡eries ,

La

"'<rt-follt

ou

mere~folie,

autrement dite

l'inftmtt–

rie di¡on, oife,

eu latín de ce t<ms-la ,

mattr

Jlt~ltorttm ,

~toit

une

compa~nie

compofée de plus de

j'OO

perfo n–

oes, de !OIItes qualités , o fficiers du parlement, de la cham–

bre des compres , avpcats, procureurs

1

bourgeois, mar·

cbands,

&r,

L e but-de cette foeiété

~toit

la joie

&

le plailir . L a

ville de D ijon, dit le P . Meoeflrier, qui

tll

un pays de

veodanges

&

de vignerons, a vu lc¡ng.rems un fpeélacle

qu'on nommoit la

mere-f olit.

Ce fpeéhcle fe donnoit

rous les ans au tems du carnaval,

ll¡

les perfonnes de

qualité, déguifées en vignerons, chantoient fur qes cha·

riots des chanfo ns

&

des fatyres , qui étoieor comme la

eenfure publique des

m~urs

de ce terpsrlit. C'ell de ces

chanfons a chariots

&

a

fatyres que venoic l'anc;en pro–

n rbe latín , des chariots d

1

injures,

plaufl•a injwiqrttrn .

Ceue compagnie

1

co

mm

e nous l'avons déJa dit, fub–

filloic daos les ératS du

d.uc

Philippe le Bon avaot

!45"4,

puifqu'oo en vnit la co

nJj rm

ation accordée cette méme

a¡¡néc par ce

pri~ce

. .L'on voit auffi au tréfor de

1~.

fainte

chape!le du roi

a

D tJOD, une fec?ode

a~mfirmatton

de

Ja

mere-folle,

en

1482;

par Jean d Am

bor

fe,

é~!quc de

L angres , lieutenaot

en

Bourgogne,

&

P.ar

le

fergneur.de

B eaudricourt, gouVCt!!CWl da.

pay.s;

la

dtte

c

onfirmauon

eft

~

'V.l!IS

fran~oi$

.

,

MER

Cette feeiété de

""":¡,1/e

étoir compefée d'ini!ante–

rie. Elle tenoit ordinairement arfemblée daos la fall e d11

jeu de paume de la Poi ffon neric,

a

la réquifition du pro·

cureur 6fcal, dit

fifcal v .rd,

comme

il

parolt par les

l>illets de convocation, co mpofés en vers burleíques .

L es trois deroiers jours du carrrav1l, les membres de la

fociété portoiem des habillemens déguifés

&

bigarrés

dt

couleur verte, rou6e

&

jaune , un bonnet de meme cou–

leur

a

deux pointes avec des f<>nnettes'

&

chacun d'eux

tenoit en main des maro

u

es ornées d'une téte de foil .

L es charges

&

les pon es étoicnc di Oingu és par la diffé–

rence des h1bits ; la cornpagnie avo:r pour chefcclui des

alfociés qui s'étoit rendu le plus recommandable par fa

bonne mine, fes bclles manieres

&

fa probité . 11 t!toit

choifi par la fociété, , en portoit le nom,

&

s'appel loit

la

mtre-f•lle.

11

avoit toute fa cour comme un fou verain,

fa garde fuitre, fes gardes

a

cheval ' fr.s o fficiers de ju–

llice, des officiers de fa maifoo, fon chancelier,

C.m

grand écuycr,en un mot toutes les dignités de la roputé.

Les jugcmens qu'il rendoic s'exécutoient nooobClanc

appel, qui fe relevoit direélement au parlement .

O

o

en

trouve un exemple daos un

arr~t

de la cour du

6

Fé–

vrier t

5"79,

qui confirme le jugement reodu par la

m<rt–

f ollt.

L'infanterie qui étoit de plus de

200

hommes, por·

toit un guidon o

u

étendard, dans lequel é tnient peintes

des teres de fous fans nombre avec leurs chaperons. plu–

Íleurs bandes d'or,

&

pour dévife ,

jiRitorum

infinitsu

tjl

numtrus .

lis portoieot un drapeau a deux 6ammes de crois cou–

leurs, rouge , verte

&

jaune, de la rnéme figure

&

gran–

deur que celui des ducs de Bourgogne. Sur ce drapea11

étoit

repré!"ent~e

une femme affife, vf tue pareil lement

de trois couleurs,

rou~e,

verte

&

jauoe, tenaot en fa

main une marotte

a

ti!te de fou'

&

un cbaperon

a

deur

cornes, avec une infiniré de petits fous colffés de

m~me, qui forwieot pg.r-detrous

&

~ar

les iemes de fa jupe.

La devife paretlle

a

celle de l'étendard, étoit bor<jée

tout-aucour de franges rouges, vertes

&

jaunes .

Les lettres-patemcs que l'on expédioit

il

ceu x que l'on

recevoit dans

1~

fociété , étoiem fur parchemin, écritet

en lettres des crois ¡:oul eurs, fignécs par

la

·m.r•- follt ,

&

par le gritfon verd, en fa qualtté de grcfficr . Sur ces

lettre~

patentes étoit empreinre

la

figure d'une femme "

affife, portant un ch1peroq en réte, one matotte en main,

a1•ec la mécpe iqfcription qu'a l'éteodard.

Quand les membres de la fociété s'atrembloient pour

manger en femble , chacun portoit

[oq

plac. La

m.re

f olle (

on fait que c'efl le

corrhn~ndant,

le géné r

al, le

grand-mlltre) avoit cinquaute fuirfcs pour fa garde. C'é·

roient

I<S

plus riches anií.1ns de la ville qui fe preroienr

vo lomiers

a

~ene

dépeníe. Ces fuiefes faifoieut garde

i

la porte de la fa

:le

de l'arfemblée,

&

accompagooient

la

mtrt-Julle

a

pié'

a

la referve du colonel qui moutoit

a

chev~t

.

Dans les occafions folemnelles, la compagnic mar.

choit avcc de grunds chariots peints ,

cralaé~

chac11tt par

lix chcvaux, capacar¡:onnés avec des cou,erturcs de crois

couleurs,

&

cond11 its par teurs

coch~rs

&

le1•rs pollil–

loos vetus de

m~n1e .

Sur ces cnariots étoient feulemeot

ceux qui récitoient des vers bourguignons, /lapillés com•

me lo devoient étre les perfonnages qu'ils repréfenroient :'

La compagnie msrchoit en ordre avec ces chariocs

par les plus belles rues de la ville,

&

les plus bclles poé–

fies fe chantoient d'abord devant le logis du gouverncur •

enfu j¡e dcvaot la maifo n dn premier prélident du parle- '

ment,

&

en fin devant celle d!'t

m

aire. Tous éroicnt •

mafqués,

ha~illés

de trois coulenrs, mais ayant des mar–

ques diflinClives fu ivant leurs oflices .

Quatre héraUtS

a

V(C

Jeurs

m~rOrtCS

>

tnarchoient

a

la

réte devant le capitaine des gardcs; enCuite paroifloient

les chariots, puis la

nure-f ol/r

précédée de deux hérauts,

&

montée fur une haqnenée blanche; el le étoit fu ivie de

fes dames d'a¡our, de fix pages

ll¡

de dou?.e valets de

pié : apres eu x venoit

l'enfeign,c, puis

6o

ofl

i ciers

, les

écuyers, )es

fauconoier~,

le

g~and

veneur

&

aur.re

>.

A

leur fu ite marchoit le guidon, acco mpagné de

ro c

ava–

liers ,

&

a

la

queu~

de la proceffion le 6 fcsl verd

&

l~s .

deux confeillers ,

habill~s

comme lui; enfin

les fuilli:s

fermoicnt

¡a

marche.

L a

mtrt-fo lle

montoit quelqucfois fur un cbatiot

fs't

exprC:s ,

tiré par deux chevaux feul ement ,

lorfqu'elle

écoit feqle; toute la compagnie le précédoit,

&

íuivoit

ce char

~o

ordre. 1Yautres fois on atteloit

a

u char d·e

la

mer.-follt

dou?.e chevaux richement caparar¡:onnés;

&

cela fe faifoit roujours lorfqu'on avoit conllruir fur le

cha<iot un

thé~tre

capable de contenir a\<ec la

mtr.-folle

des aéleurs babillés fuinm la

c.~rémonie;

ces a8eurs ré.·

ci~ J