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MAN

eorrdl: ' !'aélion y cfl fontcnue' tous les traits y ront t'lé–

¡:ans. Hélite·r-on fnr la préférence? non, fans doute . Le

pf'micr peintre n'cfl qu'un éle>'e

i

qni le génie manque;

l'aurre ell un

maiore

hatdi dom la t.min fJv,nrc court

:l

la pcrfe.:linn dn rout, aux dépens d'u ne

irré~ulariré

dortt

_ la correélion retarderoit !'enthouliGfme

q<li

l'emporte.

Tome proportion ga rdée,

íl

en

dl

de

ll

forre

a

l'é–

~ard

de D ieu dins le choix des

m0n.J~s

potubles. Quel–

qucs-uns fe feroient

t·rouvés

excmt~

des défc.;luolités

fcmblables dans

le

nl\rre;

mai~

le n6tre avec

íes

dé–

faurs

efl plus parfait

q~e

les aurrcs qni dan< lenr cwn–

flittltl~n compor~~iem

de

plus grandes irrégularités jofn–

tcs

3

de moiudres beautés. L'étre infinimeQt fage '

a

qui

le

mcllleur efl une loi, devoit done préférer la produ-

8ion admirable qui tient

¡,

,qnelques vices

a

la produ–

étinn dégagée de. crimes, mnis moit¡s hcureufe, moins

f¡fconde , rnoins riche , moins be!

le

d3ns Con

tour .

Cor

eomme le moindre mal ell 11ne efpcce de bien; de

rn~me un moindre bien efl une efpece de mal , s'il

f~ir

ob–

nacle

a

un plus

~rsnd

bien;

&

il

y au roit

quelqu~

ebo–

fe

a

corriger da

m

les aélions de Dieu, s'il y avoit

U!J

moycn de mieux laire ,

On dira

peur-~rre

que le monde auroit pu

erre

fan~

le

péché

&

fans les foufjh nces, IJlais alors il n'auroit

pa<

été le meilleur. !.,a bont.é de D ieu aur.oit en 'plus

d'éclat 'dans un

t~l

mon<jc, mais fa

f.~¡;cffe auroi~ ét~

bldf€c;

&

cornm~

l'un de fes attribms ne cjoir poinr

~tre

lacrilié

a

l'aurre , il

~roit con.v~Qable

que

1~

bonré

de Dieu pour les homrnes fGt Jempérée par fa C.1r,effe .

.)i

quefqu'un

allé~ue

l'expérience pour prouver q.ue Dieu

auroit pu mieux faire, il

s'~rig.e

,en cenfeur rid•cul.e de

fes ouvrages. Quoi , peut-on luí ré'pondre, vom nc con–

IH)iffe7. le' monde q¡te dep1,1is trois jours,

&

vous y

rrou~

VC7.

a

redire! Auende¡,

a

le connoitre davantage,

&

conlidéret-y fur-tout

l~s p~rrie>

qui prétcntent un ront

compler, tels que [ont

l~s

aorps oq;aniques ,

&

vous y

trouvcret un artifice

llr

une beauté bien fup

,érieure a

votre imagination , Le défaut efl d1ns quelque partie.du

tour , jc n'en difconviens pas:

mai~

pó1,1r juger d'un

ouvra~e ,

n'efl-ce pas le tour qu'il fa

u~

enyif<tger ?

11

y

a

dans l'iliade quelques vers imp,arfairs

&

informes, et¡

ell·ellc moins un chef-d'reuvre de l'arr ?

~~'ell

la totali"

té , c'cfl l'enfernble, pour a

in~

_dire, qui décide de

1~

perfe.:tion ou de

l'imperfe~iOI)

. .Or l'univers

con6d~,

ré daos cette

g~néralité

valle,

e(}

de totts

les pollib!es

le plus régulier . Cene rota

lit~

donr je parle, n'efl pas

un elt'et, comrne on ppu1roir fe l'imaginer ; c'efl l'aml$

féttl des

~tres

&

des révqlutions que renforrne le gto–

be qui me porte: Punivers

n'e(l

oas reflr.eint

~

de

fj

courres limites. De• qu'or¡

y

cut

s'en former ur¡e no,

rioa philofophique , il fau r porter

ro~

regards plus haur

&

plus

loin; mes feos ne vqienr

cjiflio~ernenr

gu'u–

nc

foible

portio~

de

~~

terre ;

&

la terrc elle - méme

n'etl

qu'ttne

QC$

plan~res

de narre foleil , qui

a

fon

tour n'etl que le centre

~'un

tourl¡illon partieulier, cha,

que éto'lc fi xe ayam le tpéme avant.1ge

ql)e

lui. Qui–

eonque

envifa~e

llunivers fous une imat;e plus retróCie,

ne

connoír ríen

~

l'reuvre de D icu ; il efl comme ur¡

enfant qttl cr.qit rot¡t renfe rmé daos le

peri~

berceau ot)

fes y<uX commenacnr

:l

~'ouvrir.

L'hotntT)e qn i penfe

met fa

r~ifon

3

la place de fes

yeu ~;

ou

fe~ reg~rds

ne

pénetrcnt

P4~ ,

[on efprit

y

ef) .

11

[

e pr

omer¡c dans

cer~

te étcndue imtpenfe, pour

r~venir

ap.ri:

s avec humit:a,

tion

&

[urprife (ur Con proDre néanr,

&

oonr admircr

l'ameur dont l'inépui[able fécondité a cnfanté q;t uni–

"ers,

&

a varié la pompc

de~

qrqetl)en; que la

l)~tttr~

y

étale ,

·

Que!qu'un

dir~ Reut-~trc

qn'il efl impoffible de pro–

duire

le

me!l!cur, ,Paree qn'il n'y a pninr de

cré~rure

1

pour li parta1¡e qu

0 11

la fuppQtt , qu'on ne

puiff~

tol)–

jours ct¡ prnduire une qu'il le [olt

Mvama~e.

Je

répond!

que ce qui pcut fe dire d'une créarure ou d'une fub–

tlallce particuliere qui petll roujours err> furp•lfée ¡1lr

une au¡rc,

lltll

doit pas c!rre ap,pl iqué

a

l'nnivers, lequel

fe

dcv~nt

étcndre daos routu l'ércrnité fmure, eft er¡

qucl qu

o

fa~qn

infi ni.

11

ue

sl~~it

done pas d'qne

eréa~

ture , mais de l'univers enricr;

&

l'aciverf.,ire

fer~

qbli–

gé de fnutenir qu'un univcrs polliblc peu t

~tre

n¡eílleur

<]tiC

f'au¡re

a

l'infinl:

llj1ÍS

'a'eJ1 ce qu'il Jle pourrl ja,

mais prou¡ter.

ge!te qpiqion étoit

v~ritable ,

I;l1e4

n'~r¡

auroir prnduir ,aucun, car il efl incapable d'agir fans

raifon;

&

ce fcroit

m~me

allir conrre la raifon. C'efl

eomme li l'on s'imagin

0

jr que Dieu eOt imaginé de fai–

rc une fphere matérielle, fa ns qu'i) y cut

a

ucune raifon

de

1~

ti¡ire d'une telle llrandeur .

Ge

decret feroir inmi;

le ; 1! porteroit avec luí ce qui en empéchcroit l'etfet.

Mais fi Dieu produir toujqurs

'te

meilleor, il produi–

ra

d'a¡nrC'i dieux; autremenr

chaqu~

fubllance qu'il pro,

MAN

21

dnir_oir ne feroir poinr

la meilleure ni la plus parf.1ire.

MaJS on fe trompe fame de conlidérer l'ordre

&

la liai –

fon des choCes. Si chaque fubllance prife a pan éroit

parfaire, e:les feroiem tomes femblables:

ce

qui u'ert

poi

m

convenable ni pol!ible. Si c'étoit des dieux

il

n'auroit pas été potlible de les produire . Le rncill'eur

ryllerne des Chofes

llC

c.onriendra done point de dieU[;

1! Cera

touJours un 'frUcme de corps, c'efl-a-dire ,

cle

chofes _rangées [eIon les lieux

&

les tems,

&

d'ames qni

ks régtffent

e'!;:

les gouvernenr.

11

ell aifé de concevoir

qn'une

llru~ure

d,e

l'univers peur erre la meilleure dé

toures, fans qu'il

devi~nne

un dieu. La liaifon

&

l'or–

dre des ahofes fªir que )e corps de rout animal

&

de

toute plaote vienr d'autres animaux

&

d'autres plantes.

Un corps fert

¡¡

l'aurre; ainli l.eur perfeétron ne fauroir

étre

égal~.

Tour le monde eonviendra fans doure qu'un

~ondc

qui raffemhle le matériel

&

le fpiriruel tour en·

l•mble' efl beaucoup plus porfait que s'il ne renfermoit

que des e!'priu

dé~agés

de tume matiere .- L'u n n'ern–

péche poim l'aurre : c'efl une perfeélion de plus. Or

voud roit-on, pour la perfe&ion de ce monde , q11c tol)s

les cqrps

'1

fu([em d' une égale be:lUté? Le monde peut

.étrc comparé

~

un

b~{Írnenr

d

1

une flru8ure admirable.

Ur

dans un

batirnent, il faut nonrfeuler)Jent qu

1

íl

y

.ait

d<'s

app:tr.re¡

n.c:ns, des falles, des galeries ., des

jard

ins,

rpais ,cucore la cuiline, la q•·e, la batf.

,.cou

r, d.es écu–

ríes, des égoms,

&c.

Ainli il n'auroir

p.as

<'té

:\

-?rO–

pos Ce l)e faire que des (oleiJs

d~l)S

le

m

onde, Oll de

.faire une terre toure d'or

&

de diawans, mais qui n'au–

roir point rité hahirable. Si l'homme avoit

~té

!Out

o;:il

OU

!O

O!

or~ilfe ,

il

n'aUr.OÍt point

é.t~

proprj!

a

fe nOl,lr·–

rir. Si Oieu l'amir fair fans patlion,

il

l'a\lfoir fait

fin–

pide;

e'!;:

s'il

1

'a voir voulu faire

fans

erreur, il amoit (11-

lu le pr.fver des feos,

o

u le faire Centir autre

n¡em q

ue

P"

le;

org~nes,

c'e(l-a-dire

1

qu'il

n'y

auroi¡

poi.nt

~u

d'homme.

Je

\'QUS

;tecorde., .dira.t•on , qu'enrre

CQllS

l.es

mon·

des. pofflblcs, il

y

e1¡

a

un qui

et1

le meilleur de rous;

m:tJS commenr me prouverez-vous ,que Dieu luí

a

don–

né la préférence fur

rous

les aurres qui comm.e

luí

prérendoicnr

~

l'exi11ence? Je vous le prouverai par la

p t[on

d~

l'ordre qui veur qu.e le mcilleur loir préféré

i\

ce qui ell

l)Joins bon. Faire tl)OÍJH

de

bien qu'on nc

peur,

el~(!

rnanquer courra

1')

fageffc ou conrre la bon–

té . Ainli demander

(j

D ieu a pu faire

l~s

chofcs plus

accomplies qu'il ne les a faites, c'e(l mettre en qudlion

fi

les

a~ions

eje

Die~

fonc cnnformes

a

1~

plus parfaire

fagetfe

&

a

la plus

gr~nde

bonté ' Qui p¡;ut en dourer?

M ais en admerranr ce príncipe, voila les deux confé–

quences qui en réfultent . La premiere efl que D ieu n'a

point éré libre dans la création de l'univers; que le choix

de celui-ci pMmi rous les poffibles

~

!)ré l'elfer d'unc in–

fupponpble nécefflté; qu'enñn ee qui efl fait &ll pro–

duit par l'impullion d'UJ¡e fatalité

(up~riet¡r¡:

a

·la divinité

meme , La feconde

cnnféquenc~

eíl

que tous les effets

fG>Ilt r¡éceffaires

&

inévimb!es;

&

que dans la rmur¡: td–

le

qu'~lle

efl, ríen ne pem y bre que ce qui y efl

&

commc il y efl; que l' univcrs une fois choili, va de llti–

m~ n¡c ,

fans

f~

laif!er Aécl¡ir :\ nos julles plajmcs ni

a

)a rriflc voix de nos !armes, ·

1

J'avouc que c'ef¡-l ii

l'cndrqit foiplc du

fyfl ~ me

Leib"

J1Íiozicn . I;:n paroiffan r fe rirer du r¡¡ar¡ vais p:IS ou fon fy –

fli:me l'a conduit , ce philot:i>phc ne

fa

ir que s'y enfon–

¡:er de plus

en

plus. La

líber¡~

qu'il donne

a

D ieu,

&.

qui lui Nrolr tres-compatihle aveg le plan du meilleur

¡noneje, el! une váritable

né~elli

1

malgré les adoucif•

temens

4:

les correétifs

p~r

lefqt¡e}s il

t~che

de tempé–

r~r l'~uflérité

de

Con

hyporb i:te.

~e

P.

Mallebranchc ,

!Jlli n'elt pas moins parrif,1t] de l'optimifme qu9

l\1.

Leib–

nirz,

~

su

éviter l'écncil ot} ce derqier s'ctl brile . Per–

fuadé que l'elfence de la liberté conlifle

d~ns

l'iuditfé–

rence, il prptend que I)ieu a étt indi!féreut

~

po[cr le

detrer de

1~

créatioo du monde;

enfor~e

que la nécef–

~ró

de créer le rr¡rmde ' le pjtts parfait, aqroit été m¡e

véritable ndceffjté;

<5¡,

par ·c,Jntéquenr, auroit #Jruit la

liber¡é,

(j

elle n'avqit point

~~é

prdcédée

p~r

un decrc¡

étl)ané de l'inditfércnce méJT)C,

&

qul

1'~

rendue hyp?–

th~rjque .

,

p

faut prendre garde,

dit.i

l, dans (on

tra!tl

P

de

/q

N .<ture

&

t/e

/q

Grac.,

qu

a bien que Dreu

fuiv~

le< regles que

C.,

f~~effe

fui prelcril, ,il ne f.1it

, pas

n~ann]oin~

n!fccffaircmcnr ce qt¡i efl le

m ~<_u x,

par·

ce qu'll peut

ne

rien fairc. Agir

&

ne pas fmyre

Cil–

tlemen¡ jes regles de la fageffe,

~·en

un 9éfaut Ain(j

, fuppo('é qqe Dieu agi(fe, il agit néceifarrem:nt de la

,

manier~ 1~

plps f.1ge qui puiffe fe e

once\'"'~.

Mai¡

, erre libro daus la produ8ion du monde,

e

ell une

, marque d'abondance, de .plénitude, de fuffi [ancc

a

" foi-mcnle.

JI

efl rnieq¡ que

le monde foit , que

d~

!l

,

n'érr~