.ÑI E
D
Il
e~
vrai qu'on vit
a
Rome
&
ailteurs un tres-grsnd
110mbre d'eíclaves médecins, foir qu'ils eulrent 3ppris
lenr profdlion
é1~nt
déj3 efclaves, foir qu'ét3nt nts li–
bres , ils fulrent torr.bés par malheur daos
l'efcl1\·oge :
mais de quelquc eondition qu'ayenr été les médecins
qui fnccéderent 3 ceux dunt nous :tvons parlé
JUfqu'i~i,
'ls ne fe diflingucrent les uns ni les aunes par aueun ou–
vrage iortrelranr; b piOpart ne s'oeeupcr<nt que de t.ur
forrune,
&
les Hifloriens ne parlenr av ee éloge que
d'
An–
dromachus, médecin de Néron,
&
de Rufus d'Ephefe
qui vécur fous T roj3o .
Galien qui noqait
a
Pergsme Cuus le regne d' .'\drien
enviran la 131 < année de l' ére chr.!tienne , fe difl ingua
fingulicrement daos eme profeffi on par fa protique
&
par
fes ouvuges.
Pour
connolrr~
l'ttat de la
M/Juin•
lorfqoe Galien
parur, il· faur fe roppelter que les feéles dogmariques,
empiriques, rnéthodiques , t pify nrhérlques, pneumarlques
&
écle~iques
íubfilloienr eneore. Les mé1hodiques éroient
en crédtt,
&
l'emporroienr fur les doumariques afíoiblis
J>ar
leur dtvifion ; les uns tenant
po~r
H ippocrare ou
fraxagore , les autres pour Erafi fl rare ou pour Afclépi3•
<le. Les ernpiriques érotent les
rnoins confldérés. Les
éc.lectiques k s plus
raiíonna~les
de ·tous, puifqu'ils fai –
fotent profcffi on d'adoprer ce que chaque fcéle avoir
d~
bon , fans s'arracher particulierement
a
aucune, n'éroienr
pas en grand nr>mbre . Quanr aux épifynrh étique
&
aux
pneurnariques, c'éro!enr des efj>eces de branches du pad!
des mérhodiques.
Galien prorelle qu'il ne veut embralrer aucnne fc.9e
& .
traite d'efcbvcs rous ceux de fon tems qul s'gpoel:
l o~enr Hrpf?ot~a:it¡ru¡,
Praxagorhm,
&
qui ne choifif–
fot~nt
('as tnd1 ilmélemenr ce qu'!l y avoir de bon rlans
les
.ée~ns
de rous
les Médecins. L a-delrus qui ne le
cro1r01t écletlique ? Cependanr Galien étoir pour H ip–
¡>Ocrate préférablement
a
tour amre. ou plur6r il ne fui–
VOl!
que lui: c'eroit fon ameur favori;
&
quoiqu'il l'ac–
cu fe en plufieurs endroics d'obfcuriré, de manque d'or–
dre ,
&
de qtielques aurres défauts; il marque une ellime
particulierc pour Ca doélrine,
&
il confelre qn'a l'exclu–
fton de tout 3ll!re, il 3 pofé les vrais fondemens de cer–
te fci<n cc . D ans cene idée, loin de rien emprunter des
autres fe él
e<,
ou de renir entr'elle• un jufie mllieu
11
~ompoC:~
plufieurs livres puur combJttre ce qo'on aJoit
mnuv.é dans la
M ld.cin•,
&
rétabl it
la pratiqne
&
la
théone d' Hlppocrare . Plufieurs Médccins avoienr com–
ln mté cet anclen, avant que Galien pon1r; mais celni-ci
prc!rend que 13 ph1part de ceux qui s'en éroienr
rn~lés
s'en <!1oicnr msl acquinés .
11
n'étolr point
élot~né
de
f~
eroire le feul qni l'eut jarnais
bl~n
enrendu. Cependant
les fav1os 011t
rctllarqu~
qu'il tui donne 3lrez fouvenr de
faulr~s
ln1erprérarions .
Les défJu ts de Galien font rrop connus de rous les
ha ilcs médecins , pour
~·arrerer
a
les expofer; on ne
pe1't eQpcndant d1Cconvemr que fon
fyllerne ne íoit la
proju(t ion d'un homme d'efprit, doné d'une imaginatinn
des plus brill3ntes .
11
montre ordinalrernent be3ucoup de
hu:r.tercs
&
de fagaciré, quand
il comme1He quelques
po11115 de la doélrine d'Hippocrate í1lr 1-a connoilrance ou
la
cu~e
des rnaladies; rnais il fa1r pirié· qoand il nous
c¡urcuen.r des quatrc
~lérncns,
des qualirés prernleres,
des e(pnrs, des facultt!s ,
&
des cauíes occu ltes .
Pou~
ce qui regarde
Con
anatornie, il a laiflé lur cer–
te maucre , deux ouvrages qui l'ont immorralifé . L'un
q
uenous n'avons pas cornpler , ell intitulé ,
adminiftra–
t
J.onrmatomi'l'";
l'aurre a pour ritre
de
l'r((dg•
du par–
t
Jet
J,.
corp¡ httmain ;
c''dl un !ivre admirable digne
d'~trc
érudié par rous les phyficieos. On V'Oit en pu–
cour~nr
ces dcux trairés , que leur auteur inf.•ri.,able pof–
fédott roures les décnuverres anaromiques des nfi·ecles qui
l'avoicnt précédé,
&
que trompé feulement par la ref–
femblance euérieure de l'hornme avec le finge ,
il a
fouvenr attribué
a
l'hornme ce qui ne regardoit que
te
finge; c'erl prefque le feul reproche qu'on puHfe lui·faire.
Les médecins
!:rec~
qui vlnrenr apres tui, fuivi'rcnr
généralement 13 doélrine,
&
s'etl rinrenr au gros de la
mérhode de leur prédécefJeur . Les plus difi ingnés d'entr'
eux
fo nr Oribafe, Aerius, Aléxandre Tra llian, Paul
E gincre, Aéluarius
&
Myrepíus. N ous parlerons de rous
fous le mor M ÉDEC IN, quoiqu'il n'y a
ir
prefque rien
de uotlveau qui leur apparrienne en propre dans
leurs
écrits. Quelques aurres encare molns efl imabks, quoi–
quc oomm6s par
le~
hiltorieos, n'on r éré que les feéla–
teurs aveugles de ceux-ci,
&
ne mt!rirenr pas meme
d"t~rrc placés
il
c6ré d'eux . Prefquc rous, au lieu de fe pi–
';lucr
d~
rccherche
&
d'indullrie, ont employé leur rems
a décnre
&
a
vanrer un nombre inñni de compo(\ti,ms
ridicules. La
.''rtéJ,eiwe
en a été furchargée} la p.atique
T ome
;r.
MED
217
en efl devenue plus inccrtaine,
&
fes progres en ont
éré rerardés.
Ce qu'on vient de dire des derniers médecins grecs,
n'ell pas moms vrai des rnédecins arabes . Ceu<-ci ont
tourefois la réputarion d'avoir inrroduir dans la
l'dldeci–
ne
l'u fage de quelques plantes.
&
parriculieremenr
a
e
quelques purgarifs les plus
dou~,
te!s que la manne
les
tamarins, la calre, les mirobnlans, la rhnbarbe
&
!e féné
qui efl
\JO
carharrique plus fort. lis firenr encore enrrer
le fuere daos les corn pofirions médicinales; d'ou il arri-'
va, qu'elles
r~
reproduifirenr
[ous
une intiniré de tor–
m.esinconnues aul: anciertS,
&
d'un
trc!s-peti{
avanta~e ~
a ,leurs fuccelfeurs. C'efi'
a
eux que la
Mld.uine
doir les
fyrops , les juleps, les conferves
&
les cotlfeélions . lis
Ont auffi rranfmis
a
la
M.!duine
l'ufage du tnufc
de
la mufcade, du macis, des clous de gécoBe ,
&
d<
q~el
q)l'autres aromares dont fe fert
la cuifine,
&
qui
font
d'un ufage auffi peu nécelraire
a
la
'M idecin•,
que celui
des pierres précieofes pilées,
&
des 'feuilles d'or
&
d'argenr.
Enfin, lis onr eu
~onnoi!13nce
de la chimíe
&
de l'al–
chimie; rnais ils méritent par quelque endroit d'erre lt1s ,,
je vet.¡x dire pour avoir décrir
~vec
une gran,<)e exscri- '
tude quélques maladies que
le~
ancieus n'om pas con–
nues; relles que la
perite-vérol~
,, la rougeole
ll¡
le fpina
ventofn.
,
11
efl cerraln que ,dans la décadence des lettres en Eu–
rope, les Arabes ont cultivé tomes les fcienee•; qu'ils
onr rraduir les principatix aureurs,
&
qu'il
y
en
~
quel- .
ques-u 0 s qui éranr perdus en gre(: , ne fe rer,rouvenr que
dans le> rraduélions
1
arabes. Ce fu1 le calife Alrn•nfor yui
donna le prernier 3 fes
fujers le g01lt des (ciences; rnais
Almarnon cinquieme ca!ife, favoriía plus qu'aucun au–
rre les gens de lerrres,
&
anima dans fa natiotl, la Yive·
curiortré d'apprendre les fciencos, que les Grec¡ avoient
fi glorieuCement culrivées .
Alors les 1\,rabcs firenr un grand cas de la
m!deci>J~
étrangere,
&
écrivirenr plufleur< ouvrages fur certe ('cien–
ce . Par mi ceui qui s'y difi inguerent , ón compte ,l oan–
na ti ls de Méíuach, qui mourur l'an de J . C. 8r9,
H aly-Abbas, Rhafes , Ezarharagni, Errabarani, Avicen–
ne , Méfuach ou Mefut, Thograi, lbnu-Thophail, lbnu–
z,~ar ,
lbnu-El-Bait3r, Avenzoar, Averrhoes
&
Al–
bucalls. Jean Léon l'africain peur fournir a
u~
curieux
l'abrégé hiflodque de leur vie , car je ne dirai qu'un mor
de chacun fous l'article M ÉDECINS.
·
Si des rég1ons du monde que les Arabes éclairoienr,
nous palroos
a
la pactie oceidentale de 1'Afie, nous fe–
rons affiigés de la , barbarie qui s'y trouvoir,
&
qni y re–
gne fans inrerruption, depuis que tout ce pays e(l fou mis
:l
l'empire des Tnrcs, avec les iles de
!'
Archipel aurre–
fois fi
f!orilranres •
En eí!er, que penfer de la
mldeci>u
d'un érar, ou l'on
admet
a
peine le premier médeein do prince pour traite!"
des femmes qui lonr
a
l'agonie? Eacore ce doéleur ne
peur·il les voir ni en ecre vtl; i! ne tui efi permis de d–
ter de pouls qu'au rravers d'une gaze ou d'un crépe,
&
bien fouvent il ne fauroit dillinguer li c'<ll l'arrere qui
bar' ou le tendon qui efl en conrraaion : les fe mmes
ml'me qui prennent foin de ces malades ne fauroient luí
rendre compte de ce qui en 3rrivé dans le cour5 de la'
malad:e, car elles s'enfuient bien vite, quand il vient,
&
il ue relle 3Utour dtl lit que les eunuques pour crnpe–
cher le médecin de regarde<
fa
mtlado,
&
pour lever
feolem enr les coins du pavillon de
Con
lit , aurant qu'ils
le jugenr
n~·celraire
pon'( lai(fer poíi'er le bras de certe
moriboude. Si le médeciu demandoit
ii
vtYr le bour de
la l3ngue ou
ii
rarer quelque parrie, il
feroir
poignard~
fur le champ. H ippocrare avec route f:i fcien'ce eu{ éré
bien embarra!l'é . s'il eut etl
a
rraiter
des
mufulmaoes;
pour rnoi qui ai été oourri daos
fon c!cole,
&
fuivant
fes maximes, éerivoiP M. de T ourneforr, daos le der–
nier ftecle,
JC
ne f:ivois
q~el
par:i prendre chez. les
~ rands
Seigneurs du levanr , quand j'; étois appellé
~
&
que j e
rraveríois les apparremen• de leurs femmcs qUI íonr (3111
comrne les dortoirs ' de nos relig;eufes. je rrouvois
a
ella–
que porte un bras couvert de g?-z-e qui
avan~oit
par un
r~ou
fair
e~pres
. Dans les
pr.erni~res
vilite• , cominue-t.–
il , je croyois que
c~éroient
des bras do bois ou de cul–
vre defi inés
~our
éclairer la· nuit; mais je fus btcn íur–
pris quand oñ m•avertir qu'il falloir g,uécir les. perfonnes
a
quo ces bras apparrenoieor·.
R e'lenoas done
¡¡
narre
Eul'()p~·,
&
':'oyons
IÍ
l.a
ml–
deci>u
des Arabes qui vinr
ii
s'y inrrodu1re íur la fin des
fiec1es d'ignorance, nons a éré plus avanr•ge_ufe. Ce q.u'
il y a de cerrain, c' efl qu'e!le 3
oacafir;mn~ d3~S
la íiure
des rems, la plus grande révoluti?.n qUI
Cmt
amv~e.
rant–
dans la théorie, que· dans la pranque de certe fc1eM..nee•.
E
e
\