2.10
MED
ees
rois. Le rl!gime prefcrit aut monarques égyptien',
peut nous dooner une haute idée de la tcmptrance de
<=es peuples . Leur nourriture étoit limpie, dit D iodore
de Sicile,
&
ils buvoient peu de vin, tvitanc avec foin
la
répl~tion
&
.l'ivrelf~; ~n
Corte que les lois qui rég loient
b
table des prmces, ét01ent plutót les ordonnances d'un
fage
méde~iu
1
que les inflitutions d'un
lé,~is lateur.
Ütl
:ac~omumott
a cette frugal ité les enfans des leur plus
tendre jeunelfe.
A u rel1e, _ils_ étoient rres -attachés
a
la
propreté , en
eela
ti
deles tmttateurs de leurs
pr~tres
qui,
le
Ion H éro–
dote, ne palfoient pas plus de trois jours fans fe rafer
le corps,
&
qui, pour pré venir la vermine
&
les effet s
des corpufctlles empellé<, qui pouvoienc s'exhaler des
malades qu'ils approchoient, étOÍCilt vetus dans les foA–
élions de leur miniflere d'unc toile fine
&
blanche. N ous
lifons encore dans le
m~
me aureur, que c'éro·t la cou–
tume uoiverfelle chez les
E~yptiens d'~tre
prefque nuds
ou légerement couverts, de ne lailfcr croitre leurs che–
veux que lorfqu'ils étoient en pélerinage , qu'ils en avoient
fait vceu, ou que qnelq ues e tlarnités défuloient le pays.
Cent ans ap•es M ·>"tTe, qni vivoit
If30
ans avam la
nailfance de JeCus·Chrill, M élarnpe, tils d'Amythaon
&
d'Agliide, palfa d' .'l.rgos en
E~ypte,
ou
il
s'tnflrui–
fit dans les fciences qu'on y cultivoit,
&
d'ou il rappor–
ta dans la Grece ce qu'il avoit appris de la théologie des
Egyptiens
&
de Jeur
médui>u,
par rapport ii
laquelle il
y
a trois faits
~
remarquer. Le premier, c'efl qu'il guérit
de la folie les tilles de Pra:tus, roi d' Argos, en les pur–
geant avec l'ellébore blanc ou noir, dont il avoit décou–
'Vert la verru cathartique' par l'effet qu'il produi[oit rur
fes chevres apres qu'elles en avoient broUté. L e fecond,
t:'etl qu'apri:s leur avoir fait prendre l'ellébore, il
les
baigna dans une fontaine chaude. Voilii les premiers bains
pris en remedes,
&
les premieres purgations dont
il
Coit
fair memion . Le troifleme fait concerne l'tr¡:onaute lphi–
clus, fils de Phtlacus. Ce jeune homme, cbsgrin de
n'avoir pas d'enfans , s'adrelfa ii Mélampe , qui lui er–
donna de prendre pendant dix jours de lo rouille de fer
daos du viu,
&
ce rem:de produiflt tout l'etfet qu'on en
~trendoit :
ces trais faits nous fuggereot deux réflexions .
La premiere, que la
Mlduiu<
n'étoit pa. alors auffi
imparfaite qu'on le penfe communément; car,
(J
nous
confidérons
le~
propriétés de l'ellébore'
&
rur-tout de
l'ellébore noir dans les maladies particnlieres aux fem–
mes,
&
l'efficacité des bains chauds
~
la fuite de ce pur–
J(atif, nous convie ndroos que les remedes étoient bien
fagement prefcrits dans le cas des filies de Pra:tus. D'ail–
leurs, en fuppofant, comme il efl vrailfemblabte, que
l'impuilfaoce d' lphiclus provenoit d'Ún relachemeot des
folides
&
d'une circnlation languilfante des flu ides, je
crois
~ue
pour corriger ces défauts en rendont aux parties
Jeur élallicité , des préparatioos faites avec le fer étoient
tout ce qu'• vec les connoitfances modernes on auroit pu
ordooner de mieux .
2°.
Quant aux iucantotions
&
aux
ch" m<s dont on accure M élampe de
s'~tre
fer vi, il faut
o bferver que ce manege efl auffi ancien que la
Mldeci–
"', &
doit Vr1ilfemblablement [a nailfance
ii
la vanité
de ceux qui
l'exer~oieot' ~
a
l'ignorance des peuples
a
qui ils avoient
affair~ .
Ceux·ci Ce lailfoient perfuader par
cet artífice, que les M édtcins étoient des hommes pro–
rtgés
&
favorifés
du
ciel. Q ue s'eofuivoit-il de ce pré–
jngé? c'ell qu'ils marquoient en tout tems une eXtreme
vénération pour leur perfonnes ,
&
que daos la maladie
ils avoient pour leurs ordonnances tollte la docilité pof–
fible . L'oo
commen~oit
l'incanration : le nplade prc–
noit les porioos qu'on lui prefcrivoit comme de$ chofes
elfemielles i la cérémonie: il gqérilfoit,
&
ne manquoit
pas d'attribuer au eharme l'efficaciré des remedes.
L'hitloire nous apprend que Tqéodamas, fils de M é–
lampe, htrita des connoil!ances de foo pere,
&
que Po–
lyidus, petit-fils de Mélampe, fuccéda
:l
Thépdamas
daos la fondion de médecit\: n¡ais elle ne nous dit ríen
de leur pratique.
Apres Théodamas
&
Polyidus, le ceotaure Chiron
exer.yachez les Grecs la
MIJuifl<
&
la Chirurgie; ces
deux · profeffiqns ayant
ét~ lon~-1ems
réunies. Ses talens
fuptrieurs daos la
mldetin(
de
r~omme
&
des befliaux'
donnerent peut-ltre lieo aux poetes de feindre qu'il étoit
m oitié homrne
&
moitié animal :
11
parvim
~
une extre–
me vieiltelfe,
&
qu~lq_ues
citoyens poilfaos de la Grece
Jui confieretlt t'éducattor¡ de leurs enfans . Jafol"! le chef
des Argonautcs, ce héros de tatH de poemes
&
le fujet
de tam ele
f~btes,
fur élev-é par Chiron.
Hercul~
r¡Qn
m oins célebre fut encore de fes éleves . Un troilieme
difcip1e fur ,.l).riflée,
q~i
parojt avoir
alf~z
bie'? connlJ
les produclions de la
n~ture,
&
les avotr apphquées
~
ele
noull'eaux
iú¡¡ges
¡
il
paffe
pour
~vojr iovem~
.l'art
MED
d'extr!lire t'huile des olives, de rourner le lait en froma–
ge,
&
de recuoillir le miel . M. le Clerc luí :m ribne de
plus la découverte du lafer
&
de fes propriétés. Mai'
de tous les t leves de Chiron, aucun ne fut plus profon–
dément inflruit de la Ccience médicinale, que le grec.
Ef~ulape
qui fur mis au nombre des dieux,
&
qui fut
trouvé digne d'accompagner daos la périlleufe enrreprife
des Argonao!es , cene troupe de héros
a
qui l'on
a
don–
né ce no
m.
17oya:. fun articlc
au
mot
M
E'
o
e:
e
1 N.
Les Grecs s'emparerent de Troie
70
ans apri:s l'erpé–
dition des Argonames,
1194
avaot la nailfance de Jerus–
Chrifl,
&
la fin da cette
~uerre
ell devenue une époque
fameufe dans l'hifloire . Achille qui s'ell tant
illuflr~
a
ce fiege par fa colere
&
fes ex plous, élevé par Chiron,
&
conféquemment
iuflruit dans
la
M ldecine,
inv~ma
lui-m~me
qnelq•1es remedes . Son anti Patrocle n'étoit
pas fans doute
i~noram
daos cet art , puifqu' il pan[> la
blelfure d' Euripilc: mais on con<roit b;en que
Podalir~
&
M achaoo, ti ls d' E fc ulape ,
furpalferent dans cette
fcience tous les G recs qui affi tlerent au
lie~e
de Troie.
Quoiqu"Hornere ne les
emploi~
Jamais qu'a des opéra–
¡ions chirurgicales, oo peut conjcéturer que nés d'uu
pere tel qu'Efculape,
&
médecins de profeffi ou ils n'igno–
roienr ríen de ce qu'on ravoit alors en
Jl1édtúnt.
Apres la mart de Podalire, la
M ldeciJu
&
la Chirur–
gie cuh ivées fans interruption dans
r~
famille' firem
d~
(i
grands progres fous quelques-uns de Ces defcendans ,
qu'Hippocrate le dix-feptieme en
tigne direéle, fur e[)
état de pouffer ces deux fciences
a
on poiot de perfe-
ttion furprenam .
'
Depuis la prife de Troie jufqu'au tems d'Hippocrate,
l'anuquité nous offre peu de fait; nuthentiques
&
relatifs
ii
l'hifloire de la
M Idee;,,.:
cependant, dans ce loag in–
tervalle de terns, les defcendans
d'Efculap~
contiouerem:
fans doute leur attachement
a
l'étude de cene Ccience.
Pytha~ore
qui vivoit,
a
ce qu'on croir , daus la foixan–
tieme ol ympiade; c'efl-a-dirc,
f lO
ans on
enviran
avant
la nailfance de Jefus-Chritl, aprcs avoir épuifé les con–
noi!fanccs des pretres égyptiens, alla chercer la fcience
jofqu'aux lndes: il revient eufuite
a
Sa[JlOS qui palfe pour
fa patrie; mais la trouvant rous la domination d'on ty–
ran,
i1
[e
retira
il
C rotone, ou
il
fonda la plus célebre
des écoles de l'antiquité. Ce! fe alfure que ce philofophe
Mta
les progrcs de la
Mldu;,u;
mais , quoi qu'en dife
Celfe,
il
parolt qu'il s'occupa beaucoup plus des moyeus
de conferver
la
Canté que de la ré tablir ,
&
de pré "enir
les maladie¡ par le ré¡;;me que de les guérir par les re–
medes.
11
apprit fans doute la
Mllui~<
en Egypte, nuis
il eut
la fotblelfe de d•mner dans le<
fuper flirions qui
jufqu'alors avoient infeét é cene
Cci~nce;
car cet efprit
domine dans quelq ues
fra~ mens
qui nous reilenr de luí .
Empédocle, Con difciple, mérire plus d'éloges . On
dit qu'il décon vrit que la pefle
&
la famine, deux fiéaux
qui ravageoient fréquemment la Sicite, y étoient l'effet
d'un vent du midi, qui, fouf!lant conriouellement par
les ouvertures de certaines
monta~nes,
infeéloit l'air
l!r.
féchoit la terre; il confeilla de fermer ces gorges,
&
tes
calamités difparurent. On trouve dans un ouvrage de
Pl¡¡tarque, qu' Empédocle connotlfoit la merno¡·ane qui
tapilfe la coquille du
lima~on
daos l'organe de l'ouie ,
&
qu'il la
reg~rdoit
co:nme le poiot de réunion des fóns
&
l'organe immédiat de l'ouie . N ous n'avons aucune
raifon de croire que celle belle dtco uverte aoatomique
ait éré faite avonr loi. Quanr
a
fa phyfiologie , elle n'é–
toit peut-etre gqere
mi~ux
raifonn ée .que celle de
Con
maitre ; cependant, par une conjeéture auffi julle que dé –
licate, il al!ura que les
~raines
dans la plante étoient
an•logues au x ce ufs dans 1ani mal, ce qui fe trouve coa–
firmé par tes expériences des moderues.
Acron étoit compatriOte
&
conremporain d'Empédo–
cle: j'en parlerai au
mot
M ÉDECI SE.
Alcméon, autre dJfciple de Pythagore,
[e
livra rout
entiér
a
la
M lduint,
&
cultiva li Coigneufemenr l'ana–
tomie, qu'on l'a
foup~onné
de connoitre la communi–
cation de la bouche avec les oreilles, Cur ce qu'il afiura
que le chcvres refpiroieot en partie par cet organe.
Apres
~vqir
expo(é les premiers progres de la
M !d<–
,;,. en Egypte
&
daos la Grece, nous joueroos un coup
d'reil fur l'état de cette Ccienee clíez quelques aotres pcu•
pies de l'añtiquité, avanr que de pa!fer au flecle d'Hip·
pocrate, qu j do!t attirer tous nos regareis.
Les anciens H ébreux, flu pides, Cuperfli!ieux , Céparés
des autres peqples, ignora
m
dans l'tmdc de la
p~yflq_ue ,
incapables de recourir aux cao[es naturelles, aunbument
toures leurs matadies aux
mau~ais
ef.prits, exécureurs
de
la venaeance 'célefle: de-li vient que le roi
A!3
ell
bl~·
mé
d'a"voir mis [a confiance aux mcdecins , dans les dou–
~eurs
de 13 goutte aux piés dont
il
é.toit
~aqué .
L3
~~-
.
Pre