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LYR

rfmficicn tenoit de la main droite. Anciennemeut on ne

jouoit point de la

/)'re

fans

plellr::un ,

c~étoit

manqucr

a

lo bienféance que de

lo

toucher avec les doigts;

&

Plutarque, cité par Henri Etienne, nous apprend que

les Lacédémonieus

n1irent

a

l'amen-de un joueur de

IJ·–

re

pour ce fojer. Le premier qui s'affranchit de la fer–

vitudc du

pleE!rum

fm uu certain Epigonc, au rapport

de Poll ux

&

d' Athénée.

JI

p1roit par d'ancíens monumens

&

par le témoi–

gnage de quelques auteurs, qu'on touchoit des de-ut

xnains certaines

ly_res,

c'en-3-dire

qu'on en pin<;oit les

cardes avec les doigts de la main gauche, ce qui s'ap–

peHoit

jouer en-dedans,

&

qu'on frappoit

ce~

mCmes

cardes de la maio droite armée du

plellrum

ce qui s'ap–

pelloit

jouer en-dehors .

Ceux qui jouoient fans

pleélrm1~,

pouvoient

pincer

les cordes avec les doigts des deux

mains. Cette maniere de jouer étoit pratiquée for la

ly–

,.e

Cimple:

pourvu

qn'e11e ellt un

nombre

de

carde¡

fuffi fant'

&

encore plus fur la

lyr•

a

double cordes .

.Afpendius, nn des plus fameux joueurs de

lyr.

drmt

l'hiflo•te

fa.Ue

mention, ne fe !ervoil que de< doi¡;ts de

)a malo gauche pour toucher I\!S cordes de cct infirn–

ment,

& il

le faifoit aNec tant de délic:ueffe,

qu'il

n'é–

toit prefquc entendu que de lui-méme; ee qui tui

fit

ap–

pliquer ces mors,

mihi

&

fidibuJ

Gallo,

pour marquer

qu'il nc jouoit que pour fon uniqllc

plaifir .

Toutes ces obfervations que je tire de

M.

Bnrette

fur la lhuélure, le nombre des cordes,

&

le jeu de la

lyu,

leconduifem

~

rechechcr quellc fortc de coucert

pouiVoit s'exécllter par un fenl intlrumenr de cene efpe–

ce; mais

je

ne puis le fuivre dans

ce

p,enre de détaiJ.

C'efi afrez de dire

ici

que la

lyr~

a

trois ou quatre cor–

des n'étoit fufceptible d'aucune fymphonie; qu'on pou–

voit fur le pentacorde jouer d.eux parries

i

la tíerce l'n–

tle Je l'autre; enfin que plu• le nombre des cordes fa

multiplioit fur la

lyr•,

plus on trou"oit de facilité

il

compofer fur cet inC!rument des airs qui filfent entcn–

dre en

m~me

rems diffórentcs partics. La quetlion efl

de !hoir li les anciens ont pro6té de cet avantlge,

&

je erais que s'ils n'en tirerent pa.s d'abord tPut le pnni

poffible , du-moins il$ y p.rvinrent merveilleufcment dans

la

fuite.

De-13.

vient

que les

poeres

n'entcndent autre Cl¡ofe

p::tr

1":

/yr<,

que la plus belle

&

la plm tonchante harmo-

11Ie. C'clt par la

lyr•

qo'Orphée spprivoifoit les bé<Cs

f:u ouchts.

&

enfevoir les

bois

&

les rochcrs, c'efi par

elle qu'il enchama Cerbere, qu'il fu[pendit les toormens

cl'Ixion

&

de'i

D :maYdes; c'c:fi encere

p1r

elle qu'il tou·

e

ha l'in6<orable Pluton, pour tirer des enfers la char–

rnantc Enridice.

t

uffi l'auteur de Téléonaqne nous dit, d'apres Ho–

mere,

que

lnrfquc

le

prétre

d' Apellan

prenoic

en main

La

lyre

d'ivoll'e, les ours

&

les lions venoient le ftatter

&

lécher fes piés; les fatyres fortoient des forets , pour

daofcr 3Utour de lui; les arbres

me

me paroiil"oient émns?

&

vous :turitz cru que le -rochers attondris alloient dc–

fcendre da

ha~n

des momagnes aux ch:umes de fes dout

~C!cens;

ma1s

ti

ne chantoit que la grandeur des dieux,

la vertu des héros

&

le mérite de; rois, qui [onl les

peres de. leurs peuples.

L'anc1enne tragédie grecque fe fcrvoit de la

/yu

dans

íes chce_urs. Sophocle en jo11a dans fa p1ece nommée

Thamyn¡,

&

cet uf.1ge fubfi tla rant qne les

chceurs

con–

fervcrent Ieur fimplicité grave

&

majeflueufe.

Les anciens mooumens de (latues, de:: bas-reliefs

&

de médailles nous repréCement pluficurs figures diff<!–

rentes de

J)'re,

montét:s

depuis trois cardes jufqu'3. vingr,

~lon

les chongemens que les Muficiens firent

a

cet in–

lUU!nent.

A

mmien Marcellin rapporte que de fon

r.ms,

&

cet

aute_ur

v ivoír daos le iv. fiecle de

1\~re chr~denne,

il

y

avon_

des

lyreJ

auffi grofrt:i que des chaifes roolantes:

Fabrtcantu.r

lyr::e

ad .fpeciem

carpento.ru

'!':

inge1Jt.n.

E~

l'lfet' il paroit que des le tems de Qum11hen, qm a écm

de~x

fiecles

avant

Ammien Marcellin, chaquc

fon

avoic

d~JJ

fa carde particulíerc dans la

lyre.

Les muíiciep.s,

e ell

Qoimilien qui parle, ayant divifé en cinq échelles,

do m chacuuc n plufieurs degrés, tous les fons qu'on

pent tirer

de la

fJ_•re,

i1s

ont

placé entre les cardes qui

donnem k s

premiers tons de

cha~une

de ces échelles,

d':1urres cordes qui rendent des

fon~

iotermédiaires,

&

ces cardes nnr

été

ti

bien n1ultipliées, que, pour pallCr

d' une des cinq maitrelres--cordes

3

l'autre, il y a aurant

de cordes que de

deJ~rés.

On fait que la

lyrc

modcrue efl d'une figure appro–

chame de la viole, a\·ec cette différence , que fon man–

che efl beaucoup plus large, auffi-bien que fes touches,

farce qu'elles fom couve¡tes de

quin~e

cordes, doot les

LYR

fh pren.íeres ne font qne trois nngs;

&

fi

on \'Ouloir

do;,ó!er ch1.quc r:mg comme an luth , o n :mroi[ vingr–

deux cordes; mais bien loin qu'on

y

fong(!, cec innru–

meut efl abfolument tombé de mo:ie.

11

y a ccpendant

des geos de go Ot, qui prétendcnt que, pour la puilfnnce

de

l'expreffion fur le ft:miment, le claveffin

m~mc

doit

tui cédcr

CC[[C

gloirc.

lis difenl que la

lyr<

a fur le daveffin les avantages

qu'on r

des

c::«preffions non-interro mpues fur

ce:Ics yul

font ilolécs. Le premier fon de la

lyr•

dure encore

lorfque le fecond fon com1ncncc; 3 ce fecond foo

¡¡

s'en ;oint un troificme,

&

cous ces f<Jns fe fonr

eot~n­

dre en

m

Eme lems.

11

efi

vrai QUe, fans beaucoup de

fcicnce & de délicatelfe, il efl tces-diilicile de porter

a

l'ame l'impreffion puilfame de cette unían de fons con–

f>lfe; & voila ce qui peut avoir dégradé la

lyr•:

mnis

il n'cn étoit pas vrailfemblablemenl de meme du jeu de

Terpandrc, de Phrynis

&

de Timothée; ces grands mai–

rres ponvoient,

par

un fa:vant emploi des fans continus,

mom·oir le& relforts le& plus fecrets de la feofibilité .

e

o.

:n

LYRIQUE, (

Lytt!r.)

chofe que l'on chantoit ou

qu'on jouoit fur la lyre, la cithare ou la harpe des an–

den&.

Lyriquc

fe dit plus pnrticulicrcmem des ancienneGode•

ou flances qui répondent

~

nos airs ou chanfons. C'efl

pour .:ela qu'on

a

appellé les odes

polfia lyriqucs,

par–

ce que quand on les chantoit, la lyre accompagnoit la

voix.

Voycz

On>: .

Les anciens étoient grands admirateurs des vers Iyri–

ques,

&

ils donnoient <te nom, fclou M. Barnés,

a

lous los vers qu'on pouvoit chanter fur la lyre.

Voyn;

VERS.

On cmploia d'abord la poefie

lyrit¡su

a

aélébrer les

louauges des dieut & des héros.

Mufa dedit jidib11s di–

'l.IOI

puerofque

d~orum,

dit Hornee; mais eufuite on l'in–

trodHifit pour chanter les plaifirs de la table,

&

ceux do

l'amour:

&

juv~nttm

e11ras

&

libravina

r~f~rr~,

dit

encore le

m~me

auteur.

Ce ferolt une erreur de croire avec les Greos qu'

A–

nacréou

~n

ait été le premier :luteur, puifqu'il paroit par

I'écriture que plus de mille ans avant ce poete, les Hé–

hrenx éto:ent

en

pnlfeffioo de chnnter des cantiques au

fon des harpes, de oymbales

&

d'~utres

inflrumens.

Quelqucs auteurs ont voulu exclure de la poélic

lyri–

que

les (ujets héroYques, M. Barnés a mootré contrc

eux qne

le

genre

lyrit¡ttc

efl fufceptible de tome l'élé–

vatioo & la fublimité que ces fujets ex igent. Ce qu'il

confirme par des exemples d' Alcée, de 5téfichorc

&

d'Horace, & enfin par un elfai de fa

to~on

qu'il a mis

a

la tlte de fon ouvrage fous le titre

d'Od•

triomphal•

au duc de Marlboroog.

11

6nit par l'hiOoire de la poéllll

lyrirru,

&

por celle des anciens auteurs qui

y

om ex–

cellé .

Le

caraaere de la poéfie

lyrit¡11•

efl: la noblelfc

&

la

douceur;

la

noblelfe, pour les fujets héro"lques; la dou–

ccur, pour les fujets badins ou galaos; car elle embralfe

ces deux genres, comme on pcut voir

au mot

ÜDE.

Si la maJeflé doit domioer dans les vers héroYqueo¡;

la limplicité, dans les pnflorales; la tendrelfe, daos l'é–

légie; le gracieux

&

le piquant, dans la f.1tyre;

la

plai–

fanrerie, daos le comique; le pathécique, dans la cragé–

dic; la pointe, dans l'épigramme: daos le

lyri'lu•

le

pocte doit principalement s'appliquer

a

étonner l'efprit

par le fublime des chofes ou par celui des fentimens,

ou

a

le flauer par la douceur

&

la varielé des images'

par l'harmonie des vers, par des defcriptions & d'autres

6gures fteuries, ou vives & véhémentes, felon !'exigen–

ce des fujets.

Voyn

ÜDE.

La poéfie

lyritf'«

a de toul lems été faite pour

~rre

chantée,

&

telle efl celle de nos opéras, mais fupérieu–

rement

ii

toure autre, colle de Quinaulr, qui femble avo\r

coonu ce genre iofinimenc mieux que ceux quí l'ont

précédé ou fuivi. Par conféquent la poéfie

lyriqtu

&

la.

mufique doivem avoir entre

elle.s

uo rapport imirne,

&

fondé dans les ehofes mEmes qu'elles ont I'une

&

l'au–

tre

a

exprimer. Si cela efl, la mufique étant une

ex–

preffiou des femimens du cceur par les (on•

inarticulé~,

la poélie muficale ou

lyriqru

efl I'expreffion des fenu–

mens par les fons articulés, ou ce qui efl la

m~

me chofe

par les mots .

M. de

la

Mothe a donné un difcoors for I'ode, o u

la "poófie

lyriqu•,

ou parmi plufieurs réflexions ingénieu–

Ces, il y a peu de priocipes vrais fur la chaleur ou l'eu–

thouliafmes qui doil etrc comme l'ame de la poéfie

ly–

riyuc. Voyn

ENTHOUStASME

&

ÜDE .

LYRNESS.E,

(G!og. anc.) Lyr•cffiu,

e~

grec

A~,,~rru,

villc d' Afie dans le territoJre de TroJe : le

ehamp