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n8

LAC

Dans ce't'te république l'oifi veté des jeunes gens étoit

1nife au rang des fautcs copitales , tandi• qu'on la rcgar–

doit comme une marque d'honneur dans les hommes

f•its ; car elle fcrvoit a dilcerncr les maltres des eída–

vcs: mais avant que de goüter les douceurs d

u

repos,

il fal loit

s'~tre

continnellement c>ercé dans

la

Jenndfe

A

la lutte,

a

la courfc, au íout, anx combats, aux évo –

lutions militaires

A

la challe,

a

la danfe,

&

m~

me aux

petirs brig•ndages'. Ou impofoíc quelquefois

a

un enfant

un chitiment ·bien. fingulier: on

roor~oit

k

doigt

a

c.e.–

lui qui avoit failli: Hc!Cychius vous dtra les noms d!l·

férens qu'ort donnoit aux jeuncs gct1S, li:lon l'ordre de

l'age

&

des exorcices, je n'ofe entrer dans ce genre de

détails.

Les pcres , en eenaios jours de fctcs, faiíoicnt cni–

vrer lettrs e[claves,

&

les produifoient dans cer

~tat

mé–

prííable devant la .jeunelte de

L_acldémonf,

alí~

de

la

préferver de la débauche du vm,

&

lm eofetgner la

venu par les défams qui lui fonc oppofés; comme qni

voudroít faire :1dmirer le< beautés de la nature, en mon–

uant les horreurs de la nuit.

Le larcin étoit permis aux enfans de

La<lá!mo>u,

-¡>our lenr donner de l'adreffe, de la ruíe

&

de l'aéli·, í–

tt!,

&

c'éroit le mémc uíage che1. les Crétois. Lycur·

gue, dit Montagne , conCtdéra

an

!arein,

h

vivaciré ,

dilígence, hardielTe , enf¡,mb1e !'milité qni reviene au pu–

blic, que chacun regarde plus ouríeu(ernent

ii

la con–

fervation de ce qui efl' fien;

&

le législateur efl'ma que

de certe double in!litutioo

ii

affaillir

&

a

défendre, il

s'en tíreroit du fruit pour la fcíence milítaire de plus

grande con!idératlon que n'étoit lo defordre

&

l'ínju!lice

ae íemblables vols, qui d'ailleurs ne pouvoient coofifl-et

qu'en quelques volaillcs ou légumes ; cependant ceux

quí étoíent prís fur le faít, étoient chhiés pour kur

mal-adrelfe.

lis craignoieot tellement la honte d'étre déconvert<,

qu'un d'eux ayant volé un petit renard, le cacha f<>us

fa rohe,

&

foufFrit, fans jetter un feul cri, qu'íl luí

dé–

ehidt le vcntre avec les dents jufqu'a ce qu'il tomba

mort fur la place. Ce falt oc doit pas parottre íncroya ·

ble, dit )?lutarque,

a

ceux qui íavent ce que les enfa ns

de la meme vílle font encore. Nous en avons vu, éon·

tinue cet hi!lorien, expirer fous

les verges, fur l'autel

de

Diane Ürthia, fans díre une íeule parole.

Cicéron avoít auffi été témoin du fpeébcle de ces

enfans, qui pour prouver lenr patience dans la douleur,

fouffroient,

a

I'age de fllpt ans, d'étre fouettés ]Ufqu'au

j

fang, fans altérer leur vtíage. La coutume ne 1':1uroít

pas chez nous emporté fur la nature; cur notre juge–

ment empoifonné par les délices, la molleffe, l'oiíiveté,

la Ucheté, la pareffe,

non~

l'u,•ons pervertt par d'hon–

teufes habírudcs. Ce

n·~n

p as moi quí parle aínfi d.- ma

natíon, on pourroit s

1

y .tromper

i\

cette pcinture, ciell

Cicéron lui-meme quí porte ce témoignage des Ro–

mains de fon fieele;

&

pour que perfonne n'en dome,

1'0Íci

fes propres rermes :

nus Hmbris

delitii..r,

otio, ian–

guore,

dif,diá,

1211imum

i,fecimus,

maloqtte

more

deli–

llitrun, mollivimru.

Tnfc. quretl.

li·ll.

V.

ctJp. xxvij.

Tclle cltoit encere l'éducatíon des cnf.1ns de Spartc

f¡u'clle les rendoit propres aux travaux

les plus rudcs .'

On formoit leur corps aux riguenrs de toutes

les fai–

fons; on les plongeoit dans

l'eau froide pour les en–

durcír aux fatigues de la guerre ,

&

on les faifnit cou–

cher for des rofeaux qu'il s étoient obllgés d'allcr arra–

cher

d~ns

l'Eurotas, fans autr-e ín(lrument que leurs feu–

Jes mams .

Ou reprocha pnblíqucmcnt

a

un jeune fpartiate de

~'étre

arrété pendant l'orage [pus le couvcrt d'une mai–

fon, camme auroít fait un cíclave.

11

éroit lmnreux

a

la jeunelfe d'étre vue fo¡¡s le cquvert d'une autre tolt

que celui du cíel ,

qu~lque

tems qu'il fit. Apres cela

pous c!tonnerons·nous que de tcls cnfans devinífcm

de~

nommes li forts, li vígoureux

&

li courageux

~

L acldt!mone

pendant envíroo fept Ctecles n'eut poiut

d'autres murailles que les bouoliers de fes foldats o'é–

toit encore une infiitution de Lycurgue :

,

Nou~

ho–

~,

norons la valeur' m:tis bien moins qn'on nc

f:lifoit

a

,

Sp~rte;

a_um o'·éprou-vons-nous pas

a

l'afpeél d'une

,

vtlle forufiée, le fentiment de méprís dont étoienr

, affeélés les Lacéd€moníens. Quelques-uns d'eux paf-

fant fous

l~s

mursde Corinthe; quellcs fcmmes, de–

" manderent-Jis, habaent cette ville?

Ce

[ont

leur ré–

pond!t·on, des Corinthíens: N e [avent-íls p;s, repn–

" rent·tls,

~es

hommes vils

&

13ches, que les feuls

remparc_s •mpénéttables a l'ennemi, font des citoyens

, 1

déterm!!'és

a

la mort_,i Philíppe ayant écrit aux Spar–

uates, qu

•!

empechcma lcurs emrcprifes: Quoi! nous

empé<;h~roJs-tu

de mourír, lui ré¡:.ondireot-ils? L'bifioíre

L.A

e

de

LtrcMimon•

en pleine de pareils traits ; elle cfi tout

miraele en ce genre.

]

e fc;:ais, comme d'autres, le prétendu bon mot du

[y

barite, que Plutarque nous a conícrvé dans Pélopi–

das. On lui vantoit l'intréprdíté des L acédémonieos

a

•ffronter

la

mort d:tns les périls de la guerrc . Dequoi

s'étonne-t-on, réponJ

it cet hom

me voluptucux, de les

vo:r chercher dans les

comb.us

une mort qui lts déli–

vre d'une

vje

miférab

le . Le f

ybarite fe

trompoit; Ull

fpartíatc ne menoit point une trille vie, une vie míféra–

blc; il oroyoit feulcmtnt que le bonheur ce confi!le ni

3

vivre ni

a

mourir,

mafs 3

faire J'.nn

&

l'autre

3VI!'C

g)oire

&

avec gaieté. ,

u

n'étoit pas rnoins doux

a

un

,

lacédémonien de vívre

a

l'ombre des bonnes lois,

, qli'aux Sybarires a l'ombre de Ieurs bocages . Que

,. diS·Je! Dans Su1.e

m~me,

au milieu de la mollefie,

,

le lpartiate ennuyé foupiroít apres íes groffiers fefiins,

,

feuls conveoables

a

Con

tempéramcnr , .

H

foupíroit

apres l'ín!lruaion publique des falles quí nourríffoít Ion

efprit; apri:s le• fatiguans exercices qui

conr~rvoient

fa

íamé ; apres f.'l femme, dont les fa vcurs étoicm toujours

des phifirs nou veaux; enfin apres des jeux dont ils fe

délaffoienr

3

la guerre.

Au moment que les Spartiares enuoiem en campa–

gne, leur vic étOit moins

pénibl~.

lenr nourriturc plus

Mlicate,

&

ce

quí les wucfioit davamage, c'étoit

le

moment de Ñiire hrillcr leur gloíre

&

leur valeur. Ou

letn permertoit

a

l'urm~e,

d'embellir lcurs habíts

&

leurs

armes, de parfumcr

&

de treffer leurs longs cheveux.

Le jour d'une bataille, ils couronnoíent leurs chapeaux

de tleurs. Di:s qu'ils étoient en préfence de l'ennemi •

leur roi Ie mettoit

ii

leur tete, commandoit aux joueurs

de tlüte de jouer l'air de Cafior,

&

entonnoit

luí-m~

me

l'hymue pour

li¡~;n:1!

de

la

charge. C'étoit un

ípefta–

cle admirable

&

terrible de le< voir 's'avancer

a

l'enoemi

au ron des fintes,

&

affronter avec ínttépidité, fans ja–

mais rompre leurs

ran~s,

toutcs le• horrcurs dll trépa .

Liés par l'amour

de 111

pntrie, ils périlfoient tous en–

femble, on revennient viél:oricux.

Quelqucs Chalcidiens arrívant

Laddl mone,

allerent

voir Argiléonille, mere

de

Bralida; , qui venoit d'i'tre

tué en les défendant conrre les Athéhiens. Argiléonide

lcur demanda d'abord

les !armes aux yeux,

li

íon fits

éwit mort en hom me de cretH,

&

s'íl étoit digne de

fon pays. Ces

étran~ers

pleíns d'ad mírarioo pour Bra–

fidas, exalterent fa b!lllvoure

&

fes exploits, Jllfqu'a dí–

re que dans

S

parte, íl n'y avoit pas Con égal. Non,

non, repartit Argíléoníde en les interrompant,

&

ell

elfupnt fes !armes, mon fils étoít, j'eípere, digne de

fon pays, mais fache7. que

S

parte

err

picine de fujctS

qui ne lui cedent

~point

ni en verrn ni en conrage.

En etfet, les aélions de bravoure des Spartiates paf–

fero!ent

peut-~tre

pour folles,

G

elles n'étoicnt conf.1 -

crées par l'admíratíon de tous les

(jecles. Gette auda–

cíeuíe opíniatreté, qui les rer¡doír invincibles, fut tou–

jours enrretenue

P"

leurs héros, qui f.woient bien que

trop de prndeuce émouffe la force du

coura~e,

&

qu'un

pcuple n'a poínt les venus doot

ll

n'~

pas les fcrupu–

les. Auffi les Spartíates toujours

imp3tiens de combat–

tre, fe précípítoient avcc fureur daos les bataillons en–

nemis,

&

de toutes parts envíronnés

de

la mort , ils

n"cnvífageoíent autre chofe que la gloire .

Jls inventerent des armes qui n'étoient faires que pour

eux ; m:tis leur difciplíne

&

leur vaíllance produiíoient

leurs vérítables forces. Les autres peuples, dit Séneque,

couroienr

:1

la viéloíre quand !ls

la voyoíent cerraine;

mais les Spartíates couroient

:1

h

mort, quand elle étoit

affurée

¡

&

ii

ajoute élégamment,

turp• efl <Hilib•t

fu~

giffc,

Laconi

vero

deliberaffe;

c'efi une honte

a

qui

que ce foít d'qvoir pris

la

fuite, maís c'en e!l une

a

un lacédémonien d'y avoír feulement fongé.

L es érrangers alliés de

La<ld!mo!te,

ne lui detpan–

doíent pour routenír leurs guerres, ni argeot, ni vaif–

feaux, ni troupes, íls ne lui demandoient qu'un Spnr–

tiare a la

!~te

de leurs armées;

&

qu3nd ils

l'ovoient

0btenu, íls lui rendoíent avec une entiere foumiffion too–

tes íortes d'honneurs

&

de re[peéls . C'ea ainli que les

Sicíliens obéirent

a

Gylíppe, les Chalcidiens

ii

Brafidas,

&

rous les Grecs d' Alic

ii

L yfandre,

it

Callicratidas

&

a

Agéfilas.

Ce peuplc belliquoux reprc!íentoit

toutes fes déi'tés

armées,

V

énus

elle·m~me

l'étoit:

armatam /7e>urem.

vidit

Lacedemona

;Fallas .

Bacchus qui par touc 2,illeurs

tenoít le tbyrfe

a

la main, portoír un dard

a

L acld!–

mone

.

Jugez fi les Spartíates pouvoieut manguer d'etrc

yaillans. lis n'alloíent jamais daos leurs temples qu 'ils

n'y trouvalfent une efpecc d'armée,

&

ne pouvoieutja–

mais prier les dieul ,

q~'en

!liCme ttms la dc!vatíon nc

veilli

t

leur

coura~e .

ll