LAC
nes. Apri\s
b
bataille de Leuétres, honteufes d'avoir
porté dans leur fein des hommes capables de fuir., cclles
donr les enfans étoient échappés au carnage, fe retiroient
au fond de leurs maifons, daos le deuil & dans le filen–
ce, lorfqu'au contraire les meres, dont les 615 étoient
m ons en combatrant, fe montroiem en public, & la
~~te couronnée de rlcurs, alloient aux temples en cendre
graces aux dieux. 11 efl certain qu'il n'y a jamais eu de
pays ou la grandetJr d'ame ait óté plus commune par–
OH
le bcau fexe. Lifez, fi vous ne m'en croyez point,
ce que Plutarque rappone de
D~méuia,
& de tant d.'au–
trcs Lacédémoniennes.
Quand elles avoient appris que leurs eofans vcnoient
de p¡!rir'
&
qu'elles étoient
a
port6e de vifiter leur
corps, elles y couroient pour exandnef
f¡
leurs bletrures
avoient été
re~ues
le vifage ou le dos tourné centre l'on–
nemi;
fl
c'étóit en faifant face, elles etruyoieut leucs lar–
m'es, & d'uo vifal\e plus tranquille, elles alloient inhu–
mer leurs fils dans le tombea\1 de leurs ancetres; mais
s'ils avoicnt été bleflés autrement, elles fe retiroient fai–
fies de douleur' & abandonnoient les cadavres
a
leud'é–
pulture ordinaire.
Comme ces
m~mes
,I.aeédémoniennes, n'étoient pas
moins
attaché~
a
leurs maris
qu'~
la gloire des enf.ans
qu'elles avoient m is au n¡o.11de,
leu~s marl~ges
étoicnt
rrcs·heureult. 11 e{l vrai
qu~
les
lo)~
de Lycurgue pu–
nitroient les ct!l ibataires, ce111 gui (e mario.icnt fur
l'~ge
svancé
1
&
m~
me ceur qui
f~ifolent
des ¡¡llfances mal–
atrorties; mais aprc> ce qtie no11S
·avo.nsdie des
charmc~
&
de la vertu ·des L acédémouienncs, 11 n'y avoit gue–
res moycn de garder le celibat aupres d'elles, & leurs
attraits
fuffifoiet~t
ponr faire de!lrer le mariage.
A1outez qu'il étoit interdit
a
cedx que la tacheté avoit
fait fauver d'une bataille, Et que! efl le Spartiate qui
eolt ofé s'expo.fer
a
cene doublc ignominie!
·
Enñn,
3,
moins que de te maricr, tous tes autres re–
medes c.omre'l'amour pour des femmes honneces, étoient
a
S
par~~
ou . dan'gereux ou rares .' Quiconque
y.
violoit
u,n,c tille, étoit Pl!.ni
~.e
mort. A l'égard. de l'adultc:re, il
ne til,ut que fe fo,uvenir du bon mor de Géradas. Un
\l,tranger demandolt
a
ce Lacédémon1en, comment oo
punitroit Ce\CC ·aa,ion,
a
Sp:irtc: Elle
y
en: inco.QOIIC, dil
G¡
~rad.as. Mai~
fuppo.fons l'événcment, répondi\ l'étran·
gcr ;"en ' ce éas, répliqua le Sp:¡¡-tiste, il faudroi1 qne le
conpable
~aY.itun ·
~aur~au,
d'une
(i
grande tallle, qu'il
pl\t bojre. ae' la,_ pointe du rnontTaygete dans· la riviere
d.'~y~oras.
Ma1s_, reprit {'é\ranger, vous ne fongez done
pas, qu'il. clt impo_ffible de former un
(j
grand raureau .
<;iéfadas fouriant;
m~is
vous ne fongez ·done p3S vous,
qu'il efi impoffible d'avoir une galanterie crimillelle avec
une femme de
La<t!Jimon• .
· •
· '
N'im~ginons
pas que les ·anciens auteurs fe contredi–
fent ~
quand ils' nous affi¡rent qu'on ne voyoit point d'a–
du,ltore
a.·
iparte,
&.
-:¡ue cependant un ·mari cédoit quel-.
<¡_u¡:tols fon,'lit nuptial
a
un homme de bonne-.inine pour
avoir 'd<s enfans robufles & bien-faits; les
Spaitiate~
"n'ap·
pelloieot poim cette ceffiÓn un
adtt/ter. . 1(
croyoic~
e¡
u¡: daos le partage
d~un
bien fi,
~récieux
,' le confente·
1]1Cilt
ou la_ répugnance d'un mari, fait 'ou détruit le,eri–
me, · & qu'tl en étoit de cette aélion comme d'un. tré–
for qu'un hÓmtne. donne qwlnd it'tui 'pla!t, mais qu'il· ne.
vciut point qu'on · tui ravitré. l>ans cette 'reti'copu:e.; la
fcmme ne t,ra)liffoit pas. (on époux; & co,mme: les per-.
formes intéTefféd
1
"ne fentoient point d'offenfe
3
ce.con–
tratLelles n'y trouvoietit ppinl de honre. Eñ un ·moc,
un acédémonkn ne íleinandoit point
a
fa femme. des
.oluptés, il luj
"dem~'ndbit
des
eni~uis
. · '
'
'
,Que.ces enfans devoiqnt
4t.reb~aux
1
Et co111ment
n'a~rote~t-tls
pbint été. te!$,
(j
on conGdere outre leur
Ort·
gine; tous les foins qu'on Y. apportoit ? L ifez, feulement
ce que ')e pacte Oppión en
:i
pub~é·.
Les Sf!artiates, dit–
il, fe p¿<fQadant que dans le
t~nis,
de la. 'conception,
l'imrt¡¡ina¡io!l' d'une, me¡e
'contribri~
aux beautés. de
!'en~.
fa~t,
quand elle. fe
reP,r~fente
des objets
agr~gbles ,
éta–
lotetH am: yeux 'de leurs époufes, les portraits des héros
les rnieux fuits, ceux · de' Callor
&
de ·I?óllux
~
du chnr–
maut. Hyacinthe', d; ApoJIÓn, de Bacchus, de Narcitre,
&
de' l'ii\COmparable N e'rée, roi de Naxe, qui au rap–
I?Ó(t
d:Homer~,
fut le plus beau des Grecs qui combat–
tirent devant Troye. •
·
' En vifage2 enfuit.; cambien des rnfa11s nés de peres &
meres' róbufles' chaCles
&
tempérans' devoient devenir
~ leu~.
tour fom & vig¡mreux! Telles étoient les infii·
tutions de L ycurgue , qu'elles rendoient ,toutes·
a.
procjui–
re e t cflct,. Philopre_men ; voulut contraindre les'. LAcé–
olémoniennes d'abandonner la nourriture de leurs enfaus,
pe.rf~a,~é
que fans' ce moyen · ;'ts auroient 'toujoür5 · une
~¡ne·.i\!ande
&
'le_
ceeo~
haut.'.
L~
gacdC$
m~~ne_de~ .da:.
LAC
127
mes de Sparte nQuvellement accouchées, étoient renom–
mées daos toute la Grece P''ur exceller daos les premiers
[oins de la Yie,
&
pour avoir une m:1nierc d'emnuillot–
ter les enfaus, propre
i
leur rendre la taille plus libre
&
plus
dég~gée
que par·tout ailleurs. A miela vine de
Lnddlmo>Jc
a
Athi:nes pour alniter Alcibiade.
Malgré toutes
les
apparences de la vigueur des enfans
les Spartiates les éprou VC)Ítnt encore
a
leur nai!Tance '
en les lavant daos du vin. Cette liqueur, felon leur o
pi~
nion, avoit la verru d'augmenter la . force de la bonne
con{litution, ou d'accabler la langueur de la m3uvai(c.
]e
me ra¡:1pelle qu'Henri
IV.
fut traité comme un ipar–
tiate. Son p<;r<> A,ntoine de BJurbou, apres l'avoir re<;u
des bras de la
fa~e-femme,
lui tit fucer une-gouffe d
'a.il,
& lui mit du vill daos la bouche.
Les enfans' q11i Cortoient hemeufement de cette épreu–
ve, (
4
l~on
eq voyoit peu, !ans doute, qui y fuccom–
baffent) avoient une portiqn des terres de la républi–
que, affignée pour leur fubfifiance, & jouitroient du droit
de bourgeoifie. Les infirmes écoient
expofl~s
i
!'aban–
don ; paree que feloo, llefprit des lois de Lycurgue, un
lacédémonietl ne na1troit ni pour
foi·m~me,
ni pour fes
pareos,
mai~
pour la répuhllque, dontll falloit que l'in–
térc!t fllt toujours préféré aux devoirs du fang. Athénée
nous ailure que de dix en <ljx jours, les enfans pafroient
en revue tous nuds devant les éphores ' pour euminer
fi leur fanté po,uvoit
rend(~
ií
la rt!publ1que le fervice
qu'elle en
attendoi~.
L.ac(dlmone
ayant, aveo une poignée de fujets,
a
fon–
teni~
le poids · dc;s armées de 1'.'\fie, ne dcvoit fa éon–
fervation qu'aux grands' hommes qui naitroient dans fon
fein pour la défendre; auffi toujours occupée du foin
d'en former, c'étoit fur les enfans que (e
~rtoit
la
principnle attention du gol\VernCJ11ent ,
1\
n'•erl done pas
étrange que lorfqu,'
Amipat~r
vim
il
dern~nder
cinquante
enfans. pour 6tages,
il~
\ur rép.o,n,dirent bjen d,ifftSremment
de ce que nous ferioHs
aujourd'h~i,
qu,'ils aimeroient
mieux lui donner le double d'hommes fa.its, tant lis e{li-
mokm la perte de l'éducation pub,lique
~
'
Chaque enfant de S parte avoit pour ami pa_rticulier un
autre lacédémonien, qui >'attachoit iotimement
a
luí ..
C'é.toit un Gommerce d.'efprit " de mneurs, d,'oíi.. l'om•
bre
m~me
du crñnc éroit bannie; ou comme dit le di–
vio P.l!lton, c'étoit une émulatioo de venu,
en~rc;
l'amant
& la pcr(oQne aimée .. L,'a
,qJ.at\t devoit avoir un .fojn con–
tinu.e~
d'infj>irer. des 'fentunen,s .de gtoire
~
1
1
objet de fon
' affetlion. Xéoophon comparoit )'ardeur & la modefiie
¡:le cét am?úr mutuel aux, en.chai.nemens. du creur qui
font entre le pere & les eofans .
. '
M~lheur
a
l'amant qui n'eM 'pas donné no
b~n
exem–
ple
~
Con
éleve,
&
qui ne
't'eíl~
p,as. corrigé de fes fau–
te
!
Si l'enfam vient
a
failtir; dít a_;..,n, opte. pardon–
ne :\ la foibletre de
·¡·a~e,
mais la peine tombe fur fon
rurenr, 'qoi
d~
·ob¡iaé. d'etre le gar:im- aes fJut s du po–
pille qu'\1 chérit. Plutarque rapporte que d·.\OS les com–
bats.
a.
om.ra,nce que ·les enfans faifoient. daos te. Platnoi–
fle,
il
y
'en. eut un qui laitra échapper une plainte
in.di-
. gne d'un laéédémo.nien,, fon amam. fut su ffi¡óc copdam–
né; en l':iménde. ' Un autre 'autenr ajonte, que fi. quel-
1
qli':uriant vCmoit
a
Conce'Yoir,
comme dans
d'outres
'vil–
: les: ele
'Gr~ce,
des. defirs criminels, pour l'objet, de. fe¡
,
atTeaion~·,
il
ne pouvoit fe faul'er d'une mo(t, infame
que 'par. 'une 'fuite honteufe . N
1
écoucpns, done polnt ce
qu:~,éfy,chius
& S!J'i?as
o~t
of'é d.ire contre
~a
nature de
cet amonr; le verbe, /aconi/im do1t
~tre
exphqué des ha·
bits &. des ihreurs
d~
Lai!dlmo'!e ,
&
c'ell ain
ti.
qu:Arhé-
¡
née &
D~m?flhene
1:ont enten¡lu .
En un mot, on
re~ardoit
l'éducation de . Sparte com–
me fi, pure. &;
li ,
párfatte, que c'étpit une grace de per–
meme
au~
enfans de quelques. grands liommes étrangers,
d'l!tre m is' lo\IS la difcipline lacédémonienne . Deux cé-
. lébres athéniens, Xénophon & Pllocion, profiterent de
cette faveur . · · '
•
·
'
·
De plus, chaque , vieillard, chaque pere de f•mille
avoit droit de chatiei les enfans' d'autrui:comme les fiens
. propces; & s'il , le négltgeoit' on , lui imputoit la faute
commife par l'e_nfant . Cette loi, de Lycurgue tenoit les
.peres daos tine vig\lance cóntinuelle, &." rappelloit fans
cetre a
u~
enfans qu•;ts
app~!!~n9Lenr
a ,la républ ique . .1\uffi
fe foumettoient-ils de .leur. p(opre . mouvemen\
i
la ,cen–
fure de tous les . vieillards'.; jama•s il ne'renc.orytroient ult
homme d'a¡:e, qu'ils, ne
.·s':irr~talfent
par re'fpeél,jufqu'i
ce qu'il füt patré;
&
quand ·ils étoieoi allis , 11 fe levoi<nt
{ur le champ
¡¡
fon ,abotd : C'efl ce qUl faifoiJ "dire aus:
autre¡ peuples de la . Grece, que
fi
la derniere faifon de
la vie avoit quelquc chofe de flattcnr, ce n'étoic qu't
LIZcldlmon•
•
·
Daos,