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'J2Ó

LAC

aeheter de la viande. Celui qui faifoit chez tui un [acrí-

1ice, ou qui avoic .cué du ¡;ibier d la chalfe, envoyoit

d'ordinairc une piece de fa via·ime ou Ele fa venaifon

:1

la cable done il é toit membre.

11

n'y av.oic que deux occafions, fans maladie, oií il

fdt permis de manger ehez

Coi;

[avoir, quand on é¡oit

revenu fort rard de la chalfe, ou qu'on avo;r achevé

fort

t~rd

fon [aerítice; autrement il falloi t fe trotiVer aux

repas publics;

&

cet ufage s'obferva tri:s· lo ng-tems avec

ia derniere exatlitude; jufques-la , que

k

roí A ¡d<, qui

revenoit de l'armée, apres avoir vaincu les Arhéniens,

&

qui fe faifoit une

f~ce

de fouper ehez luí avec

fa

fem–

n1e, envoya demander fes deux pon ions dans la falle ,

mais les polémarques les luí refu!brenc.

L es rois feuls, pour le remarquer e11 paffant, avGient

cieux porcions ; non pas, dit Xénophon, afin qu'ils rnan–

geaffenc le double des amres, mais atin qu'ils pulfent don–

ner.....une de ces poníons

a

celni qo,ils

jugeroicn c

diJ.;ne

de cet honneur . L es enr"ans d•un cenain age affitloknc

ii

ces repas,

&

on les y menoic comme

a

une éeole de

tempérance

&

d'inll ruéHon.

L ycurgue tic orner !GUCCS les falles

a

manger des ima–

ges

&

des flames du Ris , pour momrer que la JOie de–

'IIOit. écre un des aíTaifonnemetts des rabie&,

&

qu'elle fe

marioit avec l''ordre

&

la frugalité .

Le plus exquis de rous les mees que l'o n fervoit dans

les repas de

L a¡:ldlmonc,

~coir

le brouet noir, du moins

les vieillards le préféroicnt

a

tome autrc chofe .

11

y

eut

un roi de Pone qui cntendanc faire l'éloge de ce brouct,

achcta

ex~res

un cuilinier de

Lacldlmone

pou r lui en

préparer a fa rabie. Cependant il n'en euc pas plíltóc

gollté, qu'il le trouva détellablc; mais le cuilinier luí•die:

Seigneur, je n'en [uis pas [urpris, le mdlleur manque

a

mon brouet'

&

je ne peux vous le proeu rc-r ; c'ell

qu'avant que d'en manger, il fauc fe baigner dans

1'

E

uro tas

, , .

L es L acédémoniens, apres le repas du foir , s'en re–

tournoienr chacun chez eux fans t!ambeaux

&

fans lu–

m iere. L ycurgue le prefcrivir ainfi, atin d'accoucumer

les citoyens

a

marcher hardimeot de nuic

&

au fort des

ténebres.

,

Mais voici d'aurres faits merveilleux de la législation

de Lycurgue, c'ell qu'elle fe porta [ur le beau fexe avec

des vües rouces nou

ve

!les

&

tootes uriles . Ce grand hom··

me fe convainquic , que les femmes, qui par-cout ailleurs

, [embloient, comme les tleurs d'un

be~u

jardín , n'écre

, faites que pour l'ornement de la t.erre

&

le plailir des

1'

yeux, pouvoicnc étre employées

a

un plus noble ufa-

ge,

&

que ce fe xe, avili

&

dégradé chez prefque tous

les peuples du monde, pouvoic encrer en communau–

té de g loire avcc les h mmes , parcager avec eux les

lauriers qu'il leur failo ic cueillir,

&

deveuir enti n un

de puilfans reffons de la législation , .

N

OU4i n'al•Ons·aucun int¿rét

a

exagérer

les attr:lits des

Lacédémonnienes de< riecles palf<'s; mais la voix d'un

o rae!e rapporcé par Eufebe, prononcc qn'elles étoient les

plus belles de l'univers ;

&

prefque wus les auceurs grcas

en parlent fur ce to n ! il fuffiroit méme de fe reffouve–

n ir qu'Hélene étoit de

Lacldlmonc.

Pour l'amour d'clle,

Théfée y viot d'Athenes,

&

París de Troye, affurés

d'y

trouver quelque chofe de plus bcau que dans tour

a

uere pays . Pénélope étoit :tulli de Sparte;

&

prcfque

dans le méme tcms que les charmc's d'Hélene

r

ta!foicnc

n;¡irre des

ddirs criln ioels

dans

l\1me

de. deux a1n3ns,

les challe regards de Pénélopo

y

allumoteot un

~rand

nombre d'innocenres t!ammes dam le cceur des nvaux

q ui vinrent en fottle la difpucer

3

Ulyffe.

L e

l ~gislaceur

de

Lacl dlmonc

[e propor:1m done d'é–

!ever les tilles de Sparte au-deffus des collcumes de leur

fex e, leur tic fa ire les mémes exercices que fuifoienc les

bommes , afin qu'elles ne lrur fuffem poim inférieures, ni

pour la force

&

la [anté du corps, ni pour la grandeur

du

coura~e .

Ainfi deflinées

a

s'exercer

:1

la courfe,

a

la luue, a jctter le palee

&

a

lancee le javelot' elles por–

toienr des habits qui leur donnoienc rouce l'aiíance né–

ceiiaire pour s'acquiner de ces exercices. Sophocle a peine

l'hab't des tilles de S parte, en décrivam celui d'H:rmio–

oe, dans un fragrnent que Plutarque rapporce: , il étoit

,

t~es-

court , cer habit ,

&

e' erl cout ce que

j'

en dois

,

d1re .

L ycurgue ne voulut pas feulement que les jeunes gar–

~oos dan[alfen~

nuds , majs il

~tablit

que les jeunes til–

les, daos cerc:unes feces lolemnelles, danferoiem en pu –

bl'c '

parée~ r~ulem~nt

de leur propre beaucé,

&

fans

:antre voile que leur vena . La puccur s'en allarma d'a–

bo rd, rnai elle céda bien-cóc

a

l'utiliré publique. L a na–

tion vit a

vec

reípetl ces aimable:; beautés célébrer dans

eles

f~tes,

par leurs

hymru:s ,

le; jeunes guerriars qui

LAC

s'éroient fignalés psr des exploirs éclatans . , Qnel triom–

phe pour le héros qui recevoit la palme de la gl•>ire

des mains de la beauté; qui lifoit l'ellime fur le from

des vieillards , l'atnour daos tes yeux de ces

j~unes

tilles;

&

l'aiiurance de ces faveurs, done t•efpoir feul

el! un plailir! Peuc-on doucer qu'alors ce jeune guer-

,,

rier ne

fOt

ivre de valcur

..,

?

Tour concouroit dans

»

cette législaúon

a

métatnGrphofer les hommes

Cll

hérOS.

]e

ne yarle poiru de la gymnopédie des jcunes lacé –

dérnoniénnes , pour

b

juflificr d'apres

PI

marque. T our

ell die, feloR la remarque d'un illull re moderne , en

avanpnt , que cet ufage nc convenoic qu'aux éleves

, de L ycurgue , que leur víe frugale

&

laborieufe,

leur~

mt:l!urs purcs

&

févercs, la force d' ame qui leur écoit

propr.¡! , pouvoient feules rendrc innocem [ous lenrs

yeux un ípeélacle

fi

choquaut pour

tout

peuple qui

n'efl qu'honnl!te.

, Mais penfe-t-on qu'au fonds l'adroite parure de nos

fe mmes ait moins (on

dang~r

qu'onc nudicé abfolue ,

dont l'habitude tonrneroic blentót les premiers effets en

indifférence.

N

e fait-on pas que les Oatues

&

les ra–

bleaux n"offenfent les yeux que quand un mélange de

vetement rend les nudités obfccnes? L e pouvoir im-

" m édiat des feos, e(l foible

&

borné; c'efl par l'en–

cremife de l'imagioation qu'ils font leurs plus grands

ravagc;; c'efl elle qui prend foin d'irriter les de lirs ,

en préca nc

a

leurs objecs encore plus d'atrraits que nc

leur en donna la nacure . En

ti

n, quand o o s'abil

k

avec

tam d'arc ,

&

fi pcu d'exaélicude que les femrnes font

auJO•Jrd'hui ; quand on oe montre moins que pour fai–

re dcfirer davantage; quand l'ob•lacle qu'on oppo[e

aux yemc, ne ferr qu'a mieux irricer la pa(fion ; quand

o n ne cache une parcic de l'objec que pour parcr cel–

le qu'on

e~pofe:

Heu

~ mal;

tHm

mii~J

defnzdit

pampinHJ

H'l.lai!

Les femmes de

Lacldlmon•

porcoienr un voilc fu r le

vifage, mais non

p~;

les tilles;

&

lorfqu'un é crangcr en

demanda autrefois la rai[on

;i.

Charilaüs, il répondir qu.:

les tilles cherchoient un mari,

&

¡¡uc les femmes fe con-

fervoicnc pour le leur .

.

D es que ce mari étoit trouvé,

&

agréé par le ma–

gifl rat, il falloic qu'il enleviit la tille qu'il devoit épuu–

fer; peut-étre atin que la pudeur préte

a

[uccomber, elle

un prércne dans la violence du ravirfcur . Plutarque ajou–

te ,

qu'au tems de la confommation du

maria~e,

la fem–

me étoic vécuc de l'habic d'homme . Comme on n'en

apporce point de raifon, on n'eu peut imagir>er de plus

modelle, ni de plm apparente, finon que c'éwit le

f¡-rn~

bole d'un pouvoir é¡Jal entre la femme

&

le mári ; car

il

efi cercain

qu'il

n'y

a j:1mais ea

de

natioo, oU les rCm–

mcs aieot été plus ab[ol ues qu' :i

Lacldlmo>~< .

On fr;ait

11

ce fujet ce que répoudic G orgo fe

m

me de L énuidas ,

roi de S parte,

a

une dame érrangere qui luí difoir: , il

,

n'y a que

VOUS 3 UtrCS

qm cotntnandíez. 3

VO ITI3 dS;

, cela efl vrai, répliqua la reine , ma1s auffi il n'y a

,,

que nous qui mettions des

hotnmes

au monde

,, .

Pcrfonnc n·'ignorc ce qui fe prariquuit aux couches de

ces femmes. Préveoues d'uo [emimenc de gloire,

&

ani–

mécs du génie de la république , elles nc fongeoiem dans

ces momens qu'3. infpirer one

,uJeur

martia1c

3

leurs en-–

fans. Des qu'ellcs étoient ea travail, on apporcoic-un ja–

vclor

&

un bouclier,

&

on les mettoit elles-ml'mes fur

ce bouclicr, atin que ces peuples bell iqucux en tiralfent

au moios un préfage de la

naiffan~e

d'un nouveau

fol-;

d~t.

S i elles accouchoicnt d'un gar<¡:on, les parens é l

voient l'enfant [ur le bouclier, poulfam au del ces ac–

clamations héro'lques ,

1 tan, 1

~pi

ta>r,

mots que les

L atins ont reodu,

atll

hun~,

aut in

/;o&;

c'efi ...

3-dirc ,

ou

conferve1.

ce

bouclíer,

ou ne

J'ab~ndonoez

qu'avcc

la

vi~;

&

de renr que

les

enfaus n'oublialfeot ces pre–

m icres le<¡:ons, les meres vcnoiem les léur rapp:ller quand

ils alloient

ii

la guerr<!' en leur mettant le bouclier

a

la

maio. Aufone le die apri!s

rous

les ameurs G recs :

ll'lat6r Lacd!na clyp<o obarmansJ!IiHm;

C

u m

ho~

illfJUÍt

1

aHt

ia

ho~ y~

j.

A rillore nous appreod, que ce fut l'illufl re femme de

Léonidas dooc je viens de parler , qui tiot la prcmiere ce

propos

ron fils, lorfqu'il partoit pour l'armée; ce que

les autres Lacédémoniennes i¡nicerent dcpois.

De quelque amour qu'on foic animé pour la patrie dans

les républiques guerrieres, on n'y verra jamais de mere,

apres la perte d'un tils rué daos le combar, reprocher

au tils qoi tui relle, d'avoir furvécu

a

fa d é faite . On

ne prendra plus exemple fur les anciennes Lact!démonien-

nes-.