HIA
" Quoique I'élifion Ce pra!iquSt rigourcuCemeo! daos
" la verfifiealioo des L atios, dit M . Harduin, feeré–
" taire perpétuel de la Coclété littéraire d'Arras
( R <–
m ar lJlUI
dj'V~rf~J
¡llr
la prolJo"cia.tion
'.
p~gt>.
10 6.
ti
~a
"
note . ):
& quoique les
Fran~01s
qUI o él1deot ordl-
nairemem que I'e fémioio, fe Coient fait pour les
3U–
" tres voyelIe. une regle équivalente
a
I'élilion larine,
" eo proCerivant dans leur pOélie la reoeontre d'une
" voyelIe tinale avee une voyelle inidale; je ne Cai s'i1
n'efl pos entré un peu de prévemion dans I'établi(fe–
mem de ces regles, qui donDe lieu
a
une eomradi–
" él ioo arrez biCarre. Car
l'hiatuJ,
qu'on trouve fi ch,,–
" quaot entre deux mOls, devroit égalcmeO! déplaire a
" I'oreille d. os le ·milieu d'un mot : il devroit parohre
" autli rude de prononeer
m,o
Cans élifion, que
m, odit.
" 00 De voit pas lIéanmoios que les poc!es lados .ieot
" rejetté autam qu'ils le pouvoient les mOlS 011 fe ren–
" controient ces
hiatl/.J;
leurs
vers
en font remplis ,
&
" les o(mes o'en
Cont
pas plus exemp¡s. N on ·Ceule–
" mem nos poetes urent libremem de ces Cortes de
" mots, quand la mefure ou le Ceos du verS paro't les
" y
obliger; mai. lors
m~ me
qu'i1 s'agit eje nommer
" arbilrairemen¡ un perConn.!\e de lem ¡nven¡ion, i1s De
" fom aueuo Ceruoule de lui eréer ou de lui appliquer
" un nom dans !<:quel il Ce trouve un
hiat1H;
&
je ne
" erois pas qu'on leur .it jamais reproché d'avoir mis
" en <ruvre les noros de
Cllon , Ch/ol, Arjinol, Zaide ,
"
Z atr', Laonice , L landre,
&e. 11 Cemble meme que
" loin d'év iter les
hiatuJ
dllls le corps d'un mot, les
poe,es
fran~ois
aiem cherehé
a
les multiplier, quaod
" ils om [éparé en deux Cyllabes quamit<!
de voyelles
qui fOl)' diphroQgue dans la converC"ion . D e
tuer
ils
001
fait
tlt-",
&
ont allollgé de
m~me
la pronon–
ciarion de
ruin~ ,
'lJiulentt, pieux,
.
Itlldier, paffion,
"
diademe
1
j OIU,. , aVORe,.,
&c. On ne juge cependant
" pas que cela rende les vers moins eoulans; 00 n'y
f.ir"
aueun~ ~ttentioo;
&
on ne
s'appe, ~oir
pas uon plus
" que Couveot l'élHion de
1',
fém inin
Il'emp~ehe
point
" la reneomre de deux voyeJles, eomme quand on dir,
"
a1fnle enture, p/aie effroyab/t, jo;e
extrime,
V/t!
"
agrlabl" vii. Igarle, b7ette
&
blanch" bOlle /Pa;¡re
" .
Ces obCervatioos de M. H arduin foot le fruit d'une
attendoo raiCoonée
&
d'une graode Cagacilé; mais elles
me garoi(fent CuCcepdbJes de quelques remarques.
1 .
11 efl eerraill que la loi généralc qui eoodamne
PhiatltJ
comme vicicux emr<;
del1x·
mOlS , a un 3utre
fondemenl que la préventioo . La eontinui,é du bailIe–
ment <¡u'exige
I'hiatl" ,
met I'organe de la Parole dans
une eontrainte réelle, & fatigue les poOmolls de eelui
qui parle, paree qu'iI 'en oblioé de fournir de fuite &
faos iorerrupti"n uoe pl us graoae quantité d'air: au lieu
que ql1and des articulations imerrompenr la Cueeeijion
des Cons , elles procurent nécelfairemenr
~u x
poumons
de petils repos qui fac'lileot ro?é"atian de cel organe:
ear la plupart des artieulatioos ne donnen! I'explolion
aux Caos qu'eiles modifient, quleo inrereeptant I'air qui
en efl la maliere.
Voya_
H.
Cette imerception doil dOI)e
diminuer le travaH de \'expiration, pui[qu'eJle en CuCpeod
le eours,
&
qu'elle doi!
m~m"
oecafiooner verS les poil–
moo& un reHox d'air proponiooné • la force qui en ar–
re,e I'émitlion .
D 'alltre p"t, c'efl un principe iodiqué
&
confirmé
par I'expédeoce, que I'embarras de eclui ql1i parle af–
feae
d<Ca)\,~ablemellt
eelui qui éeoute:
toUt
le monde
I'a éprouvé en eotendao t parler quclque perConoe eo–
rouée ou begue ,
Oll
un orateur dODt ·Ia mémoire
en
chaneelame QU intidelle . C 'efl dooe d lcOliellemeot &
jodépend.mmenr de toute prévemioo que
l'hiatllJ
efl vi–
cieux; &
il
I'd) égalemenr dans fa qu[e & dans fes
effets .
l Q.
Si les Lalios pratiquoierit rlgoureu[ement I'élifion
d' uoe voyelle fioale devant une voyeJle ioitiale, quoiqu'
jls n'agiOeot pas de
m~me
iI
I'égard de deux voyelles
cooCécut,ves au milieu d'un mal; fi n us·métT1es , ainli
que bien
d'~utres p~uples,
avoos en cela imité les ' L a–
tios, e'ef! que nous avoos touS [ui vi l'impretlion de la
narure: ear il nly a que Ces déeiliolls qui puiOeo! ame–
ner les homllles
!i
I'unanimilé .
N e Ce'1'blc·t-il pas en effe' que
I~
Millemeot doit
~tre
moins péoible,
&
eonCéquemmem
l'hiatHJ
moins deCa–
greable au milieu du mot
qu'~
'Ia tio, paree que les
p011rnons n'ont pas fait eneore uoe
ti
grande déoenre
d'air? D'aillellrs I'effet du bail10ment ét, nt de CoiltcQir
la voix, l'oreil1e doit s'offenrer plUl6t de I'en!eollce
Ce
foAtenir quand le mOl efl fioi, que quand jJ dure en–
core; paree qu'jJ'
y
a analogie emre fou!enir
&. '
comi,
nuer.., & qu'i!
y
a eontradiéljon entre fouteoir
&
¡¡nir ,
HIA
11 {aU! pc¡urtam avouer que celte eontradié¡ioo a paro
a(fez peu offeoCame allX Grecs , puirque le nombre des
voyeJles Don élidées dans leurs vers ell peut·étre plus
grand que celui des voyelles élidée,: c'ell une objeétion
qui doit venir 10Ut naturel1ement
a
qUlconque a lu les
POctes,grecs . M ais jJ
faU!
preodre garde ell premier lieu
a
ne pas juger des G rees par les Latios, chez qui la
lettre
h
étoit . toujours muorte quant
a
l'éJilioo qu'eIJe
o'empéehoit Jamais; au lieu que I'efprit rude avoit chl!1.
.Ies Grees le méme <ffet que Ootre
h
arpirée; & l'on
ne peut pus dire qu'i1 y ait alors
hiatuJ
fa lite d'élifioll,
eomme dans ce vers du premier livre de l'lIiade:
Cette premiere obCervation diminue de beaucoup le
nombre appareO! des voyeJles non élidées . Une Ceeon–
de que
j'y
ajoilterai peut eneore réduire
!i
!noi"s les té–
moigoages que I'on pourroil alléguer en fuveur de
l'hia–
tUJ :
e'ef! que quaod les Grees n'élidoient pas, les tioa–
les, quoique loogues de leur nature, & méme les di–
phlhongues , devenoiem ord:oairemeot breves ; ce qui Cer–
voit
a
diminuer ou
.3
corrigcr le vice de
l'htatIlJ:
&
les
poctes lalins
001
quelql1efois imité les Grees en ce poin!:
CredimllJ? An qlli ama"t i1ji jibi f .mnia fing"",
~
. •
V irgile.
lmpl, runt montt!, J1e"mt R hodopii; r'!ptJ.
idem.
Que refle-r-iJ dooc 3 concIure de ce qui n'efl pas eu–
eOre juni.fié par
~es ~bCerva!ioos ?
que ce COO! des lieen–
ces autonCées par I'ula.;e en faveur de la difficulré, ou
ruggérées par le got1t pour donoer au vers une mollelfe
relative au feos <ju'i1 exprime, ou méme éehappées au
pacte par ioadvenanee ou par néeetlilé; mais que eom.
me Jieences ce Com encore des témoignages rendus el1
faveur de la. loi ql1i proCerir
l'hiatttJ.
3°. Quoique les Latins n'élid. lfent pas au milielJ dlJ
mot; I'ur.,ge
d~
leur langue avoi! eependaot égard au
vice de
1'liiatuJ;
& s'ils ne fupprimoieni pas tout.a-fait
la premiere des dcux voyelles, ils eo Cupprimoient du–
moins une partie eo la faiCam breve . C'ell-I" la vérita–
ble e1uCe de eette regle de quandté .énoncée par DeCpau–
¡ere
ca
un vers latin:
Vocalir breviJ ante aliam mantl IIf'l''' . Lati1lj¡ .
& par la
Mlthod~
latin"
de Pon-Royal, en
d~ux
vers
frall90is ;
JI
[afll abrlgtr la voyell"
QUtlnd IIne alltre
fiút
apres
dIe.
Ce principe n'efl pas propre
a
la langue .Iatine:
io~
Cpiré par la nature, & amené n\!ceffairemen, par le mé–
ehaniCme de
I' or~aoe,
ji
efl uoíverCel
&
il influe Cur h!
prooondation dans toutes les laogues. Les Grecs y étOieot
a(joje'lis eomme les L atins;
ti
quoique nous n'ayoos
pas des regles de quaotité autli fixes & autli marquées
que ces deux peuples, e'eo efl
cepe~dant
uoe que rout
le monde peut véritier; que nom
proooo~qos
breve tome
voyelle luivie d'une autre voyelle dans le
m~me
mot :
¡rey,
n¡¡~r,
priell.r, c1'iant.
Qn trouve néanmllios daos le
'1ra;tl d. la ProJod;,
franfoife
par" M. I'abbé d'Olivet
(pa.{<
73.
fur la ter–
minaiJon
É
E),
uoe regle de quantité
eontr~diéloire
ii
eelle-ci : c'efl" que touS les mots q ui tiniífelll par
UI1
" ,muet,
im!,)édiat~.mem
préeédé .d'une
voyeil~, on~
"
leur
pénllltleme
longue comme
tUmEe, Je !le, /oíe, 1"
" 1.lle ,j e n/le ,
&e." La
I~ngue
¡talienne a une pratl9ue af–
Cez lemblable; & eo ou¡re toute diphthoogue
a
la tio
d'u~
vers, Ce diviCe
~o
deux iyllabes doot la pénultieme efl
loogue
&
la deroiere breve .
Pell!-~tre
n'y a-t-iI pas une
bogue qui ne pilt foni6er eette objeélion par
qu~lques
uC.ges par¡iculiers & par des exemples: le, mo!s grec&
cií,.o' , ••
,Ie,
&c. les mots latiQs
diii,
¡i11111
,.&c. en Cont
des preuves.
Mais qulon y prenne gsrde : daos touS les eas que
I'on vien! de voir, lOmes les langues oot peoCé a di–
minuer le vice de l'
hiatttJ;
la premiere des dcux voyel–
les efl looiue a la: vérité, mais la Cecoode efl b,eve; ce
qui produit a-peu·pres le .meme effel que quand' la pre–
miere efl breve & la feeonde loogue . Si quelquefois 0ll
,'éearte d,
e~tte
regre, e'efl le moios qu'iJ efl potlible
¡
& e'efl pour concilier avee elle une autre loi de .l'har–
monie encare plus inviolable, qui demaooe que de deuI
voyeJles conféeutives la premiere foit fortifiée,
Ii
la
Ce-
.
.
cónde