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70

FON

~eant

a

la

rnajell~

de l'Ecriture

&

aux droits de la ral–

fon, oe laiíf<nt appercevoir qu'un mélaoge toÜJOurs

ri–

diculc de faits divins

&

,i'idées humaines .

L'érudition de Scaliger ne nous préfentc que des di·

fcuffioos vagues fur ce que les nutres ont penfé

&

fur

ce qu'il fe croit en droir d'y ajoí'tt<r, mais ne 11ous of·

fre d'ailleurs aucun fai t décifif. Cardan apres avoir e–

xaminé d'une vue aífo'l. générale les deux principales

hypothcfes qui étoient en honneur de fon tems

&

avoir

groffi les difficultés de chacune, tinit par le• embraCTer

toutes les deux en affignant

a

l'une

&

a

l'autre fes o–

pérations particulieres. D aos

l'one on auribuoit !'origi–

ne des

fontaino

uoiqucment aux pluies; daos

l'autre

on prétendoit qu'elles n'empruntoient leors eaox que de

la mer. Ces deux opinions font prefque les feules qui

ayent partagé les Phyficiens dans taos les tems. Plu–

fieurs écrivaios depuis Cordan ont adopté

1'

uoe des

deux; mais la pli\part fe font bornés

a

des moyens tres–

imporfaits. Tels font Lydiat, D avity, Ga!fendi, Duha–

mel, Schottus,

&

le pere

Frán~ois .

On peut coofuher

fur ces détails le

trait¿ de Perrault de

l'origin• deJ

fontaineJ;

on y

trouvera vingt-dcux hypothi:Ces, qui

toutes fe ropportcnt aux deux principales dont nous ve–

nons de parla . On 3J00tera aux auteurs qui y tigu–

rent, Plot, dont l'ouvrage ell une efpece de déclama–

tion oii l'on

trouve beaucoup de

crédulit~,

peu de rai–

fous,

&

encore moins de choix

&

de artitude daos

les faits. Cet angloi< adopte les canaux CúOterreins. B:r–

nard PalirTy qui avoit plus vil

&

mieux vil que tous

ces favans, étoit Ci perfuadé que les pluies formoient ks

fontainn;

&

que l'organifJtion

de~ pr~mieres

couches

de la

terre étoit

Ir

es·

favor~ble

a

l'amas des eaux ,

a

]eur circulation'

&

a leur émanation' qu'il publroit hau–

tement ctre en état de les imiter .

11

auroit organiCé un

petit momicule fuivant la difiributio n des couches qu'il

nv oit remorquées

a

la furface de la terre daos les lieux

<]Ui lui avoient offer t des

JourceJ.

On verra par

lo

fui–

te que ce!le promefle n'étoit point l'dli:t de ces char –

lacanifmes dom le Savans ne

10111

pos exempts,

&

que

les i¡¡norans qui s'eu plaignent

&

qui en font les dopes,

rendent fouven t nécerTaires.

La premiere chofe qui fe préfente daos ce!le quefiion,

ell que les fleuves

&

ks riv 'eres vont

re

reodre dans

des golphes ou daos de grand> lacs oii ils portent coo–

tinuellement leurs eaux. Or depuis tant de fiecles que

ces eaux fe ratfemblent daos ces grands réfervoirs, l'o–

céan

&

les autres mers auroient débordé de mutes parts

&

inoodé la terre, fi

les vafies caoaux qui s'y déchar–

gent y portoient des eaux étrangeres qui aJoutalfent

a

leur immenfe volume.

11

faut done que ce foit la mer

<]Ui fourniífe aux

fontainu

ceue quantité d'eau qui luí

rentre;

&

qu' en conféq uence de ceue circularion

les

t!cuves puiífcm cou ler perpétuellement,

&

cranfporter u–

ne marre d'eau conlidérable fans trop remplir le vafie

baffi n qQi

la

rc~oit

.

Ce raifonnemeut efi un point fixe auquel doivent fe

r éunir

too

tes les opinio ns qu'

i1

efi poffibie d' irnaginer

fur ceue mat;ere,

&

qui fe préfente d'ahord des qu'on

fe propofe de difcuter celles qui le

font déjá. Mais

cotnment l'tau

\'3-t·elle de la mer au"'

fontainn?

N ous

favons bic:n la route qu'clle

tient

pour

relOurn~r

des

fon–

t aii1u

a

la mer

1

parct! que les canaux de conduíte

J(u¡c

pnur

la

piOpart expofés

a

la Vl e do peuple comme des

Phyr.crem: mai> ces derniers ne font pas d'accord fur

le méchanifme qui reporte l'immenfe quantité d'eau que

les Beuves charrient, dans les réfervoirs de leur

four–

&n.

Je confidere en fecond

lieu que l'eau de la mer efi

falée,

&

que celle des

fontain<J

di douce, ou que fi

e lle ell chargée de matieres élrangeres, on peut fe con–

vaincre aifément qu'dle ne

les tire pas de la mer .

11

faut done que le méchanilme do tranfport, ou que nos

t uyaux de conduite foient organifés de

fa~on

a

fairc

perdre

ii

l'e~u

de la mer, dans le tra¡ t, la falore, fa

v ifcofi té,

&

loo amertume .

En combinsnt

les moyens que les auteurs qui ont

écrit avec

le plus de lumieres

&

de fagerTe fur

!'ori–

gine da fontarnn,

oot e!fayé d'établir pour fe procu–

rer ce d •uble avantnge, oo peut les

rappeller

ii

deux

cla!Te< gé11érales. Dans la premiere fonc ceux qui pré–

teodent que les vapeurs qui s é .cvent par évaporation

de derTus

1~

furface de la rner,

empon~es

&

di!Toutes

daos l'atmolpher., •oiturées enfu ice par les vems fous

la form e de nuages épai>

&

de brouillards,

an~tées

par

les lommets élevés des montagnes, condenfées eo ro–

fée, en neige, en pluk,

faifitlam

les di verfes ouver–

lUres que los plaHs incliné& des collioes leur otfreot pour

FON

s'inünuér dans les corps des momagnes ou dans les can–

ches propres

ii

contenir l'eau, s'arrétent

&

s'aífemblcnt

fur des lits de tuf

&

de glaife,

&

forment en ."échap–

paot par

la pente de ces

lits

&

par leur propre poids,

une

fontaine

paCTagete ou perpétuelle, fuivant l'étendue

du bar!in qui les ra!Temble, ou plOtOt fuivant celle des

couches qui fouroillent au baffio.

Dans la feconde claffe font ceux qui imaginen! daos

la

maffe du globe des canaus foOterreins, par lefquels

les

eau~

de la mer s'infinuent, fe filtren!, fe difiilleor,

&

vom en s'élevam infeofiblemeot remplir les cavernes

qui fourniCfcn·t

a

la dépenfe des

fontainn

.

Ceux qui

foüticnneot cene deroiere opioion, l'expofent ainfi. La

terre ell remplie de grandes cavités

&

de canaux foQ–

terreins, qui font comme autant d'aqueducs oaturels,

par lefquels les eaux de la mer parvieonent daos des ca–

vernes creufées fous les bafes des motagnes. Le feu

foOterrein fnit éprouver aux eaux ratfemblées daos ces

efpeces de cucorbites, un degré de chaleur capable de

la faire monter en vapeurs daos

le corps meme de la

moncag11e, comme daos le chapiteau d'un alembic. Par

ceue diOillatioo, l'eau falée dépofe fes fels au fond de

ces grandes chaudieres; mais le haut des cavernes ell af–

fe'l.

frnid pour condeoler

&

6xer les vapeurs qui fe raf–

fem blent

&

s'accrochent a

u.~

inégalités des rochers, fe

liltrem

a-

travers les cauchos de terres entr' ouvertes'

coulent fur

les premiers lits qu'elles rencomrent, JUf–

qu'a ce qu'elles puiiTent fe montrer en-dehors par des

ouvenure

favorables

it

un écoulement, ou qu'apres a–

voir formé un amas, elles fe creufent un pa(fage

&

pro·

duilent une

fontaine

.

,

Cene dillillatinn, cene efpece de laboratorre foilter–

rein, etl de l'invemion de Defcartes (

Prindp . If/. part.

§.

64. ),

qui daos les matieres de Phyfique imagina trop,

calcula pe u'

&

s'auacha encare moins

a

renfermer les

faits

:l~ns

de certaines limites '

&

a

s'aider pour parve–

nir

~

la foltHion des qucllioos obfcures de ce qui étoit

expofé

a

les yeux. 1\vanc D efcartes, ceux qui avoient

ndmi ces rClutes foüt err<ines

n'avoient pas diflillé pour

Mgager les fels de l'eau de '¡a mer;

&

il faut avoüer

que ceue rdfource auroit Cimplitié

leur échafaudage,

fans

le

rendre néa11moins plus folide.

Dans la fu ite, M . de la H ire (

Mim. de l'acad. an,

1703.)

crut devoir abandonner le akmbics comme iou–

til"',

&

comme un travail imité de l'art tOÜJOms fuf–

peét de fuppofition daos la natute.

11

fe

reflreignit

a

dire, qu'il

fuffifoit que l'eau de la mer parvint par des

conduits

foOterrcios, daos de grands réfervoirs placés

fou

les cootinens au niveau de

la mer, d'ou la chaleur

do fein de la terre' ou meme le feu central' pllt l'élever

daos de petits canaux multipliés qui vont fe term\oer aux

couches de la furface de la terre, oii les vapeurs fe con–

denCent en partie par le

iroid

&

en partie par des fels

qui les

ti xent. C'efi pour le dire en palfaor,

~ne

rn_é–

prife aífe1. tinguliere de prétendre que ks fels qut fe ,drf–

folveot daos les vapeurs, puilfent les liser.

~eloo da~tres phyficiens

ceue mo!me force qur foOueot

les

lc–

queurs au-detTds de leur niveau daos le; tubes capillai–

res, o u entre des plans comigus, peut facilitcr confidé–

rablement l'élévation de l'eau marine adoucie.

Voyez.

e

(1

p

r L LA 1 R

f.

Tu

BE.

A

T TRAe T 1 o N.

On a

fait· JoÜer auffi par fupplément, l'aétion du flux

&

re–

flux; on a ero en tirer avanta¡¡e, en fuppolant que fon

impulfion étoit capable de faire momer

:l

une tres-gran–

de h>uteor, m:llgré le; lois de l'équitibre, les eaur qui

circulent daos les canaux foOterreins; ils ont cru auffi

que le rerfort de l'air dilaté par la chaleur foí'uerreine,

&

qui fouleve les molécules du fluide parmi lefquelles

i1

e(!

difperfé, y entroit auffi pour beaucoup.

La diOillatioo imaginée par Defcartes, avoit pour but

de delfaler J'eau de la mer

&

de l'élever au-deCfus de

fon niveau: mais ceux qui 're foot contemés de la faire

fi

ltrer au-travers des

lits étroits

&

des couches de la

terre, comme M . de la H ire, ont cru avec l'aide de

la chaleur) obtenir le meme avantage '

&

ils fe

font

fait illurioo.

L' eau de la mer que l'on veut faire

monter par l'aétion des canaus capi!laires formés entre

les interllices de; Cables o u autres terrrs, oe produit Ja–

mais aueon écoulement; paree que les fables

&

les ter–

res n'auirent point les eaux douees ou falées en aífez

grande quantité pour produire cet effet . M. Perraolt

(

orig. do font. pag.

lf4.)

prit un tuyau de plomb

d'un pouce hoit lrgnes de dia metre,

&

de deux pié; de

long;

i1

atracha un reticole de toile psr le bas ,

&

l'em–

plit de fable de riviere fec

&

pa!Té au gros fas. Ce tu–

yau ayanu été placé perpendiculairernent daos un vafe

d'eau,

3

la profondeur de quatre ligoes, le liquide m on-

ta