FON
ciété
enti~re,
&
ne íonr que le réfultat des
intér~ts
de
chacune de fes parries en particulier: rels font les be–
foins généraux de l'humaniré ,
la nourrirure pour tous
les hommes; les bonnes mreurs
&
l'éducation des en
fans, pour roures les
familles ;
&
cet inréret e(l plus
ou moin> preiTant pour les ditférens beloins : car un
homme íent plus vivement le beíoin de nourrirure, que
J'intércr qu'il a de donner
:i
fes enfans une bonne édu–
carion . JI ne faut pas beaucoup de
réAexion pour fe
convaincre que cette premiere eípece de befoins de
la
foctété n'cll point de 113ture
a
erre remplie par des
fon–
dattonJ,
ni par aucun autre moycn gratuil;
&
qu'3 cet
égard , le bien général doir €tre le réíultat des eft(ms
de chaque particulier ponr íon propre intéret . Tout
homme íain doit íe procurer fa íubfillance par Con rra–
vail; paree que s'il étoit nourri fans travail ler, il le íe–
roir aux dépens de ccux qui rravailleor. Ce que l'étar
doit
:1
chacun de fes mcmbres, c'ell la dellruélion des
obllacles qui les
g~neroient
dans leur indullrie, ou qui
les rroubleroient daos
la ¡oüilfancc des produits qui en
font la récompeníe. Si ces obllacles Cubfillent, les bien–
fait< panículiers ne dim;nueronr poinr la pauvreté gé–
nérale, paree que la cauíe refiera
toure en riere. De
m eme, toures les familles doivent l'édocarion aux en–
fans qui
y
naiffenr: elles y íont toures intérelfées im–
m édiarement;
&
ce n' e(l que des efforrs de chacune
en parriculier que peur nairre la perfeélion gbérale de
l'éducation. Si vous vous amuíe2
a
fondcr des maí–
rres
&
des bourfes dans des colléges, l'urilité oe <'en
fera fenur qu'a un petit nombre d' hommes favoriíés
au haf.1rd'
&
qui peut - etre n' auront point les
tale os
oécdfaires pour en profirer: ce ne
íera pour route la
oation qu'une goutre d'eau répandue íur une valle mer;
&
vous aurez fait
a
tres- grands frais de tres- perites
choíes. Et puis faut-il accoGrumer les hommes
a
!OUt
demander,
a
lOO! recevoir,
a
ne rieo devoir
a
CUK·
mémes
?
Ceue efpcce de mendicité qui
s'
étend daos
routes les conditions, dé¡¡rade un peuple,
&
fubflitue
a
toutes les paffi ons hautes un caraélere
de
balTetfe
&
d'intrigue . Les hommes íonr-ils puifl•mment intérefTé,
au bien que vous voulez leur procurer ? laiffez·les fai–
re: voila le grand, l'unique príncipe. Vous paroi(fent–
ils •'y poner avec moins d'ardeur que vous ne defire–
riez? augme11tn leur intérer . Vous vou le2 perfeélinn–
ner l'éducation ; propoÍe2 des prix
a
1'
ómulation des
peres
&
des entans : mais que ces prix íoienr offerrs
a
quiconque peor les mériter , du-moins dans chaque or–
dre de citoyens, qoc
les emplois
&
les places en toUt
geore devienneut la récompeníe du mérite,
&
la per–
lpeélive afsílrée du rravail;
&
vous verrez l'émulation
s'a llu mer a-la-fnis daos le fein de toutes les
familles:
bien-r6r votre nation s'é\evera au-defTus d'elle-mcme,
vous aure2 éclairé Ion efprit; vous luí aure2 donné des
mreurs ; vous aure2 fait de grandes choíes ;
&
il ne
vous en aura pas rant coGté que pour fondee un col–
lége .
L'autre clalfe de beíoins publics auxque\s on a vou–
Ju
íubvenir par des
fondationJ,
comprend ceu.x qu'on
peur regarder comme accidentels; qui bornés
a
cerrains
lieux
&
a
cerrains tems' entrent m oins immédiatement
daos le fyllcme de
1'
adminillration générale,
&
peu–
vent dcmander des Cecours particuliers.
11
s'agira de re–
médier aux maux d'une diíette, d'une épidémie; de pour–
voir a l'entretien de quelques vieillards ' de quelques or–
phelins,
a
la confervation des enfao1 expoíi!1; de faire
ou d'entretenir des rravaux uriles
a
la commodité oo
a
la íalubrité d'une vil le; de perfeaionner l'agriculru–
re
ou quelques arrs laoguilfans daos un can ron; de ré–
cornpeníer des íervices reodus par un ciroyen
:i
la
ville
dont il ell membre; d'y attirer des hommes célebres
par
leurs talens,
&c.
Or il s'cn faur beaucoup que
la
voie des érablitfemens publics
&
des
fondatiom
íoit la
meilleure pour procurer aux hommes rom ces biens daos
la plus grande étendue poffible. L'emploi libre des re–
vrnus d'une comrnunauté, ou la conrriburion de rous
fes
membres daos les cas ou le beÍ<lin feroit prelfant
&
général; une alfociation libre
&
des foufcriprions vo·
lonraires de quelques ciroyens généreox, daos les cas
ou l'intéret íera moitJS prochain
&
moins univerfelle–
menr fenti; voila dequoi remplir parfaitement toure Corte
(1)
An:r: raifons, qoc l'on :lppone ici contre les
FtmtiArt'~nt,
on peut
y
~n
oppofer un plus grand nombre d'amres, qm les lavonfent
8t
qut en démontrenr l'uulid: . Mais pour parler en peu de mou.
&
avec les faiu. qoi tríomphent des raifoos. daos de fcmblableJ
Arr~~
t-les.
cbacun
fait.
que
les FonJations des MonaCl:ercs forcot la vr•uc
FON
63
de
vOes vraiment otiles;
&
cette mérhode aura for celle
des
fondatiom
cer avanrage inellimable, qu'elle n'ell fu–
jorre
a
aucun abus imporranr. Comme la contriburion
de chacun ell entieremenr volontaire, il ell impolfible
qoe les fonds Coienr dérournés de leur dellination ; s'ils
l'~toient,
la fource en tariroit auffi-r6r: il n'y a point
d'argent perdu en fra is inutiles, en luxe,
&
en Mtimcns.
C'efl une íociété du m€ me genre que celles qni fe font
dans le commerce, avec cerre difrérence qu' elle n'
a
pour objet que le bien public;
&
comme les fonds
oe
íonr employés que íous les ycux des aélionnaires, ils
íont
a
ponée de veiller
a
ce qo'ils íoient employé
de
la maniere la plus avanrageuíc. Les reffources ne íont
poiot érernelles pour des befoins paffagers:
le íecours
n'ell jamais appliqué qu'a la parrie de la íociété qui fouf–
fre,
:1
la branche du Commerce qui langutt. Le be–
íoin celfe-r-il ? la libéralité celfe;
&
íon cours fe rour–
ne vers d'aurres befoins . ll n'y
a
¡amais de doubles ni
de triples emplois; paree que l'utiliré aéluelle reconnue
efl
tOOJours ce qui détermine la générolité des bienfai–
reurs publics: en fin cetre mérhode ne retire aucun fond
de la circolation générale; les terre< ne íont point
ir–
révocablement polfédées par des mains parelfeuíes ;
&
!eurs produélioos, fous la main d'un propriétaire aélif,
n'ont de bornes que celles de
leur propre fécondité .
Qu'on ne diíe point que ce íont-ta des idées chiméri–
ques: I'Anglererre. I'Ecoffe,
&
l'lrlandc Íoht remplies
de pareille; fociétés,
&
en
relfenrenr depuis plulieurs
années les heureux effers. Ce qui a lieu en Anglererre
pcur avoir lieu eo France:
&
quoi qu'on en di
fe,
les
Anglois n'onr pas le droit exclufif d'l'rre ciroyens. Nous
avons méme dép\ daos quelques provioces des exem–
ples de ces allociarions qui en prouvenr la poffibilité.
Je citerai en particu\ier la ville de Bayeux, dont les ha–
bitans fe
íont cottiíé> librement, pour bannir entierement
de leur ville la mendicité;
&
y ont réuffi, en fournif–
faot du travail
a
tous les m end ians valides'
&
des au–
mónes
:i
ceux qui ne le íonr pas. Ce bd exemple mé–
rire d'l'tre propofé
a
l'émulation de roures nos villes :
ríen ne (era
ti
aií~
qu3nd on le vnudra bien, que de
tourner vers des objets d'une uriliré générale
&
certai–
ne, l'ému\ation
&
le gol\t d' une nation auffi
fenfible
a
l'hunneur que la nlltrc'
&
auffi
facile
a
fe plier
a
roure1 les impreffions que
le
gouvernement voodra
&
faura tui donner.
6°.
Ces réflexions doivent faire applaudir aux íages
rellriélions que le Roi a mifes par
!im
édit de
1749
a
la
liberté de faire des
fondatiom
nouvelles . A;oílton¡
qu'etles ne doivenr laiffer aucun doure fur le droit in–
conrellable qu'oot le 7ouvernemeor daos l'ordre civil;
le gouvernement
&
1
Eg\iíe dans
1'
ordre de la
reli–
gion, de difpoíer des
fondatiom
aociennes , d' en di–
riger les fonds
a
de nouveaux ob¡ers, ou m ieux coco–
re de les íupprim.r tour -a-fair . L' uti lité publique
e~
la loi íupreme,
&
ne doit erre balancée ni par un re–
(peél íuperllitieux pour ce qu'on appelle
l'intention da
fondattun,
cornme
(i
des parriculiers ignorans
&
bor–
nés avoient eu le droit d'enchainer
a
leurs volontés ca–
pricieufes les génératinns qui n'étoienr point encore; ni
par la crainte de blelfer les droits prétendus de certains
corps, cornme fi les corps parriculiers avoient quelques
droits vis-a-vis l'état. Les choyens ont des droits,
&
des droits íacrés pour le corps méme de la íociété; ils
exillent indépendammenr d'elle; ils en Cont les élérnens
néceiTaires;
&
ils n'y entrent que pour fe mettre, avec
tous lcurs droirs' íous la pnlteélion de ces memes lois
auxquelles ils facrifient leur liberté. Mais les corps par–
ticu liers n'exillent poinr par eux-ml' mes ni pour eux;
ils onr été formés pour la
íociété;
&
ils doivent ceí–
íer d'etrc au moment qu'ils celfent d'etre uriles. Con–
cluons qu' aucun ouvrage des hommes n' ell fait pour
l'immortalité; puifque [e,
fondatiom
tOUJOUrs multipliées
par la vaoité ' abíorberoienr a la
longue rous les fonds
&
toures les propriétés particulieres, il faur bien qu'on
puilfe
3
la fin les détruire. Si tous les hommes qui ont
vécu avoienr eu un rombeau ,
¡¡
nuroit bien fall o pour
trouver des tcrres 3 cultiver, renverfer ces rnonumeus
flériles,
&
remuer les cendres des morrs pour nourrir
les vivans.
(r)
FoNDA
T 1
o N, (
Jurifprud. )
les nouveaux érablif–
Ce-
aufe. qu'on
conferv.it
daos
les Siecles
barbares,
ccrt:tine.tparcie.s
de
la
Liw:r:uure humaine
tOUt
a
f.m
éteinte d:lnS le
rene
de I'Eu.
rope. Les
Fon~ations
dCJ Hopitanx ont fervl pour donnl:'t au Mon,.
de des Chirurg1ens
Be
de¡ Medecin.t cxcellem, qui
ont Hl:'vé leur
art :\ un grade fublime.
8t
fi
utilt: mue bcíoins de 1'
humanil~
L••