62
FON
li-t6t des pauvres' c'en -a-dire donneroit
a
autant d'hom–
mes un
intéret de
le devrnir , en abandonnanr
leurs
occupations : d'ou réíulteroienr un vu ide daos
le
tra–
vo;l
&
la richelTe de l'état, une augmentation du poids
des charges publiques íur la tete de l'homme induntieux,
&
wus les drfordres qne nous rem.,quons daos la ciJn–
fi irution préfcote des (ociété<. C'en aiofi que les ••er–
IUS
les plus pures peuvent tromper ceux qui fe
livrenc
fans précaution
ii
tout
ce
qu'elles leur ioípirent : mais
ti
des delfeins pieux
&
rcfpcébbles démentent route_s
les eípérances qu"on en avoit con,ücs , que faudra-r-!1
penícr de toutes ces
fondr.tions
qui n' ont eu de . mot!f
&
d'ob¡ct vtritable que la íatisfaél:ion d'unc vanué frt·
vole,
&
qui íotll fans doute les plus nombreux ?
J
e ne
craindrai poiot de dire que fi on comparoit le; avanta·
ges
&
les inconvéniens de toutes les
fo~tdalions
_qui e–
:xinent au¡ourd'hni en Europe, il
n' y
en auroit
peut·~tre pas une qui íoGtlot !'examen d 'une politique éclai–
rée .
2°.
Mais de quelque utilité que puilTe etre une
fo~t
dation,
elle porte daos elle-meme un vice irrcmédia–
ble ,
&
qu"elle ti<m de fa nature , 1' impoffibilité d' eo
mainrenir
1'
exécmion . L e
li>ndateurs s' abulcnt bien
groffieremcnr, s'ib imagioeot qur leur zele
le
cummu–
niquera de liecle en liecle aux perfonnes chargée; d'en
perpituer les etlets . Quand elles en auroicm été ani–
mées quelquc t<n1S, il n'eO point de cmps qui n'ait
ii
la longue p<rdu l'efprit de Ca prcmicrc origine. 11 rr 'ell
point de íentiment qui ne
s'~moniili:
par l'hab;tudc
rnó–
me
&
la familiarité avec
les ob¡ets qui
r
ex cite m .
Q ue!< mouvemeos confus d'horreur, de tritleJie, d'at–
teodrilTement rur
l"human ité' de pitié pour
le~
mal–
heureux qui íoutlrent , n'éprouve pas tout homme qui
entre pour
la premiere fois daos une falle d' hópital
1
Eh b'en qu'il ouvre les yeux
&
qu' il voye : dan; ce
Jieu meme, au miJieu de !Outes
les miferes humaines
rallemblées, les minifl res denmés
a
les fecouri r
(e
pro–
ment'llt
d'un
air
iuo.uenrif
&
dirlrait ;
ils \
ont
machina–
lement
&
fa ns in téret dinribuer de malado en malade
des alimens
&
des
remede prefcrits quelquefois
••~e
une négligence meurrriere; leur ame Ce ptete
a
des cun–
verfations inditlérentes ,
&
peut-étre aux idées les plus
gaics
&
les plus folles ; la •,anité, 1' envíe, la haine,
toute< les paffiorrs , regrtenr-la comme ailleurs, s"occu–
perll de leur ohjet , le pourfuivrnt;
&
les gérniOemens,
l es
cris aigus de la douleur ne les détournent pas da–
vamage, que le murmure d'un ruincau
n'in terromproic
une con\·erlation animée.
O·'
a peine
~ 1~
conce \'():r ;
m ai< on a \
ü
le meme lit ú re
~-
la - for< le lit de la
mon
&
Ir
lir de la débanche.
f/.
1-(o
1'
r
T A L.
T
els
font les effet de J• habitude par rapport aux oh¡ets les
plus capables d'érnouvoir le creur humairr. Voiló pour–
q uoi aucun enthnutiafmc ue fe
li>Otiem ;
&
commenr
fau s enthnu!iafine, les m"nill res de la
fundattM
la rem–
pliront-il; !OUJ<'U IS a1
ec
Ja me me rx:,élitbde? Que!
Íll·
téret balancera en eux la parelle, ce poids anaché
o
la
nau1re hutnaine , qui I('Od 13u
ceO
e:
a
llOlb ft'tt'lllr
dans
l'irraél ion ! Les précautions memr que le fondatcur a
prifes pnur leur aíotrrrr un reverru cou0:\01, les dilpen –
fent de
le méritcr . Fondua-t-il des l"orl'eillalll, des
in fpeé1eurs, pour faire e.¿cuter les condilions de la
fon–
datton?
11 en
(era de ces infpeélcurs cornme de tous
ceux qo'on établit pour rnaintenir quelque regle que ce
foit . Si l'obilacle qui s"oppofo
.1
l'e-1.écution de In re¡;le
viem de la pardfe, la méme parelle les empc!chera
d'y
ve iller ;
fi
c'etl un intéret pt'cuniarre , ih pnunont ai–
fément en panager le prnfi t .
f/oy
l l" s
PE
e
TE
u
R
•
L es íurveillons eux n.fmes auroient done beloin d'éue
furv ei!Jé,,
&
oú s'auéteroit cene progreffion ridicule?
11
en
~rai
qn'on a obligé les chanoints
a
elre affidus
:1ux offi ce;, en réduifant prefque tout leur reveno
á
des
dinribution> manudles; mai; ce moyen ne peut obliger
qu'il une affiilnnce puremem corporelle :
&
de quelle
utilité peut-il étre poor rous
le< nutres ob¡ets bien plus
importan> de>
fondatt om?
Auffi
pref~ue
toutes le;
fon ·
¡/at•ons
ancienncs om-clles dc!généré de leur innirution
prrmitr ve: alors le mérne eípnt qui avoit lnit naitre les
premieres, en a tait érablir de nouvcl les fur le
m~me
plan , ou íur un pl:1n d1tlerent ;
leíquelles apre' avoir
dégén~ré
a leur tour , font aulli remplacées de la me–
me maniere . Les rneíures lont ordioa irement fi
bien
priíes par les fondateur;, pour rneme leurs établilTemens
3 l'abri de)
ÍOOO\·ations eXtérieure ,
qu'on trou ve Ordi·
nairement
p~us
aifé,
&
fans doute auffi plus honorable
de fond<r de nouveaux
~tabliiTemens,
que de réf<>rme;
des ancien ; mai; par ce> doubles
&
triples emplois, le
nombre cks bouches inmilcs daos la íociété,
&
b íom-
FON
me des fonds tirés de la circulatioo générale, s'augmen·
tent continuellement .
Certaincs
f ondations
cetTrnt encore d'étre exécutées
par une raifon drfférente,
&
par le feul laps du tems :
ce font les
fondat ionJ
faites en argent
&
en rentes. O n
íait que toute elpece de rente a pcrdu 3 la longue pref–
que toote
la
valcur, par deux príncipes . L e premier
en l'augmentation gradoelle
&
fu.-ceffi ve de la valeur
nurnérairc du marc d'argent, qui fait que celui qui re–
cevoit dans !'origin e une livre valant dou1.e onces
d':u–
gent' ne
re~oit
plus au¡ourd" hui , en verlo du meme
titre, qu'onc de nos livres , qui oe vaut pas la foixan–
te·treizitme pnrtie de ces douze onces . Le íecond prín–
cipe ell l'accroillement de
la malle d' argent, qui fait
qu'on ne peot au¡ourd'hui Ce procurer qu'avec trois on–
ces d'argent, ce
qu'on
avoit pour une once feo le av::mt
que 1'Amérique fOt découverte.
11
n'y auroit pas grand
inconvénient
a
cela .
fi ces
fondations
étoient en!lere–
rnem anéaruics; mais le corp; de la
[ondation
n'en íub–
fine pas moins , feolemenr les condrtions o'en íont plus
remplies: par exeutple, li
les revenus d'un hópital fouf–
frent cene diminution, on íupprimera les lits des ma–
lades,
&
l'on
Ce
contentcra de pourvoir
a
l'entretic n
des chapelains.
3°. }e
''eux íuppoíer qu' une
fonáation
ait eo daos
fon origine une utilité incomenable; qu"on ait pris des
précautions fuffiC.1ntes pour empéchcr que la parelfe
&
la négligence ne la faOent dégénérer; que la nature des
fon ds-les merte
a
1'
abri des révolutions du tems íor
les richtf/c; publiques; l"immutabilité que les fondateurs
ont chcrché
a
lui donntr en eocore un
inconvénient
confidérablc, paree que le rems amene de nouvelles
révolutions, qui font di íparoltre l'utilité dont elle pou–
voit litre dans Con origine ,
&
qui peuvent méme la
rend·e nuilible. La íociété n'a pas tOGJOUrs leo mémes
be(
's; la nature
&
la dinribotion des propriétés, la
divifion entre les ditlérens ordres ciu
pe~ple
, les opi–
llion,, les mreur s, les occupations généra les de la na–
tion ou de les dift"érentes portions, le- clirnat mc'!me ,
les maladies,
&
les nu tres accideos de la vie hurnaine,
éprouvtlll une
variation cominuelle : de
nouveaux
be–
fo ins naiflent; d'autres cdTent de fe taire fent ir ; la pro–
portian de ceux qui demeurent change de joor en ¡our
daos la
foci~té,
&
avec eux dilparnit ou dimmue l'u–
tilité de<
fundations
deninées
a
y fubvenir . Leo guer–
res de Palelline ont donné lieu
a
des
fondations
fan s
nombre, dont l'utilité a celTé avec ces guerres . S•ns
parler des ordres de religieux milita;res , 1"Europe etl
cncore cou verte de maladreries, quoique depuis long–
teros l'on n' y connoilfe plus la lepre . La phipart de
ces établillemeos íurv ivent
long- tems 3 leur urilité:
prcmierement , paree qu'
il
y
a ruO¡ours des hommes
qoi en profitcnt,
&
qui íont iotéreOés
a
les maintcnir:
fecondement'
p~rce
que lors meme qu'on el!
b~en
coo–
vaincu de leur inutilité ' on ell tres-long-terns
a
pren–
dre le partí de
les dérruiro ,
a
fe décider foit fur
les
meíurc>
&
les formalités néceiTaires pour abamc
ces
grnnd> édifices affermis depuis tant de
liecles,
&
qui
lOuvcm ticonent 3 d' autres bfttimens qu'oo craint d'é–
btanler, foil fur 1'
ufag~
ou le panage qu' on fera de
leurs débris : troifiememen t paree q)l"on cll tres -long–
tt rns 3 fe con1•aincrc de leur inu tilité , enfurte qu' ils
or>r quelquefois le tems de devenir ouilibles avant qu'
on ait foup,onné Gu'ils fon t inutiles.
]J
y
a IOU I
a
préfumer qu'une
jondation,
queiqoe U·
tile qu'clle paroilTe, deviendra uo ¡our au moins inuti–
le , peut-¿ue nu olible,
&
le Cera long-tems: n' n eil-ce
paS aflez pour arreter !OUt fondateur qui le propo(Í: UO
nutre but que celui de fati>taire fa vanité?
4°. Je n'ai rien dit encore du luxe, des édifices,
&
du falle qui environne les grandes
fondalions:
ce ferort
quelquefois évalucr bien favorablemem leur utilitc!, que
de J'ell imer la centierne partie de la dr!penfc.
)
0
M alheur
ii
moi, 1i mon ob¡et pouvo·t erre, en
préfentnnt ces confidérations , de conccnucr 1' ht•mme
daos Con feul intérér; de le reodre
iuíenfible au mal–
hcur
&
au bien - étrc de Ces femblables; d' éteindre en
lui l'efprit de citoyen;
&
de fubtltuer une prudence oi–
five
&
batfe 3 la noble paffi on d' .?tre utile aui hum–
mes! }e veux que 1' hu maniré, qne la paf!ion du b'en
public
1
procuren! aux hommes les memes biens que la
vanité des fondateurs, mai; plus sOretnent, plus corn–
plwement ' a moins de frais'
&
fans
le rnélange des
incon véniens dom ¡e me fois plaint. Parmt les
dirt~r~os
beloins de la fociété qu' on voudroit remplrr par la
voie des établiilernens durables ou des
fundat•ons,
d.–
!linguons-eo deui
Cortes,
les uns apparti nnent
~
la ro-
cié-