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GRA
mot
EsTA
M PE,
que graver en en quelque
fa~on
def–
lioer
&
peiodre ; ainli plus le gravcur fera
innruit des
príncipes théori<¡ues de la Pcinrure
&
de la pratique de
cet art, plus il lui (era faoile d'en fui re une ]Une appli–
catioo.
11
faut au moins iodifpenfablement que le gra–
veur f.1che bien deffiner,
&
qu'il s'cntretienne toíl1ours
daos l'habitude du deffein au crayon d'apri:s la bofle
&
d'apres la narure. Ces conditions fuppofées, le graveur
ayauc calqué comme je l'ai die fur fa planche le deiTcin
qu'il veut exécuter ,
i1
fe fervira de fes poimes, pour
en rendre
1'
eflet par des hachures plus ou moins
for–
tes, c'efl·a - dire plus fines
&
plus groiTes. L es regles
de la per(peéltvc aérienne
&
la rétlexion qu'il fera fur
J'effet que produifent
les corps en raifon de
leur éloi–
gnement ' le conduiron t aifémcnt
a
fe fcrv ir des poin·
tes les plus fines daos les plans éloignés,
&
des poimes
les plus forres pour les premiers plans.
11
s'agira done
d'ombrer par le moyen des hachures qu'il formera fur
fa planche, en enlevant le vernis avec fes pointes, les
objets que tui préfente Con deiTein . Je remarq uerai pour
ceux qui n'on t jamais gravé, qu'
i1
y a pour s'y habi–
tuer une petite difficu lté
3
furmoo ter : elle conline en
ce que lorfqu'on dcffine rur le papier blanc, les hacho–
res qn'on forme fe trouvent oppofées
a
la blaocheur du
fond pa<· une coulcur brune, foncée , ou noire ; au lieu
que les hnchnres que produifcot les pointes en décou–
vrant le vernis qui efl tres - noir, font claires
&
bril–
lantes: entorte que cetre oppofition ert abfolument dif–
férente de celle que produir le deiTein .
A
u relle, on
s'accoOtom< aifément
a
cetre ditféreoce;
&
l'oo fe fait
a
imaginer que ce qui en le plus clair
&
le plus bril–
lant fu r la planche vernie, deviendra le plus noir fur
l'ellampe. Revenons
a
quelques·UOS des príncipes de cet
8ft :
j'ai dit que J'on y parVCllOÍt
a
UOe ju(le dégrada–
!ÍOO par Ja ditférente wofieur des pointes qu'on ern¡>IO•
ye . M ais l'on fent a1fément que
le
travail doit coo–
courir
a
produire les elfets néceffaires
a
1'
accord
&
a
l'harmouie . Ce travail, c'ell-a-dire le feos dans lequel
on trace le; hacho res' doit etre déterminé par
1'
étude
de la oaturc commc dans le deffein ;
&
allrz ordinai–
rement li le deiTein en bon • les hachures do crayon
vous indiquerom celles des poiotes . Ainfi le fens des
mufcle;
&
le tifTu de la peau pour les fi gL1res, feront
1
1
es poin ts dont vous partirc'l. pour regler votre travail:
&
voita pourqur>Í il en e0eotiel qu' Ull graveur air une
grande habitude de delliner. Saos cela la liberté que fe
do nnenr quelquefois les ArtiOes, en delfinanr, pourroit
1'
égarer . Cette réftex ion me conduit naturellemeot
a
dire en pa(J'anr un mot rur ce qui peut contribuer
a
la
corruption de cet art •
On ne connoilfoit daos les premiers tems ou on l'a
exercé qu< la
Grn'Dure
au burio , done Je donnerai le
détail. Lo longueur du travail do burin,
&
J'avamage
de la décpuverte
&
de la promptitude d' un nouvcau
m oyen , contribuerent
3
rendre
la
fa~on
de graver
a
l'eau force plus géoérale
&
plus commune; ccpendant
on commenya par roa mettre cette oouvelle pratique
a
une imi<atioo
fervile des effets du burin : e' étoit les
premiers pas d'un art timide qui n'oíoit s'écarter de ce–
luí
a
qui il devoit la oaiiTance ; mais cette
íubordina–
tioo dura peu: la
grnvurc
a
l'eau - forte prit
1'
eiTor
&
fe chargen de ia11e les trois quam des ouvrages qu'elle
entreprtnoit ' lar!Tonr au burin le foin de Jeu r dooner
un peu plus de propret<!, d'accord ,
&
de perfeaion .
Elle ne fe borna pas-13 ; elle hafarda d'exécuter d'une
fayon libre des ouvragcs entiers ; elle
fe
débarraiTa du
jou¡¡ que loi avoit impofé le burin ; les regles qu' on
avort établies n'y furent plus des lois auxquellcs on ne
pouvoit Ce difpenfer de íe foOmettre; d' habiles arrifles
eo ptomenant au hafard la pointe fur le vernis , forme–
renr des croquis pleios d'efprit
&
de feu, mais fort in–
correas
&
d'un travail fort peu agréable. un nombre
infi ni de graveurs de tous états s'éleverenr,
&
crurcnt
qu'il fuffifoit de calquer un deffern ou un
tableau fur
le cuivre. d'eo former un trait peu correa, de le cou–
vrir de hachures arbitraires ,
&
de lai!fer
a
1'
ea
o -
forte
le foin d' achever ces Oo\'lages
imparfoits , dont nous
fomm es inondés aujourd'hui . Mai·
li l'art de la
Gra–
'liurc
a perdU,
&
perd ainli tOU> les JOUIS du méritc fa–
V30t qu'elle a eu dans les teros
mi
l'on
l'exer~oir
avec
plus de referve, de foins,
&
de réft xions; cette efpe–
ce d'abus qu'on en fait a ron utilité pour la communi–
cation généralc des Arts
&
des connoi!fances.
11
n'e!l
poinr d'ouvrage fur ces matieres, ou les idées un peu
compliqu¿es ne íoient écla;rcies par des figure< gravées,
qui font entendre ce qo' oo auroit fouveot de
la peme
ii
comprendre G10s cela . Ces figures
le plus
fou ven
e
GRA
trcs-imparfaites du cl\té de l"art, ne fcrvent pas mnios
11
la fin pour laquellc on les employc: l'art de la
Grr1-
1.11u·f
efi done devc::nu moins
partn1t ,
mil. .~
p
us utile
au' hommes.
Voici quelques - unes des
regles que 13olre nous a
tranfmiles ,
&
deíquelles on pcot (uppt!ma , ou
au~quelles on peur ajoOter , pourvO que ce loit d'aprcs des
travaus raifonnés ,
&
qu' on art toOJmns e11 vil< l'rmi–
tation de la naturc,
&
l'applicatiou des vrais príncipes
de la Peinture
&
du De !Teru. J'ai dit que la premiere
taille ou le premier rang de hachure> qu'on trace avec
la pointe fur le vernis doit fuívre le fens des hachures
du deflein, ou de la brolfe
&
du pinceau, li c'ell d'a.–
pres un tableau qu'on grave: mais ce prc mier rang de
hachures n'ell pa< fuffiíant ponr parvenir
a
L'eflet d"une
planche;
il
en
d'ufage de pnffer i"ur ces premieres tail–
lo!s
un
(econd,
&
quelquefois
un
troilieme,
&
méme
un quatrieme rang de troits qui
(e
croiCellt en différens
fens . Les fecondcs tnilles doivent C<Htcourir avec les
premieres
a
afsurer les formes ,
:1
forufier les ombres ,
&
a
décider les figu reS
OU
les ObjCtS qu'on grave; mais
comme des les premreres tailles, on a
du
épnrgner les
rctlets
&
les demi-teinres, les fecundes doivent ménager
rle
meme les parties qui doivem ctre rnoins colotées -
Si t'ombre fe trouve tri:s-fortc
&
te
reft ct auffi ,
les
·deux tnillcs de
·¡•
ombrc doivem
erre
t"aites avec
une
pointe molle
&
forte'
&
ces deos memes tailles feron t
continnées dans les
reftets pnr des pointcs
plus fines
dans le mcme gcnre de tral'ail.
On doit obferver de fnire la premiere taille force ,
noume,
&
ferrée ;
la fecoode un pe
u
plus déliée
&
plus écartée,
&
la troiliellle encere plus fine. La rai–
fon de cela ell, que
1
premiere étant celle qoi indique
le fens des murcies
&
(le la peau , doit
~trc
ce!le qui
domine; les autres ne font aJOíltécs que pour coloree
davantage les
figures ou les corps fur
lefquels on les
employe. L'une dcffine, les nutres peignent ; la pre–
miere en faite pour imiter les formes, les aurros pou r
répandre fur CeS formes
l'elfet ]Une du cJair obfcor.
Si la premierc
&
la feconde taille forment en
Ce
croi–
fant des quarré , la troifieme doit former des
loíanges
fur l'uoc des deux; ou
fl
les deux premit:res Jout en
loíange, la troifieme
(era
quurrée.
On doit fe
íervir rarement de
rmifieme haehure
a
J'eau-forte , torfqu'on fe réfervc de retoucher
la plan–
cht au burin , paree qu'on laiiTe
cette troilieme pour
aJo O ter, par le moyetl du burin ,
la couleur qui peut
manquer '
&
la propreté qu' on veut donncr
a
1'
ou–
vrage.
L e genrc de travail que l'on cmployc doit, comme •
on le fentira aiíémeor , avoir rapport a la narure des
objets qo'oo grave . Cene efpece de convenrion con–
rribue beaucoup
a
l'effet que produit la
Grav ur<;
ain!i
on a remarqué que les traits doublés qui formcnt des
quarrés, c'efl-a-dire qui re croifent pcrpc ndiculairement,
produiroient
~
la vOe un travail plus dur
&
mnins
a–
gréable
a
l'reil , que
les traits qui re coupent en for–
manr des lofanges ou des demi· lofanges . O n a donné
la préférence ; ce dernier trnvail, pour repréfenter des
corps délicats, tels que ceu>< des femmes,
des
eofans,
des ¡eunes hommes;
&
l'on s'eO éloigné plus ou
moin~
de cette combinaifon d-. tailles :1-proportion de l'aufié–
rité qu'on deliroit dans les travoux qu' oo vouloit cm–
ployer. Quelqucs anines onr trouvé que daos les figu–
res qui ne demandoient pas une grande vigueur de cou–
leur , on pouvoit hardimen t re
fc rvir du grand lofan–
ge; mais qu'íl deveno't cmbarra!Tant, lorfqu'il faut ren–
dre les tons plus colorés . Au relle il
efl des artilles
qui fans s'anreiodre
ii
ces regle
, om fair de tres bel–
Jes ellampes, ce qui
nc
prouve pas qu'elles foienr iou–
tiles, mais feulemenr qu'il ne tllut s'en aflranch'r qu'\o–
tant qu'on efl st1r de
r~uffir
fans
leurs fecours . L es
plus beaux exemples de ces pratiques, dont JC viens de
rendrc compte, lont les enampes de Cornellle Vifcher.
Les draperics erigenr du graveur une
inñnité de
cnmbioaifons
&
d' attentions daos le trava'l qui varíe,
fuivaot la na
tu
re des éwfles, le mouvemem des plis
&
le plan des figures . En général il faut , comme dans
les chairs , que la premiere taille dcffine la forme
&
le
mou vement du pli : mais
!i
la continuotion de ce
u
e
taille daos
le
pli
qui
(uir,
n' cll
pas propre, comme
cela doit arriver fouvent ,
~
en expr"m<r
k
¡une cara–
aere ,
i1
faut lo den
ío<r
3
fer vir de fcconde o
u
de uoi–
fieme meme.
en
(ubordonnant cette
ta'lle
3
celle que
vous tui fubniruez. Cctte combina'!i>n qui demande du
foin
&
de 1" hab·tude , donnetJ
a
VOtre traV3i\ une aj–
(ance
&
·me ¡ulktfe qui charmeront l"rnil. Une fecon-
dc