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766

GRA

mot

EsTA

M PE,

que graver en en quelque

fa~on

def–

lioer

&

peiodre ; ainli plus le gravcur fera

innruit des

príncipes théori<¡ues de la Pcinrure

&

de la pratique de

cet art, plus il lui (era faoile d'en fui re une ]Une appli–

catioo.

11

faut au moins iodifpenfablement que le gra–

veur f.1che bien deffiner,

&

qu'il s'cntretienne toíl1ours

daos l'habitude du deffein au crayon d'apri:s la bofle

&

d'apres la narure. Ces conditions fuppofées, le graveur

ayauc calqué comme je l'ai die fur fa planche le deiTcin

qu'il veut exécuter ,

i1

fe fervira de fes poimes, pour

en rendre

1'

eflet par des hachures plus ou moins

for–

tes, c'efl·a - dire plus fines

&

plus groiTes. L es regles

de la per(peéltvc aérienne

&

la rétlexion qu'il fera fur

J'effet que produifent

les corps en raifon de

leur éloi–

gnement ' le conduiron t aifémcnt

a

fe fcrv ir des poin·

tes les plus fines daos les plans éloignés,

&

des poimes

les plus forres pour les premiers plans.

11

s'agira done

d'ombrer par le moyen des hachures qu'il formera fur

fa planche, en enlevant le vernis avec fes pointes, les

objets que tui préfente Con deiTein . Je remarq uerai pour

ceux qui n'on t jamais gravé, qu'

i1

y a pour s'y habi–

tuer une petite difficu lté

3

furmoo ter : elle conline en

ce que lorfqu'on dcffine rur le papier blanc, les hacho–

res qn'on forme fe trouvent oppofées

a

la blaocheur du

fond pa<· une coulcur brune, foncée , ou noire ; au lieu

que les hnchnres que produifcot les pointes en décou–

vrant le vernis qui efl tres - noir, font claires

&

bril–

lantes: entorte que cetre oppofition ert abfolument dif–

férente de celle que produir le deiTein .

A

u relle, on

s'accoOtom< aifément

a

cetre ditféreoce;

&

l'oo fe fait

a

imaginer que ce qui en le plus clair

&

le plus bril–

lant fu r la planche vernie, deviendra le plus noir fur

l'ellampe. Revenons

a

quelques·UOS des príncipes de cet

8ft :

j'ai dit que J'on y parVCllOÍt

a

UOe ju(le dégrada–

!ÍOO par Ja ditférente wofieur des pointes qu'on ern¡>IO•

ye . M ais l'on fent a1fément que

le

travail doit coo–

courir

a

produire les elfets néceffaires

a

1'

accord

&

a

l'harmouie . Ce travail, c'ell-a-dire le feos dans lequel

on trace le; hacho res' doit etre déterminé par

1'

étude

de la oaturc commc dans le deffein ;

&

allrz ordinai–

rement li le deiTein en bon • les hachures do crayon

vous indiquerom celles des poiotes . Ainfi le fens des

mufcle;

&

le tifTu de la peau pour les fi gL1res, feront

1

1

es poin ts dont vous partirc'l. pour regler votre travail:

&

voita pourqur>Í il en e0eotiel qu' Ull graveur air une

grande habitude de delliner. Saos cela la liberté que fe

do nnenr quelquefois les ArtiOes, en delfinanr, pourroit

1'

égarer . Cette réftex ion me conduit naturellemeot

a

dire en pa(J'anr un mot rur ce qui peut contribuer

a

la

corruption de cet art •

On ne connoilfoit daos les premiers tems ou on l'a

exercé qu< la

Grn'Dure

au burio , done Je donnerai le

détail. Lo longueur du travail do burin,

&

J'avamage

de la décpuverte

&

de la promptitude d' un nouvcau

m oyen , contribuerent

3

rendre

la

fa~on

de graver

a

l'eau force plus géoérale

&

plus commune; ccpendant

on commenya par roa mettre cette oouvelle pratique

a

une imi<atioo

fervile des effets du burin : e' étoit les

premiers pas d'un art timide qui n'oíoit s'écarter de ce–

luí

a

qui il devoit la oaiiTance ; mais cette

íubordina–

tioo dura peu: la

grnvurc

a

l'eau - forte prit

1'

eiTor

&

fe chargen de ia11e les trois quam des ouvrages qu'elle

entreprtnoit ' lar!Tonr au burin le foin de Jeu r dooner

un peu plus de propret<!, d'accord ,

&

de perfeaion .

Elle ne fe borna pas-13 ; elle hafarda d'exécuter d'une

fayon libre des ouvragcs entiers ; elle

fe

débarraiTa du

jou¡¡ que loi avoit impofé le burin ; les regles qu' on

avort établies n'y furent plus des lois auxquellcs on ne

pouvoit Ce difpenfer de íe foOmettre; d' habiles arrifles

eo ptomenant au hafard la pointe fur le vernis , forme–

renr des croquis pleios d'efprit

&

de feu, mais fort in–

correas

&

d'un travail fort peu agréable. un nombre

infi ni de graveurs de tous états s'éleverenr,

&

crurcnt

qu'il fuffifoit de calquer un deffern ou un

tableau fur

le cuivre. d'eo former un trait peu correa, de le cou–

vrir de hachures arbitraires ,

&

de lai!fer

a

1'

ea

o -

forte

le foin d' achever ces Oo\'lages

imparfoits , dont nous

fomm es inondés aujourd'hui . Mai·

li l'art de la

Gra–

'liurc

a perdU,

&

perd ainli tOU> les JOUIS du méritc fa–

V30t qu'elle a eu dans les teros

mi

l'on

l'exer~oir

avec

plus de referve, de foins,

&

de réft xions; cette efpe–

ce d'abus qu'on en fait a ron utilité pour la communi–

cation généralc des Arts

&

des connoi!fances.

11

n'e!l

poinr d'ouvrage fur ces matieres, ou les idées un peu

compliqu¿es ne íoient écla;rcies par des figure< gravées,

qui font entendre ce qo' oo auroit fouveot de

la peme

ii

comprendre G10s cela . Ces figures

le plus

fou ven

e

GRA

trcs-imparfaites du cl\té de l"art, ne fcrvent pas mnios

11

la fin pour laquellc on les employc: l'art de la

Grr1-

1.11u·f

efi done devc::nu moins

partn1t ,

mil. .~

p

us utile

au' hommes.

Voici quelques - unes des

regles que 13olre nous a

tranfmiles ,

&

deíquelles on pcot (uppt!ma , ou

au~quelles on peur ajoOter , pourvO que ce loit d'aprcs des

travaus raifonnés ,

&

qu' on art toOJmns e11 vil< l'rmi–

tation de la naturc,

&

l'applicatiou des vrais príncipes

de la Peinture

&

du De !Teru. J'ai dit que la premiere

taille ou le premier rang de hachure> qu'on trace avec

la pointe fur le vernis doit fuívre le fens des hachures

du deflein, ou de la brolfe

&

du pinceau, li c'ell d'a.–

pres un tableau qu'on grave: mais ce prc mier rang de

hachures n'ell pa< fuffiíant ponr parvenir

a

L'eflet d"une

planche;

il

en

d'ufage de pnffer i"ur ces premieres tail–

lo!s

un

(econd,

&

quelquefois

un

troilieme,

&

méme

un quatrieme rang de troits qui

(e

croiCellt en différens

fens . Les fecondcs tnilles doivent C<Htcourir avec les

premieres

a

afsurer les formes ,

:1

forufier les ombres ,

&

a

décider les figu reS

OU

les ObjCtS qu'on grave; mais

comme des les premreres tailles, on a

du

épnrgner les

rctlets

&

les demi-teinres, les fecundes doivent ménager

rle

meme les parties qui doivem ctre rnoins colotées -

Si t'ombre fe trouve tri:s-fortc

&

te

reft ct auffi ,

les

·deux tnillcs de

·¡•

ombrc doivem

erre

t"aites avec

une

pointe molle

&

forte'

&

ces deos memes tailles feron t

continnées dans les

reftets pnr des pointcs

plus fines

dans le mcme gcnre de tral'ail.

On doit obferver de fnire la premiere taille force ,

noume,

&

ferrée ;

la fecoode un pe

u

plus déliée

&

plus écartée,

&

la troiliellle encere plus fine. La rai–

fon de cela ell, que

1

premiere étant celle qoi indique

le fens des murcies

&

(le la peau , doit

~trc

ce!le qui

domine; les autres ne font aJOíltécs que pour coloree

davantage les

figures ou les corps fur

lefquels on les

employe. L'une dcffine, les nutres peignent ; la pre–

miere en faite pour imiter les formes, les aurros pou r

répandre fur CeS formes

l'elfet ]Une du cJair obfcor.

Si la premierc

&

la feconde taille forment en

Ce

croi–

fant des quarré , la troifieme doit former des

loíanges

fur l'uoc des deux; ou

fl

les deux premit:res Jout en

loíange, la troifieme

(era

quurrée.

On doit fe

íervir rarement de

rmifieme haehure

a

J'eau-forte , torfqu'on fe réfervc de retoucher

la plan–

cht au burin , paree qu'on laiiTe

cette troilieme pour

aJo O ter, par le moyetl du burin ,

la couleur qui peut

manquer '

&

la propreté qu' on veut donncr

a

1'

ou–

vrage.

L e genrc de travail que l'on cmployc doit, comme •

on le fentira aiíémeor , avoir rapport a la narure des

objets qo'oo grave . Cene efpece de convenrion con–

rribue beaucoup

a

l'effet que produit la

Grav ur<;

ain!i

on a remarqué que les traits doublés qui formcnt des

quarrés, c'efl-a-dire qui re croifent pcrpc ndiculairement,

produiroient

~

la vOe un travail plus dur

&

mnins

a–

gréable

a

l'reil , que

les traits qui re coupent en for–

manr des lofanges ou des demi· lofanges . O n a donné

la préférence ; ce dernier trnvail, pour repréfenter des

corps délicats, tels que ceu>< des femmes,

des

eofans,

des ¡eunes hommes;

&

l'on s'eO éloigné plus ou

moin~

de cette combinaifon d-. tailles :1-proportion de l'aufié–

rité qu'on deliroit dans les travoux qu' oo vouloit cm–

ployer. Quelqucs anines onr trouvé que daos les figu–

res qui ne demandoient pas une grande vigueur de cou–

leur , on pouvoit hardimen t re

fc rvir du grand lofan–

ge; mais qu'íl deveno't cmbarra!Tant, lorfqu'il faut ren–

dre les tons plus colorés . Au relle il

efl des artilles

qui fans s'anreiodre

ii

ces regle

, om fair de tres bel–

Jes ellampes, ce qui

nc

prouve pas qu'elles foienr iou–

tiles, mais feulemenr qu'il ne tllut s'en aflranch'r qu'\o–

tant qu'on efl st1r de

r~uffir

fans

leurs fecours . L es

plus beaux exemples de ces pratiques, dont JC viens de

rendrc compte, lont les enampes de Cornellle Vifcher.

Les draperics erigenr du graveur une

inñnité de

cnmbioaifons

&

d' attentions daos le trava'l qui varíe,

fuivaot la na

tu

re des éwfles, le mouvemem des plis

&

le plan des figures . En général il faut , comme dans

les chairs , que la premiere taille dcffine la forme

&

le

mou vement du pli : mais

!i

la continuotion de ce

u

e

taille daos

le

pli

qui

(uir,

n' cll

pas propre, comme

cela doit arriver fouvent ,

~

en expr"m<r

k

¡une cara–

aere ,

i1

faut lo den

ío<r

3

fer vir de fcconde o

u

de uoi–

fieme meme.

en

(ubordonnant cette

ta'lle

3

celle que

vous tui fubniruez. Cctte combina'!i>n qui demande du

foin

&

de 1" hab·tude , donnetJ

a

VOtre traV3i\ une aj–

(ance

&

·me ¡ulktfe qui charmeront l"rnil. Une fecon-

dc