Table of Contents Table of Contents
Previous Page  800 / 922 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 800 / 922 Next Page
Page Background

772

GRA

me raifon que je viens de dooner, pour laquelle on cou–

pe le bout du manche du burio; la meilleure mamere

elt done de faire enfone que le buriu glilfe toOJOUfs ho–

rifomalem<nt fur le cuivre: alors vou; pouve2 eu ren–

dsnt

votr~

m

a

in legere, commeocer un trait d'une fi–

nefTe eureme; pour peu que vous foulevie'l. enCuite im–

perceptiblement le poignet, le burin emrera plus pro–

fondément daos le cuivre par la poime,

&

élargira par

conféquent la taille,

ti

la m

a

in fe remet en fin comme

elle étoit en commenc,:ant, le rra:t finira par erre auffi

délicat que lorfque vous l'ave'L commencé. Or cene

rnanreuvre elt elfentielle pour la beauré de la

Gravure

&

pour l'intelligence des ombres: il faur done s'y rom–

pre par une

infinité d'efTais;

il

en faut beaucoup auffi

pour qu'en faifanr ceue opérarion délicate, vous puiffie'l.

encare rourner votre burin en tour feos,

&

donner

a

vos railles une fiexibiliré

a

laquelle en géoéral la ma–

niere de conduire cer outil qu'on poulfe roOJours, fem–

ble conrraire. Au reltc, il faut avenir qu'il n'elt pos

befoin d'aotant de force qu'on le croit poor cette ma–

nreuvre,

&

que la roideur elt !ilr-rour nuifible

a

la con–

duire du burin. Une force bien ménagéc, adoucie,

&

liante, elt ce qu'il faut acquérir pour réuffir

a

cene Cor–

te de

gravttre

.

Il faut aJoOrer a ce que j'ai dit du méchanifme de

la

gravt<re

au burin, que pour cendre plus faeile l'exé–

curion des

railles courbes, on peur de la main gauche

faire rourner doucemenr la planche elle-meme, en ayant

foin que les mouvemens des deux mains s'accordent

bien,

&

que la planche falre bien également une par–

tie du mouvement, tandis que le burin fait l'autre: pour

cela, on 3?puie la planche qu'on grave fur un petit couf–

finet de cuir rempli de Cable ou de fon. La plancñe

y

prend une efpece d'équilibre commc elle erl rcpréfemée,

ftg.

H, PI. l .

&

on peut aifément la faire preter a–

vec la main gauche aux mouvemeos qui font nécef–

faires.

L orfque vous eres parveou

~

faire

~

l'aide do burin

une raille en coupant le coivre, cette taille a befoin

d'etre nettoyée, c'elt-a-dire qu'il fe forme par l'aéHon

do borin deux perites barbes fur le haut de la taille, en–

forte qu'en pafiam le doigt vous fentez une inégalité le

long de

la hachure, qu'il faut faite difparolrre; on fe

fert pour cela d'un outil tri:s-coopant qu"on nomme

grattoir;

on le paffe

~

plat fur la taille, en allanr dia–

gona lement tout le long de la raille ,

&

l'on s'appen;oit

eo

y

pafia

m

le doigt enfuue, s'il y rerle encare quel–

que ébarbure: on appelle done cette opération

lbarb•r.

Le grattoir elt repréfemé daos la

Planch• l .

tenant au

bout du bruniffoir. Lbrfqu' on a ainti approprié fa taii–

Je, on

la

frotte avec uo petit rampan fait de feutre roolé

&

fali de noir

&

d"huile, pour en voir J'effet,

&

pour

¡uger

fi

elle erl ou afie'L large ou alreJ, nette oo entin

telle qu'on la defire.

A van! que de dire un mot fur qoelques parties de

J'exercice de cer art, j'a¡oOterai que fi

vos

burins font

trcmpés trop durs, ils cafferom tri:s-fouveot

&

mnlgré

J'adreiTe que vous mettrez

a

les conduire.

11

faut •

li

vous voo; appercevez de ce défaur, meme ces burins

fur un charbon ardent dont vous excite'l. le feu JUfqu':\

ce que l"acier Jauniffe; vous les trempere'l. enfoitc daos

l'eau ou dans du fuif,

&

vous efTayere7. ainti de

leur

donner

le jurle degré qui

leur erl néceli•ire: s'ils

¿.

moufient leur pointe, au contraire , change2-eo, c'clt un

figne cerroin qo'ils font mauvais.

V

enous

a

quelques obfervations

&

quelques regles

générales _ en rappellant ce que ¡'ai déJa dit, favoir que

le caroéJ:ere du graveur, fon

intelligeoce,

&

le geore

d'on vrage qu'il traite. doivent le décider ou

a

fuivre

une maniere, ou mieux encore

3

s'en former unt: qu'il

doit to6Jours foOmeme aux príncipes invariables de la

Printore

&

do Ddfein.

Le, manieres de grave r de Gohzios, M uJier , Lu–

cas-Kiliau, Mellan,

&

d'autres qui

leur re!femblent

foo t libres

&

faciles; elles on t uo mérite réel; on peu;

les bljmer auffi d'un peu d'affeélation dans le toorno–

yement des tailles; ils étoienr bieli-aifes qu'on kur fO t

gré de

1'

hahitude qu'ils avoient acquife.

11

vaudroit

¡nieux qu'ils n'en euilent point fait parade,

&

qu'ils ne

l'enllent employée que dans les endro'ts oí\ elle étoit

né~ellaire.

Point d'afteélation ni de

n~gligeoce,

voilil le

pomt duqucl le graveur doit approch<r le plus qu'il lui

fera poffi ble.

Evircz de croifer les railles de maniere qu'elles foient

trop en

lo~ange,

. fur-toot daos

les chairs, paree que

les angles a1gus repérés daos cene forte de travail

for-

m~n~

un

eff~

1

defagréable .

'

GRA

La maniere entre quarré

&

lofange, efi la plus uti–

le

&

la plus agréable

~

l'reil, elle elt aulli plus diffi–

cile

a

employer' paree que l'inégalité des trairs s'y fait

plus aifémeot rernarquer.

Le burin doit obferver une partie des principes que

fai donnés au commeocement de cet articlc; les hacho–

res principales doivent done fuivre le fens des rnufcles,

en s'adoucifiant vers les lumieres

&

vers les refiets ,

&

fe reofiaot ou s'approfondiilant daos les pinces· des

fones ombres.

11

faut que l'extrémité des hachures qui

viennent former

les cootours, ou fe perdre daos les

traits qui décidenr ces contours,

(oit

conduire d'unc

fa–

s-on neue

&

lcgere; de maniere qu'il n'y ait rien de

tranché ni de dur. On peut confulter 13-deiTus les ou–

vragcs d'Edelinck qui

a

poilédé cette partie.

11

e(\

a

fouhaiter que

les tailles s'a¡ultent tellemenc

entre elles, qu'elles s'aideLH daos

leur effet,

&

oe fe

nuifeot ¡amais en fe rencontranr

&

en fe croifaot; l'air

de faci¡ité que cela donne

~

l'ouvrage y répand uo grand

agrément.

Que les tailles foient ondoyées; qu'elles fe plient en

divers feos. mais avec aom peu d'afreébtion que de

roideur, comme je l'ai dé¡a dit: il etl difficile d'en

prendre l'habitude; mais

il

erl auffi bli mnble d'en abu–

ier, qu'il le feroit de faire roíljou rs des trairs droits ,

paree qu'il erl plus aifé d'en venir

a

bout.

Les cheveux, la barbe,

&

le poil des animaux, de–

mandent une grande legereté daos la main,

&

une

fl¿.

xibilité rare daos le burin.

Mais il ne faut pas que pour fairc parade de ceue a–

dre!fe on oéglige de faire b1eo fentir

fes mafies, qui

doivent indiquer les formes

&

l'eftet de la lamiere

&

de l'ombrc fur les maffes.

Les étoffes demanden! auffi de la legereté d'outil, en

proportion cependant avec la nature des étoffes; les é–

toftes de gros draps

&

de laine épai11e demandeot un

travail plus brut; le finge veut étre gravé d'une

fa~on

déliée

&

pre!Tée

~

une taille ou

a

deux tour au plus,

li

cela fe peut. Les étoffes fermes

&

lu ifanres veulen t

des tailles plus droites

&

moins variées; les plis de ces

étof!es foot caffés

&

forment des furf3ces piares. Les

tailJeS qu'00 nomme

Oltr<-dniX

fervent

¡j

indiquer Je

luifant; on s' en fert auffi daos les métaux qui réfic!chif–

fenr

la lumiere.

L"Architeélure demande des tailles droites, mais cel–

les qui fe trouveot iur les plans qui fuient doivent

ten–

dre au point de víle. Les hachures des colonnes veu–

leot

~tre

perpendiculaires:

ti

vous les faites rondes

&

horifontales, il arrivera fouvent que pour fatisfaire aux

lois de la Perfpeélive, il faudra que celles qui appro–

chcnt du chapiteau, foient d'un fens coutraire

3

celles

qui approchen t de la bafe; ce qoi fait fur les premiers

plans fur-tout, un tff¿t defagréable.

Le payfage elt difficile

a

trairer au burin; fou••ent

on l'ébauche

a

l'eau-forte,

&

Je crois qu'oo fait bien:

il faut chercher

a

fe faire une m•niere.

&

pour cela

confulter les bons auteurs; Augutlin Carrache, Villa–

mene , ]can Sadeler , font bons

a

imiter : Corn<"ill c

Carts en a gra<•é plofieurs d'apr<!s le Mucian, qui foot

trcs-beaux

&

qui peuvenr fervir de modeles.

Les monragnes

&

les roch'<s, lorlqu'ils

lont

fur les

prcmiers

&

reconds plans. doivenr erre travaillés d'une

maniere un peu brote , en quirrant

&

reprenaot fouvent

les tailles, en les varianr fuivant les plans des pierres

&

des rocher;, en

les entre-melant de plaotes, d'her ba–

ges,

&

de t<rreins: pour ce; obJels, lorfqu'ils fe rrou–

vent daos les lointains , ils doivenr participer de l'inter–

pofition de l'air; erre peu décidés dons leurs inég•l'tés

&

dan

les accidens qui les accompagnent,

&

(e

per–

dre quelquefois avec les travaui doot on fe fert pour

graver les ciels.

Les eaux fe repréfentent ordinairement par des ligncs

tres-droires. égales .

&

mclécs d'entre-deux fines

&

dé–

Jiées, pour espnmer le luif3nt de

l'eau; mais

fi c'elt

une mer agitée qu'on reprélente, on feot bien que

ce

doit erre par un aurre genre de rravail qu'bn doit y ar–

river:

il

f3ut alors que

les

tailles fuiveo t

le feos des

6ots

&

indiquenr le mouvement des vagues. Les noa–

ges demandent auffi que leur forme

&

leur mouve·

rnent foienr indiqués par les hachures,

&

que les tra–

vaux qu'on cmploye foient d'autant plus legers que l'é–

loi~nement

des nuées clt plus grand.

En

général il fau t prnportionuer au¡ant qu'on le peut

In

grolleur "des tailles

&

l'efpece de travail,

a

la gran–

dcur des ou•·rages, indépencammenr des autres afTuJet–

til_fernens donr j'ai pa.rlé.

11

faut done cmployer des

ta1lles

m~

les

&

nournes daos une grande erlampe, rnais

fans