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GRA
me raifon que je viens de dooner, pour laquelle on cou–
pe le bout du manche du burio; la meilleure mamere
elt done de faire enfone que le buriu glilfe toOJOUfs ho–
rifomalem<nt fur le cuivre: alors vou; pouve2 eu ren–
dsnt
votr~
m
a
in legere, commeocer un trait d'une fi–
nefTe eureme; pour peu que vous foulevie'l. enCuite im–
perceptiblement le poignet, le burin emrera plus pro–
fondément daos le cuivre par la poime,
&
élargira par
conféquent la taille,
ti
la m
a
in fe remet en fin comme
elle étoit en commenc,:ant, le rra:t finira par erre auffi
délicat que lorfque vous l'ave'L commencé. Or cene
rnanreuvre elt elfentielle pour la beauré de la
Gravure
&
pour l'intelligence des ombres: il faur done s'y rom–
pre par une
infinité d'efTais;
il
en faut beaucoup auffi
pour qu'en faifanr ceue opérarion délicate, vous puiffie'l.
encare rourner votre burin en tour feos,
&
donner
a
vos railles une fiexibiliré
a
laquelle en géoéral la ma–
niere de conduire cer outil qu'on poulfe roOJours, fem–
ble conrraire. Au reltc, il faut avenir qu'il n'elt pos
befoin d'aotant de force qu'on le croit poor cette ma–
nreuvre,
&
que la roideur elt !ilr-rour nuifible
a
la con–
duire du burin. Une force bien ménagéc, adoucie,
&
liante, elt ce qu'il faut acquérir pour réuffir
a
cene Cor–
te de
gravttre
.
Il faut aJoOrer a ce que j'ai dit du méchanifme de
la
gravt<re
au burin, que pour cendre plus faeile l'exé–
curion des
railles courbes, on peur de la main gauche
faire rourner doucemenr la planche elle-meme, en ayant
foin que les mouvemens des deux mains s'accordent
bien,
&
que la planche falre bien également une par–
tie du mouvement, tandis que le burin fait l'autre: pour
cela, on 3?puie la planche qu'on grave fur un petit couf–
finet de cuir rempli de Cable ou de fon. La plancñe
y
prend une efpece d'équilibre commc elle erl rcpréfemée,
ftg.
H, PI. l .
&
on peut aifément la faire preter a–
vec la main gauche aux mouvemeos qui font nécef–
faires.
L orfque vous eres parveou
~
faire
~
l'aide do burin
une raille en coupant le coivre, cette taille a befoin
d'etre nettoyée, c'elt-a-dire qu'il fe forme par l'aéHon
do borin deux perites barbes fur le haut de la taille, en–
forte qu'en pafiam le doigt vous fentez une inégalité le
long de
la hachure, qu'il faut faite difparolrre; on fe
fert pour cela d'un outil tri:s-coopant qu"on nomme
grattoir;
on le paffe
~
plat fur la taille, en allanr dia–
gona lement tout le long de la raille ,
&
l'on s'appen;oit
eo
y
pafia
m
le doigt enfuue, s'il y rerle encare quel–
que ébarbure: on appelle done cette opération
lbarb•r.
Le grattoir elt repréfemé daos la
Planch• l .
tenant au
bout du bruniffoir. Lbrfqu' on a ainti approprié fa taii–
Je, on
la
frotte avec uo petit rampan fait de feutre roolé
&
fali de noir
&
d"huile, pour en voir J'effet,
&
pour
¡uger
fi
elle erl ou afie'L large ou alreJ, nette oo entin
telle qu'on la defire.
A van! que de dire un mot fur qoelques parties de
J'exercice de cer art, j'a¡oOterai que fi
vos
burins font
trcmpés trop durs, ils cafferom tri:s-fouveot
&
mnlgré
J'adreiTe que vous mettrez
a
les conduire.
11
faut •
li
vous voo; appercevez de ce défaur, meme ces burins
fur un charbon ardent dont vous excite'l. le feu JUfqu':\
ce que l"acier Jauniffe; vous les trempere'l. enfoitc daos
l'eau ou dans du fuif,
&
vous efTayere7. ainti de
leur
donner
le jurle degré qui
leur erl néceli•ire: s'ils
¿.
moufient leur pointe, au contraire , change2-eo, c'clt un
figne cerroin qo'ils font mauvais.
V
enous
a
quelques obfervations
&
quelques regles
générales _ en rappellant ce que ¡'ai déJa dit, favoir que
le caroéJ:ere du graveur, fon
intelligeoce,
&
le geore
d'on vrage qu'il traite. doivent le décider ou
a
fuivre
une maniere, ou mieux encore
3
s'en former unt: qu'il
doit to6Jours foOmeme aux príncipes invariables de la
Printore
&
do Ddfein.
Le, manieres de grave r de Gohzios, M uJier , Lu–
cas-Kiliau, Mellan,
&
d'autres qui
leur re!femblent
foo t libres
&
faciles; elles on t uo mérite réel; on peu;
les bljmer auffi d'un peu d'affeélation dans le toorno–
yement des tailles; ils étoienr bieli-aifes qu'on kur fO t
gré de
1'
hahitude qu'ils avoient acquife.
11
vaudroit
¡nieux qu'ils n'en euilent point fait parade,
&
qu'ils ne
l'enllent employée que dans les endro'ts oí\ elle étoit
né~ellaire.
Point d'afteélation ni de
n~gligeoce,
voilil le
pomt duqucl le graveur doit approch<r le plus qu'il lui
fera poffi ble.
Evircz de croifer les railles de maniere qu'elles foient
trop en
lo~ange,
. fur-toot daos
les chairs, paree que
les angles a1gus repérés daos cene forte de travail
for-
m~n~
un
eff~
1
defagréable .
'
GRA
La maniere entre quarré
&
lofange, efi la plus uti–
le
&
la plus agréable
~
l'reil, elle elt aulli plus diffi–
cile
a
employer' paree que l'inégalité des trairs s'y fait
plus aifémeot rernarquer.
Le burin doit obferver une partie des principes que
fai donnés au commeocement de cet articlc; les hacho–
res principales doivent done fuivre le fens des rnufcles,
en s'adoucifiant vers les lumieres
&
vers les refiets ,
&
fe reofiaot ou s'approfondiilant daos les pinces· des
fones ombres.
11
faut que l'extrémité des hachures qui
viennent former
les cootours, ou fe perdre daos les
traits qui décidenr ces contours,
(oit
conduire d'unc
fa–
s-on neue
&
lcgere; de maniere qu'il n'y ait rien de
tranché ni de dur. On peut confulter 13-deiTus les ou–
vragcs d'Edelinck qui
a
poilédé cette partie.
11
e(\
a
fouhaiter que
les tailles s'a¡ultent tellemenc
entre elles, qu'elles s'aideLH daos
leur effet,
&
oe fe
nuifeot ¡amais en fe rencontranr
&
en fe croifaot; l'air
de faci¡ité que cela donne
~
l'ouvrage y répand uo grand
agrément.
Que les tailles foient ondoyées; qu'elles fe plient en
divers feos. mais avec aom peu d'afreébtion que de
roideur, comme je l'ai dé¡a dit: il etl difficile d'en
prendre l'habitude; mais
il
erl auffi bli mnble d'en abu–
ier, qu'il le feroit de faire roíljou rs des trairs droits ,
paree qu'il erl plus aifé d'en venir
a
bout.
Les cheveux, la barbe,
&
le poil des animaux, de–
mandent une grande legereté daos la main,
&
une
fl¿.
xibilité rare daos le burin.
Mais il ne faut pas que pour fairc parade de ceue a–
dre!fe on oéglige de faire b1eo fentir
fes mafies, qui
doivent indiquer les formes
&
l'eftet de la lamiere
&
de l'ombrc fur les maffes.
Les étoffes demanden! auffi de la legereté d'outil, en
proportion cependant avec la nature des étoffes; les é–
toftes de gros draps
&
de laine épai11e demandeot un
travail plus brut; le finge veut étre gravé d'une
fa~on
déliée
&
pre!Tée
~
une taille ou
a
deux tour au plus,
li
cela fe peut. Les étoffes fermes
&
lu ifanres veulen t
des tailles plus droites
&
moins variées; les plis de ces
étof!es foot caffés
&
forment des furf3ces piares. Les
tailJeS qu'00 nomme
Oltr<-dniX
fervent
¡j
indiquer Je
luifant; on s' en fert auffi daos les métaux qui réfic!chif–
fenr
la lumiere.
L"Architeélure demande des tailles droites, mais cel–
les qui fe trouveot iur les plans qui fuient doivent
ten–
dre au point de víle. Les hachures des colonnes veu–
leot
~tre
perpendiculaires:
ti
vous les faites rondes
&
horifontales, il arrivera fouvent que pour fatisfaire aux
lois de la Perfpeélive, il faudra que celles qui appro–
chcnt du chapiteau, foient d'un fens coutraire
3
celles
qui approchen t de la bafe; ce qoi fait fur les premiers
plans fur-tout, un tff¿t defagréable.
Le payfage elt difficile
a
trairer au burin; fou••ent
on l'ébauche
a
l'eau-forte,
&
Je crois qu'oo fait bien:
il faut chercher
a
fe faire une m•niere.
&
pour cela
confulter les bons auteurs; Augutlin Carrache, Villa–
mene , ]can Sadeler , font bons
a
imiter : Corn<"ill c
Carts en a gra<•é plofieurs d'apr<!s le Mucian, qui foot
trcs-beaux
&
qui peuvenr fervir de modeles.
Les monragnes
&
les roch'<s, lorlqu'ils
lont
fur les
prcmiers
&
reconds plans. doivenr erre travaillés d'une
maniere un peu brote , en quirrant
&
reprenaot fouvent
les tailles, en les varianr fuivant les plans des pierres
&
des rocher;, en
les entre-melant de plaotes, d'her ba–
ges,
&
de t<rreins: pour ce; obJels, lorfqu'ils fe rrou–
vent daos les lointains , ils doivenr participer de l'inter–
pofition de l'air; erre peu décidés dons leurs inég•l'tés
&
dan
les accidens qui les accompagnent,
&
(e
per–
dre quelquefois avec les travaui doot on fe fert pour
graver les ciels.
Les eaux fe repréfentent ordinairement par des ligncs
tres-droires. égales .
&
mclécs d'entre-deux fines
&
dé–
Jiées, pour espnmer le luif3nt de
l'eau; mais
fi c'elt
une mer agitée qu'on reprélente, on feot bien que
ce
doit erre par un aurre genre de rravail qu'bn doit y ar–
river:
il
f3ut alors que
les
tailles fuiveo t
le feos des
6ots
&
indiquenr le mouvement des vagues. Les noa–
ges demandent auffi que leur forme
&
leur mouve·
rnent foienr indiqués par les hachures,
&
que les tra–
vaux qu'on cmploye foient d'autant plus legers que l'é–
loi~nement
des nuées clt plus grand.
En
général il fau t prnportionuer au¡ant qu'on le peut
In
grolleur "des tailles
&
l'efpece de travail,
a
la gran–
dcur des ou•·rages, indépencammenr des autres afTuJet–
til_fernens donr j'ai pa.rlé.
11
faut done cmployer des
ta1lles
m~
les
&
nournes daos une grande erlampe, rnais
fans