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• 1

GOU

gouneux s'empare de quelque partie intérieure, avant de

&'etre fJit fe01ir fur les cxtérieures qu'i l avoit cofttume

d'attaquer;

il

fe cache trop bien fous les nou"elles for–

mes qu'il emprunte pour qu'on ne s'y méprenne pas

quelquefois: cependant le tempérament gouncux du ma–

Jade, la uature des fymptomes qui caraélérifeot la ma–

ladie formée par le levain irrégulier, le tems

&

la fai–

fon des anaques, la déci:lration brufque, fubitc

&

fans

caufe de la maladie, le décelent le plus fouvent; mais

on n'en

ert

bien convaincu qu'au momenr que la

gout–

te

devenanr réguliere, fair ce!Tcr la maladie anomale en

reprenanr fon pofte naturel :

1'¡..

l'égard de cene efpece

de

goutle

anomaly qlli commence par

l!tre

tclle faus

s'érre annoncée par aucune an aque réguliere , ni meme

par aucune fone de prélude, capable de faire

foup~on­

ner l'ex ift encc du lcvain gouneux daos le fang, lema–

lade n'étant pas né d'ailleurs de pareos gouneux , il

o'eíl pas poffible de la reconnoitre par aucun figne; il

faut la dcviner .

Prog11ojlic.

C'eft le fort des maladics les plus dou–

Joureu!j,s de n'etrc point

monelle~,

(j

ce n'eft par ac–

ciden t . La

gorltte,

quand elle n'eft point troubl ée daos

fon cours, ne le deviene qu 'aprcs un long-tems, lorf–

que des anaques longues

&

répt!tées ont entiercment

épuifé les forces; lorfque le levain ne pouvant plus fe

d ébarra!Ter de la malle du fang, ni ctre chafTé vers les

articulacions, s'am':ce ou fe dépofe dans les vifceres,

&

fait la

goueee

remontóe. C'eft propremenr l'état de la

vieillelle ,

&

la fin d.: prefque tous les goumux .

Mais ti

le levain conuarié, troublé , incerrocnpu dans

fou cours, ne peut fe dt!pofcr ou fe tixer dam fon lié–

ge naiUrel, foit par la mauvaife conduite des gouueux,

par leurs imprudences, par des remedes mal adminiftrés ,

par des applicatious repcrcuffives, ou paree qu'il eft trop

abondant

&

d'un caraélere malin ,

il forme alors la

goutte

irrégulkre ou remonrée , qui eft une maladie

prefque toO¡ours mortelle;

&

la

more qui en réfulte ,

eft plus ou moins fubite , plus ou moins cenaine, fe loo

la qualité du vifcere auaqué ,

&

!don la narure

&

l'a–

boodance du levain remonté .

La

goueee

eft une maladie intermiuente, done les ac–

ccs revien net tous les ans au-moins une fois ,

&

durent

plus ou moins, font plus ou moins violens, fdon qu'elle

eft

~lus

nouvelle ou plus anciei\Oe, d'uo caraélere benin

ou malin.

11

arrive cependant quelquefois que les incer–

m ittences font de deu¡ ou trois ans.

&

m eme davan–

tage; mais oo remarque que quand les acci:s ont man–

qué un an , ou deux , ou trois ,

&c.

le premier qui

furv ient eft trcs-fort ,

&

d'autant plus violen e , qu'il a

diffi!ré plus long· cems. Les goutteux aguerris ne regar–

dent pas ces longs intervalles comme un heureux fue–

ces; ils ont raifon de fe méfier du recnrd de leur

goflt–

te,

&

d'en craindre l'irrégularité, ou du-moins de rcdou–

cer la violence du premier acci:s, qui ne leur devic nt

fupportable qu'en diffipant leurs

alarm~s

par Con re tour.

C'eft peut·C::cre la fufpenfion des acccs de

go,.tee

qui

a fait croire

a

quelques gouueux qu'ils en étoient gué·

ris ;

ils ont fait honneur de lcur gucrifon

a

quclquc

dernicr moyen qu'ils avoient employé, dont on a enrichi

le catalogue des

fp~cifiques;

peut-cuc auffi que faute

de diftinguer le 1ht1ma1ili:ne , le cararrhe, ou toute au–

tre doulcur des aniculations d'avec la

gomte,

quelques

auteurs aíff¡rem de l'avoir guérie. Le petit nombre des

e xemples qu'ils citent ,

le peu de foi n qu'ils ont pris

de caraélérifer la maladie, la nature des moyens done

ils fe font fervis, devenus impuilf3ns en d'autres mains,

donnenr de ¡ultes fu¡ ets de douter des guérifons qu'ils

publient;

&

l'on n'cft que trop bien fondé

a

regarder

en core au¡ourd'hui la

gMtte

comme une ma ladie incu–

rable , comme on

l'a die de rout rems de

la

gouttc

noüée, felon ce vers d'Ovide,

Tollue 11odoflzm vefcit Mediei11a podagra

m;

paree qu'elle porte un caraélere auquel pcrfonnc ne peut

fe méprendre.

Tous les Medecins convienncnt,

a

commeneer par

H ippocrate , que

la

guutte

eft pourcant guériiT.1ble ,

&

q u'il eft poffible de trouver des moyeos de la domprcr

ponrv(\ qu'elle nc foit ni héréditairc ni invétérée, nÍ

noüée; mlis qu'elle ait étó guérie parfaicemen t

&

C.1us

retour ,

ti

ce n'eft par hafard

&

par quelque heureux

concouiS de circonftances ditficiles

a

renconcrer, on en

doute avec ¡ulle raifon: peut·ctre fera·t·on plus heureox

a

l'a~enir, ~u'on

n'a été par le paífé. L a violence des

douleurs q01 a fait inventer

tant de moyens dift'érens

pour

s'~n

délivrer, féconde en expédiens

&

en tl:ntati-

GOU

ves, pourra bien renconrrer en fin le remede tant defiré:

mais ce remede eft encore ignoré ,

&

la

gurttte

pe~c

de nos jours pour le mnlheur du genre hum

111,

tcmr

le

m~me

Iangage que Lucieo lui faifoic tenir de fon

rems

qu'elle ell la malcre!le fouveraine

&

indomptée

des douleurs, qu'on oc peut la 1\échir par ,la

viol.e~ce ,

qu'elle fe rend d'autant plus redou cable qu on l01 l1H

plus de combats,

&

d'autant plus benignc qu'on lui cede

&

qu'on lui obéit plus paticmmcnl

&

plus aveu¡:lement.

Les exemples de guérifom

&

de merveilles opérec>

par la diece, I'abll inence du vin

&

des fe.mmes, l'uf:;gc

du lait, de I'eau riede pour toute nourmure,

&

qud–

ques autres remedes, font plus confolans P.our les gout–

teux avides de guérir, qu'ils ne font certams. Cardan,

de wratio11e admira11da

n°.

16. rapporte quaere exem–

ples de guérifons de fa fa<¡:on, par

d~s

moyens qui de–

puis tui n'ont guéri perfonne. SchenckiUS, lrb.

V

~bferv.

Solenander,

co11jil.

r".

Jefl.

en rapponent au!h qucl–

ques exemples ainfi que tant d'autres auteurs qu'il e!l

inutile de noO:mer . Carolus Pifo fait

l'hiftoire d'un

certain Cornélius Perd:cus de P icardie, qui étant gour–

teux depuis

l'age de fept ans ,

&

ayant de fréquenres

arcaques chaqoe année, fue guéri

a

l'age de

trente ans,

apri:s

s'~tre

abftenu de vio pendaut deux ans, s'étre

. bien vetu , bien couvert pendant la nuit ' pour pou–

voir fuer le matin

a

l'ifTue du fommeil ,

&

s'~cre

Ie–

geremenr purgé

trois ou quatre fois

le mois avoc le

firop de rofes paJes, comme il le tui avoit confeillé .

M . D efalut fe flatte, de nos ¡ours, dans fon

traiti de

la goutte,

d'avoir opéré des guérifons avec les apéritifs

marc ia ux, fecondés de l'ufage du lait;

&

a

la

page

168,

il af>Ore avoir vu un gouneus s'etre guéri parfaicemeot

pour avoir avalé

tous

les matins

ii

¡eun pendant un

mois neu f goulfes d'ail; ayant ainli enchéri fur ce qui

cft rapporté daos la pratique de Lazare Riviere , que

quelques perfonnes

r~gardent

comme uo grand remede

d'avaler le matin

a

¡eun trois gpu!Tes d'ail pour guérir

de cette m aladie. Cayrus, dans fa pratique , a la har–

dieiTe d'avaocer que dans un acccs de

goutte

ou ¡J n'a ·

voit que la Iangue de libre, ayant. pris une dofe de Con

éleéluaire cariocoftin

&

s'étanr falt porter

:l

quatre fur

Con

fiége, il n'eut pas pJOcót poufTé trois ou qua1rc

!elles, qu'il marcha fcul

&

n'eut befoin du fccoun de

perfonne ; comme ft

la

gottlte

univerfelle étoit afTe'l.

docile pour re lailfer ain!i porter

a

quatre'

&

fe diffiper

a

l'inftant par trois ou quatte felles.

11

reífemble bien

~

ces charlacans qui polredenr des fpécifiques fouverains,

&

qui favent poner des coups beaocoup plus sOrs

a

la

bourfe qu'il

la m aladie , fur · tout quand

il

a¡oílte que

par le fecours de

fon remede pris trois ou qua1re fois

par an , il fe délivra de la

got<tte

pendane eren ce ans.

Les guérifons extraordinaires

&

les miracles opérés par

la 10ie, la crainte, les doleurs méme, ne m éricent pas

plus de confiance ; les moycns en font d'ailleurs 1rop

impraricables pour que la Médecine en puilre retirer

d'autre fruit que l'admiratiou. Andr:eus L ibavius ,

epi(l.

lxxiij. in cy fla med.

racontc l'hiftoire d'un cabare11er

goutteux , qui avoit fait un marché de

300

fiorins avec

un medecin logé chez tui , s'il le guérifToir ; celui-ci

l'ayant fait faifir par fes domeftiques, lui cloüa les piés

fur un poteau avec fix gros clous; partir fans dire adieu,

&

revint trois ans apres exiger Con falairc, ayanr appris

que le pacient n'avoit plus eu d'attaque de

goutte.

Franc.

Alexander racontc de F ranc. Pccchius , gouttcux dé–

cidé, qu'ayant été détenu vingt ans en prilon, il fui

exempt de

go111te

en fortant pour le re1!e de fa vi".

Guilhelmus Fabricius,

obfervat.

lx.~jx.

ce11t.

r . faic l'hi–

!loire de crois m alheureux goutteux qui ayant été appli–

qués

a

la conure pour leur faire avoüer un crime done

ils écoien t

foup~onnés ,

&

ayant c!té rcconnus innoccn>,

furenr délivrés pour

leur vie de edlc de

la

go~ttt,•

,

qu'ils avoient éprouvée plufteurs fois auparavaut . Le

rneme auteu r'

epift. xlvij.

rnconte qu'un

goulleu~

'

dans le tcms du paroxyline, ayant ét¿ enlev é de li•n

lit par un ennecni mnfqué, trniné par l'clcalier, en fu te

m is fur fes piés au bas de

la maifon , pour pn:ndro

haleiue ,

le fpeélre prétendu ayant fair

fecnbla1H de

le

rclfai!ir pour le poner hors de la maifon, le goutteux

prit 1 fui te en moncanr l'efcalier ,

&

alla cri<r au

fecour~

par les feo erres. Le

m~me

Fabricius fait meneion d'u ,

0

gu~ril'ou

fu

bi.te

nrrivée

?

un co.upable perclus de

goutt~

qu on meno1t au fu ppl1ce , qu1 en appreuanr

a

moiCié

chemin que le prince lui faifoit grace, fe m ir fur fes

piés ,

&

fue délivré pour le

refle de fa vie. Senncrt

afsüce qu'un Jcune goutteux, allarmé du

feo qui avoit

pris la uuit dans la maifon voifine de la flenne

fe leva

brufquement, defceodit l'efcalier, traverfa un fo'fr¿ plein

d'eau