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588

GIR

te épicerie;

&

pour déclommager le roi de Ternate de

la pene du produit des fes giroflicrs, ils lui payerlt tous

les ans environ dix-hui! mille richedalles en

tribut ou

en ptéfent; ils

fe font en outre obligés par un

traité

de prendre

a

Íept ÍOUS fi¡ deniers la !ivre, !OUt le ciou

que les habitans d'Amboine apportent daos leurs ma–

gafins.

Le prix du

girofle el!

fixé

a

íoixante-quioze fous

pour les payemcos des obligations de la compagnre, ou

pour ceux qui

l'achetent d'elle argent comptant .

.

De /'hui/e deJ dora de girofte.

Les

douJ de

grroft~

récens donnent par l'exprd!ion une huile épaille, roul–

sitre

&

odorante ; mais daos la dinillation

il fort beau–

coup d' huile e!fentielle aromatique, qui cll d'aburd

!impide, blanche ,

Jaun~tre,

enCuite roofsatre,

p~faote,

&

qui va ao fond de l'eao: en fin vient une huile em–

pyreumatique, épaiae, &vec une

lique~r ~cide.

Le

ca·

put mortuum

calciné donnc par la lrxrvauon un peu de

fe!

fi

xe falé.

Il ell

incroyablc combien

les

cloru de girofte

con–

tiennent d'huile quand on les rapporte des Indes,

&

qu'

on vient

a

les débaler; rien ne

leur ell comparable

a

cet égard.

11

ne faut pour s'en convaincre qu'en faire

di([iller quelques-uns par

l'alembic

a

un feu allel fort,

avec douze fois aurant d'eau commune;

il

s'élevera u–

ne eau trouble' t<pailfe' de couleor de lait'

&

en me–

me tems une grande quantité d' hui le

jaun~tre

qui fe

précipite au fond de l'eau. Lorfqu' il fe fera élevé les

deux tiers de l'eao ,

fi

on change le récipient, qa'on

ajoute autant de nouvelle eau,

&

qu'on contioue la di–

flillat ion, on

a

une eau qui tieot de la >ertu aro mari–

que du

girojle.

On

mee

too te

ces eaux

a

pan, po3r

s'en fervir

3

la place d'eao commune daos les dillilla–

tions que l'on fera de la méme hui!e.

JI

relle ou fond

de

la cocnrbite une liqueor brune,

épaiiTe, fans odeur, d'un gout acide,

&

quelque peu

autlere, qui ne po!fede aocone des venus du

girofte ,

quoiqne les clous qui renent confervent leur premrere

forme

3U

point de ne p00\'0ir pJUS Ctre difliogoés Jorf–

qo'ils

lOilt

a

demi·ÍlCS, de ceu

X

dont on ri'a point en–

core tiré l'hoile;

&

ce qu'il y a de particulier, c'ert

qo'ils acquierent par le mélange l'odeur de ceux -ci ,

&

s'imprcgnent de l'huile qo'ils contienoem, de forte qu',

les marchands n'ont pas beoucoup de pciuc

les faire

palier pour naturels. Ce fait prouv< bien qu'il ne t'aut

acheter

les,..,cloru de g 'nifle

que d'honneres négocians,

ou de

la compagnit'

me

me en droirure.

ltléthodes de tircr cette

br~ile

eJTewtie/le.

On a deux

fac;ons de drcr l'hu:k ellentielle de

girofte;

!'une par l'n–

lembic,

&

l'aotre

per defcenfum.

Jndiqoons

ces

deux

pro·édés.

1

V

uici la bonne méthode do premier procédé. Pre–

nez une

livre de

cloru de

;;irofie

entiers , ou un peu

concaaés; verfez d<flus lix 00 fept livres d'eau de

gi–

roft•

d'une premiere d;nillation, ou

il

la place partrlle

quamité d' eau de

rivi~ re

a;gui(ée par trois onces de

fd common;

&

apres une macération faite pendant qoel–

ques JOurs dans un

lieu chaud, employez un fen un

peu forr

a

la diflillnriou (qui fe fera dans une cucurbite

remplie jufqu'aux deux tie·rs

&

au-dela: il íort d'abord

une huile blanchotre, ou tiran! fur le jaune, qoi dillille

par le

tuya

u

du

réfrigérent dans le bof!in,

&

tombe

au fond ave

e

l'eao qui nage fur

l'huile. En augmen–

tant le feo, il íuccede une huile plus pefante, plus épaií–

fe, d'un pune plus foncé, c.¡oi fe précipite pareillement

au' fond. Rarement wute l'huile du

g irofte

fort par la

premie re dillll latiou; il faut

1•

réiterer une feconde,

&

m eme une

troilieme fois' avec l'eau de

girofte

du pre–

mier procédé.

On

obfervera feolement de ne point óter toute l'eau

de la premiere dillillalion, de peor c.¡ue

le

girofte

ne

contraéle une

o~our

d'empyreome; l'huile de la recon–

de dillillation ell non- feulement plus épaiffe

a

caufe du

feo qu'on a rendu plus violeot, mais elle ell encore

mélée de parties rélineufes.

Par cette méthode on tire ordinairernent de deux li–

vres de

giroftes

purs

&

choi!is, au boot d'une [econ–

de

&

mérne d'une troilieme drilillation , cinq, fix

&

juíc.¡u':i fe[a

onces,

tant d'huile e!fentielle fine, que d'hui–

le effentíeile plus épairre; on fepare enCuite l' hoile de

)'eau par l'enronn<Yt garni de papier gris;

&

cornrne

cette eau re!le encore imprégnée de parties huileufes,

on la confnve pour eo ufer en qualité d'eau dillillée

de

girofle.

La

d~fférence

en grande entre cette hoile qu'on tire

nvec foro dans la premiere difiillation,

&

l'hoile íophi–

fliquée,

c'efl

a-dire mélangée avec l'huile de

girofte

par

GIR

exprellion, qu' on vend communémeot en Hnllaode .

La nótre ell plus fubtile, piu> ftuide, plus rempéréc ,

&

plus süre daos fes elti:ts. On peut s'eo

lcrvir avec

hardierre

a

la dofe de deux' trois ou c.¡oatre gouues

daos de l'eau de méliffe, oo auuc véhicole conveoa–

bte

o

11

faot alors

la meler daus on pe

o

de

fuer~'

ou

de jaune d'ceuf, avara que de l'emplnyer dans

le

vé–

hicole; autrcment elle ne ;'y dilloudroit pas.

Mais elle fe di!foor promptemcnr dans

1'

alcohol ou

l'efprit de nitre dulc

fié,

bien preparé. Tenue dans u–

ne phiole de vene exaélement fermée, elle conlerve

Ca

liquidité pendant plulieurs années.

Si l'on met dan> un petit ••aiffoau

de

verre de cet–

te holle de

girofte,

&

~u'on v~ríe

d_elfus

~eux

ou trois

fois autant de bon efprrt de nrtre, rl

fe

lera daos ce

mélange une eltervefcence tri:s-forte, qoi d01era long'

tems avec grande chaleor,

&

Jo.fqu'_3

s'tn~ammer

d'el –

le-meme; le booil!onnement de la lrqueur contrnoera

&

répandra dans l'air beaocoup de vapeurs dont l'odeor

n'ell pas trop mauvaife;

en

fin

la matiere fe corrdeofe–

ra en forme Je gomme au fond du vai!feau .

JI

faot remarquer que cette expérience ne réoffit bien

qo'avec de l'txcellente hui!e de

girofte,

&

fur-tout a–

vec celle qo'on a tirée fidelement atli

lndes meme'

&

que les Hollandois rtc¡:oivent dircélement par

leors

vailfeaox. Si l'on aJo Ore oo peo de poudre

ii

canon

daos le mélange dont on vient de parler, elle prendra

feu.

]e

paffe

a

la mérhode de tirer I'huile errenrielle de gi–

roHe

per

defcm(ttm.

Pour cet effi:t, on prend oo pot de terre de gres ,

ou plulieurs grands verres ( íuppofoos ici des verres

il

boire) que l'on couvre d'une toile; on

lie cette toile

-aotour des rebords. de chaque verre, on enfonce un peu

cette toile daos leur cavité, on place daos cet enfoo–

cement le

girofte

pulvérifé; on met par-de!fus chaqoe

V

erre une terrine, ou o

u

cul de balance, qoi s'appfi–

qoe

e~aélemenr

for lcors bords; on remplit

les

rerri–

nes oo ces cols de balances, de cendres chaudes qui é–

chautfeot les

girof/eJ,

&

font

di~iller

a

u

fo~1d

des

ve~res, prcmieremenr un peo d'efpru,

&

enfU ite

une

hui–

le el aire

&

blanche; oo leve de tems-en-tt

rus

les culs

de

b~lances,

pour remuer

la

poudre de

girofte;

011 con–

tinoe le feu jofqu'i ce qu'il ne dill rlle plus rien : en–

fin on fépare

1'

huile par

1'

entonnoir dont on

a

parlé

ci-dcffos,

&

on la garde daos une phiole bieo bouchée.

Daos

ceue opération, on rerire d'uoe livre de

giro–

fin,

poids de fei'l.e onces pour livre, une once deox

dragmes d'huile'

&

une once d'efprit

o

11

rene treize on–

ces deux dragmes de matiere, dont on peor

tirer en–

core on peu d'huile rouge empyreomatiqae .

Cene méthode n' cntralne point de dépcnfe; mais

il

s'en faot de beancoup qu'oo y trouve dans

l'hurle di–

llillée de cene maniere

les

mémes avaotages que par

la méthode de

1'

alembic. Si vous o'employez qu' un

fe u leger, vous n'aurel point d'huile ;

&

fi vous pouf–

fe7.

le feu, l'huile fentira l'empyreome: en un mot on

ne doit fe fervir de cene mé1hode que dans des occa –

fions prelfantes, qui oe permenent pas d'31<oir

recours

a

l'autre opération' qui efl la feule bonoe'

&

la feule

que pratiqoent les artilles.

Elle

fcrt

de modele poor tircr tootes Cortes d'hoiles

aromatiques du

m

eme genre, celle de canelle, du poi–

vre, des cubebes, dn cardamomom, du farTafras,

&r.

C'efl encare ainli qu'avec un feu plus doux l'on diOil- •

le l'huile de rornario, de maqolaioe, de thym, de men–

the, d'e Heurs de lavande, d'anis,

&c.

11

ell bon de le

favoir,

&

de s'en reffouvenir.

Q_ualith

&

choix de /'hui/• de gírofle.

Cetre

hui!e

er1eotidle de

cloru de girofte,

diniltée

per dcfcenfinn

ou par l'alcmbic, ell la fe

u

le préparation que l'on croo–

ve daos

les boutique• ; étant uouvelle, elle ell d' un

blanc doré, qui rougit en vieillirJant.

11

taut la choifir

forre, pénérrante,

&

qoi ait bien confcrvé l'odeur

&

la faveor du

tirofte;

elle ell facile

a

loph !liquer'

&

la

rromperie diflicile

a

découvrir; ce qui doit engager

a

ne

l'acheter que de bonne main .

Elle perd promptemen t fes efprits, quand on la lairre

a

découvert,

&

dégéncre d'ordinaire en une fubllaoce

grarfe, viíqueufe

&

inaéliv;:;

tandis que

les

cloru de

girofte

confervent leurs efpms malgré la chaleor violen–

te du pays o

u

ils croiffent.

Elle ell encorc plus peCante que l'eao, de Corte qu'

elle fe précipite au fond fans rien perdre de fes venus.

C'en une propriété que n'ont point nos hoiles de l'Eu–

rope,

&

que poffcdent uniquement les huiles de

1'

Afie

de

'