GIN
excepte le thé,
ell
la
plus célebre de toutes
ce!!
es de
l'oriem, :\ caufe de fa racine, qui
y
efl Gngulieremenr
recherchée ; celle que l'on appone de Corée daos le
Japon,
&
que l'on cultive dans les jardins de le ville
de Méaco , y vient mieux que dans fa propre patrie;
m!is elle efl prefque fans vertu: celle qui nalr dans les
montagnes de Kataja, ml l'air efr plus freid, dure plus
long-rems; fa racine fubfifle
&
fes feuilles 10mbeor en
:lutomne: daos le Japon elle produit plufieurs riges char–
gécs de grainc,
&
olle meurt le plus fouveot en un an.
Lorfque le tems de ramatfer cette ·racine approche,
on mer des garqes dans mutes les entrées de la province
de Siamfai, pour empécher les voleurs d'cn prendre avant
la
recoltc,
Ces racines cflant nouvellement tirées de la rerre, on
les macere pendanr trois jours daos de l'eau froide, ou
l'on a fair bouillir du riz; 6ranr ninfi macérées, on les
fofpend
a
la vapeur d'une chaudiere eouverte , plaaée
fur le fcu: enfuire éranr fechées jufqu'a la moitié, el–
les acquierenr de la dureré, devieunent rouiTes, rélineu–
fes,
&
comme trnnfparentes; ce qui
e(l
une marque de
bonré. On prépare les plus grandes fibres de la mi!
me
maniere.
Prix
&
choix de cette rncine.
Le prii de cette raci\–
ne efi
fJ
haur par mi les Cbinois, qu'une livre fe vend
aus poids de deux
&
trois livres p€fanr d'argent ; c'efl
pourquoi on a coütume de l':¡ltérer de ditféreores fa<;:ons;
&
nos épicicrs lui fubflituetH fouvent d'autres racines
exoriques, ou celle
du behan-blanc .
Il
fa
U!
choifir le
gins-.ngqui efi récenr, odorant,
&
non carié ni ver
moulu; ce qui efl l'ordinaire: j'en
ai vu en
1734
che~
Séba,
In
partie enriere qu'avoir re<;:ll
la compagnie hollauda¡re des Indes orientales,
&
qu'il
venoit d'acheter ií la vente publique de cette compagoie:
daos cetre quantité , qui lui cofiroir d'achat quelques
milliers de florins, il y en avoit bien une cinquieme
partie de gatéa.
Le P. Lafiteau parolt
avo.irtrouvé In me
me
plante
~u
Ganada.
On a beau femer
la graine de
gim-eng
,
foir
a
la
Chirte foit au Jnpon, elle mourr, ou In racioe qu'elle
pou (fe cfi fans vertu.
On
ne la connoi(foit que dans les monragnes de
b
Tnrtnrie donr nous avons parlé, quaod le
P.
Lafiteau
jéfuite, miffionnnire des lroquois du Sault S. Louis,
nnrure\lemenr amateur des plantes,
&
éclairé par la let–
tre que le P. Janoux avoir écrite fur le
gim-eng
,
fe
mit
a
le chercher daos
les forers de Ganada ,
&
crur
en
fin
l'avoir rrouvé.
11
a
depuis fofitenu fa déoouverte par un livre qu'il
pub! la
en
1718,
&
qu'il dillribua
a
l'aoadémie des
S
cien–
ces, done
il
tftcha de diffiper eotierement les doutes.
On voir daos cer ouvrage une defcriprion du
geins–
eng
du Canada, nommé par les lroquois
gnrcnt-ogtun,
encorc plus circonflanciée que celle du P. JartouK:
garent-ogrun,
veut dire ,
de11x
e
bofa fépnro<I comme
dwx wif/<I.
Le nom de
gm-fmg
ou
gint-Wf!_,
figni–
tie paroillement en chinois,
wiffes á'bomme,
r~U;,mblnn·
ce d'homme, homme-plante.
M.
de Ju!lieu
a ferné
au jard1n royal , des graines
atfez fraiches
&
bien conditionnées du
gins-eng
d' Amé–
riquc, qu'il avoir
re~ues
duP. Lafiteau,
mai~.
qui n'ont
pas réuffi; de forre que le
gins-eng
du Canadn ell en–
care plus rare en Europe, que celui de la Chine .
]e
dis le
ginr-eng
du Ganada , paree que toutes les pré–
fomprions íomblent réunies pour ne regarder les deux
ghu-mg
que commc une me me plante.
Le degré de latitude, le rerroir, la pofition des mon–
tagnes, l'aípeét des ruarais qui font femblables, la retfem–
blance des feuilles, des pédicules, des fleurs, des fruirs,
des tiges, des racines vivaces
&
des effers, donnenr tour
lieu de penfer que la plante d'Amérique efr la
m~me
que celle d' Afie. La tranrparcnce qu'n d'ordinaire le
g_ins-eng
de la Chine ,
&
qui manque au
gint-eng
du
Can,ada, n'efi poinr une preuve que ce foienr dcux plan–
tes ditférentes: en etfer, cette rranfparence n'efl que le
produit de l'arr
&
de la prépararion qu'on donne pref–
que tOOJours au
gins-eng
de la Chine. Mais j'en ai vfi
en. Hollande de narurel, rri:s-ancien,
&
bien
coní~rvé,
q01 n'avoit poinr
~equis
en vieillitfanr ni ceue couleur
ni cette tranfparence du
gint-eng
préparé. Ainli le rems
ne lUI donne point cette qunlité
cornme
il
la donne
quelquefois
1t
d'autres racines plei:1es de fue, 3 des
li–
bres tres-déliées, qui étnnt bien feches , ont beaucoup
moins de capacité,
&
rellemblenr a-peu-pres a de la
corne .
Si l'oti tenroit cctte
pr~tique
fur
!egins-eng
du Cana-
GIN
5S3
da, il n'y a pns de doute qu'on oe parv\nr a le reo-
- dre femblable a
u
gens-eng
chinois préparé .
M.
Geof–
froy, qui me fournir cette obíervation,
&
qui polrédoit
daos fa colleétion d'hifioire narurelle un morceau tres–
opaque de
gins-eng,
apporré aurrefois en Frnnce par les
ambaUadcurs de Siam, a¡ofire
(mim. de
I'A<nd.
1740,
p.
97·)
qu'il a fair l'etfai doot je viens de parler , fur
quelques racines des plantes ombelliferes ,
&
fur-rour
fur celle du chervi, qu'il a rendue traníparen te , en la
faiCanr fimplemem bouillir daos de l'eau commune,
&
l'expofam enCuite
a
l'air poor la faire fécher.
Enfin, fans qu'on air
m
eme befoio de féduire les Chi–
nois par aucune prépararion, il efi cértain qu'ils ne fa–
venr pas difiinguer le
gim-eng
pur
&
naturel du Cana–
da de celui de Tarrarie : narre cornpagnie des Indes
protiranr de leur erteur, letll' veod habilement l'un pour
l'autre,
&
a déja eu le fecret julqu'a ce j<>ur (
t7f7),
de débiter
a
la Ohine rrois
a
quarre millc livres petimt
dugins-eng
de la Nouvelle-France.
Epoq11e ae la connoiffrmce d11 gins-ewg
m
E11rope.
Celui de la Chine n'a commencé d'etce connu en Eu–
rope qu'en
r6ro,
par des Hollandois curieux qui en
apporterent les premiers en
revenant do Jnpon ; il fe
vendoit alors au-detfus du poids de l'or. Cependanr no–
fre narion en avoit peu oüi patler avanr l'arrivée des
ambatfadeurs de Sin
m
en France, qui eotr'autres préfens,
en 'donnerenr :\ Louis
XIV.
Eftime./ingt~liere
qttelet A/itt&iques font
dt~
gint-eng.
Les Aliatiques le regardent comme uoe panucée foove–
raitle; les gens riches
&
les feigneurs chinois y ont re–
cours dans leurs maladies comme
a
la derniere re(four–
ce: je dis
lu gem rhheJ,
paree qu'il faur l'l:tre beau–
CI>UP
pour pouvoir faire, commc eux, un ufage com–
mun de cette rucioe , doot la livre vaur dans les lndes
orientales
m~mes
une cenraine d'écus
~rgenr
de Fran–
ce. Mais le cas
fi~gulier
que les Chinois
&
les Japo–
nois font do
gim-e»g,
efi encare au-detfus de íon prix.
Si nous en croyons
1~
traduétion que nous a donnt!
le
doéteur Vanderrnonde d'un auteur chinois , fur
le
mérite de certe rncinc, , elle efi otile, dir cet auteur,
, dans les diarrhées, les dylfentecies.
le dérangemenr
de l'efiomac
&
des intellins, de mi:me que daos le
,
fyncope, la paralyGc , les engourdiOemens ,
&
les
, convullions; elle ranime d'une maniere
íurprenante
, ceux qui íont épuifés par les plailirs de l'amour ; il
, n'y a aucun remede qu'on puitfc lui comparer pour
, ceux qui font atfoiblis par des maladies aigucs ou
, chroniques. Loríqu'apres l'éruprion, la perite vérnle
cetfc de pouiTer, les forces étant déjii atfoiblies, on
, en donne une grande dore avec un heureux fucccs:
, enfin en In prenaot
a
plufieurs reprifes,
ell~
rétnblit
,. d'une maniere furprenante les forces atfoiblies; elle
, augmcnre la rranfpirarion; elle répaAd une douce cha–
" leur daos les corps des vieillards,
&
alfermir tous les
membres : bien plus, elle rend rellement les forces
" a
cenx meme qui font déja :\ l'agonie, qu'ellc leur
, procure le rems de prendre d'autres remedes,
&
íou·
, veot de recouvrer la fartté , . Voila des venus admi–
rables,
fi
elles étoicnt vraies.
, Cependanr, continue l'nuteur chinois, le
ginf-cvg
, efi peu fecoorable
a
C0UX qoi mangenr beaucoup
clr
, a
ceux qui boivent du vin: il faut l'employer avec pré–
" cnution,
&
fur
le déclin de l'acces daos les fievres
, malignes
&
épidémiques ; il faut l'évirer avec foitl
daos les matadies inflammatoires ; il faut en donoer
,
raremenr dans les hémorrhagies,
&
íeulemenr apres
, en avoir connu
la caufe. On \'e([1yera vninemenr,
quoique f.1ns danger, dans les maladies écroüdleules,
,
ícorburiques,
&
vénériennes; rnnis ¡¡ fort ifie
&
ré–
"
v~ille
ceux qui fonr languHhn;;
il
fecourt d une,ma–
" mere agréable ceux qui fotlt abattus par de longucs
,
rrilleffes
&
par la confomption, en
1
'employant pru-
demment depuis un ícrnpule JUÍqu'ii demi-dragme en
,
infulion en poudre, en extrair; ou
fi
l'on :lime mieux,
" en le melant avec d'autres remedes' depuis dix
grain~
juíqu'ií
íoixanre,
&
meme davantage dans cermins
, cas,
&
felon que la néceffiré J'exigc , .
On ne peut s'empecher, aprcs avoir
10
ce panégyri–
que, de le preodre plfitót pour l'ouvrage d'un million–
naire rnedecin traduir en chinois, que pour celui d'un
medecin chinois uaduir en
fran~ois.
U[ttgc drt gim-eng
m
Eur•pe,
&
fon pe
u
d'
eJficncité.
Quoi qn'il en fo ir, on fe contente en Europe de pre–
fcrire quclqttefois le
gins-wg
dans la foiblene, la curdial·
gie,
le1 fyncopes , les tnnux de ncrfs ,
&
les vccrigcs
qui vicnoent d'inanition, comme auffi daus l'épuifem<nl
des