DE
M
DU
MAR S A 1 S.
vij
tour ce qu•il croyoit ble.!Ter la Religion; on lui avoit infpiré quelques foups;ons fur Ja
maniere de penfer de l'Anragonihe du P. Baltus; efpece d'armes dont on n'abuf.: que
trop fouvent aupres des Princes, pour perdre le mérite fans appui, fan s hypocri üe ,
& fans intrigue. J.,'Auteur abandonna done entierement fon Ouvragc;
&:
le P. Baltus
libre de la guerre dont il étoit menacé , entra dans une carriere plus convenable
a
fon
état; il avoit trop légerement facrifié les prémices de fa plume
a
défendre fans le vou–
loir les Oracles des Payens; il l'employa plus heureufement dans la fui re
a
un objet
fur lequel il n'avoit point de contradiétions
a
craindre,
a
la défenfe des Prophéties
de la Religion chrétienne.
Comme l'Ouvrage de
M.
du Marfais fur les Oracles n'a p"oint paru, nous rache–
rons d 'en donner quelqu'idée
a
nos Leéteurs d 'apres les fragmens qui nous ont été
remis. La
~réface
contient quelques réflexions générales fur l'abus qu'on peut faire
de
la Religion en l'étendant
a
des objers qui ne font pas de fon reffort; on
y
ex–
pofe enfuite le deífein
&
le plan de I'Ouvrage, dans lequel il paro1t qu'on s'e íl: pro–
pofé trois objets; de prouver que les Démons n'étoient point les auteurs des m·acles;
de repondre aux objeétions du
P.
Baltus; d'examiner enfin le rems auquelles m·acles
ont ceífé,
&
de faire voir qu'ils ont celTé d'une maniere naturelle.
Le deíir íi vif &
fi
inutile de connoltre !'avenir, donna naiífance aux Oracles des
Payens. Quelques hommes adroits
&
entreprenans mirent
a
profit la curioíité du peu–
ple pour le tromper: il n'y eut point en cela d'autre magie; l'impofl:ure avoit com–
mencé l'ouvrage, le fanatifme l'acheva : car un moyen infai!lible de faire des fanati–
ques , c'eíl: de perfuader avant que d 'inílruire; quelquefois meme certains pretres ont
pu erre la dupe des m·acles qu 'ils rendoient ou qu'ils faifoient rendre, femblables
a
ces Empyriques dont les uns parricipent
a
l'erreur publique qu'ils entretiennent,
le~
autres en profitent fans la partager.
C'eH: par la foi feule'-que nous favon s
~u'il
y
a des Démons, e' ei1 done par la
foi feule que nous pouvons apprendre ce qu ils font capables de faire dans l'ordre fur–
naturel;
&
puifque la révélation ne Jeur attribue pas les m·acles, elle nous permet
de
croire que ces oracles, n'é toient pas leur ouvrage. Lorfqu'Ifaie défia les dieux des
Jar.ens de predi re !'avenir' il ne mit poínt de reüriétions
a
ce défi, qui n'eut plus été
.qu imprudent, íi en eflet les Démons avoient eu le pouvoir de prophétifer. Dani el ne
crut pas que le ferpent des Babyloniens fUt un démon; il
rit
en Philofophe, dit l'E–
criture, de la crédulité du Prince
&
de la fourberie des Pretres,
&
empoifonna le
ferpent. D 'aill eurs les Partifans meme des ot·acles conviennent qu'il y en a eu de faux,
&
par-la ils t1ous mettent en droit ( s'il n'y a pas de preuve évidente du conrraire)
rle les regarder fans exceptlon comme fuppofés: tout fe réduifoit
a
cacher plus ou
moins adroirement l'impoíl:ure. Entin les Payens meme n'ont pas cru généralement
que les m·acles fuífent furnarurels. De grandes feétes de Phi1ofophes, entr'autres les
Epicuriens, fe vanroient, comme les Chrétiens, de faire taire les Oracles
&
de dé–
mafguer les Pretres. Valere-Maxime
&
d'autres difent, il eíl: vrai que des íl:arues ont
parlé ; mais l'Ecriture dément ce témoignage, en nous apprenant que les íl:atues font
muertes. L es Hiíl:oriens prophanes, lorfqu'ils racontent fur un íimple oui-dire des faits
extraordinaires, font moins croyables que les Hiíl:oriens de la Chine fur
1'
antiquité
qu 'ils donnent au Monde . Cafaubon fe mocque avec raifon d'Hérodote,
qui
rappor–
te férieufement pluíieurs de ces oracles ridicules de
1'
antiquité, & d'autres prodiges
de la meme force .
Si les 01·acles n'euífent pas été une fourberie, l'idolatrie n'eut plus été qu'un mat–
heur excufable, paree que les Payens n'auroient eu aucun moyen de découvrir leur
erreur par la raifon, le feul guide qu'ils euífent alors. Quand une fau!fe Religion, ou
q·uelque Seéte que ce puiífe etre, van te les prodiges opérés en fa faveur, & qu'on
ne–
peut expliquer ces p1·odiges d'une maniere naturelle, il n'y a qu'un parti
a
prendre,
celui de nier les faits. Rien n'efr done plus conforme aux principes
&
aux intérets
pu
Chriíl:ianifme, que de regarder le Paganifme comme un pur ouvrage des hommes,
qui n'a fubíiíl:é que par des moyens humains. Auffi l'Ecrirure ne donne
a
l'Idolatrie
~u'une
origine toute naturelle,
&
la plupart des Pe res paroiífent penfer de meme.
lluíieurs d'entr'eux ont expreífément n·airé
les
m·acles d'impofl:ures,
&
aucun n'a pré–
tendu que ce fenriment oflensat la Religion: ceux meme qui n'ont pas éré éloignés
de croire qu'il y avoit quelque chofe de furnaturel dans les oracles, paroiífent n'y a–
voir été déterminés que par une
fa~on
particuliere de penfer tout-a-fait indépendante
des vérités fondarnentales du Chriíl:ianifme. Selon la p!Upart des Payens, les Dieux é–
toient les auteurs des m·acles favorables,
&
les mauvais Génies l'éroient des m·acles
funeíl:es ou trompeurs. Les Chrétiens profiterent de cette opinion pour attribuer les
oracles. aux démons
~
ils
y
tr01,ivoient d'ailleurs un avantage • ils expliquoient par cet-
te