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E L O G E
coup plus vite que toutes les méthodes. C 'eft d'aill eurs fe conforme r
a
la marche de
la nature . Le langage s'c!l d'abord érabli,
&
la Grammaire n'efl: venue qu 'il la fuite .
. '\. mefure que la mémo ire des enfans fe remplit, que leur raifon fe perfettionne,
&
que l'ufage de traduire leur fait appercevoir les variétés dans les termin aif.::ms des
mots latins
&
dans la confirué1ion,
&
l'objet de ces variétés, on leur fait apprendre
peu-a-peu les déclinaifrms, les conjugaifons,
&
les premieres regles de la fynraxe,
&
on leur en mon tre l'application dans les Auteurs mcmes qu'ils ont traduits: ainli on
les prépare peu- a-peu,
&
comme par une efpece d'inílintt,
a
recevoir les principes de
la Grammaire raifonnée, qui n'efl: proprement qu'une vraie Logique, mai s une Logi–
que qu'on peur mettre a la portée des en fa ns. C 'efl: alors qu'on leur enfeignc le mé–
chanifme de la coofl:ruttion, en le ur faifant faire l'anatomie de tour es les frafes,
&
en
Jeur donn ant une idée jufle de tomes les parties du difcours .
M. du Marfais n'a pas de pei ne
il.
monrrer les avantages de cette Mérhodc fur
la méthode ordinaire. Les inconvénicns de celle-ci font de parler aux enfans de cas,
de modes , de concordance,
&
de régi me, fans préparation,
&
fans qu 'ils puilfent fentir
l'ufage de ce qu'on lcur fa it apprepdre; de leur donner enfuite des regles de fynraxe
tres-compafées , dont on les oblige de faire
1'
application en mettant du frans;ois en
latin; de vouloir forcer leur efprit
a
produire, dan s un tems ou il n'efl: defl:iné qu 'i
recevoir; de les fatiguer en cherchant
a
les inílruire;
&
de leur infpirer le dégoút
de
!'~ tud e ,
da1i s un agc; ol.J l'on ne doit fonger qu 'a la rendre
~gréable.
En un mor ,
dansla Méthode ordinaire on enfeigne le Latin
a-peu~pres
comme un hommc qui
poJ.Irapprendre
;¡
un enfant a parler commenceroit par lui montrer la méchanique
des m·ganes de la parole ; M. d u Marfais imite au contraire celui qui enfeigneroit d'a–
bord a parler '
&
qui expliqueroi t enfuite la méchanique des organes. 11 termine fon
Ouvrage par une appl ica tion du plan qu 'i l propofe; au Poeme féculaire d 'Horace: cet
exemple doit fuffire aux Maiti·es intelligens , pour les guider dans la route qui leur
efl: ouverte .
.
•
Rien ne paroit plus philofophique que cctte Mérhode, plus conforme au dévelop–
pement naturel de l' efprit,
&
plus propre
a
ab reger les difficultés. Mais elle avoit
d eux grands défauts; elle étoit nouvell e ; elle contenoit de plus une critique de la ma–
n iere d 'enfeigner qu 'on pratique encore parmi nous ,
&
que la prévention, la parelle,
J'indiflérence pour le bien public , s'ob!linent
a
conferver, comme elles confacrent
tant d 'autres
ab~s
.fou s le nom d 'ufage. Auffi l'Ouvrage fut-il atraqué,
&
principale–
men t dans celll! de nos Journaux dont les Aureurs avoi el)r un inté ret dirett
a
le com–
bar.rre. lis
firen~
a
M. du Marfais un gran? nombre d 'objettions auxquelles
¡}
fati~fit
plemement. Ma1s nous ne de,ons pas oubl!er de remarquer que lorfqu 'i l fe chargea
pre ~
de
r~·ente
an,s ,ap1:es de la panie de la 9"rammaire rlans le D it1ionnaire encyclu–
pédique, Il fut ce lebre comme un gra nd mam·e
&
preíque comme un 01·acle dans le
meme Journal ou fes premiers Ouvrage6 fur cette mariere avoient é té
G
mal accu eillis.
Cependant bien loin d'avoir changé de prin:ipes, il s'étoit confirmé par l'expér·icnce
&
par les réflexio ns , dans le pe u de cas qu'i l faifoit de la Mét hode ordinaire. Mais fa ré–
putatio n le mettoit alors au-deffus de la critique; il
tou choir d'ailleurs
a
la fin de fa
carri ere?
&
il n'y avoit plus
d 'i n co nvé ni~nt
\\
l e _loücr.
La plupart des Critiques de
profefilon ont un avantage donr ib ne s'a pperr,; o¡vent peut-e rre pas eux-memes, mais
don~
ils
profiten~
comme s'i)s
~n
connoilfoient
rou~e l 'éte n~ue; ~'efl:
l'oubl i auquelleurs
déc tfions font fujettes,
&
la li berté que cet oubh leur la!{fe d approuver aujourd'hui
ce qu'ils blamoi ent hicr,
&
de le blamer de nouveau pour l'approuver encore.
~1.
du M.1rfais encouragé par le fucces de ce premic r ellai, entreprir de le dé–
velopper dans un Ouvrage qui devoir avoir pour titre
les w!ritables Priltcipes de
la Gr.ammaire-, ott ttO!tvelle Grammaire raifomuJe pour apprmdre la
La~tgtte
Lati-
1te.
11
don na en
172.9,
la Préface de cet Ouvrage q ui contient un dé raíl plus éten–
du
d~.:
fa Méthode, plufienrs raifons nou velles en fa faveur,
&
le plan qu ' il fe pro–
pofoit de fuivrc dans la Grammaire générale. ll la divife en tix articles; fs;avoir , la
connoiffance .de la propofition
&
de la période en tant qu'elles font compofées de mots ;
l'orthographe, la profodie, l'étymologie , les préliminaires de la fynraxe,
&
la fyntaxe
meme.
C'eil:
tout ce qu'il pubha pour lors de fon Ouvrage , mai s il en
dét~cha
l'an–
née fuiva nte un morcea u prétieux qu 'il donna feparémenr au Public,
&
qui devoir fai–
re le dernier objet de fa Grammaire générale. Nous voulons parler de fon 7
raité
des Tropes,
ou des différens fens dans lefquels un meme mor peut erre pris dans une
m_eme
L~ngue.
L' Auteur expofe d'abord dans ·cet Ouvrage, a-peu-pres comme il
1
'a
fa1t depUis dans I'Encyclopédie au mor
figu re,
ce qui conftitue en général le fl:yle fi–
guré,
&
montre cambien ce .ftyle eH ordinaire non-feulement dans les écrits, mais dans
la converfation meme; il fait fentir ce qui difl:ingue les
jigttrt!S
de pmjée,
communes
~
tQ4-