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xij

E L O G E

coup plus vite que toutes les méthodes. C 'eft d'aill eurs fe conforme r

a

la marche de

la nature . Le langage s'c!l d'abord érabli,

&

la Grammaire n'efl: venue qu 'il la fuite .

. '\. mefure que la mémo ire des enfans fe remplit, que leur raifon fe perfettionne,

&

que l'ufage de traduire leur fait appercevoir les variétés dans les termin aif.::ms des

mots latins

&

dans la confirué1ion,

&

l'objet de ces variétés, on leur fait apprendre

peu-a-peu les déclinaifrms, les conjugaifons,

&

les premieres regles de la fynraxe,

&

on leur en mon tre l'application dans les Auteurs mcmes qu'ils ont traduits: ainli on

les prépare peu- a-peu,

&

comme par une efpece d'inílintt,

a

recevoir les principes de

la Grammaire raifonnée, qui n'efl: proprement qu'une vraie Logique, mai s une Logi–

que qu'on peur mettre a la portée des en fa ns. C 'efl: alors qu'on leur enfeignc le mé–

chanifme de la coofl:ruttion, en le ur faifant faire l'anatomie de tour es les frafes,

&

en

Jeur donn ant une idée jufle de tomes les parties du difcours .

M. du Marfais n'a pas de pei ne

il.

monrrer les avantages de cette Mérhodc fur

la méthode ordinaire. Les inconvénicns de celle-ci font de parler aux enfans de cas,

de modes , de concordance,

&

de régi me, fans préparation,

&

fans qu 'ils puilfent fentir

l'ufage de ce qu'on lcur fa it apprepdre; de leur donner enfuite des regles de fynraxe

tres-compafées , dont on les oblige de faire

1'

application en mettant du frans;ois en

latin; de vouloir forcer leur efprit

a

produire, dan s un tems ou il n'efl: defl:iné qu 'i

recevoir; de les fatiguer en cherchant

a

les inílruire;

&

de leur infpirer le dégoút

de

!'~ tud e ,

da1i s un agc; ol.J l'on ne doit fonger qu 'a la rendre

~gréable.

En un mor ,

dans

la Méthode ordinaire on enfeigne le Latin

a-peu~pres

comme un hommc qui

poJ.Ir

apprendre

un enfant a parler commenceroit par lui montrer la méchanique

de

s m·ganes de la parole ; M. d u Marfais imite au contraire celui qui enfeigneroit d'a–

bord a parler '

&

qui expliqueroi t enfuite la méchanique des organes. 11 termine fon

Ouvrage par une appl ica tion du plan qu 'i l propofe; au Poeme féculaire d 'Horace: cet

exemple doit fuffire aux Maiti·es intelligens , pour les guider dans la route qui leur

efl: ouverte .

.

Rien ne paroit plus philofophique que cctte Mérhode, plus conforme au dévelop–

pement naturel de l' efprit,

&

plus propre

a

ab reger les difficultés. Mais elle avoit

d eux grands défauts; elle étoit nouvell e ; elle contenoit de plus une critique de la ma–

n iere d 'enfeigner qu 'on pratique encore parmi nous ,

&

que la prévention, la parelle,

J'indiflérence pour le bien public , s'ob!linent

a

conferver, comme elles confacrent

tant d 'autres

ab~s

.fou s le nom d 'ufage. Auffi l'Ouvrage fut-il atraqué,

&

principale–

men t dans celll! de nos Journaux dont les Aureurs avoi el)r un inté ret dirett

a

le com–

bar.rre. lis

firen~

a

M. du Marfais un gran? nombre d 'objettions auxquelles

¡}

fati~fit

plemement. Ma1s nous ne de,ons pas oubl!er de remarquer que lorfqu 'i l fe chargea

pre ~

de

r~·ente

an,s ,ap1:es de la panie de la 9"rammaire rlans le D it1ionnaire encyclu–

pédique, Il fut ce lebre comme un gra nd mam·e

&

preíque comme un 01·acle dans le

meme Journal ou fes premiers Ouvrage6 fur cette mariere avoient é té

G

mal accu eillis.

Cependant bien loin d'avoir changé de prin:ipes, il s'étoit confirmé par l'expér·icnce

&

par les réflexio ns , dans le pe u de cas qu'i l faifoit de la Mét hode ordinaire. Mais fa ré–

putatio n le mettoit alors au-deffus de la critique; il

tou choir d'ailleurs

a

la fin de fa

carri ere?

&

il n'y avoit plus

d 'i n co nvé ni~nt

\\

l e _loücr.

La plupart des Critiques de

profefilon ont un avantage donr ib ne s'a pperr,; o¡vent peut-e rre pas eux-memes, mais

don~

ils

profiten~

comme s'i)s

~n

connoilfoient

rou~e l 'éte n~ue; ~'efl:

l'oubl i auquelleurs

déc tfions font fujettes,

&

la li berté que cet oubh leur la!{fe d approuver aujourd'hui

ce qu'ils blamoi ent hicr,

&

de le blamer de nouveau pour l'approuver encore.

~1.

du M.1rfais encouragé par le fucces de ce premic r ellai, entreprir de le dé–

velopper dans un Ouvrage qui devoir avoir pour titre

les w!ritables Priltcipes de

la Gr.ammaire-, ott ttO!tvelle Grammaire raifomuJe pour apprmdre la

La~tgtte

Lati-

1te.

11

don na en

172.9,

la Préface de cet Ouvrage q ui contient un dé raíl plus éten–

du

d~.:

fa Méthode, plufienrs raifons nou velles en fa faveur,

&

le plan qu ' il fe pro–

pofoit de fuivrc dans la Grammaire générale. ll la divife en tix articles; fs;avoir , la

connoiffance .de la propofition

&

de la période en tant qu'elles font compofées de mots ;

l'orthographe, la profodie, l'étymologie , les préliminaires de la fynraxe,

&

la fyntaxe

meme.

C'eil:

tout ce qu'il pubha pour lors de fon Ouvrage , mai s il en

dét~cha

l'an–

née fuiva nte un morcea u prétieux qu 'il donna feparémenr au Public,

&

qui devoir fai–

re le dernier objet de fa Grammaire générale. Nous voulons parler de fon 7

raité

des Tropes,

ou des différens fens dans lefquels un meme mor peut erre pris dans une

m_eme

L~ngue.

L' Auteur expofe d'abord dans ·cet Ouvrage, a-peu-pres comme il

1

'a

fa1t depUis dans I'Encyclopédie au mor

figu re,

ce qui conftitue en général le fl:yle fi–

guré,

&

montre cambien ce .ftyle eH ordinaire non-feulement dans les écrits, mais dans

la converfation meme; il fait fentir ce qui difl:ingue les

jigttrt!S

de pmjée,

communes

~

tQ4-