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X

E L O G E

riere,

&

toujours avec un égal fucces. La jufl:ice que nous dcvons

a

fa mémoire, nous

oblige de repouffer

a

cerre occafion une calomnie qui n'a été que trop repandue. On

a prétendu que M. du Marfais étant appellé pour préfider

a

l'éducation de trois fre.–

res dans une des premieres Maifons du Royaume, avoir demandé

dmu qtteUe r:elt–

giott Olt 7JOllloit qu'it tes étevat.

Cette queH:ion finguliere avoit été faite

a

M. Law'

alors de la Religion nnglicane, par un homme d'cfprit qui avoit éré pendant quelque

tems aupres de Jon fils. M . du Marfais avoit su le tait,

&

l'avoit fimplement racón–

té: il étoit abfurde de penfer qu'en France, dans le fein d'une famille catholique oü

perfonne ne le connoifioir encorc,

&

o\.1 il avoit intéret de donner bonne opinion

de fa prudence' il eut hazardé un difcours

fi

exrravagant'

&

qui pouvoit erre

re~~r­

dé comme une injure; mais on rrouva plaifant de le lui attribuer

&

par cene raJJon

on conrrnuera peur-étre

?t

le lui attribuer encore, non-feulement contre la vérité, mais

rneme cono·e la vrait1emblance . Cependant nous ne devons pas laffer ignorer a ceux

qui lironr cet Eloge, que ce conte ridicule, répété

&

meme orné en paffant de

b~u­

che en bouche, efl: peur-etre ce qui a le plus nui

a

M. du Marfais. Les plaifantenes

que notre frivoliré fe permet

fi

legerement fans en prévoir les fuires, laillent fouvent

apres elles des plaies profondes; la haine profire de tour;

&

qu'il efl: doux pour cet–

te multitude d'hommes que bleffe réclat des talens' de trouver le plus Jeger prétextte

pour fe difpenfer de leur rendre jufl:ice!

Cette imputation calomníeufe,

&

ce que nous avons rapporté au fujet de I'Hiltoi–

re des Oracles, ne fonr pas les feules perfécutions que M. du Marfais ait effuyées .

Il nous eH: tombé entre les mains un fragment ·d 'une de fes lettres fur la legereté des

foupyons qu'on forme contre les aurres en matiere de religion. Il ne lui étoit que rrop

permis de s'en plaindre, puifqu'il en avoit été fi fou\•ent l'objet

&

la viétime. Nous

apprenons par ce frsgment, que des hommes qui · fe difoient Philofophes ,

1'

avoient

accufé d 'impiété, pour avoir fotitenu conn·e les Cartéfiens, que les betes n' éwient

pas des auromates. Ses Adverfaires donnoienr pour preuve de cene accufarion, l'im–

poffibiliré gu'il avoit, felon eux, de concilier l'opinion qui attribue du fenriment aux

betes, avec les dogmes de la fpiritualiLé

&

de l'immortalité de

l'

ame, de la !'iberté

de

1'

homme,

&

de la jufiice di vine dans la difl:ribution des maux ". M. du Marfais

répondoit que l'opinion gu'il avoit foutenue fur l 'ame des bétes, n'étoit pas la fien–

ne; qu'avant

Defcart~s

elle étoit abfolument générale, comme conforme aux premieres

notions de l'expérience

&

du fens commun,

&

meme au langage de l'Ecriture; que de–

puis Defcartes meme elle avoit toújours prévalu dans la plupart des Eco

les,

gui ne s'en

éroient pas crues moins ortbodoxes; enfin que c'étoit apparemment le fot•t de quelque

opinion que ce fut fur !'ame des bctes, de

f~ite

raxer d'irteligion ceux qui la foute–

noient, puifque Defcartes lui-meme en avoit été accufé de fon tt:ms, pour avoir préten–

..du que les animaux étoient de pures machines. 11 en a été de meme parmi nous ,

d 'abord

~e~

partifans des idées innées;

&

depuis peu de leurs Adverfaires; plulieurs

aurres opmtons femblables ont eu cette linguliere defl:inée, que le pour

&

le

conrre

ont été fucceffivement traités comme impies; tant le zele ayeuglé par J'ignorance, efl:

tingénieux

a

fe forger des fujers de fcandale'

&

a fe tourmenter lui-méme

&

les autres.

M. du Marfais, apres la chute de M.

L~w.

entra

d1ez M. le Marquis de Bauf–

fremont. Le féjour qu'il

y

fit dumnt plufieurs années, efi une des époques les plus

remarquables de fa vi e, par l'utiliré donr il a été pour les Lettres, JI donna occalion

a

M. au Marfais de fe dévoiler au Public pour ce qu'il étoit, pour un Grammairien

profond

&

philofophé,

&

pour un efprit créateur dans une matiere fur laguelle fe font

exercés tant d'excellens Ecrivains. C'eíl principalement en ce genre qu'il s'efl: acquis

une réputation immortelle,

&

c'efl: auffi par ce cóté important que nous allons dé–

formais l'envifager.

Un des plus grands efforts de J'efprit humain, efl: d'avoir affujeni les Langues

a

des regles; mais cet effort n'a été fait que peu-a-peu. Les Langues, fonnées d 'abord

fans príncipes, ont été plus l'ouvrage du befoin que de la raifon;

&

les Philofophes ré–

duits

a

débrouiller ce ehaos informe' fe font bornés

a

en diminuer le plus qu'il étoit pof–

fible_l'irrégularité,

&

a réparer de leur mieux ce que le Peuple avoir confrruit au hafard:

car c'efl: aux Philofophes

a

régler les Langues, comme c'eü aux bons Ecrivains

a

les fi–

xer. La Grammaire en done l'ouvrage des Philofophes; mais ceux qui en out établi les

1·egles, ont fa ir comme la plupart des invenreurs dans les Sciences: ils n' ont donné

q~e

les réfultats de leur travail, fans monrrer l'efprit qui les avoit guidés. Pour bien

fatfir cer efprit li précieux

~

conno1tre,

il

faut fe remettre fur leurs traces; mais c'efl:

ce

t

Y•1•::.

dans ce Volume 1'4rticl• Fol\ME

suJSTANTIELL&.