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E L O G E
riere,
&
toujours avec un égal fucces. La jufl:ice que nous dcvons
a
fa mémoire, nous
oblige de repouffer
a
cerre occafion une calomnie qui n'a été que trop repandue. On
a prétendu que M. du Marfais étant appellé pour préfider
a
l'éducation de trois fre.–
res dans une des premieres Maifons du Royaume, avoir demandé
dmu qtteUe r:elt–
giott Olt 7JOllloit qu'it tes étevat.
Cette queH:ion finguliere avoit été faite
a
M. Law'
alors de la Religion nnglicane, par un homme d'cfprit qui avoit éré pendant quelque
tems aupres de Jon fils. M . du Marfais avoit su le tait,
&
l'avoit fimplement racón–
té: il étoit abfurde de penfer qu'en France, dans le fein d'une famille catholique oü
perfonne ne le connoifioir encorc,
&
o\.1 il avoit intéret de donner bonne opinion
de fa prudence' il eut hazardé un difcours
fi
exrravagant'
&
qui pouvoit erre
re~~r
dé comme une injure; mais on rrouva plaifant de le lui attribuer
&
par cene raJJon
on conrrnuera peur-étre
?t
le lui attribuer encore, non-feulement contre la vérité, mais
rneme cono·e la vrait1emblance . Cependant nous ne devons pas laffer ignorer a ceux
qui lironr cet Eloge, que ce conte ridicule, répété
&
meme orné en paffant de
b~u
che en bouche, efl: peur-etre ce qui a le plus nui
a
M. du Marfais. Les plaifantenes
que notre frivoliré fe permet
fi
legerement fans en prévoir les fuires, laillent fouvent
apres elles des plaies profondes; la haine profire de tour;
&
qu'il efl: doux pour cet–
te multitude d'hommes que bleffe réclat des talens' de trouver le plus Jeger prétextte
pour fe difpenfer de leur rendre jufl:ice!
Cette imputation calomníeufe,
&
ce que nous avons rapporté au fujet de I'Hiltoi–
re des Oracles, ne fonr pas les feules perfécutions que M. du Marfais ait effuyées .
Il nous eH: tombé entre les mains un fragment ·d 'une de fes lettres fur la legereté des
foupyons qu'on forme contre les aurres en matiere de religion. Il ne lui étoit que rrop
permis de s'en plaindre, puifqu'il en avoit été fi fou\•ent l'objet
&
la viétime. Nous
apprenons par ce frsgment, que des hommes qui · fe difoient Philofophes ,
1'
avoient
accufé d 'impiété, pour avoir fotitenu conn·e les Cartéfiens, que les betes n' éwient
pas des auromates. Ses Adverfaires donnoienr pour preuve de cene accufarion, l'im–
poffibiliré gu'il avoit, felon eux, de concilier l'opinion qui attribue du fenriment aux
betes, avec les dogmes de la fpiritualiLé
&
de l'immortalité de
l'
ame, de la !'iberté
de
1'
homme,
&
de la jufiice di vine dans la difl:ribution des maux ". M. du Marfais
répondoit que l'opinion gu'il avoit foutenue fur l 'ame des bétes, n'étoit pas la fien–
ne; qu'avant
Defcart~s
elle étoit abfolument générale, comme conforme aux premieres
notions de l'expérience
&
du fens commun,
&
meme au langage de l'Ecriture; que de–
puis Defcartes meme elle avoit toújours prévalu dans la plupart des Eco
les,
gui ne s'en
éroient pas crues moins ortbodoxes; enfin que c'étoit apparemment le fot•t de quelque
opinion que ce fut fur !'ame des bctes, de
f~ite
raxer d'irteligion ceux qui la foute–
noient, puifque Defcartes lui-meme en avoit été accufé de fon tt:ms, pour avoir préten–
..du que les animaux étoient de pures machines. 11 en a été de meme parmi nous ,
d 'abord
~e~
partifans des idées innées;
&
depuis peu de leurs Adverfaires; plulieurs
aurres opmtons femblables ont eu cette linguliere defl:inée, que le pour
&
le
conrre
ont été fucceffivement traités comme impies; tant le zele ayeuglé par J'ignorance, efl:
tingénieux
a
fe forger des fujers de fcandale'
&
a fe tourmenter lui-méme
&
les autres.
M. du Marfais, apres la chute de M.
L~w.
entra
d1ez M. le Marquis de Bauf–
fremont. Le féjour qu'il
y
fit dumnt plufieurs années, efi une des époques les plus
remarquables de fa vi e, par l'utiliré donr il a été pour les Lettres, JI donna occalion
a
M. au Marfais de fe dévoiler au Public pour ce qu'il étoit, pour un Grammairien
profond
&
philofophé,
&
pour un efprit créateur dans une matiere fur laguelle fe font
exercés tant d'excellens Ecrivains. C'eíl principalement en ce genre qu'il s'efl: acquis
une réputation immortelle,
&
c'efl: auffi par ce cóté important que nous allons dé–
formais l'envifager.
Un des plus grands efforts de J'efprit humain, efl: d'avoir affujeni les Langues
a
des regles; mais cet effort n'a été fait que peu-a-peu. Les Langues, fonnées d 'abord
fans príncipes, ont été plus l'ouvrage du befoin que de la raifon;
&
les Philofophes ré–
duits
a
débrouiller ce ehaos informe' fe font bornés
a
en diminuer le plus qu'il étoit pof–
fible_l'irrégularité,
&
a réparer de leur mieux ce que le Peuple avoir confrruit au hafard:
car c'efl: aux Philofophes
a
régler les Langues, comme c'eü aux bons Ecrivains
a
les fi–
xer. La Grammaire en done l'ouvrage des Philofophes; mais ceux qui en out établi les
1·egles, ont fa ir comme la plupart des invenreurs dans les Sciences: ils n' ont donné
q~e
les réfultats de leur travail, fans monrrer l'efprit qui les avoit guidés. Pour bien
fatfir cer efprit li précieux
~
conno1tre,
il
faut fe remettre fur leurs traces; mais c'efl:
ce
t
Y•1•::.
dans ce Volume 1'4rticl• Fol\ME
suJSTANTIELL&.