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vj

E L O G E

des opinions contraíres, tout parle publiquemen,t

&

fans crainte contre la jullice

&

la vérité. Nous ignorons

fi

ces plaintes étoient fondées dans le tems que M. du Mar–

fais écrivoít; mais la France connolt mieux aujourd'hui fes vrais intér ts. Ceux en–

tre les mains defquels le manufcrit de 1'Aureur eíl tombé apres fa mort, moins timi–

des ou plus heureux que lui, en ont fait part au Public. Les ouvrages pleins de véri–

tés hardies

&

utiles, dont le genre humain eíl: de tems en tems redevable au courage

de quelque homme de Lettres, font aux yeux de la poílérité la gloire des Gouver–

nemens qui les protegent, la cenfure de ceux qui ne favent pas les encourager,

&

la

honte de ceux qui les profcrivent.

(a)

.

La fuppreffion de ce Livre eut été fans doute une perte pour les Citoyens; ma1s

les Philofophes doívent regretter encore plus que M. du Marfais n'ait pas publié fa

répo1t.{e

a

la critiq11e de t'Hifioi?·e des Oracles;

on n'a trouvé dans fes papiers que

des fragmens imparfaits de cette réponfe,

a

laquelle il ne paroir pas avoir mis la der–

niere main. Pour la faire conno1tre en détail, il faut réprendre les chofes de plus

haut,

o

Feu M. de Fontenelle avoit donné en x686, d'apres le Médecin Vandale, l'Hi–

il:oire des Oracles, un de fes meilh:urs ouvrages,

&

peur erre celui de tous auquel

le fuffrage

*

unanime de la poílérité eíl le plus affuré.

Il

y

foutient, comme tour

le

monde fait, que les m·acles étoienr J'ouvrage de la fuperfl:ition

&

de la fourberie,

&

non celui des démons,

&

qu'ils n'ont point ceffé

a

la venue de

J.

C. Le Pe re

Baltus, Jéfuite, vingt ans apres la publication de ce Livre , crut qu'

il

étoit de fou

devoir d'en prévenir les effets dangereux ,

&

fe propofa de le re futer .

n

foutint' avec

toute la modération qu'un Tbéologien peut fe permettre, que M. de Fontenelle avoit

attaqqé une des principales preuves du Chrifr.ianifme, pour avoir préteodu que

les

Pretres payens étoient des impofl:eurs ou des dupes. Cependant en avans;ant une o–

pinion

fi

ftnguliere, le Cdtique avoit eu l'art .de lier fon fyfl:eme

a

la Religion, quoi–

qu'il y foit réellement contraire par les armes qu'il peut fournir aux .incrédules. La

caufe du Phílofophe étoit juíle, mais les dévots étoient foulevés ,

&

s'il répondoit ,

jl

étoit perdu,

Il

eut done la fageffe de demeurer dans le lilence,

&

de s'abfl:enir

d'une défenfe facile

&

dangereufe, dont le public !'a difpenfé depuis en lifant tous

les jours fon Ouvrage,

&

en ne lifant point celui de fon Adverfaire.

M.

du Mar–

fais, jeune encore, avide de fe íignaler,

&

n'ayant

a

rifquer ni places ni fortune,

entreprir dt> juftifier

M.

de Fontenelle contre les impurations du Pere Baltus . lLac–

c~l<Jit

le Critiq\le

~e

n'.avoir

poin~

entendu

J~s

PP. de l'Eglife,

&

de ne les avoir pas

cnés exaaement; !1 lm reproch01t des mépnfes confidérables ,

&

un plagiar mo ins

excufable encore du profeffeur Mcebius, qui avoit écrit contre Vandale. Affuré de la·

bonté de fa caufe, le défenfeur de

M.

de Fontenelle ne craignit point de faire part

de fon Ouvrage

a

quelques Confreres du Pere Baltus;

il

ne vouloi.t par cette démar–

che que donner des marques de fon eílime

a

une Société long-tems utile aux Let–

tres,

&

qui fe fouvient encore aujourd'hui avec complaifance du crédit

&

des hom-

,

mes célebres qll'elle avoit alors. Nous avons peine

a

nous perfuader 9-ue dans une ma–

tiere aulfi indiflerente en elle-meme, cette Société fe fojt crue bleilee par

l'at t:~que

<l.'un de fes membres; nous ignorons par qui

&

co!nment la confiance de

M. du Mar–

fais fut trompée; mais elle le

fut.

On travailla efficacement

a

empecher l

'impreffi.on

&

meme !'examen de l'Ouvrage; on accufa faufTemem l'auteur d'avoir vo

ulu le falre

paro1tre fans approbatfon ni privilége, quoigue fon Adverfaire eur pris la meme li–

berté.

ll

repréfenta' en

v~in

que ce livre avoit été appronvé par plufieurs perfonnes

favantes

&

piéufes,

&

qu'il demandoít

a

le meto·e au jour, non par vanité d'Auteur,

mais pour prouver f9n innocence: il offrit ínutilement de le foumetrre

a

la cenfure

de la Sorbonne, de le faire meme approuver par l'inqnifition,

&

imprimer avec

la

permij]jon des StJ-périettrs

dans les terres du Pape; on étoh refoln de

ne

rien écou–

ter,

&.

M. du Marfais eut une défenfe expreffe de faire paro'itre fon Livre, foit en

France, foit ailleurs. Cet évenement de fa vie fQt la premiere époque,

&

peut-etre

la fource des injuftices

gu'il

effuya: on n'avolt point eu de peine

i\

prévenir contt·e

}t:¡i

un Monarque refpeétable alors dans fa vieilleffe,

&

d'une délicateffe loüable fur

(r) Los quell:ions que propofe M. du Marf.'lis comme pour

aJoint

~

fon livre font propres pour un Pays dans kquel

l'Eglife depend tour

a

fuit du Gouvememenr politique ,

comme de fon chef ,

&

non pas pour un Pays Catholi–

que , ol¡ avee raifon

il

devoit craindre des perfecutions,

pour un Livre condamnable

pu

t~nt

¡le titres,

con¡.m~

¡¡o1.¡s avons obfervé ci-c!elflli,

tout

• Il n'y a pout-etre qu'une phrafe

~

retranchet de cet Ou–

vrnge; ce font ces deux lignes de la Préface:

,

fl

me

,

femble qu'il ne faudroit dormer daos le fublime

qu·a

,.

fon corps dó[tndant:

il

ell:

fi

peu narurel! favouc que

., le ll:yle b:1s

,¡¡

mcoft

q,ul~u¡

chofe d• pú

,,