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DE

DU

MAR S A 1 S.

ce qui n'appartient qu 'a des Philofophes commc eux . L 'étude

&

l'ufage fuflifent pour

apprendre les regles ,

&

un degré de conception ord inaire pour les appliquer; l"efprit

philofophique feul pcut remonter jufqu'aux príncipes fur lefquel s les regles font éta–

blies ,

&

difl:inguer le Grammairien de génie du Grammairien de mémoire. Cet efprit

apper~oit

d 'abord dans la Grammai re de ehaque Langue les príncipes généraux qui

font communs a tomes les autres,

&

qui forment la Grammaire générale ; il déme–

le enfuite dans les ufages particuliers

a

chaque Langue ceux qui peuvent etre fondés

en raiion, d'avec ceux qui ne font que J'ouvrage du hafard ou de la négligence :

il

obferve J'influence réci proque ·que les Langues ont eue les unes fur les autJ·es ,

&

les

alrérations que ce mélange leur a données, fans

1

eur óter entierement leur premi er

caratie re: il balance leurs avantages

&

leurs defavantages muruels; la difFérence de

leur conll:rutiion, ici libre, hardie

&

variée, la

réguli e r~,

ti mide

&

uniforme ; la di–

verfité de leur génie tantót fa vorable , rantót conrrairc

a

1

'expreffion heureu[e

&

rapidt:

des iJées ; leur richdfe

&

leur liberté , leur ind·igence

&

leur fervirude. Le développe–

ment de

e ~

s diHerens objers eH la vraie Métaphylique de la Grammaire . Elle ne confiíle

poinr, comme cette Philofophie tenebreufe qui fe perd dans les attributs de Dieu

&

les

facultés de notre ame, a raifonner

a

perte de vue fur ce qu'on ne connolt· pas' ou

a

prOU\'er laborieufement par des argumens foibl es , des vérirés donr la foi nous difpen–

fe de chercher les premies. Son objer ell: plus réel

&

plus a non·e porrée; c'eil la

marche de J'efprit humain dans la génération de fes idées ,

&

dans J'u fage qu 'il fa it

des mots pour tranfmettre fes pen!ées aux autres hommes . Tous les príncipes de cet–

te Mé raphyGque apparriennent pour ainfi di re

a

chacun, puifqu'ils fonr au-dedans de

nous ; il ne faut pour les y trouver qu'une analyfe exatie

&

réfléc hi e ; mais le don

de ccrre analyfe n'eü pas donné a tous . On peur néanmoin s s'alsúrer fi eile efi bien

faite , par un effer qu 'elle doit alors produire infaillib lemenr , celui de frapper d 'une

lumi ere vive tous les bons efprits auxquels elle fera préfe nrée: en ce gen re c'eil: pref–

qu 'uoc m,1rque sú re de n'avoir pas renconrré le vrai, que de trouver des contradi–

cteurs, ou d 'en trouver qu i le Joient long-tems . Auffi

M.

du Marfais n'a-r-il effuyé

d 'anaques que ce qu'il en

falloi~

pour aburer

pleinem.~nt fo~

triomphe; avamage rare

pour ceux qui porten. les pr 'ffilcrs dans les fujets qu tls trattent, le flambeau de

l<l.

Philofophi e .

(a)

.

L e premie r fruir des réflexions de M. du Marfais fur

1'

étude des Langues , fut

fon

ExJJ ojitiolt d'rme Métbode raifomtée pour appre1tdre ta

. L~ttgtte

L_atilre

;_elle pa–

rut en

1

72.2.:

il la dédia

a

M:\1.

de Bautfremont fes Eleves, qUJ en avotent fatt le plus

heurcux cfl ai,

&

dont J'un, commencé des l'alphabet par fon

illuHre

M

<li tre, a\ oit

fait en moins de rrois ans les progres les plus finguliers

&

les plus rapides.

La Méthode de

M.

du l\llartai s a deux partíes, l'ufage,

&

la rai1on. S,woir une

Langue, c'eil: en enrendre les mots;

&

cette connoi!lance appartient proprement

a

la mémoi re ,

e

'efi-a-di re

a

celle des facultés de notre ame qui le développe la pre–

miere che7. les enfam, qui

c lt

meme plus vive

a

cet age

qu ~

dans aucun aurre'

&

qu 'on peut appeller l'etprit de l'enfa nce. C'eil: done cette faculté qu 'il faut exercer d 'a–

bord,

&

qu 'i l f11u t mcme exercer feule. Ainfl on fera d'abord apprendre aux enfans,

fan s les fariguer,

&

comme

par maniere d'amufemc:nt , fuivant difterens moyens que

I'Auteur indique, les mots lat ins lt5 plus en ufage.

On

leur donnera enfuite

a

expli–

quer un Aure ur latin

r~ ngé

iuivant la confiruti10n

fran~oife,

&

fans in v-erfion. On fub–

fiituera de plus dans le rexte, les mots fous-entendus par

1'

Auteur,

&

on mettra fous

chaque mor latin le terme frans;ois correfpondant: vis-a-vis de ce texte ainfi difpofé

pour en faciliter l':nrelligence, on placera le texte de· I'Auteur tel qu'il eH;

&

a

co–

té du

fran~ois

littérai, une trarl uélion frans;oife conforme au génie de norre Langue.

P ar ce moyen, l'enfant repa!l ant du texte latín altéré au texte véritablé,

&

de

la

ver–

fion

interlinéaire a une trad uélion libre , s'accoütumera infenfiblement a connoitre

par le feul u!age les facons de parler propres

a

la Langue latine

&

a

la Langue fran–

~oife .

Certe maniere d'enfeigner le L atí n aux enfans, efi une imítation cxatie de la

fas;on dont on fe rend familieres les Langues vivantes, que l'ufage feul enfeigne beau-

(a)

On ne doit

p~s ~ppeller

tenebreu{t

la Philofopbie qui

fen

a

démontrer les artnburs de Dieu, & les facultés de

notre ame: au contraire !'examen eles uns ,

&

des autres

eft fair pour <liffiper les tenebres de l"efprit humain . En

offet les outeurs , qui onr demontré h\ vérité de la reli–

gion chrétienne par les princtpcs de la raifon, c"eft-a-dire

de la Philofophte, tels que Grorius, Clarke, 1'Abadie &c.

cmt demontré

1'

exi!ten~

de Dieu , & de fes

~ttribtlts ,

coup

auffi bien que les facultés & le caraétere de notre. ame

pour

convaincre les incrédules, & pour atnener les tgno–

r.ms

a

connoitre &

i1

fuiv re notre Religion , qui eft non

feule

ment fondée' fur les príncipes revelés, mais fur

le~

príncipes encare qui l.t Philofophte nous

manife~e

..En

confirm ttion de cela, que notre leéteur confulte 1 articlo

F¡ry

&

iJ

y

rrouvera expl!qué plu;'o pleinem. nt ce queje ne

viens que de toucher

10 .