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/

DE

M

DU

MAR S A 1 S.

V

J'ambition de la Cour de ROllne. ll eft trifte, ajoute-t-il, qu'en France

me

me on n'ait

pas roujours su faire cette diH:inétion fi eífentielle;

&

que plufieurs Ecciéfiaftiques ,

&

fur-tout certains Ordres religieux, foient encare fecretement attachés parmi nous

aux fentimens ultramontains, qui ne font pas meme regardés comme de foi dans les

pays d'Inquifition.

(a)

M . du Marfais dit

a

la fin de fon Livre, qu'il avoit eu deífein d'y joindre une

diífertation hiíl:orique qui exposat par quels degrés les Papes font devenus Souverains.

Cette matiere, auifi curieufe que délicate, étoit bien digne d'etre traitée par un Phi–

lofophe qui fans doute auroit su fe garantir également du fiel

&

de la flaterie; en a–

voüant le mal que quelques Papes ont fait pour devenir Princes,

il

n'auroit pas laiífé

ignorer le bien que plutieurs ont fait depuis qu'ils le font devenus: aux emraves fu–

nefl:es que la Philofophie a recues par quelques Conftitutions apofl:oliques, il eút op–

pofé la renaiflance des Arts en Europe, prefqu'uniquement dúe

a

la magnificence

&

au goút des fouverains Pontifes. 11 n'eut pas m:lllqué d'obferver qu'aucune lifl:e de

Monarques ne préfente,

a

nombre égal, aut<mt

d'homme~dignes

de l'attention de la

pofl:érité. Enfin il fe fUt conformé fur cette matiere

a

la

maniere de penfer du Pu–

blic , qui malgré fa inalignité nature\le, eft aujourd 'hui trop éclairé fur la Religion,

pour faire fervir d'argumens contr'elle les fcandales donnés par quelques Chefs de l'E–

glife. L'indifférence avec laguelle on recevroit maintenant garmi nous une fatyre des

Papes, eft une fui te heureufe

&

néceíTaire des prt>gres de la l hilofophie dans ce fiecle.

Nous favons,

&

nous l'a pprenons avec regret au Publlc, que M . du Marfais fe

propofoit encare ·de joindre a fon Ouvrage l'examen impartía!

&

pacifique d'une que–

relle importante, qui tient de pres

a

nos Libertés, que tant d'Ecrivains ont agitée

dans ces derniers teros avec plus de chaleur que de Jogique. L'auteur, en Philofo–

phe éclairé

&

en Citoyen fage, avoit réduit toute cette querelle aux queftions fui–

vantes , qu·e nous nous bornerons fagement

a

énoncer, fans entreprendre de les ré–

foudre: Si

un~

fociété d 'hommes c¡ui croit devoir fe gouverner

a

certains égards ¡;>ar

des lois indépendantes de la Puiít1nce temporelle, peut exiger que cette Puiífance

concoure au maintien de ces lois? Si dans les pays nombreux ou l'Eglife ne fait avec

I'Etat qu'un meme corps, la liberté abfolue que les Mini!lres de la. Religion recla–

mem dans l'exercice de leur miniftere, ne leur donneroit pas un droit qu'ils fom bien

éloignés de prétendre fur les priviléges

&

fur l'état des Citoyens? E.n cas que cet

inconvénient fUt réel, que] l?a.rti les

L

é,gi·st~

~eurs

devroient

p~endre ~our

le, prévenir ?

ou de mettre au pouvmr fpmtuel de 1E.gl!ie des bornes. qu elle crmra tOUJOurs de–

voi¡- franchir, ce qui entretlendra dans l_'Etat

1~ ~ivifion ~

le trouble ;

~u d~ tra~cr

· entre les matieres fpiritu

elles &

les matleres ciVIles

une hg

ne de féparatton mvana–

blc? Si les príncipes du Chri.fl:ianifme

s'oppoferoi~nt

a.ce.tt~

féparation,

~

fi elle ne

produiroit pas infenfiblement

&

fans effort la tolerance CIVJie, que la politJque a con–

fei!lée

a

tant de Princes

&

a

tant d'Etats?

Telles étoient les queilions que M. du Marfais fe propofoit d'examiner; élo}gné,

comme il l'étoit, de tour fanatifme par fon caraétere,

&

de tout préjugé· par fes ré–

flexions, perfonne n'étoit plus en état de traiter cet important fujet avec la modé–

ration

&

l'équité qu'il exige. Mais comme ce n'eft point par des Livres c¡u'on ramene

au vrai des efprits ulcérés ou prévenus, cette modération

&

cette équité n'eufrent

peut-ett·e fervi qu'a lui faire des ennemis puimms

&

implacables.

~uoique

les matie–

res qu'il a difcutées dans fon Ouvrage , foient beaucoup moins delicares q,ue celle–

ci

~

quoiqu'en traitant ces matieres

ii

préfente la vérité avec toute la prudence dont

elle a befoin pour fe faire recevoir, il ne jugea pas a-propos de laifler paro1tre de

fon vivant fon

Expojitio1t des Libertés de t'Egtift Gatlica1le.

11 craignoit, difoir-il,

des perfécntions femhlables a cel\es que M. Dupuy, le défenfeur de ces Libertés dans

le dernier fiecle, ·avoit eu

a

foufli-ir de c¡uelques Eveques. de Francel, defavoi.iés fans

doute en cela par Jeurs Confreres. La fuite ae cet E.loge fera VOÍl' d'ailleurs -que M.

du Marfais avoit de grands ménagemens

a

garder avec

l'E.~Iife,

dont

ii

avoit pourtant

J éfendu les droits plus encore qu'il- ne les avoit bornés.

1!-

fe plaint dans une efpe–

ce d 'introduétion qui efr

a

la tete de fon Livre, qu'on ne puiífe expofer impunément

en France la doétrine confrante du Parlement

&

de la Sorbonne fur l'indépendance

de nos Rois

&

fur les droits de nos Evéques, tandis que chez les Narions imbues·

Tome VII.

b

des

(•) L.1

diftind:ion

du

Pape

&

du S. Siége eft tres extrava–

gante qu'eft ce que c'eft, quele Siége féparé de l'Eveque?

la

vénération , qu'elle ménte ne nait elle pas de la per–

fonne qui

1'

occupe? les priviléges

&

les préroganves fu-

rent accordées

a

S. Pierre

&

a

fes fucce(!'eurs,

&

lorf–

qu'on nomme le S. Siege on le fait toiljours

a

l'egard d1.1

fucce(!'eur du Prince des Aporres.