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j • .
enfin I'esercice des .medecins inaruils par une Ih&o–
.ríe
lumineuCe,
&
auentlfs
~
obCerver exaaemen l
I~s
pifterenleS cautes , les ditte reus ca"aaeres, les différens
tlals les dittérens accidens des maladies,
&
les effels
des lemedes qu' ils preCcrivent dans 10US ces cas. C 'ell
-de celle confu(ioo que uailfeol IOUles les fauifes idées
-du public Cur l'el):périence des pratieiens.
011
rappone
a
l'expérience, comme nous venons de
le remarquer , l'exercice 'des m edecins livrés aOl; pra–
liques qui dominell! dans chaque \lalion , cc Com ce.
medecills memes qui croyent s'elre aifurés Par leur
expér ience, que la pralique de leur pays efl préférahle
a
celle de IOUS les aUlres, mais
fi
cel exercice élOil
une véritable expéri,nce, il faudroi! que ceux qui Ce
font livrés depuis plus : d'un liec le 11
différemes prati–
ques
d~ns
chaque pays, eutTent acquis des connoiifall"
s:es déci fives , qui les eulfent dé¡erm inés
a
abandonner,
comme ils 001 fait, la pratique générale
&
unifor~ne ,
que leurs maltres fuivoiem dans les liecles préeédens ;
cependant nous ne voy.ons pas daus leurs éerits, que
l'expérience leur ait fouroi de telles découverles Cur un
grand nombre de maladies;
feroit-c~
donc les aneiens
medecins de chaque pays qUl n'auroient acquis aueu–
ne expérience dans la pratique -qu'ils fuivoiellt ? ou fc–
roit - ce les m odernc s qui abandonnant les regles des
anciens, auroien t fuivi ditférentes praliques fan s e tre
{ondés fur l'expérience? ,-
On penfera peu t-etre que ces dittérentes m élhodes de
trailer les m emes maladies cn ditterens pays, fon t le
fruil des progres de la. théorie de la Jl4edecine; mais
Ii
~ette
théorie avoil inlroduit
&
reglé les différentes mé–
Ihodes de chaque pays, elle concilieroit au m les efprits,
tous les m edecins des différens pays reeonnoi troienl
le~
lIvantages de ces diverCes pratiques: cependant ils Cont
10US
bien éloignés de celte idée, ils croyem dans cha–
que pays que leu r pratique efl la feule qu'on p.uille Cui–
vre avec COreté,
&
reje llem toutes les aueres eo mm e
des pratiques pernicieuCcs, élablies par la pré vencion.
Or les M cdecins memcs , ell fe condamnam ainfi ré–
ciproquem ent , ne prouvent-ils pas qu'¡¡ feroit ridicule
de confolldre l'expérience
~vee
I'exercice de ce nom–
prelJ x coreege de praticiells, alfujellis
a
l'u fage , livrés
il
la prévention ,
&
incapables de parvenir par des. obfer–
v ations exaaes, aux différentes
mod i fie~tions
qui pour–
roient perfea iollt]er la pralique dans les diffé"tens pays .
S i l'exercice de tanl de medecins attachés
a
ces dif–
férentes pratiques, préfente une idée
fi
oppofée
a
cel–
le qu'on
do.ilavoi! d'une expérience inflruaive, ne
Ce–
r~t-il
pas plus facile encore de difl inguer de celte ex–
p érie nce le long exercice d' un praticien continuelle –
m ent occllpé
a
vifiter des malades
a
la hate, qui fe
r egle fur les évenemens , ou fe fixe
a
la métode la
p lus accred ité e dans le public , qui toiljours diflrait par
l e nombre des m alades , par la diverfi té des maladies,
-par les imponunités des amflans, par les foins qu' il
. doone
a
Ca réputatioll, ne peut qu'entrevoir confuti:–
m ent les m.alades
&
les m aladics.? D.n medecin privé
de connoiifance; , loujours diffipé par tant d'objets dif–
férens , a-t-il le tem s , la rranquill ité , la capacité néceC–
laire pour obferver
&
pour découvrir la liaifon qu'il y
a enlre les efiets des maladies,
&
leurs caufes?
.
Fixé 11
un
empirifme
habilu e!', il l'exerce avec une
facilité, que les 'malades attribueot
:l.
fon expérience;
11
les
e~trelient
dans celte opinion par des raiConne.'
mens conformes
a
leurs préjugés ,
&
par le récit de
(es fu cees : il parvieut meme
a
les perCuader , que la
capacilé d'un pralicie n dépend d'un long exercice ,
&
que le favoir ne peut former qu'u.n m edecill Cpé.cuJa–
lif , ou
~our
parler leur langage ,
~n
m edecin de ca–
~inet
.
Cependam ces empiriques ignorans
&
pré Comptueux
fe livre nt
au~
opinions de la multitude,
(l1
n'apper~oi
vem les objets qu'a-travers leurs préJllgés. C'efl 11 des
gens de cet ord re. que M. de Voltaire répondit plai–
fammen!, quand ils voulmem le trai ter avant qu'¡¡ vint
a
G el1eve : " Memems, je n'ai pas afTez de fan[ é pour
" rirquer avec vous le peu qui me refle ". M ais il
n'a pas héfité de confier ce reae de fanté entre les
maillS de l'ECculape du pays, ho mme
r~re,
né pour
le bonheur des autres, joignant l'étude perpé[uellc
&
la plus profonde [héorie
aux oHervations d'une fa–
v ante ;ratique ,
&
ne
con~oillant
¿'expt'deoc,c .que cel–
le de [OUS les I,eux
&
de touS les fiecles. .
, A um
le~
vrais. medecins ne fe prévalenr-ils jamais
9
une .rounne hablluelle ; ils croiroieot . deshonorer la
~edecrn~l
&
fe
dé~rader
eu¡-memes , s'ils infinuoienr
EMP
dans le public que lq
c3p~cité
des Medecios s'acquierl
com¡ne eelle des anifans, qui n' ont btCoin que des
fcns
§t
Q~
I'habitudc pour fe perfeaionner dans kurs
métier~.
:¡<:n effet les praticiens qui .on! une juae idée
de la Mcdtcine,
&
qui !Iléri[ent lem réputation, ne fe
fOnt livrés au public qu'apl es avoir
acqui~
un Ilrand
fonds. de. íavoir;
&
malgré un exercice preCque comi,
nuel; ils m énallent chaque jour une pareie de leur tems ,
pour enlretenir
&
anllmenter leu rs connoilfances par
l'élude,
&
ils tle fe décident dans la pra[ique que par
les lumieres d'une théorie Colide.
Ain fi tous ceux ¡¡ui ont rédu il l'expérience 11
I'empi–
ri[me
paniculier de chaque pra[icien, c'dl-a-dire
a
que!–
qpes
~onnoifTances
inCujlifaures, obCcures , équivoques ,
féduiCanles, dangereuCes, n'om pas complÍs que la vé–
ritable expér ience, la Ceule, digne de ce nom, ea I'ex.
périence générale qui réfu lle des
dé~ouvertes
phyli,
que s , chim iques, anatorniques,
&
des obCervations
paniculieres des Medeeins de touS les lems
&
de tous
les pays; que ceue expérience efl renfermée dans \a
théorie ;
&
que par conféquem l'expérience approfon –
die,
&
la [héorie expéri¡nemale ou la vraie théorie, ne
font pas deux chof; s différentes. Ce n'ea cone poin!
par l'exercice feul de la Medecine qu'on acquierl eet–
[e théorie , ou ceue expérience lumineufe qui forme
les vrais medeeins.
Oll dira peut-etre qu'un grand exercice de la Me–
decine procure du moins aux Medecills une habitude
qui les rend plus expeditifs dans la pr:uique; mais
ne doit-on pas comprendre .que ceue facililé ne les rend
que plus redoutables, lorfqu'ils ne fom pas fu ffiCa m–
'ment inaruits?
&
ne doit-on paj s'app.ercevoir aum que
la vraie habitude qu'on peut defirer d'un .medecin, efl
la fcience théorique , puiíque ce n'ea que par le íavojr
qu'il peut fe conduire facilement
&
CUrement dans
l~
pratique.
JI efl vrai que moins un praticien fe liv¡e
a
la rou–
line,
&
que plus il en inaruil, pkls il coono,t tautes
les m épriCes dans leCquelles on peút tamber, plus auffi
il
héfi te, plus il refléchit, plus il délibere, "par ce qn"
il appers:oit les difficllltés: mai$ e'efl ¡oujours pour la.
f"reté des malades qu'il ea fi attemif
&
fi circon!"pea
dans fes jugemens. Ce Cont les eOllnoifTances m em es,
&
non le défaut d'expérience ou d'habitude, qui retien–
nenr un medecin prudent,
&
qui l'obligent dans les
cas douteu x,
a
démeler,
a
examiner,
a
balancer , 3-
van! que de fe décider,
Si le publ ic voyoit de pres les Medecins,
lorfqu' il~
fom eux-memes auaqués de
ql1elqu~
maladie inquié–
tante, il
09
, retrouveroit plus en eux 'cet air de ferrne–
lé, ce ton déci fif
&
impoCant, fi ordinaire
;¡
ceux
qui traitem les maladas par
empirifme;
&
il compren–
droit alors combien l'all"t'lrance
&
la précipilation font,
déplacées dans I'exercice d'un art fi diffieile
&
fi dan–
gereux .
Enfio ,
&
nous ne Caurions trop le répé[er, ce n'ea
poin t la rouline, quelqlle lougue qu'elle Pll ille etre, qui.
peut former un m edeein c\inique
ir
la bonlle méthode.
curalive des maladies; la routine ne fert qu'
a
mul–
liplier Ces faUl es, fon impéritie,
&
'Con 3veuglement,
Je fai bien que le public gromer élnblit follement
f.'\
confiaoce dans
l'empiri[me
d'un vieux medecin,
&
qu e
c'ea
la routioe grette e fur l'age , qui lui doone le cré..
dit
&
la réputalion. A veugle
&
funefle préj ugé. Le
pralieien le plus confommé fera fort ignorant, s'il
<\.
~
négligé (cornme c' efl la coueume) de s'approprier par
une lea ure perpétuelle des
l~vres
de fon arl, l'expé–
riel)ce des autres praticiens.
J'avoue qu'un me decin qui' efl fimplemem favant ,
qui n'a pas acquis l' habitude,
&.
qu i o'a pas obfervé
par lui-mer;ne, efl un rnedecin inco m plet; m nis il
ea
beaucoup DJQins iroparfai l que le premier; car les lu–
!\litres de la Medecine naifTent preCque toutes d'une
expétience dile nu, obCervations d'une multitude d'hom–
mes,
&
qu.i ne peut s'acquérir que par l'étude .
J
amais
un medecin ne réuffira fa ns celte étude,
&
fans la pro–
fonde Ihéorie de l'art qui doit lui fervir de boullole ,.
quoi qu'en diCem les ignorans , qui ne fom [Ort qu'ií"
eux-memes en méptifanl les conooifTances, parce qu"
elles font au-deIJus de leur portée. C'efl p'ar cette pro–
fonde théorie que B0erhaave a fixé les principes de
la Ccience médicinale, qui,
a
proprement parler,
n'el~
avoit poin! avant lui,
&
qu'il a élévé par fon génie.
&
par fes iravaux
a
ce haU[ degré de lUI)1iere, qui lu¡
a m érilé le ti[re de
réformate1lr
de
I'art .
En un m ot n'eíl hnbile dans la pra[ique qu'autant qu'
on aJes lumieres. nécetTaires pour
déte~miner
la
natu~
.
.
~