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49

2

EiVIP

j • .

enfin I'esercice des .medecins inaruils par une Ih&o–

.ríe

lumineuCe,

&

auentlfs

~

obCerver exaaemen l

I~s

pifterenleS cautes , les ditte reus ca"aaeres, les différens

tlals les dittérens accidens des maladies,

&

les effels

des lemedes qu' ils preCcrivent dans 10US ces cas. C 'ell

-de celle confu(ioo que uailfeol IOUles les fauifes idées

-du public Cur l'el):périence des pratieiens.

011

rappone

a

l'expérience, comme nous venons de

le remarquer , l'exercice 'des m edecins livrés aOl; pra–

liques qui dominell! dans chaque \lalion , cc Com ce.

medecills memes qui croyent s'elre aifurés Par leur

expér ience, que la pralique de leur pays efl préférahle

a

celle de IOUS les aUlres, mais

fi

cel exercice élOil

une véritable expéri,nce, il faudroi! que ceux qui Ce

font livrés depuis plus : d'un liec le 11

différemes prati–

ques

d~ns

chaque pays, eutTent acquis des connoiifall"

s:es déci fives , qui les eulfent dé¡erm inés

a

abandonner,

comme ils 001 fait, la pratique générale

&

unifor~ne ,

que leurs maltres fuivoiem dans les liecles préeédens ;

cependant nous ne voy.ons pas daus leurs éerits, que

l'expérience leur ait fouroi de telles découverles Cur un

grand nombre de maladies;

feroit-c~

donc les aneiens

medecins de chaque pays qUl n'auroient acquis aueu–

ne expérience dans la pratique -qu'ils fuivoiellt ? ou fc–

roit - ce les m odernc s qui abandonnant les regles des

anciens, auroien t fuivi ditférentes praliques fan s e tre

{ondés fur l'expérience? ,-

On penfera peu t-etre que ces dittérentes m élhodes de

trailer les m emes maladies cn ditterens pays, fon t le

fruil des progres de la. théorie de la Jl4edecine; mais

Ii

~ette

théorie avoil inlroduit

&

reglé les différentes mé–

Ihodes de chaque pays, elle concilieroit au m les efprits,

tous les m edecins des différens pays reeonnoi troienl

le~

lIvantages de ces diverCes pratiques: cependant ils Cont

10US

bien éloignés de celte idée, ils croyem dans cha–

que pays que leu r pratique efl la feule qu'on p.uille Cui–

vre avec COreté,

&

reje llem toutes les aueres eo mm e

des pratiques pernicieuCcs, élablies par la pré vencion.

Or les M cdecins memcs , ell fe condamnam ainfi ré–

ciproquem ent , ne prouvent-ils pas qu'¡¡ feroit ridicule

de confolldre l'expérience

~vee

I'exercice de ce nom–

prelJ x coreege de praticiells, alfujellis

a

l'u fage , livrés

il

la prévention ,

&

incapables de parvenir par des. obfer–

v ations exaaes, aux différentes

mod i fie~tions

qui pour–

roient perfea iollt]er la pralique dans les diffé"tens pays .

S i l'exercice de tanl de medecins attachés

a

ces dif–

férentes pratiques, préfente une idée

fi

oppofée

a

cel–

le qu'on

do.il

avoi! d'une expérience inflruaive, ne

Ce–

r~t-il

pas plus facile encore de difl inguer de celte ex–

p érie nce le long exercice d' un praticien continuelle –

m ent occllpé

a

vifiter des malades

a

la hate, qui fe

r egle fur les évenemens , ou fe fixe

a

la métode la

p lus accred ité e dans le public , qui toiljours diflrait par

l e nombre des m alades , par la diverfi té des maladies,

-par les imponunités des amflans, par les foins qu' il

. doone

a

Ca réputatioll, ne peut qu'entrevoir confuti:–

m ent les m.alades

&

les m aladics.? D.n medecin privé

de connoiifance; , loujours diffipé par tant d'objets dif–

férens , a-t-il le tem s , la rranquill ité , la capacité néceC–

laire pour obferver

&

pour découvrir la liaifon qu'il y

a enlre les efiets des maladies,

&

leurs caufes?

.

Fixé 11

un

empirifme

habilu e!', il l'exerce avec une

facilité, que les 'malades attribueot

:l.

fon expérience;

11

les

e~trelient

dans celte opinion par des raiConne.'

mens conformes

a

leurs préjugés ,

&

par le récit de

(es fu cees : il parvieut meme

a

les perCuader , que la

capacilé d'un pralicie n dépend d'un long exercice ,

&

que le favoir ne peut former qu'u.n m edecill Cpé.cuJa–

lif , ou

~our

parler leur langage ,

~n

m edecin de ca–

~inet

.

Cependam ces empiriques ignorans

&

pré Comptueux

fe livre nt

au~

opinions de la multitude,

(l1

n'apper~oi ­

vem les objets qu'a-travers leurs préJllgés. C'efl 11 des

gens de cet ord re. que M. de Voltaire répondit plai–

fammen!, quand ils voulmem le trai ter avant qu'¡¡ vint

a

G el1eve : " Memems, je n'ai pas afTez de fan[ é pour

" rirquer avec vous le peu qui me refle ". M ais il

n'a pas héfité de confier ce reae de fanté entre les

maillS de l'ECculape du pays, ho mme

r~re,

né pour

le bonheur des autres, joignant l'étude perpé[uellc

&

la plus profonde [héorie

aux oHervations d'une fa–

v ante ;ratique ,

&

ne

con~oillant

¿'expt'deoc,c .que cel–

le de [OUS les I,eux

&

de touS les fiecles. .

, A um

le~

vrais. medecins ne fe prévalenr-ils jamais

9

une .rounne hablluelle ; ils croiroieot . deshonorer la

~edecrn~l

&

fe

dé~rader

eu¡-memes , s'ils infinuoienr

EMP

dans le public que lq

c3p~cité

des Medecios s'acquierl

com¡ne eelle des anifans, qui n' ont btCoin que des

fcns

§t

Q~

I'habitudc pour fe perfeaionner dans kurs

métier~.

:¡<:n effet les praticiens qui .on! une juae idée

de la Mcdtcine,

&

qui !Iléri[ent lem réputation, ne fe

fOnt livrés au public qu'apl es avoir

acqui~

un Ilrand

fonds. de. íavoir;

&

malgré un exercice preCque comi,

nuel; ils m énallent chaque jour une pareie de leur tems ,

pour enlretenir

&

anllmenter leu rs connoilfances par

l'élude,

&

ils tle fe décident dans la pra[ique que par

les lumieres d'une théorie Colide.

Ain fi tous ceux ¡¡ui ont rédu il l'expérience 11

I'empi–

ri[me

paniculier de chaque pra[icien, c'dl-a-dire

a

que!–

qpes

~onnoifTances

inCujlifaures, obCcures , équivoques ,

féduiCanles, dangereuCes, n'om pas complÍs que la vé–

ritable expér ience, la Ceule, digne de ce nom, ea I'ex.

périence générale qui réfu lle des

dé~ouvertes

phyli,

que s , chim iques, anatorniques,

&

des obCervations

paniculieres des Medeeins de touS les lems

&

de tous

les pays; que ceue expérience efl renfermée dans \a

théorie ;

&

que par conféquem l'expérience approfon –

die,

&

la [héorie expéri¡nemale ou la vraie théorie, ne

font pas deux chof; s différentes. Ce n'ea cone poin!

par l'exercice feul de la Medecine qu'on acquierl eet–

[e théorie , ou ceue expérience lumineufe qui forme

les vrais medeeins.

Oll dira peut-etre qu'un grand exercice de la Me–

decine procure du moins aux Medecills une habitude

qui les rend plus expeditifs dans la pr:uique; mais

ne doit-on pas comprendre .que ceue facililé ne les rend

que plus redoutables, lorfqu'ils ne fom pas fu ffiCa m–

'ment inaruits?

&

ne doit-on paj s'app.ercevoir aum que

la vraie habitude qu'on peut defirer d'un .medecin, efl

la fcience théorique , puiíque ce n'ea que par le íavojr

qu'il peut fe conduire facilement

&

CUrement dans

l~

pratique.

JI efl vrai que moins un praticien fe liv¡e

a

la rou–

line,

&

que plus il en inaruil, pkls il coono,t tautes

les m épriCes dans leCquelles on peút tamber, plus auffi

il

héfi te, plus il refléchit, plus il délibere, "par ce qn"

il appers:oit les difficllltés: mai$ e'efl ¡oujours pour la.

f"reté des malades qu'il ea fi attemif

&

fi circon!"pea

dans fes jugemens. Ce Cont les eOllnoifTances m em es,

&

non le défaut d'expérience ou d'habitude, qui retien–

nenr un medecin prudent,

&

qui l'obligent dans les

cas douteu x,

a

démeler,

a

examiner,

a

balancer , 3-

van! que de fe décider,

Si le publ ic voyoit de pres les Medecins,

lorfqu' il~

fom eux-memes auaqués de

ql1elqu~

maladie inquié–

tante, il

09

, retrouveroit plus en eux 'cet air de ferrne–

lé, ce ton déci fif

&

impoCant, fi ordinaire

ceux

qui traitem les maladas par

empirifme;

&

il compren–

droit alors combien l'all"t'lrance

&

la précipilation font,

déplacées dans I'exercice d'un art fi diffieile

&

fi dan–

gereux .

Enfio ,

&

nous ne Caurions trop le répé[er, ce n'ea

poin t la rouline, quelqlle lougue qu'elle Pll ille etre, qui.

peut former un m edeein c\inique

ir

la bonlle méthode.

curalive des maladies; la routine ne fert qu'

a

mul–

liplier Ces faUl es, fon impéritie,

&

'Con 3veuglement,

Je fai bien que le public gromer élnblit follement

f.'\

confiaoce dans

l'empiri[me

d'un vieux medecin,

&

qu e

c'ea

la routioe grette e fur l'age , qui lui doone le cré..

dit

&

la réputalion. A veugle

&

funefle préj ugé. Le

pralieien le plus confommé fera fort ignorant, s'il

<\.

~

négligé (cornme c' efl la coueume) de s'approprier par

une lea ure perpétuelle des

l~vres

de fon arl, l'expé–

riel)ce des autres praticiens.

J'avoue qu'un me decin qui' efl fimplemem favant ,

qui n'a pas acquis l' habitude,

&.

qu i o'a pas obfervé

par lui-mer;ne, efl un rnedecin inco m plet; m nis il

ea

beaucoup DJQins iroparfai l que le premier; car les lu–

!\litres de la Medecine naifTent preCque toutes d'une

expétience dile nu, obCervations d'une multitude d'hom–

mes,

&

qu.i ne peut s'acquérir que par l'étude .

J

amais

un medecin ne réuffira fa ns celte étude,

&

fans la pro–

fonde Ihéorie de l'art qui doit lui fervir de boullole ,.

quoi qu'en diCem les ignorans , qui ne fom [Ort qu'ií"

eux-memes en méptifanl les conooifTances, parce qu"

elles font au-deIJus de leur portée. C'efl p'ar cette pro–

fonde théorie que B0erhaave a fixé les principes de

la Ccience médicinale, qui,

a

proprement parler,

n'el~

avoit poin! avant lui,

&

qu'il a élévé par fon génie.

&

par fes iravaux

a

ce haU[ degré de lUI)1iere, qui lu¡

a m érilé le ti[re de

réformate1lr

de

I'art .

En un m ot n'eíl hnbile dans la pra[ique qu'autant qu'

on aJes lumieres. nécetTaires pour

déte~miner

la

natu~

.

.

~