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ques letl:eurs ont accufé M. de M.onrefquieu; avanr age qu'ils
n'~uroient
pas dli le ta–
xer légerel}1enr d 'avoir ' négligé dans nne matiere philofo hiq'ue ,
&
dan s un ouvra ge
de vingt années.
11
faut diltinguer le defordre réel de
e
luí quí n'eH: qu'appa ren t. Le
def0rdre eíJ: réel, quand l'analogie
&
la fuite des idées n'eLl: point obfervée ; quand
•
'
"
les
•
des maltres, qui Couvent
y
eíl 'conn'¡lire, CUl·-toUt
dans ccmiins Etats . D ans les Monarchies , I'édu–
carion doit avoir
pOUF
ooj et [' urbanité
&
les é–
gards réciproques ; dans les Etats deCpotiques , I
terreur
&
l'aviliGement des eCprits; dans les ré–
publiques on :/'beCoin de toute la puicrance de
l'éducation; elle doit infpirer un Centiment no–
ble , mais pénible, le renoncemenc
a.
Coi-meme ,
d'ou nalt l'amour de la patrie .
Les lois que le législateur donne, doivent etre
conformes
:lU
principe
de chaque gouvernemenc;
dans la république, entretenir I'égalité
&
la fru–
galité ; dans la monarcliie , Courenir 111 nobleífe
fans' écrafer le peuple;. [Q¡'¡s le gouvernement de–
fpotique, tenir
égalem~nt
tous les érars dans le
filence. On ne doir
poifl~
accufer
M.
de Mon..,
reCquieu d'avoir ici
tra.céaux Souverains les prin-.
.cipes du pouvoir arbirraire, dont le nom Ceul eft
{j
odieux aux Princes jvíles ,
&
il
plus forre rai–
fon au Citoyen fage
&
vertueux. C'eft travail–
ler a l'alléantir que de montrer ce qu'il faut fai–
re pour le conferver: la perfeél:ion de ce gou–
vernemem en eíl
la
ruine;
&
le code exaél: de
la
ryral1ni~,
tel que
1:
Auteur le donne, eft en
m eme tcms la faryre
&
le /:léau, le plus redou–
table des. tyrans.
A
l'égard des.autres gouverne-,
mens , ils om chacun leurs avantages ; le républi–
cain eíl plus. propre aux petirs Emts, le monar–
chi
'l.ueam. grands ;, le républicain plus fujet aux
exces, le monarcbique aux abus; le républicain,
appone plus
de-
maturité dans l' ('xécurion des
lois, le monarchique plus de
prornl~>tirude!'
L a différence des. principes des trois gouver
llem~ns
doit en produire dans le nombre
&
l'ob<–
jet des lois , dans la forrpe des jugemens
&
la
nature ejes peines . L a confriturion des Monar-.
chic!s éram invariable
&
fondament:fe, exige plus
de lois ci vi les
&
de tribulllux , afin que
la
juíli–
ce Coit rendue d' une maniere plus uniforme
&
moins arbl\:raire ; dans les Erars modérés , Coito
M onarchies , Coir R épubliques , on ne fauroir ap–
porter t(OP de formalirés aux lois criminelles ,
Les
pei~es
doivent non-Ceulement erre en pro–
pQrtion avec
lc-
crime, mais encore les plus dou–
ces qu'il eft poíIibJe., (ur-tout dans la Démocra–
tie ; l'
opil~ion
attachée aux peines fera Couvent
plus d'elfet que lem grandellr meme , D ans les,
R épuRliques ; il faut jugel' Celon la loi., parce
qu'aucun partieulier n'efE le maitre de l'altérer.
D ans les. Monarchies , la clémencc; du Souverail\
peut qu.elquefois l' adoucir ;, máis les crimes ne
doivem jamais y etre jug és que par les M agi–
il:rars ex preíTément charg és
d'crt
connoltre. En–
fin c'el\: principalement dans les. D émocraries que,
les lois doivent etre. févcres contre le luxe , le
relachernent des moeurs,
&
la féduél:ion des fem-,
mes, Lellr douceur
&
leur foiblecre meme les
rend aflez propres
il
gouverner dans les Monar-:
chies ;
&_
I'Hi[~oire
prouve que fouv ent. elles ont·
poné la. couronne avec gloire ,
,
M.
de MonteCquieu ayam <!inli parcoul11 cha–
que gouvernemenr en particuEer ,. les examine
enfuite dans le rapport qu' ils peuvent avoir les
uns aux. aunes, mais feu)emcni fous le point .de
vue le plus, général, c' eft-a;-.dire fous celui qui
e{~
ulliquemenc, relatif a leur
n~rure
&
a leur prin-.
cipe ;
en.~í(agés;
de;, cette maniere, les Emrs ne,
p euvent avoir d' nutres rapports que celui de Ce
défendre ou d'attaquer . L es· R ép\lbliques devant
par leur narurc renferrner un petir fl:tat, elles ne
peuvem Ce défendre Cans alliance , mais c' en: )a–
'vec des R épubliques qu'elles. doivem s'allIer; la
force défenli ve de la Monarcbie conlill:e princi–
palemem
it
avoir dés frontieres hors d' infulrc .
L es Erats om cornme les hornmes
lt:
drOlr d'ar–
t.aquer pour leur propre confervation: du dl'oir
de la guerre dérive ce1ui de conguere ; droit né–
cea:'tire , [égitime
&
malheureux ,
qui laijfe tolJ–
¡ol/rs
ti
payer TIna
dette
immmfe pO/Ir
!'a~q~itter
en–
'Uers la natura IJ/lmaine,
&
doIlt
l:t
101
g ellerale efr
de [aire aux vaincus le moins de mal qu' il elf
poUible. L es
Répl~b liques
pcuvent' moins COI1-
quérir que les Monarchies ; des conqueteS im–
menfes fllppofent le defpotifme ou I'aífürem . Un
des grands principes de I'efprit de
conquer~
doit
erre de rendre meilleure , aurant qu' il
d I:
polllble,
la
condirion dll pellple conquis ; c' ell: larisfaire
tout-ii-Ia,-fois
la
loi naturelle
&
la ffilxime d' E–
ta.t . Ri«n n'eft plus beau que le tI'a iré de paix
de G elon avec les Carthagil1ois , par leque! il
~eur
dérendit d'immoler
:l
I'al'enir lel!rs propres
~nfans
.. L,es Efp;¡g nols , en conquérant le Péroll ,
auroicIU du obliger de meme les habirans
il
ne
plus immoler des, h,ornmcs'
~
Je'urs
Di<;ux ;.
mais
tI.s crurent plus
avallta~eux
d' immoler ces .,eup\es
U1 emeS I1s n'eurcnt plus pour
COI\qu~te
qu' un
vaIte c;jefert; ils fure nt forcés a dépeupler 1eur
pays ,
ik
s'afFoiblirenr pour toujours par I ur pro:
pre viél:oire . OlJ peut erre obligé quelquefoi de
changer les 10is dlt peuple vaincu; rien ne peut
j amais oblig,cr de tui orer [es mreurs ou meme
fes coutumes , qui font fouvent toures fes ffi <l!UrS,
JYjals le moyen le plus sur de conferver une con–
quete, e'eft de Olew'e, s' il eft polllble , le peu –
pie vai ncu au niveau du peuple conquéranr , de
lui accorder
les
memes droits
&
les memes ' pri–
',( iléges: c'eft ainli qu'en om COllvem uré les R o–
mains, c'efl: ain.f, fur-tout .qu'en uE¡,
Céfal~
a
I'é–
gard des Galllois. .,
Jufqu' ici, en. conlidérant chaque gouverne–
ment tant en lui-meme que dans fon rappon au¡¡
mitres , nous n'avons eu égard ni
a
ce qui doie
I~ur
etre commun " ni aux circonftances parricu–
l,ieres tirées ou de la nature du pays , ou du g é–
nie des pcuples : c' ell:, ce qll' il fuut mainrcnant
cjéveloppcr .
'
La loi commune de tous res gouvernemens , du ,
moins des gouvernemens rflo'dérés,
&
par confé–
quent juftes , eft la liberté
poli~ique'
dom cha–
que, citoyen doit j ouir. C ette liberré n'ell point
la licence abCl1rde de f.'tire tout ce qu· 011, veut ,
mais le
p~l1 voir
d¡:- faire tout ce 9ue.les lois per–
U1ertent. Elle peut. etre envir.'tgee. ou dans fon
rapport a la, conílitution, ou
d~ns
Con, rapporr
<lU
, citoyen.
.
.
Il Y
a dans la confl:itution de.
cliaqu~,
E rar deux
fortes de pouvoirs, la pllicrance légishuive
&
I'e–
xécutrice ;
&
cette derniere
a.
deme objets, I' in–
t ériew' de l'Erat
&
le dehors . C'efl: de la diftri–
bution légirime
&
de la répartirion convenable
de ces
différente~
efpeces de. pouvoirs, que dé–
pend la plus grande perfeél:ion de la liberté po–
litique par rappon
a
h¡ conftirmion .
M .
de M on–
tcfquit:u en apporte pour preuve la conlHrudon.
de