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GE DE M. LE P R E S
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Allemagne; cal' F
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regnoit pas encore,
Il
s' arreta enfuitc quelque tems
dans les Provinces-Unies , m'ooumen t admirable de ce que peut l'induihi e humaine a–
nirnée par l'amour de la liberté, Enfio il fe rendit en Angleterre oll il demeura deux
ans: digne de voir
&
q'tnrreten ir les plus grands hommes , il n'eut
a
regretter que
de n'avoi r pas fait plutat ce voyage: Locke
&
Newton étoient morts, Mais il eUl
fouvellt l'honneur de faire fa cour
a
leur protcéhice, la célebre Reine d'Angleterre,
qui cultivoit la Philofopbie fuI' le tbra ne,
&
quí gOllta, comme elle le devoit, M, de
Montefquieu, II ne fut pas moins accueilli par la Nation, qui n'avoit pas befoin fuI'
cela de prendre le ton de fes malo'es ,
n
forma a Londres des liaifons intimes avec
des hommes exercés
a
méditer,
&
a
fe préparer aux grandes chofes par des érudés
profondes; il s'iníl:ruifit avec eux de la nature du Gouvernement,
&
parvint
a
le bien
connohre, Nous parloos ici d'apres les témoignages publics CJ..ue lui en ont rendu les
Anglois eux-memes, fi jaloux de nos avantages ,
&
fi peu dilpofés
a
reconno'ltre en
nous" aucune fupériorité,
Comme il n' avoit rien examiné ni avec la prévenriop d'un enrhoujiafie, ni avec
l'auíl:érité d'un Cynique, il n'avoit remporté de fes voyages ni un dedain outrage,lnt
pour les étrangers,
111
un mépris encore plus déplacé pour fon propre pays,
Il
réful–
toit de fes obfervations que
l'
AIlemagne étoit fa ite pour y voyager, l'It<1lie pour
y
fé–
journe¡;, I'Angleterre pour y penfer,
&
la France pour
y
vivre,
De retaur enfin dans fa Patrie,
1'v1.
de Molltefquieu fe retira pendant deux ans
a
fa terre de la Brede: il
y
jouit en paix de cette folitude que le fpeétacle
&
le tu–
multe du monde fert
a
rendre plus agréable; il vécut aveclui-meme, arres en etre forri
fi long-tems ;
&
ce qui nous intéreHe le plus, il mit la derniere main
a
fon ouvrage
fltr la cattfi de la gra1Jdeztr
~
de la décade11ce des Romaills,
qui parut eo
1734,
Les Empires, ain li que les hommes, doivent croltre, dépérir,
&
s'étei ndre; rnais
cette révolution nécefTaire a fouvent des caufes cachées que la nuit des tcms nous déro–
be,
&
que le myfiere ou lelJr petitefTe apparente a meme qu eJ quefoi s voilées aux yeux
des contemporains; rien ne refTemble plus fur ce point
a
I'Hiíl:oire moderne que 1'[-li–
fioire ancienne, CelIe des Romains mérite néanmoins
a
cet égard quelque exception;
elle préfente une poli tique raifonnée, un fyíl:eme fuivi d'aggrandiílement, qui ne per–
met pas d'attribuer la fortune de ce peuple
a
des refTorts obfcurs
&
fubalternes, Les
caufes de la grandeur Romaine fe trouvent donc dans I'Hifioire,
&
c'efi au Pbilofo–
pbe
a
les y decouvrir, D 'ailleurs il n'en
dI:
pas des
fyíl:e.m~s
daos cette érude com–
me dans ceHe de la PbyGque
¡
ceux-ci font prefque toújOll1'S précipités , 'parce qu'uoe
ebfervation nouvelIe
&
imprévue peut les rc:nverJer en un iníl:ant ; au contraire, quand
on recuejlIe avec foin les faits que nous tranfmet I'Hiíloire ancienne d'un pays,
fi
011
ne rafTemble pas toujours tou s les matériaux qu'on peut defirer, on ne fpuroit du
moins efpérer d 'en avoir un jour davantage, L 'érude réfléch ie de I'Hiftoire, étude
fi
importante
&
fi difficile, confiíl:e
a
combiner, de la maniere la plus parfaite, ces
matériaux défeétueux: tel feroit le mér'ite d 'un Architeéte, qui, fuI' des ruines [avan–
tes , traceroit, de la maniere la plus vraifTemblable, le plan d 'un édifice antique, en
fuppléant, par le génie
&
par d 'heurenfes conjeétures,
a
des reíl:es informes
&
tron-
qués,
,
'
. C 'efi fous ce roint d,e vue qu 'il faut envifa,ger
l'
oU\I~'age
de M, de, Montefqui eu:
]1 rrouve les cauJes de la grandeur des Romall1s dans I amour de la liberté, du tra–
vail,
&
de la patrie, qu'on leur infpiroit des l'enfance; dans la févérité de la difci–
pli~le
m!l!taire; dans ces
~iJrenG,ons
int,efiines qui donnoient du reílort aux !-,!fprits,
&
qUl ceilolent tout-a-coup a la vue de I ennemi ; dans cette confiance apres le malheur,
qui n,e
d~fefpér0it
jamais de la ré publique; dan s le principe
Ol!
ils furent toujours de
ne fal,re jamais la paix qu'apres des viétoires ; dans l'honneur du triomphe, fujer d 'é–
l~ulaoon
pour les <!énéraux,; dans la
prot~~ion
qu 'iJs,
accordoien~
aux peuples, révol–
tes contre leurs ROlS; dans 1excellente polItlque de lalfTer aux valllCUS leurs DJeux
&
leurs coutumes; dans celIe de n'avoir jamais deux pllifTans ennemis fuI' les bras,
&
de tour fouflrir de l'un jufqu'a ce qu'ils eufTent anéanri l'aut]'e , JI trouve les caufes
d,e ,lenr décadence dans l'aggrandiílement meme de l'Etat, qui changea en guerres
,cI viles les tumultes populaires ; dans les guerres éloignées qui
for~ant
les citoyens
a
une
trop longue abfence, leur faifoient perdre infenGblement l'efprit républicain; dllns
le
d~olt
de bourgeoifie accordé
a
tant de Nations,
&
qui ne fit plus du peuple Romain
qu 'u~e
efpece de monfire, a, plufieurs tetes ; ,dan,s, la cOl;rupt!On introdui,re par le
lu~e
de I Afie; dans les profcnptlOns de SylIa qUl aV¡]lrent 1efpnt de la Natlon,
&
la pre–
parerent
a
fefclavage; dans la néceíIité ou les Romains fe trouverent de loufli'ir des
ma'i tres , lorfque
le~r
liberté leur fut devenue
a
cbarge; dans l'obligation oll ils furent
de chan,gel' de maXllnes, en changeant de gouvernement; dan s cette fuite de mon–
íl:res qUI
regn,er~nt,
prefque, fans ínterruption, depuis Tibere jufqu'a Nerva,
&
depuis
Corpmode jufqu
a
Confiannn; enfin, dans la translation
&
le partage de l'Empire,
'lui
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