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viij

E L

O

GE DE M. LE P R E S

ID

E N7

Allemagne; cal' F

RE'DE'R

J

e

~e

regnoit pas encore,

Il

s' arreta enfuitc quelque tems

dans les Provinces-Unies , m'ooumen t admirable de ce que peut l'induihi e humaine a–

nirnée par l'amour de la liberté, Enfio il fe rendit en Angleterre oll il demeura deux

ans: digne de voir

&

q'tnrreten ir les plus grands hommes , il n'eut

a

regretter que

de n'avoi r pas fait plutat ce voyage: Locke

&

Newton étoient morts, Mais il eUl

fouvellt l'honneur de faire fa cour

a

leur protcéhice, la célebre Reine d'Angleterre,

qui cultivoit la Philofopbie fuI' le tbra ne,

&

quí gOllta, comme elle le devoit, M, de

Montefquieu, II ne fut pas moins accueilli par la Nation, qui n'avoit pas befoin fuI'

cela de prendre le ton de fes malo'es ,

n

forma a Londres des liaifons intimes avec

des hommes exercés

a

méditer,

&

a

fe préparer aux grandes chofes par des érudés

profondes; il s'iníl:ruifit avec eux de la nature du Gouvernement,

&

parvint

a

le bien

connohre, Nous parloos ici d'apres les témoignages publics CJ..ue lui en ont rendu les

Anglois eux-memes, fi jaloux de nos avantages ,

&

fi peu dilpofés

a

reconno'ltre en

nous" aucune fupériorité,

Comme il n' avoit rien examiné ni avec la prévenriop d'un enrhoujiafie, ni avec

l'auíl:érité d'un Cynique, il n'avoit remporté de fes voyages ni un dedain outrage,lnt

pour les étrangers,

111

un mépris encore plus déplacé pour fon propre pays,

Il

réful–

toit de fes obfervations que

l'

AIlemagne étoit fa ite pour y voyager, l'It<1lie pour

y

fé–

journe¡;, I'Angleterre pour y penfer,

&

la France pour

y

vivre,

De retaur enfin dans fa Patrie,

1'v1.

de Molltefquieu fe retira pendant deux ans

a

fa terre de la Brede: il

y

jouit en paix de cette folitude que le fpeétacle

&

le tu–

multe du monde fert

a

rendre plus agréable; il vécut aveclui-meme, arres en etre forri

fi long-tems ;

&

ce qui nous intéreHe le plus, il mit la derniere main

a

fon ouvrage

fltr la cattfi de la gra1Jdeztr

~

de la décade11ce des Romaills,

qui parut eo

1734,

Les Empires, ain li que les hommes, doivent croltre, dépérir,

&

s'étei ndre; rnais

cette révolution nécefTaire a fouvent des caufes cachées que la nuit des tcms nous déro–

be,

&

que le myfiere ou lelJr petitefTe apparente a meme qu eJ quefoi s voilées aux yeux

des contemporains; rien ne refTemble plus fur ce point

a

I'Hiíl:oire moderne que 1'[-li–

fioire ancienne, CelIe des Romains mérite néanmoins

a

cet égard quelque exception;

elle préfente une poli tique raifonnée, un fyíl:eme fuivi d'aggrandiílement, qui ne per–

met pas d'attribuer la fortune de ce peuple

a

des refTorts obfcurs

&

fubalternes, Les

caufes de la grandeur Romaine fe trouvent donc dans I'Hifioire,

&

c'efi au Pbilofo–

pbe

a

les y decouvrir, D 'ailleurs il n'en

dI:

pas des

fyíl:e.m~s

daos cette érude com–

me dans ceHe de la PbyGque

¡

ceux-ci font prefque toújOll1'S précipités , 'parce qu'uoe

ebfervation nouvelIe

&

imprévue peut les rc:nverJer en un iníl:ant ; au contraire, quand

on recuejlIe avec foin les faits que nous tranfmet I'Hiíloire ancienne d'un pays,

fi

011

ne rafTemble pas toujours tou s les matériaux qu'on peut defirer, on ne fpuroit du

moins efpérer d 'en avoir un jour davantage, L 'érude réfléch ie de I'Hiftoire, étude

fi

importante

&

fi difficile, confiíl:e

a

combiner, de la maniere la plus parfaite, ces

matériaux défeétueux: tel feroit le mér'ite d 'un Architeéte, qui, fuI' des ruines [avan–

tes , traceroit, de la maniere la plus vraifTemblable, le plan d 'un édifice antique, en

fuppléant, par le génie

&

par d 'heurenfes conjeétures,

a

des reíl:es informes

&

tron-

qués,

,

'

. C 'efi fous ce roint d,e vue qu 'il faut envifa,ger

l'

oU\I~'age

de M, de, Montefqui eu:

]1 rrouve les cauJes de la grandeur des Romall1s dans I amour de la liberté, du tra–

vail,

&

de la patrie, qu'on leur infpiroit des l'enfance; dans la févérité de la difci–

pli~le

m!l!taire; dans ces

~iJrenG,ons

int,efiines qui donnoient du reílort aux !-,!fprits,

&

qUl ceilolent tout-a-coup a la vue de I ennemi ; dans cette confiance apres le malheur,

qui n,e

d~fefpér0it

jamais de la ré publique; dan s le principe

Ol!

ils furent toujours de

ne fal,re jamais la paix qu'apres des viétoires ; dans l'honneur du triomphe, fujer d 'é–

l~ulaoon

pour les <!énéraux,; dans la

prot~~ion

qu 'iJs,

accordoien~

aux peuples, révol–

tes contre leurs ROlS; dans 1excellente polItlque de lalfTer aux valllCUS leurs DJeux

&

leurs coutumes; dans celIe de n'avoir jamais deux pllifTans ennemis fuI' les bras,

&

de tour fouflrir de l'un jufqu'a ce qu'ils eufTent anéanri l'aut]'e , JI trouve les caufes

d,e ,lenr décadence dans l'aggrandiílement meme de l'Etat, qui changea en guerres

,cI viles les tumultes populaires ; dans les guerres éloignées qui

for~ant

les citoyens

a

une

trop longue abfence, leur faifoient perdre infenGblement l'efprit républicain; dllns

le

d~olt

de bourgeoifie accordé

a

tant de Nations,

&

qui ne fit plus du peuple Romain

qu 'u~e

efpece de monfire, a, plufieurs tetes ; ,dan,s, la cOl;rupt!On introdui,re par le

lu~e

de I Afie; dans les profcnptlOns de SylIa qUl aV¡]lrent 1efpnt de la Natlon,

&

la pre–

parerent

a

fefclavage; dans la néceíIité ou les Romains fe trouverent de loufli'ir des

ma'i tres , lorfque

le~r

liberté leur fut devenue

a

cbarge; dans l'obligation oll ils furent

de chan,gel' de maXllnes, en changeant de gouvernement; dan s cette fuite de mon–

íl:res qUI

regn,er~nt,

prefque, fans ínterruption, depuis Tibere jufqu'a Nerva,

&

depuis

Corpmode jufqu

a

Confiannn; enfin, dans la translation

&

le partage de l'Empire,

'lui