x
ELOGE DE
M,
.LE P RESIDENT'
•
R empli
&
pénétré de fon objet, l'Auteur de !'Efprit des Lois
y
embraffe
"lU 'a
gr:md ,
nombre de mati eres,
&
les traite avec tanl de briéveté
&
de pro fo nd eur, qu 'une le–
éture ailid ue
&
méditée peut feul e faire fenttr le mérite de ce li vre, E lle fervira fur–
tout, nous ofons le pire?
a
[ai re
diip~roitre
le prétendu défaut de méthode dont quel-
, .
ques '
tuellement: les lois font le lien plus ou moins
efficace, defl:illé a Culpend re ou a retenir leur
eoups ,; mais -l'étclldue prodigieufe du Globe que
nous ¡'abitons, la natllre dilféreme des régions
de la T erre
&
des pcuples qui la couvrent, ne
permetrant pas que tOUS les homrnes vivem fous
un feul
&
merne aouvernernent, le genre hu–
majn a du fe partager en un cen ain nombre d'E–
rats, dill:ingués par la dilférence des ¡ois auxquel–
les ils obéil1ent, Un feul gouvernement n'auroit"
fait du genre humain qu'un corps exténué
&
Ia:h
guilf.'ln" étendu fans vigueur fur la furface de la
Terre; les difrerens Etats fone autant de corps
agiJes
&
robull:es, cjui en fe donnant la·main I<;s
uns aux aunes , n'en forment qu'un,
&
dont l'a,
aion réciproque enrret¡ent par-tout le mouve.
mem
&
la vie,
On peut di!1:inguer trois fortes de gouverne,
mens; le R épublicain, le Monarchique , le Def–
potique, Dans le R épublicain, le peuple en co'rps
a la fouveraine Fuiffill1ce; dans le Monarchique ,
un leul gouverne par des lois fondamentales ; dans
le Delpotique ,
01)
ne connolt d'autre loi que la
vo)ome du MáÍtre, ou plUtot du Tyran, Ce n'ell:
pas a dire q1fil n'y ' ait dans l' Univers que ces
n ois efpeces d'Etats; ce n'ell: pas a dire meme
qu'll y ait des Etats qui appartiennent unique–
mene
&
rigoureufernem a quelqu'une de ces for–
mes; la plupart font, pour ainfi dire, mi-partis
o~
nuanc~s
les uns ch:s aup'es: ici la MOl1archie inc4-
ne
1m
defpoti[me ; la le gouvernement monar,
dique efl: combiné avec le républicain; ail–
lcu rs <;e n'cl\- pas le petiple entier , c'ell: [eule–
ment une partie du peuple qui'fuit les lois, M ais
la
divi fion précédente n'en efl: pas moins exaét<;
&
moins jull:e, L es trois efr eces de gouverne–
ment qu'elle ¡-enferme font tellemc:nt dil1:ing uées ,
qtfel\es n'om propremel1t rien de commun;
&
d'ailleurs tous les 'Etats que nou'!; conllo'i{fons ,
parncipem de l'une ou de 1'autre ,
11
étoit done
néce{faire de former de ces trois e[peees des cla(–
{es particulieres ,
&
de s'appliquer a déterminer
}~s
lois
~ui
leur [ont propres ; i! '[era facile eq,
(1)
Dans I'Eclaircilfement qui fuit
la
troifieme purtie de
I~
défenf~
d! I'Efprir des loix on lir:
qu,lq"es perfonms ont
fal/ cell' obj,élion, Dan!
1,
Livr,
d,
l'
EJpri, des Loix,
',jl
l'honneur
Olf
la crainte
qlli
10m le
príncIpe
de certains
$011-
'VernemenI, non
~as
la 'Vertu;
e9'
la verl« n'efl le prmei–
pe que de qlu/ques Iwtres : done les vertus chrttiennes ne
fon< Ras r'quifis d¡m, la plúpprt
des
gou'IJ,rn,mens,
'
VOf'"
la r';onfo:
l'.A"ttur
a
111;s eelle note
alt
chapitre
11.
du l,vr, troífi'p" ..,
Je parle ici de
la
vertu politique, qui
e~
la vertu
mor.le, dans le fens qu'elle fe dirige au bien
genéral; fort peu des vertus morales p.rticulieres ,
&
foint
d~
tour de cette vertlj qui a du rapport aux
v~rites
ré–
velée~.
/1
'Ya. au
chapitre jiwuant une ature note
'llti
ren.1Jolt a
,ede~CI
i
f5l'
flUX
chapltres
11.
CJ'
/l/.
du
livre Úll–
Iju,e~e
J
.t'
~ureur
a tléfini fa 1ICr!lI,
l'amour de la patrie .
1/ tlefinl/
!
amour d, la patri"
1'llInour de l'é.alité
&
de
la
frugalitc.
To!tt .le
li
vre cinq"ieme pofo
fll,'
e:;
principu.
~and
,un écrl'Vlllt; a
dtfini
fin
mol
d"nI Ion
owurage,
'1",an,d Jl
'l
ti
don.nf!,
1!0ur
me
fervir de
,erte
exprtlfion , Jon
DIa.,onn~lre, ~~
¡auf-¡i par tnttndre fes paroles flli1lam la
fignificatlon qJj.
,i
ltuy
a dOll1Jée!
Le mOl
de
'Uer fu ., COtnplt
la ptúpart
I
des
mots
de
fou/es
les. tangues, efl
prlS
{l.ans dl'verfts
"cupliom'
tantót
ii
ji_
gnjjie les
.1Jerlt~s
chrétiennes,'
.tantol
les "'.trtus payennes;
fou–
J
'V
tnt
une ,erl/uno
lIerl1"
chretlenne,
01"
bien
Ime
ctrtaine
ver,
fuite
d~
modifier
ees
lois dans l'application
a
quel- '
que gouvernement que ce foit, [elon gu' il ap–
parriendra 'plus
~
¡noins
~
ces dilférentes
fo~mes,
D ans les divers E tats, le:;
101S
doivent etre re–
latives
a
lew-
n{lture ,
e' el1: - a - dire a ee qui les
eonll:itue,
&
a
leur
p',jncipc,
c'¡:Il:-a·dire
;l
ce qui
les [outiem
~
les fait agir; diíbnél:ion importan–
te, la cié d'une infinité de lois
1
&
dom l' Auteur
~ire
bien des conféquences,
L !!s principales lois
rela~ives
a la
naturc
d~
la
D émocratie (om, que le feuple y foit a cer–
tains égards le Monarque, a d'a\ltres le Sujet;
q\I'il élife
&
juge [es Magill:rars ,
&
que les Ma·
gill:rats en eert,aines occauons décident , L a na–
ture de la Monarchict demande qu'il
y
ait entre
le Monarque
&
le peuple beaucoup de pouvoirs
&
de rangs intermediaires,
&
un corps , dépo–
[¡taire des lois, médiateur entre les [ujets
&
le
Prince, L a nature du D efpoti[me exige gue le
T yran exerce Con autorité , ou par lui [eul, Ou
par un feul qui le
repr~[enre,
( J )
Quant au
principe
des trais gouvernem'ens, ee–
Jui de la Démocratie eíj; I'amour de la républi–
que , c'el1:-a-dire de l' égalité ; dans les Monar–
ehies , Ol! un feul ell: le difpen[ateur 'des dil1:in–
étions
&
des récompen[es ,
&
Ol!
l'
on s' accou–
turne a confonc:jre i'Etat ,!vec ce [eul homme , le
principe ell: i'honneur, e'e f1:- a-dire l'ambition
&
l'amour de l'ell:ime; fous le D erpotirme enfin ,
e'ell: la craime , PluS ces principJ;:s font en vi–
gueur, plus le gouvernement eíl: Il:able; plus ils
s'alterem
&
fe corrompent, plus iJ incline a
[a
{lefl:ruél:ion,
~and
l' Auteur parle de
I'é~alité
daos les démocqties, il n'entend pas une egali–
té extreme, abfolue ,
&
par conféguent chimé–
rique; il entend eet helJreux éguilibre qui
re~
tous les citoyens ép'!lement foCtmis aux lois ,
&
~galement
intéreOes a les oq[erver"
D ans chaque gouvernement les lois de l'édu.
cation doivent erre relatives au
principc;
on en–
tend ,ici par
édttcatiim ,
ce11e qu'on rec¡oit en en–
Ham dans le monde ,
&
non celle des parens
&;
des
tu pa1,nne; qu,lq'''foi, la force , q/"lqu'fois da", quelqu,
langlle une certaine capacité'pollr un art
011
de
certains arlS.
C·
efl ce 'fui
pré~éde
01'
ce 'fui
ftlit
ce mol
J
qui en fixe
la jignifica,ion,
1';
fAut,ur a fait pi",;
il
a tlonné plu–
ji,urs foi, fa défini/ion: on n'a done fait l'obj,étion, qu,
paree qu'on a
Ui
l'ouvrage ave, trop
d~
r,,;idit; .
.
Je n'ai pas envie de démontrer , que nonobíhmt cette
déclaration', Monrefqt¡ieu a banni les venus chrétiennes
des certains gouvernemens, La prétention
0(,
I'on en de
convaincre d' errcur quelqu' auteur, lors Illellle qu'
il
fe
protene du contraire', c' eft, me femble, une fureur de
critique; quand mCllle
il
I'eur avancée, une telle protefta–
tion lui vaut une retra&ttion,
&
cela doit IÍlffire
it
cha–
que critique ze\é , Je réfiéchis ulemenr, que afin que cet
amour de la p:\trie
J
cet amo r de
l'
eftime, cerre cra1n–
te , foient les vrnis principes des gouvernelnens, doivent–
ils fe conformer aux vertus Chrétiennes: aqtrement on n'<:1l
doit attendre que la ruine, Si ce n'éteit pas le fentiment
de Montefquieu,
il
n'auroit pas pi't dire que la Religioll
Chrétienne , qui ne remble uvoir d' olljer que la félicité
de
l'
autre vie, fair encore notre bonJleur dans cclle-ci.
Enfin il faut fe fouvenir, que
l'
aut~ur
de
l'
efprit des
loix, rnifonne en politique , non pas en precheur , ou eq
Theologten ,
'
•